Chapitre 4
Une famille quitte la Chaldée
1. a) Était-il nécessaire que Nimrod eût une descendance ? b) Quel fut l’aboutissement de la lignée de Sem ?
NIMROD, petit-fils de Cham et premier roi de la Babylone antique, ne se révéla pas être la Postérité, promise dans le jardin d’Éden, qui devait meurtrir la tête du grand Serpent (Genèse 3:15, NW). Nimrod fut le roi de Confusion, car tel est le nom que Jéhovah Dieu donna à la capitale de cet homme, et le patriarche Noé l’appela ainsi également. Dans les lignées familiales retracées au chapitre dix du premier livre de la Bible, le roi Nimrod est laissé sans descendance, — fait sans importance, puisque la Postérité promise de la femme de Dieu ne devait pas descendre de lui. Celui qui devait meurtrir la tête du Serpent ne serait pas appelé Fils de Nimrod (Genèse 10:8-12 ; I Chroniques 1:10). Par contre, l’une des lignées issues de Noé, celle qui passe par Sem et par l’un des cinq fils de ce dernier, se continue de génération en génération, à travers les livres de la Bible, jusqu’au début de notre ère vulgaire dite chrétienne. Ici la lignée prend fin avec la venue de la vraie Postérité de la femme de Dieu. Cette Postérité véritable se révéla être le Fils de Jéhovah Dieu.
2. D’après la Bible, dans quelle ville Térach habitait-il, et que savons-nous au sujet de cette cité ?
2 D’après le tableau généalogique tracé dans Genèse 11:10-24, les huit générations qui suivirent le chef de famille Sem nous amènent à Térach, que le récit biblique nous présente comme habitant la ville d’Ur des Chaldéens. La Bible ne dit pas que Nimrod construisit Ur, mais celle-ci était manifestement une cité très ancienne, située au sud de la Babylonie, dans la région que les historiens appellent Sumer. En fait, Ur était la capitale de Sumer. Les Sumériens possédaient de nombreux dieux qui étaient honorés et adorés d’un bout à l’autre du pays. Chaque ville possédait cependant son propre dieu qu’elle considérait comme son protecteur.
3. Qui était le dieu principal de la ville où résidait Térach, et pourquoi cette divinité occupait-elle une position prédominante ?
3 Tout comme Mardouk (Mérodac) finit par devenir le dieu de la ville de Babylone, de même Sin était la divinité préférée des habitants d’Ur des Chaldéens. En tant que dieu-lune, Sin en vint à occuper une position prédominante dans la religion d’Ur des Chaldéens, car les Babyloniens accordaient plus d’importance à la lune qu’au soleil. En effet, l’année babylonienne était une année lunaire, et de ce fait la lune jouait un rôle très important dans le calendrier. Dans la ville d’Ur, le temple principal était donc dédié au dieu-lune Sin, considéré comme son propriétaire. En temps de paix, Sin était le seigneur invisible du pays, le gouverneur de la ville et de son territoire, et en temps de guerre, il était le chef de l’armée. À Ur, Sin était le dieu suprême.
4, 5. En quels termes Woolley décrit-il les rapports entre la religion et l’État dans l’antique pays de Sumer ?
4 Naturellement, chaque dieu possédait ses prêtres. À ce propos, il est intéressant de lire ce que Leonard Woolley écrit dans son livre Les Sumériens (édition française de 1930, pages 132, 133), savoir :
5 Pour étudier la prêtrise, nous devons nous rappeler que l’État sumérien était essentiellement théocratique. Le dieu de la cité était en réalité son roi ; le souverain humain, patési (gouverneur) ou roi, était simplement son représentant — le “fermier” du dieu. Les emplois civils et ecclésiastiques n’étaient pas nettement séparés. Le roi ou gouverneur était lui-même prêtre ; en fait, dans le cas du patési, l’aspect religieux était le plus ancien, et dans les premiers âges, le plus important (...). Par la déification des rois sumériens, la théorie qu’ils gouvernaient au nom du dieu était amenée à sa conclusion logique. Inversement le grand-prêtre des grands temples était un personnage d’une importance politique considérable, et était souvent choisi dans la maison royale. L’Église et l’État étaient mêlés si inextricablement que, tandis que l’État doit être considéré comme une théocratie, l’Église doit, en partie du moins, être envisagée comme une institution politique et la religion d’État comme un instrument politique. Il serait intéressant de comparer Sumer et Akkad sous la Troisième Dynastie d’Ur avec l’Empire romain du IIIe siècle, à l’époque où le culte d’État des dieux de Rome et du genius d’Auguste [César] et de la ville était une profession de loyauté politique vide de contenu religieux, et où les hommes, s’ils étaient croyants, le montraient par leur culte envers d’autres dieux.
