Chapitre 2
Babylone se lève
1. Dès le début, comment la Bible décrit-elle Babylone ?
“ET LES prémices de son royaume finirent par être Babel.” C’est par ces paroles, qui se trouvent au dixième verset du chapitre 10 du premier livre de la Bible, que le saint Livre mentionne pour la première fois Babylone, et parle pour la première fois d’un royaume (Genèse 10:10, NW). Babylone et Babel sont identiques, car lorsque, il y a plus de deux mille ans, certains Juifs d’expression grecque résidant à Alexandrie, en Égypte, firent la première traduction écrite de leurs saintes Écritures hébraïques dans une langue étrangère (le grec), ils rendirent le nom hébreu Babel par Babylone (ΒΑΒΥΛΩΝ). Le traducteur qui produisit la Vulgate latine employa, lui aussi, le mot Babylone. Le passage cité plus haut est rendu comme suit dans la traduction catholique moderne publiée sous la direction du cardinal Liénart : “Sa domination s’étendit au début sur Babylone.” La traduction protestante dite Version synodale rend ainsi cette phrase : “Il établit d’abord son empire à Babylone.” Babylone fut donc le siège du premier royaume établi sur la terre après le déluge, et la capitale du premier empire fondé par l’homme. Mais fut-il fondé dans l’intérêt de toute l’humanité ? Le grand Créateur de l’homme répond à cette question dans son Livre, la Bible.
2. Quelles questions se posent concernant l’antique Babylone, et d’après la Bible, qui fonda cette ville ?
2 À qui appartenait le royaume dont le siège du gouvernement se trouvait à Babel ou Babylone ? Qui fonda cette ville ? Comment ou pourquoi fut-elle fondée, et d’où vient son nom ? La réponse exacte à ces questions n’est donnée dans aucun ancien livre d’histoire écrit par les hommes ; elle est fournie par la Bible. Ce Livre nous présente Babylone ; bien plus, il annonce la chute certaine de cette ville et la fin de son influence dans le monde. Le premier roi de l’antique Babylone fut un arrière-petit-fils de Noé, le constructeur de l’immense arche qui l’abrita, lui et sept autres âmes humaines, lors du déluge qui ravagea la terre tout entière, il y a quatre mille trois cents ans. Cet arrière-petit-fils de Noé s’appelait Nimrod.
3, 4. Quelle description de Nimrod la Bible de Crampon nous donne-t-elle, et quelles questions ont été soulevées à ce propos ?
3 À propos de cet homme célèbre de l’Antiquité, la Bible de Crampon (édition de 1905) nous relate les faits suivants : “Voici la postérité des fils de Noé, Sem, Cham et Japheth. Il leur naquit des fils après le déluge. (...) Fils de Cham : Chus, Mesraïm, Phuth et Chanaan. (...) Chus engendra Nemrod : celui-ci fut le premier un homme puissant sur la terre. Ce fut un vaillant chasseur devant Jéhovah ; c’est pourquoi l’on dit : ‘Comme Nemrod, vaillant chasseur devant Jéhovah.’ Le commencement de son empire fut Babel, Arach, Achad et Chalanné au pays de Sennaar. De ce pays il alla en Assur, et bâtit Ninive, Rechoboth-Ir, Chalé, et Résen entre Ninive et Chalé ; c’est la grande ville.” — Genèse 10:1-12, AC.
4 Aujourd’hui encore, ceux qui connaissent l’histoire biblique donnent aux grands chasseurs le surnom de Nemrod ou plus exactement de Nimrod. Le sens profond du dicton “Comme Nemrod, vaillant chasseur devant Jéhovah”, a donné matière à discussion. Dans quel sens Nimrod fut-il chasseur, et était-il reconnu et approuvé par Jéhovah ou agissait-il en bravant ce dernier ? Et que signifient les mots “devant Jéhovah” ?
5. Comment une traduction catholique présente-t-elle Nimrod sous un jour favorable ?
5 Dans sa traduction de l’Ancien Testament en anglais, le prélat catholique Monseigneur Ronald A. Knox prête à ces termes une idée de faveur, les rendant comme suit : “Chus fut aussi père de Nemrod, qui fut le premier grand guerrier ; hardi aussi à la chasse, par la grâce de Dieua, d’où le proverbe : Par la grâce de Dieu, chasseur hardi comme Nemrod. Le commencement de son empire fut Babylone”, etc.