6. a) Qu’est-ce qui laisse entendre que Térach participait à l’idolâtrie d’Ur ? b) À quelle date Abraham naquit-il à Térach, et fut-il le fils premier-né de ce dernier ?
6 Tant qu’il habitait à Ur des Chaldéens, Térach le Sémite était à coup sûr en contact avec des pratiques idolâtres et la débauche qu’elles engendrent. Il est possible que Térach ait participé à cette idolâtrie, car plus tard Josué adressera ces paroles aux Israélites : “Vos pères, Tharé [Térach], père d’Abraham et de Nachor, habitaient à l’origine de l’autre côté du fleuve [l’Euphrate], et ils servaient d’autres dieux. (...) Ôtez les dieux qu’ont servis vos pères de l’autre côté du fleuve et en Égypte, et servez Jéhovah.” (Josué 24:2, 14, AC). Une tradition juive veut que Térach ait même été un fabricant d’idoles, dont quelques-unes auraient été brisées par son illustre fils Abraham. Selon Genèse 11:26, Térach eut son premier fils à l’âge de soixante-dix ans, mais ce ne fut pas Abraham ou Abram. Celui-ci est mentionné le premier parce qu’il devint le plus illustre des fils de Térach. Ce dernier avait 130 ans lorsque Abraham naquit, en 2018 av. notre ère. Abraham était donc âgé de soixante-quinze ans à la mort de son père, qui mourut non à Ur des Chaldéens mais au nord-ouest de cette cité, en Haute Mésopotamie. Qu’est-ce qui explique ce déplacement ?
7. Pourquoi Dieu reconnut-il Abraham ? Comment et où le fit-il ?
7 En dépit des croyances religieuses de son père, Abraham témoigna sa foi au Dieu de Sem. Ce dernier était toujours en vie, puisqu’il vécut encore 502 années après le déluge. Aussi le Dieu de Sem reconnut-il Abraham (ou, dans les premiers temps, Abram). De quelle façon ? La réponse nous est donnée dans Genèse 12:1-3 (NW), en ces termes : “Alors Jéhovah dit à Abram : ‘Va-t’en de ton pays et de ta parenté et de la maison de ton père vers le pays que je te montrerai ; et je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai, et je rendrai ton nom grand ; et montre-toi une bénédiction. Et je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai celui qui appellera le mal sur toi, et par ton moyen se béniront, à coup sûr, toutes les familles du sol.’” Où Abraham se trouvait-il lorsque Dieu lui adressa ces paroles ? À Haran ? Non, Abraham vivait encore à Ur des Chaldéens, avec Térach.
8. Quel témoignage nous permet de déterminer dans quelle ville Jéhovah apparut pour la première fois à Abraham ?
8 Cette question fut tranchée par un martyr chrétien nommé Étienne. Alors qu’il témoignait devant la Cour suprême des Juifs à Jérusalem, où il ne devait dire que la vérité, Étienne affirma à ses juges : “Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham alors qu’il était en Mésopotamie, avant qu’il s’établît à Haran, et il lui dit : ‘Sors de ton pays et de ta parenté et viens dans le pays que je te montrerai.’ Il sortit alors du pays des Chaldéens et s’établit à Haran. Et de là, après que son père fut mort, Dieu le fit résider dans ce pays où vous demeurez maintenant.” (Actes 7:2-4). Quant à l’âge d’Abraham à son départ de Haran, après la mort de son père, Genèse 12:4 nous fournit ce renseignement : “Abram était âgé de soixante-quinze ans, lorsqu’il sortit de Charana.”