6. Quelles sont les différentes interprétations de Genèse 10:9 citées par l’Encyclopédie britannique ?
6 À propos de cette divergence d’interprétations, l’Encyclopédie britannique, onzième édition, tome XIX, page 703, déclare sous Nimrod : “Diverses explications ont été avancées de l’expression ‘puissant chasseur devant Yahweh’ : ‘un chasseur divinement grand’ (Spurrell) ; ‘un chasseur au mépris de Yahweh’ (Holzinger) ; ‘un chasseur avec l’aide de Yahweh’ ou ‘d’une divinité dont le nom a été remplacé par Yahweh’ (Gunkel, Genesis, page 82).” Yahweh est une façon, parmi bien d’autres, de prononcer les consonnes du nom de Celui qui est désigné dans la Bible de Crampon (édition de 1905) sous le nom de Jéhovah.
7, 8. D’après une encyclopédie juive et la traduction de Genèse 10:8-10 par Alexander Marlowe, quelle sorte d’homme était Nimrod ?
7 L’Encyclopédie juive (angl.), édition de 1909, tome IX, page 309, révèle que dans les écrits rabbiniques, Nimrod “est l’archétype d’un peuple rebelle, puisqu’on a interprété son nom comme voulant dire ‘celui qui incita tous les hommes à se rebeller contre Dieu’”.
8 Dans son ouvrage intitulé “Le livre des commencements” (The Book of Beginnings), Alexander Marlowe rend Genèse 10:8-10 comme suit : “Et Cush engendra Nimrod ; il commença à être un tyran puissant dans le pays. Il fut un asservisseur terrible, provocant devant la face de Jéhovah ; c’est pourquoi l’on dit : Comme Nimrod, le chasseur géant, présomptueux à la place de Jéhovah. Et les sièges primitifs de son empire furent Babylone, et Érec, et Acad et Kalneh au pays de Shinarb.”
9, 10. En quels termes l’encyclopédie de M’Clintock et Strong explique-t-elle comment il faut comprendre, dans Genèse 10:9, la préposition hébraïque liphnei ?
9 Dans l’expression “devant Jéhovah”, le mot devant traduit la préposition hébraïque liphné (לפני). Sur cette importante préposition, l’Encyclopédie biblique de M’Clintock et Strong (angl.), édition de 1894, tome VII, page 109, fournit l’explication que voici :
10 Comme [le lexicographe] Gesenius l’admet, la préposition לפני exprime souvent une idée d’hostilité, — en face de, dans le dessein de s’opposer à (Nombres 16:2 ; I Chroniques 14:8 ; II Chroniques 14:10) ; et la Septante lui donne un tel sens dans le verset en question — ἐναντίον Κυρίου — “contre le Seigneur”. Les targums [juifs] et [l’historien] Josèphe donnent à la préposition ce sens hostile. Le contexte nous fait pencher pour cette acception. De sa relation étroite avec la construction de huit villes, il apparaît que cette chasse puissante n’était pas limitée à celle des animaux. (...) Les exploits du Nimrod chasseur ne faisaient qu’annoncer les réalisations du conquérant. Car dans les temps anciens, chasse et héroïsme étaient liés de façon particulière et comme par nature. (...) Les monuments assyriens offrent également la représentation de nombreux exploits de chasse, et ce terme est employé souvent pour désigner les campagnes militaires. (...) On peut donc en déduire que Nimrod fut le premier à fonder un royaume après le déluge et à réunir les fragments du système patriarcal sous sa propre autorité, en tant que chef et maître unique ; et tout ceci en bravant Jéhovah, car son action constituait une intrusion violente de la puissance chamitique dans un territoire sémitique.
En effet, Nimrod était un descendant de Cham et non de Sem. — Genèse 10:6-8.