9. Pourquoi le récit de la Genèse déclare-t-il que “Térach prit Abram (...) et ils sortirent (...) d’Ur” ?
9 Abraham écouta l’appel de Jéhovah lui demandant de quitter Ur, au sud du pays de Schinéar. Pour des raisons non spécifiées dans la Bible, son père Térach décida de l’accompagner. Térach étant cependant plus âgé et chef de la maison, le récit de la Genèse (11:31, 32, NW) le présente comme prenant Abraham avec lui. “Après cela, Térach prit Abram, son fils, et Lot, fils de Haran, son petit-fils, et Saraï, sa belle-fille, femme d’Abram, son fils, et ils sortirent avec lui d’Ur des Chaldéens pour aller au pays de Canaan. Par la suite, ils arrivèrent à Haran et se mirent à habiter là. Et les jours de Térach finirent par être de deux cent cinq ans. Puis Térach mourut à Haran.”
10. Où se trouvait la ville de Haran, et après la mort de Térach, que fit Abraham, et qui l’accompagna ?
10 Haran, autre siège du culte du dieu-lune Sin, bâtie sur le Balikh, à une centaine de kilomètres au nord de l’endroit où cette rivière se jette dans l’Euphrate, était un centre commercial prospère situé sur une route de caravanes. À présent qu’Abraham était chef de la caravane d’émigrants en provenance de la Babylonie, il était libre de faire marche en direction du sud, vers le pays que Jéhovah Dieu avait promis de lui montrer. Il semble qu’Abraham, sans enfant à l’époque, adopta son neveu Lot, qui avait perdu son père.
ADORATEURS DU DIEU TRÈS-HAUT
11, 12. a) À quelle date Abraham traversa-t-il l’Euphrate pour pénétrer dans le pays de Canaan, et aussitôt après, que se mit-il à faire ? b) Quelle question intéressante se posait ?
11 Le 14 nisan de l’an 1943 av. notre ère, Abraham traversa l’Euphrate et se dirigea vers le sud-ouest, pénétrant dans le pays de Canaan, où habitaient les descendants de Canaan, oncle de Nimrod. Abraham fut-il le premier à pratiquer le culte de Jéhovah dans ce pays, ou existait-il déjà en cette Terre promise un adorateur de Jéhovah ? Abraham allait apprendre la réponse à cette question par la suite.
12 Abraham se mit immédiatement à poursuivre son culte du Dieu très-haut. “Abram traversa le pays jusqu’à l’emplacement de Sichem [à une cinquantaine de kilomètres au nord de Jérusalem], près des grands arbres de Moréh ; et en ce temps-là le Cananéen était dans le pays. Jéhovah apparut alors à Abram et dit : ‘À ta postérité je vais donner ce pays.’ Après cela, il bâtit là un autel à Jéhovah, qui lui était apparu.” (Genèse 12:6, 7, NW). Ainsi commença une période de cent ans pendant laquelle Abraham résida comme étranger au pays de Canaan, la Terre promise.
13. a) Abraham et Lot accrurent-ils leurs richesses, et que leur sembla-t-il judicieux de faire ? b) Quel pays Lot choisit-il pour demeure ?
13 Propriétaires de troupeaux errants, Abraham et son neveu Lot accrurent leurs richesses dans le pays. Leurs troupeaux devenant trop nombreux pour les pâturages, au bout d’un certain temps Abraham et Lot décidèrent de se séparer. Abraham lui ayant laissé le choix, Lot opta pour la basse vallée du Jourdain, car tout le District du Jourdain était comme “le jardin de Jéhovah”, très bien arrosé. À cette époque-là existaient dans cette région basse les villes de la Plaine, savoir : Sodome, Gomorrhe, Adma, Tseboïm et Béla ou Tsoar. — Genèse 10:19 ; 14:2.
14. Par suite de quels événements Lot se trouvait-il dans une zone dangereuse ?
14 Chacune de ces villes était une cité-état et avait son propre roi. Depuis douze ans, elles se trouvaient assujetties à un chef étranger, Kédorlaomer, roi du pays d’Élam, à l’est de la Babylonie. La treizième année, les cinq rois cananéens s’unirent dans une rébellion contre le roi d’Élam. Kédorlaomer décida de réprimer cette révolte. La quatorzième année, il descendit donc contre les Cananéens rebelles. Il n’était pas seul. Trois autres rois se mirent en marche avec lui, dont Amraphar, roi de Schinéar. Lot, neveu d’Abraham, se trouvait à présent dans une zone dangereuse, car il avait dressé ses tentes près de la ville rebelle de Sodome. — Genèse 13:1 à 14:5.