11. Comment ce passage est-il rendu dans la “Traduction du monde nouveau” ?
11 En harmonie avec cette intelligence du sujet, la “Traduction du monde nouveau” (New World Translation of the Holy Scriptures), édition de 1961, traduit Genèse 10:8-10 comme suit : “Et Cusch devint père de Nimrod. Il fut le premier à devenir un puissant sur la terre. Il se montra puissant chasseur en opposition avec Jéhovah. C’est pourquoi il y a le dicton : ‘Comme Nimrod, puissant chasseur en opposition avec Jéhovah.’ Et les prémices de son royaume finirent par être Babel et Érech et Accad et Calnéh, au pays de Schinéar.”
COMMENT IL ÉTAIT “EN OPPOSITION”
12. Pourquoi est-il important de savoir quelle sorte d’homme était le premier roi de Babylone ?
12 Pour savoir avec certitude sur quel fondement repose la grande Babylone de nos jours, il importe que de prime abord nous consacrions du temps à l’étude de ce premier roi de Babylone (Babel), afin d’apprendre quelle sorte d’homme il était. Qu’est-ce qui nous permet de conclure, d’après la sainte Bible, qu’en devenant “un puissant sur la terre” et en se montrant “puissant chasseur” dont le nom figurerait dans un dicton, Nimrod était “en opposition avec Jéhovah” ?
13, 14. a) Pourquoi la Bible condamne-t-elle la chasse pratiquée pour le simple plaisir de tuer ? b) À propos de l’emploi de la chair des animaux comme nourriture, quelle restriction Dieu imposa-t-il à Noé après le déluge, et pourquoi l’imposa-t-il alors seulement ?
13 La Bible ne condamne pas la chasse des animaux sauvages et des oiseaux pratiquée dans le dessein d’assurer la nourriture, le vêtement ou la protection. Mais elle condamne la tuerie gratuite faite par sport ou par plaisir. Pourquoi ? C’est parce que la vie que le Créateur accorde à ses créatures est impliquée dans cet acte. Ce fut après le grand déluge que, pour la première fois, le Créateur permit aux hommes de manger la chair des animaux, des oiseaux et des poissons. Or, pour en manger, il fallait tuer ces créatures. Au moment où le Créateur et Auteur de la vie autorisa l’homme à manger la chair des animaux, il lui imposa une certaine restriction, pour éviter qu’il ait à répondre de la vie de ces bêtes. Il le fit immédiatement après que Noé, ses trois fils et les quatre épouses furent sortis de l’arche qui les avait abrités du déluge, et qu’ils eurent présenté à Jéhovah un sacrifice d’animaux purs. D’après la chronologie actuelle, tout cela se produisit en l’an 2369 av. notre ère. En voici le récit, consigné dans Genèse 9:1-6 (NW) :
14 “Ensuite Dieu bénit Noé et ses fils et leur dit : ‘Soyez féconds et devenez nombreux, et remplissez la terre. Et une crainte de vous et une terreur de vous demeureront sur toute créature vivante de la terre et sur toute créature volante des cieux, sur tout ce qui va se mouvant sur le sol et sur tous les poissons de la mer. Ils sont maintenant livrés en votre main. Tout animal mouvant qui est en vie pourra vous servir de nourriture. Comme pour la végétation verte, je vous donne réellement tout cela. Seulement, la chair avec son âme — son sang — vous ne devrez pas la manger. Et, outre cela, votre sang de vos âmes, je le redemanderai. Je le redemanderai de la main de toute créature vivante ; et je redemanderai l’âme de l’homme de la main de l’homme, de la main de chaque homme qui est son frère. Quiconque verse le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé, car à l’image de Dieu il a fait l’homme.’”
L’ORDRE RELATIF AU SANG EST VIOLÉ
15. Pourquoi quiconque verserait gratuitement du sang aurait-il des comptes à rendre à Dieu ?
15 Par ces paroles, Dieu le Créateur informa l’homme que le sang est nécessaire à la vie d’une créature, à telle enseigne que sa vie est représentée par son sang. C’est pourquoi quiconque verserait du sang ou tuerait sans motif valable aurait des comptes à rendre au grand Auteur de la vie, Dieu.
16. Pourquoi ni Noé ni aucun de ses descendants n’avaient-ils le droit de manger ou de boire du sang ?
16 C’est Dieu qui donne la vie à ses créatures. Leur vie lui appartient, aussi ni Noé ni les membres de sa famille n’avaient le droit d’ôter la vie à une créature sans raison valable. Puisque le sang est indispensable à l’existence d’une créature et qu’aux yeux du Créateur le sang représente la vie, ni Noé ni aucun de ses descendants n’étaient autorisés à manger ou à boire le sang avec la chair. Celui qui mangerait du sang s’approprierait l’âme ou la vie de la créature, âme qui appartient à Dieu, l’Auteur de la vie. Voilà pourquoi Dieu déclara à Noé et à ses fils : “Seulement, la chair avec son âme — son sang — vous ne devrez pas la manger.” De même que Dieu considère la vie comme sacrée, parce qu’elle lui appartient et qu’il en a donné la jouissance à ses créatures, de même il tient le sang pour sacré.
17. Que fallait-il faire du sang d’un animal qu’on voulait manger ? Qui est tenu d’observer l’ordre divin sur le sang ?
17 Puisque la loi de Dieu interdisait l’absorption du sang, que fallait-il faire de celui-ci quand on tuait un animal pour le manger ? On devait vider l’animal de son sang et répandre ce dernier sur le sol. Dieu ne laissa aucune équivoque à ce sujet, car il ordonna à son prophète Moïse d’écrire cette loi à l’intention non seulement des Israélites, mais aussi pour les chasseurs de toutes les nations : “Tout homme d’entre les fils d’Israël ou d’entre les étrangers habitant au milieu de vous, qui, à la chasse, aura tué quelque gibier ou quelque oiseau qui se mange, en versera le sang qu’il recouvrira de poussière, car la vie de toute chair est dans son sang, c’est pourquoi je dis aux fils d’Israël : Vous ne consommerez le sang d’aucun être car la vie de toute chair, c’est son sang ; quiconque le consomme sera exterminé.” (Lévitique 17:13, 14, Li). Ce fut en l’an 1512 av. notre ère que le prophète Moïse consigna par écrit cet ordre divin relatif au sang, ce qui prouve que 857 années après le déluge, le commandement que Dieu avait donné à Noé et à ses fils concernant la sainteté du sang était toujours en vigueur. Or, nous descendons tous de Noé ; aussi sommes-nous astreints à respecter cette loi.
18. Qu’est-ce qui indique que Nimrod ne respectait pas l’ordre divin concernant le sang ?
18 Arrière-petit-fils de Noé, Nimrod était, lui aussi, tenu d’observer cet ordre divin sur l’emploi du sang. Le fit-il ? Sa notoriété comme “puissant chasseur” prouve le contraire, savoir qu’il pratiqua la chasse comme un sport, pour le simple plaisir d’éprouver des sensations fortes. Il tua les animaux gratuitement, sans tenir compte du fait que Dieu leur avait donné le droit de vivre. Il ne chassa pas non plus pour protéger ses semblables contre les bêtes sauvages. Quant à savoir si Nimrod, au mépris de l’ordre divin concernant le sang, mangea la chair du gibier avec le sang, nous ne pouvons l’affirmer avec certitude, mais il y a lieu de le penser. Quoi qu’il en soit, la conduite de cet homme montre qu’il ne tint aucun compte du grand prix que Jéhovah attache au sang, d’autant plus qu’il y a des raisons de croire que Nimrod ne se borna pas à chasser les animaux sauvages et les oiseaux, mais qu’il tua également des créatures humaines.
19. Quels ouvrages confirment l’idée que Nimrod “chassait” également les hommes ?
19 Il ne s’agit pas là d’une hypothèse de notre invention. En effet, à propos de Nimrod, “puissant chasseur devant le Seigneur”, l’Encyclopédie catholique (angl.), tome X, page 741, déclare : “Cette dernière expression peut être comprise au sens propre — chasseur de bêtes sauvages, car nous savons que les princes babyloniens pratiquèrent la chasse ; ou bien dans le sens de guerrier, puisque le mot original gibbôr signifie ‘héros’.” En accord avec cette explication, l’Encyclopédie américaine, édition de 1929, tome XX, page 350, dit ceci : “Il est qualifié de ‘puissant chasseur devant le Seigneur’, expression un peu vague qui fait manifestement allusion non seulement à la chasse, mais encore aux combats et aux conquêtes.” Cela correspond à l’explication donnée dans l’Encyclopédie biblique de M’Clintock et Strong (angl.), citée ci-dessus (page 13, paragraphe 5). La Bible parle des agressions de Nimrod dans Genèse 10:11, 12 (Sy), où il est écrit : “De ce pays-là [Schinéar], il alla en Assyrie, et il y bâtit Ninive, Rehoboth-Ir, Calach et Résen, entre Ninive et Calach ; c’est la grande ville.” En harmonie avec cette affirmation biblique, l’histoire profane nous apprend que Ninive, capitale de l’Assyrie, fut à l’origine une colonie babylonienne.