15. Pourquoi Lot fut-il fait prisonnier, et où risquait-il d’être emmené ?
15 Après avoir mené avec succès des opérations militaires aux alentours, afin de priver les villes rebelles de toute assistance à proximité, les quatre rois, à la tête de leurs armées élamites et babyloniennes, livrèrent combat aux cinq rois cananéens dans la Basse Plaine de Siddim. Ce nom désigne la région située alors au sud de la péninsule ou langue de terre qui s’avance maintenant dans la mer Morte ou mer Salée, sur son bord oriental. Ce fut dans cette région que se trouvaient Sodome, Gomorrhe, Adma, Tseboïm et Tsoar. Les armées des Élamites et des Babyloniens mirent en déroute les rebelles et pillèrent les villes de Sodome et Gomorrhe. “Ils prirent aussi Lot, fils du frère d’Abram, et ses biens, et continuèrent leur chemin. Il habitait alors à Sodome.” (Genèse 14:5-12, NW). Allaient-ils maintenant ramener Lot en Schinéar ou Babylonie ? Abraham, qui avait quitté Schinéar une fois pour toutes, ferait tout pour les en empêcher.
16. Dès qu’Abraham apprit que Lot était prisonnier, que fit-il ?
16 Au moment de ces événements, le camp d’Abraham était dressé dans les montagnes à l’ouest de la mer Morte, soit à Mamré, lieu-dit situé à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Jérusalem ou vingt kilomètres au sud-ouest de Bethléhem. À l’époque, il avait des relations d’amitié avec trois Amorites, trois frères nommés Mamré, Aner et Eschcol. Un homme qui connaissait, semble-t-il, la parenté qui reliait Lot à Abraham, échappa à la bataille et au danger des puits de bitume et vint raconter à Abraham ce qui était arrivé à Lot. Se confiant en l’aide de Jéhovah, et sans tarder, Abraham “rassembla ses hommes aguerris, trois cent dix-huit esclaves, nés dans sa maison, et se lança à la poursuite jusqu’à Dan”. Mamré, Aner, Eschcol et sans doute un certain nombre de leurs hommes accompagnèrent Abraham en tant qu’alliés. — Genèse 14:13, 14, NW.
17. Où Abraham rattrapa-t-il les armées des Élamites et des Babyloniens, et grâce à quoi put-il vaincre ces forces numériquement supérieures ?
17 Ce fut à Dan, soit à plus de cent soixante kilomètres au nord de Jérusalem et à moins de soixante-dix kilomètres au sud-ouest de Damas, qu’Abraham et ses alliés rattrapèrent les armées des Élamites et des Babyloniens, qui étaient sans doute plus nombreux que les hommes d’Abraham. Grâce à la sagesse céleste, Abraham eut recours à un stratagème. “De nuit, il divisa alors ses forces, lui et ses esclaves, contre eux, et ainsi il les battit et les poursuivit sans relâche jusqu’à Hobah qui est au nord de Damas. Alors il reprit tous les biens et il reprit aussi Lot, son frère [ou parent], et ses biens, et également les femmes et le peuple.” (Genèse 14:15, 16, NW). Abraham dut donc entreprendre une longue poursuite pour délivrer Lot, fils de son frère, mais son Dieu le bénit et lui donna la victoire sur Amraphel, roi de Schinéar, et les trois autres rois venus du nord.
18, 19. Quel roi invaincu rencontra Abraham près de Jérusalem, et que fit-il ?
18 Le récit biblique ne nous informe pas comment ces rois en fuite regagnèrent l’Euphrate et la Babylonie, à plus de 700 kilomètres à l’est de Damas. Quant à Abraham, il ramena dans leur pays les captifs délivrés.
19 Victorieux, Abraham marchait vers le sud, c’est-à-dire vers Jérusalem. Lorsqu’il fut arrivé dans la Basse Plaine de Schavéh ou Basse Plaine du roi, Béra, roi de Sodome, vint à sa rencontre. Non loin de là, un autre roi, qui, lui, n’avait pas connu la défaite, sortit à la rencontre d’Abraham. Le livre de la Genèse (14:18-20, NW) nous présente ce roi extraordinaire en ces termes : “Et Melchisédek, roi de Salem, apporta du pain et du vin ; et il était prêtre du Dieu Très Haut. Puis il le bénit et dit : ‘Béni soit Abram du Dieu Très Haut, qui a produit le ciel et la terre ; et béni soit le Dieu Très Haut, qui a livré tes oppresseurs en ta main !’ Là-dessus, Abram lui donna le dixième de tout.”