20. Sur qui Nimrod s’établit-il roi à Babylone ?
20 Nimrod était le petit-fils de Cham, fils de Noé, et Cham n’engendra des enfants qu’après le déluge. Par conséquent, l’expédition entreprise par son petit-fils Nimrod en Assyrie, territoire appartenant à Assur, fils de Sem, a dû se produire cent ans ou plus après le déluge. À cette époque, la population de la terre s’était sans doute accrue considérablement, conformément à l’ordre que Dieu avait donné à Noé et à ses fils Sem, Cham et Japhet, en ces termes : “Soyez féconds et multipliez, répandez-vous sur la terre et multipliez sur elle.” (Genèse 9:1, 7). On voit donc qu’il ne manquait pas d’humains sur lesquels Nimrod pouvait s’établir roi dans la ville de Babylone (Babel), au pays de Schinéar.
21. Pourquoi est-il très probable que l’expédition de Nimrod en Assyrie entraîna l’effusion de sang ?
21 Ce fut après que Nimrod eut fondé son royaume dans cette ville qu’il organisa son expédition en Assyrie pour y bâtir Ninive et d’autres villes. Pour mener à bien cette entreprise, il dut très certainement envahir le territoire d’Assur, fils de Sem, car le nom d’Assyrie vient du mot Assur (Genèse 10:21, 22). Ne serait-il pas naturel à un puissant chasseur de bêtes sauvages d’en venir à pourchasser des hommes, non dans le but de les capturer mais pour les tuer, versant ainsi leur sang ? Lorsque Nimrod pénétra en Assyrie, il commit une agression. Selon toute vraisemblance, cette action entraîna l’effusion de sang, la mise à mort des hommes dont Nimrod et son armée occupèrent le territoire. La capitale de l’agresseur devint responsable de cette effusion de sang. Le siège de son empire fut bâti avec le sang (Habacuc 2:12). Quel exemple cette ville donna à son pendant, Babylone la Grande ! — Révélation ou Apocalypse 17:5, 6.
22. Pourquoi le sang humain est-il encore plus sacré que celui des animaux ?
22 Le commandement que Dieu avait donné à Noé, arrière-grand-père de Nimrod, mit en évidence la valeur sacrée du sang des animaux égorgés pour servir de nourriture et, à plus forte raison, du sang de l’homme fait à l’image de Dieu. Tout comme le sang des animaux et des oiseaux, le sang de l’homme représentait sa vie. Nul ne pouvait verser le sang d’un autre homme, c’est-à-dire le faire mourir, sans avoir des comptes à rendre à Dieu, l’Auteur de la vie. Voilà la loi que Dieu promulgua à l’intention de Noé et de tous ses descendants quand il leur interdit de manger du sang. Dieu déclara : “Outre cela, votre sang de vos âmes, je le redemanderai. Je le redemanderai de la main de toute créature vivante ; et je redemanderai l’âme de l’homme de la main de l’homme, de la main de chaque homme qui est son frère. Quiconque verse le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé, car à l’image de Dieu il a fait l’homme.” — Genèse 9:5, 6, NW.