20. Qui est le premier prêtre de Dieu mentionné dans la Bible, quelle autre fonction remplissait-il, et qui l’avait nommé ?
20 Melchisédek est le premier prêtre ou kohén mentionné dans la sainte Bible. Il était prêtre du seul vrai Dieu vivant, puisqu’il est expressément appelé “prêtre du Dieu Très Haut”. En même temps, il était roi de Salem. C’est à son sujet, semble-t-il, que Jérusalem figure pour la première fois dans le texte de la Bible, car, selon une tradition juive et chrétienne, Salem occupait le site de la future ville de Jérusalem. La Bible identifie Salem avec Jérusalem, en ces termes : “Dieu est connu en Juda, son nom est grand en Israël. Sa tente est à Salem, et sa demeure à Sion.” “Jérusalem, célèbre Jéhovah ; Sion, loue ton Dieu.” (Psaumes 76:2, 3 76:1, 2, NW ; 147:12, AC). Ainsi, dans cette ancienne cité, Abraham rencontra le kohén ou prêtre du Dieu très-haut, quelque temps avant 1933 av. notre ère, soit douze siècles avant 753, date traditionnelle de la fondation de Rome, ville dont le chef religieux devint le pontifex maximus païen. Le Dieu très-haut avait désigné Melchisédek pour assumer les fonctions de prêtre ou de kohén. Le nom Melchisédek signifie “roi de justice”.
21, 22. a) Quelles précisions la Bible fournit-elle sur les ascendants et les descendants de Melchisédek, et quelle explication est donnée dans Hébreux chapitre 7 ? b) En quels termes Paul compare-t-il la prêtrise de Melchisédek avec celle de Lévi ?
21 Abraham adorait le même Dieu que Melchisédek. La Bible ne précise pas quels rapports de parenté existaient entre Abraham et ce prêtre. En tout cas, Melchisédek n’était pas un ange matérialisé dans la chair, mais un homme, descendant de Noé, qui avait survécu au déluge. La Bible ne dit pas davantage que Melchisédek n’était autre que le fils de Noé appelé Sem, qui était toujours vivant à cette époque. À dessein, la Parole écrite de Dieu passe sous silence tout renseignement sur les ascendants, les descendants et la mort de Melchisédek, afin qu’il serve d’image prophétique (ou type) de la Postérité promise de la femme de Dieu. Cette Postérité allait devenir le Grand Prêtre éternel du Dieu très-haut pour offrir le sacrifice qui procure aux hommes le salut éternel. À titre de preuve, citons Hébreux 6:20 à 7:7. Après avoir dit que ce Grand Prêtre entre dans la présence de Dieu, ce passage poursuit en disant :
22 “Où un précurseur est entré pour nous, Jésus, qui est devenu grand prêtre pour toujours, selon la manière de Melchisédek. Car ce Melchisédek, roi de Salem, prêtre du Dieu Très Haut, qui alla au-devant d’Abraham, s’en revenant du massacre des rois, et qui le bénit et à qui Abraham attribua la dîme de toutes choses, est tout d’abord, en traduisant, ‘Roi de Justice,’ puis il est encore roi de Salem, c’est-à-dire ‘Roi de Paix.’ En étant sans père, sans mère, sans généalogie, n’ayant ni commencement de jours ni fin de vie [dans le récit écrit], mais ayant été fait pareil au Fils de Dieu, il demeure prêtre à perpétuité. Voyez combien grand fut cet homme [Melchisédek] à qui Abraham, le chef de famille, donna la dîme du meilleur butin. Et à la vérité, les hommes [dans l’ancien Israël] qui reçoivent leur fonction sacerdotale des fils de Lévi ont ordre, selon la Loi, de percevoir des dîmes auprès de leurs frères, même si ceux-ci sont sortis des reins d’Abraham ; mais l’homme [Melchisédek] dont la généalogie n’a pas son origine en eux prit des dîmes auprès d’Abraham et bénit celui qui avait les promesses [de Jéhovah Dieu]. Or, incontestablement, c’est le moindre qui est béni par celui qui est plus grand.”
23. À propos de la Postérité de la femme de Dieu, que révèlent les paroles de David consignées dans le Psaume 110?
23 Le Dieu très-haut lui-même jura que le Grand Prêtre à venir, semblable à Melchisédek, serait un prêtre céleste. Conformément à ce dessein immuable, Dieu fit qu’un roi, qui gouvernait dans la même ville où Melchisédek avait régné, reconnût comme son “Seigneur” ce Prêtre qui devait venir selon la manière de Melchisédek. En effet, sous l’inspiration de l’esprit de Dieu, David, roi de Jérusalem, écrivit les paroles suivantes : “Jéhovah a dit à mon Seigneur : ‘Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds.’ Jéhovah étendra de Sion le sceptre de ta puissance : Règne en maître au milieu de tes ennemis ! (...) Le Seigneur [Jéhovah] l’a juré, il ne s’en repentira point : ‘Tu es prêtre pour toujours à la manière de Melchisédech.’” (Psaume 110:1, 2, 4, AC). Aux termes du serment de Jéhovah, la Postérité de sa femme deviendrait immanquablement un Roi-Prêtre comme Melchisédek.
24. a) Comment Melchisédek manifesta-t-il son attitude à l’égard de l’antique Babylone ? b) Comment Abraham agit-il de même, et comment attribua-t-il à Dieu sa victoire et la délivrance de Lot ?
24 En bénissant Abraham pour avoir mis en déroute et dépouillé le roi de Schinéar et ses alliés, Melchisédek prouvait qu’il était contre l’antique Babylone. Sa ville royale, Salem, était donc aussi l’ennemie de Babylone. Lorsqu’il déclara : “Béni soit le Dieu Très Haut, qui a livré tes oppresseurs en ta main !”, Melchisédek laissait entendre que le Dieu très-haut Jéhovah était, lui aussi, opposé à Babylone. Ainsi, non seulement le patriarche Abraham quitta la Babylonie à l’appel de Dieu, mais encore il combattit quand il le fallut contre le roi de Babylonie (Schinéar). En donnant à Melchisédek, prêtre de Dieu, la dîme de tout le butin de guerre, Abraham reconnut ouvertement qu’il avait remporté la victoire grâce à Dieu. D’autre part, Abraham refusa d’accepter des mains de Béra, roi de Sodome, la moindre partie des biens recouvrés. Il déclara au roi Béra : “Je lève en serment ma main vers Jéhovah, le Dieu Très Haut, qui a produit le ciel et la terre, que, d’un fil à un cordon de sandale, non, je ne prendrai rien de tout ce qui est à toi, pour que tu ne dises pas : ‘C’est moi qui ai enrichi Abram.’ Rien pour moi !” — Genèse 14:21-24, NW.
UNE FIGURE DE LA POSTÉRITÉ DE LA FEMME
25. Que signifiaient pour Abraham la promesse que Jéhovah lui avait faite, selon Genèse 12:1-3, et la bénédiction que Melchisédek prononça sur lui ?
25 Le roi-prêtre Melchisédek offrit à Abraham de quoi manger et boire, en lui disant : “Béni soit Abram du Dieu Très Haut qui a produit le ciel et la terre.” Cette bénédiction était en harmonie avec la promesse que Dieu avait faite à Abraham lorsqu’il l’invita à sortir de Schinéar ou Babylonie, savoir : “Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai (...). Et je bénirai ceux qui te béniront, (...) et par ton moyen se béniront, à coup sûr, toutes les familles du sol.” (Genèse 12:1-3, NW). Cette bénédiction promise, jointe à celle que Melchisédek avait prononcée sur Abraham, signifiait que la Postérité de la femme, promise par Dieu dans le jardin d’Éden, viendrait par la lignée de l’Hébreu Abraham. Entre autres, Abraham devait avoir une postérité ou descendance, pour que Dieu pût faire de lui une grande nation. Ce serait dans cette nation que viendrait la Postérité promise de la femme de Dieu. Ainsi cette promesse prouvait que les Babyloniens étaient dans l’erreur, car ils avaient déifié Nimrod en tant que Postérité promise.
26. Comment Jéhovah permit-il à Abraham d’avoir un fils par Sara, conformément à sa promesse ?
26 Abraham ne resta pas à Salem pour y adorer à l’aide du prêtre Melchisédek, mais il poursuivit son chemin vers le sud, jusqu’à son camp établi à Mamré. Avec le temps, ses facultés de reproduction et celles de sa femme Sara s’éteignirent, sans qu’un enfant leur fût né. Puis, alors qu’Abraham était âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans et Sara de quatre-vingt-neuf, Jéhovah Dieu envoya un messager à Mamré pour informer Abraham que, grâce à un miracle, il aurait un fils par Sara, sa femme légitime, dans l’année à venir. Auparavant, Dieu avait dit à Abraham d’appeler son futur fils Isaac, nom qui signifie “rire”, et l’avait informé que l’alliance divine de bénédiction serait transmise à Isaac. — Genèse 17:19.
27. Entre-temps, qu’arriva-t-il à Lot et à sa famille dans le District du Jourdain ?
27 Après que le messager de Jéhovah eut annoncé à Abraham la bonne nouvelle au sujet d’un fils, le lendemain matin quatre villes du District du Jourdain, dont Sodome et Gomorrhe, furent anéanties à cause de leur méchanceté. Dieu les réduisit en cendres en faisant pleuvoir sur elles du feu et du soufre. Seule la ville de Béla ou Tsoar fut épargnée. Pourquoi ? C’est que Lot, neveu d’Abraham, s’était installé avec sa famille dans la cité de Sodome. Les anges de Dieu les en avaient fait sortir in extremis. Pendant la fuite vers le salut, la femme de Lot périt pour avoir désobéi aux instructions des anges. Mais Lot et ses deux filles parvinrent sains et saufs jusqu’à Tsoar, et aussitôt après, les autres villes du District furent anéanties dans un déluge de feu. — Genèse 18:1 à 19:29.
28. Comment la foi d’Abraham fut-elle mise à l’épreuve au sujet de son fils Isaac, et où cette épreuve eut-elle lieu ?
28 Quant à Abraham et Sara, comme ils ont dû rire de joie lors de la naissance de leur fils Isaac ! Ils lui donnèrent le nom que Dieu lui avait choisi. Mais Abraham était loin de penser que quelques années plus tard, sa foi au Dieu tout-puissant serait soumise à une rude épreuve au sujet d’Isaac, en qui résidait l’espoir de voir se réaliser la promesse selon laquelle toutes les familles du sol pourraient se bénir. En effet, alors qu’Isaac était devenu un jeune homme fortb et qu’Abraham campait au sud de la Palestine, dans le Négueb, près de Beer-Schéba, Jéhovah Dieu renvoya le patriarche dans la région de Salem, non pour voir le roi-prêtre Melchisédek, mais pour offrir en sacrifice son fils Isaac, le restituant ainsi au Dieu qui le lui avait donné.
29. Comment Abraham prouva-t-il sa foi et son obéissance ?
29 Le sacrifice devait avoir lieu sur le mont Morija, situé au nord de Salem. Sur cette colline, Abraham offrit pour autant dire Isaac, son fils bien-aimé, en sacrifice humain. Le couteau d’abattage à la main, il était sur le point de tuer Isaac et de le saigner, avant d’allumer le feu de l’autel. Mais l’appel “Abraham ! Abraham !”, venu de l’invisible, arrêta son bras. Il entendait l’ange de Jéhovah lui dire qu’il était allé assez loin pour prouver sa foi et son obéissance.
30. Pourquoi Abraham appela-t-il cet endroit Jéhovah-Jiréh ?
30 L’attention d’Abraham fut attirée sur un fourré de montagne tout proche, où un bélier s’était pris par les cornes dans un buisson. D’où cette bête venait-elle, puisqu’en gravissant le mont Morija, Isaac avait dit à Abraham : “Voici le feu et le bois, mais où est le mouton pour l’holocauste ?” Or, Abraham ne mentait pas lorsqu’il répondit à son fils : “Dieu se pourvoira du mouton pour l’holocauste, mon fils.” Il s’ensuit que ce mouton mâle qu’Abraham et Isaac offrirent sur l’autel représentait Isaac ou prenait sa place. “Puis Abraham appela cet endroit du nom de Jéhovah-Jiréh [qui signifie : Jéhovah pourvoira]. C’est pourquoi l’on a coutume de dire aujourd’hui : ‘À la montagne de Jéhovah il sera pourvu.’” (Genèse 22:1-14, NW). Comme ce mouton donné par Dieu a dû être précieux aux yeux d’Abraham !
31. Dans cette scène prophétique dont Abraham fut l’acteur principal, qui fut préfiguré par Isaac et le mouton mâle ?
31 Malgré toute sa foi en Dieu, Abraham ne savait pas qu’avec Isaac il jouait un rôle dans une scène prophétique, prophétie très importante pour nous aujourd’hui. Dix-neuf siècles plus tard, un descendant d’Abraham, à savoir Jésus-Christ, résuma merveilleusement la signification de cette figure prophétique en déclarant une nuit à un chef des Juifs : “Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque exerce la foi en lui ne soit pas détruit mais ait la vie éternelle.” (Jean 3:16). Ce Fils de Dieu fut donc préfiguré par Isaac, le fils bien-aimé d’Abraham, et aussi par le mouton mâle qui fut offert en sacrifice à la place d’Isaac. Effectivement, le Fils de Dieu devint l’Agneau de Dieu pour le salut des hommes. — Jean 1:29, 36 ; Révélation 5:6, 8, 12, 13.
32, 33. a) Quelle foi profonde en Jéhovah et en sa promesse animait Abraham ? b) En confirmant de nouveau sa promesse à Abraham, comment Jéhovah montra-t-il clairement ce que représentait Isaac ?
32 Abraham était confiant que Dieu serait à même de ressusciter Isaac d’entre les morts afin de réaliser sa promesse de faire de lui une grande nation et qu’ainsi toutes les familles du sol puissent se bénir par le moyen d’Abraham. Et d’une manière figurée, Abraham reçut son cher fils Isaac d’entre les morts (Hébreux 11:17-19). Alors, près de l’autel, Jéhovah Dieu confirma sa promesse à Abraham, montrant clairement qu’Isaac, le fils que lui avait donné sa femme Sara, était une figure de la Postérité promise de la femme de Dieu, le moyen par lequel des bénédictions éternelles viendraient sur des hommes de toutes les nations. Appelant Abraham des sphères invisibles, Dieu lui déclara par son ange :
33 “‘Par moi-même, je jure bel et bien’ — c’est le langage de Jéhovah — ‘qu’en raison du fait que tu as fait cette chose et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te bénirai sûrement et je multiplierai sûrement ta postérité comme les étoiles des cieux et comme les grains de sable qui sont sur le bord de la mer ; et ta postérité prendra possession de la porte de ses ennemis. Et par le moyen de ta postérité se béniront, à coup sûr, toutes les nations de la terre, du fait que tu as écouté ma voix.’” — Genèse 22:15-18, NW.
34. Après la mort d’Abraham, lesquels de ses descendants héritèrent l’alliance de la promesse ?
34 Que de bénédictions Abraham reçut pour avoir écouté l’appel de Jéhovah l’invitant à quitter la Babylonie, à sortir d’Ur des Chaldéens ! Jéhovah confirma l’alliance de bénédiction qu’il avait conclue avec Abraham. Après la mort d’Abraham, à l’âge de 175 ans, Jéhovah transmit personnellement à Isaac l’alliance de bénédiction (Genèse 26:1-5). Des deux fils jumeaux d’Isaac : Ésaü et Jacob, Jéhovah choisit le fidèle Jacob et lui transféra l’alliance de bénédiction. — Genèse 28:10-15.
35. Comment Jéhovah se servit-il de Jacob pour poser le fondement d’une “grande nation”, conformément à la promesse qu’il avait faite à Abraham ?
35 Alors que son père Isaac était toujours en vie, habitant sous des tentes en Terre promise, Jacob quitta provisoirement ce pays. Il se rendit vers le nord, à Haran, ville où mourut son arrière-grand-père Térach. Là il prit pour femmes deux de ses cousines, deux jeunes Syriennes nommées Léa et Rachel. Ces deux sœurs et leurs deux servantes donnèrent à Jacob douze fils et une fille. Ainsi furent posés les fondements de cette “grande nation” que Jéhovah Dieu avait promis de faire sortir d’Abraham parce que celui-ci avait quitté la Babylonie et s’était installé comme étranger dans le pays de Canaan, la Terre promise. — Genèse 29:1 à 30:26 ; 35:16-20.
[Notes]
a Voir De la migration d’Abraham, 177, section 32, de Philon le Juif, un contemporain de Jésus-Christ et de l’apôtre Paul, qui présente les choses de la même façon qu’Étienne. Dans les traités de Philon intitulés Commentaires allégoriques sur la Genèse, édit. Mangey, voir le tome Ier, pages 436-472.
b Josèphe estime à vingt-cinq ans l’âge d’Isaac au moment de cet épisode. — Voir son Histoire ancienne des Juifs (Antiquités judaïques), livre Ier, chapitre XIII, paragraphes 1 et 2.