23. De quel crime Nimrod se rendit-il coupable, et Dieu avait-il déjà condamné ce crime ?
23 Si Dieu allait redemander la vie d’un homme à tout animal, à “toute créature vivante” qui aurait tué cet homme, alors il redemanderait la vie à tout homme dont la main aurait tué son frère ou versé son sang, la vie de son âme. Pourquoi ? Parce qu’il s’agirait d’un meurtre. Dieu n’attendit pas l’an 1513 av. notre ère, date à laquelle il dicta les Dix Commandements sur le mont Sinaï, pour condamner le meurtre et en fixer la sanction (Exode 20:13, CT). Dieu condamna le meurtre aussitôt après le déluge, au moment où il fournit aux hommes la possibilité de commencer sur la terre une vie nouvelle et juste. Certes, il les autorisa à tuer les animaux pour les manger (à l’exception du sang), mais ils ne devaient pas aller plus loin et tuer d’autres hommes, leurs frères faits à l’image de Dieu. Or, Nimrod commit ce crime. D’abord, il chassa les bêtes puis, prenant plaisir à tuer d’autres créatures, il se mit à chasser ses semblables, ses frères.
24. a) Qui fut le premier meurtrier humain ? b) Pourquoi est-ce à juste titre que dans Michée 5:4, 5 le “pays d’Assyrie” est appelé le “pays de Nimrod” ?
24 Caïn, l’enfant premier-né d’Adam et Ève, qui vint au monde en dehors du jardin d’Éden, fut le premier humain à assassiner l’homme, son frère, en l’occurrence Abel. Ce meurtre fut commis avant le déluge. Pour autant que la Bible nous permet de le savoir, Nimrod fut le premier humain après le déluge à assassiner l’homme, son frère, soit avant soit après son invasion de l’Assyrie. Manifestement, Nimrod ne considérait pas qu’il était “le gardien de [son] frère”. (Genèse 4:1-9.) C’est donc à juste titre qu’en parlant des agressions de l’Assyrie, en tant que puissance mondiale, Michée 5:4, 5 5:5, 6, NW appelle le “pays d’Assyrie” le “pays de Nimrod”.
25, 26. Comment la Bible montre-t-elle que Nimrod ne fut pas un vaillant chasseur “par la grâce de Dieu” ?
25 De quelle manière Dieu, l’Auteur de la vie, redemanda-t-il à Nimrod le sang de toutes les créatures humaines et animales qu’il avait tuées contrairement à l’ordre divin concernant le meurtre et la sainteté du sang ? La Bible ne fournit aucune précision à ce sujet. Elle mentionne Raema, l’un des frères de Nimrod, et nous informe qu’il engendra des fils, mais elle n’attribue aucune descendance à Nimrod, bien qu’il devînt “puissant sur la terre”. Nimrod se trouve comme retranché du récit biblique, car, s’il eut des enfants, la Bible n’en fait aucune mention (Genèse 10:7-12). D’après certaines mythologies qui présentent Nimrod comme le premier roi de Babylone, celui-ci aurait subi une mort violente. Il aurait été exécutéc.
26 Compte tenu donc de ce que la Bible relate au sujet de Nimrod, en tant que fondateur d’un empire, peut-on, en toute conscience, affirmer qu’il était un vaillant chasseur “par la grâce de Dieu” ou avec l’aide de Dieu ? Ou bien, selon les critères de la Bible, Nimrod fut-il un “puissant chasseur en opposition avec Jéhovah” ? La réponse juste à ces questions deviendra encore plus claire à mesure que nous étudierons Nimrod et sa ville royale, Babylone (Babel).
UNE RÉBELLION CONTRE LA SOUVERAINETÉ UNIVERSELLE DE DIEU
27, 28. À l’époque de Nimrod, qui était le chef de famille de toute la race humaine, et pourquoi ce chef n’approuvait-il pas Nimrod lorsque celui-ci s’érigea en roi ?
27 “Et les prémices de son royaume finirent par être Babel.” (Genèse 10:10, NW). Cette courte phrase à propos de Nimrod est très significative. C’est la première mention du mot royaume dans la sainte Bible. À cette époque, Noé, qui avait survécu au déluge et était devenu l’arrière-grand-père de Nimrod, était toujours en vie. Genèse 9:28, 29 nous dit à ce sujet : “Noé vécut, après le déluge, trois cent cinquante ans. Tous les jours de Noé furent de neuf cent cinquante ans ; puis il mourut.”
28 Au cours des trois cent cinquante années qu’il vécut après le déluge, Noé ne s’érigea pas en roi de tous les hommes, bien qu’il fût alors le chef de famille de la race humaine tout entière. Il est non moins certain que Noé n’oignit pas Nimrod ni ne le proclama roi d’une partie de la famille humaine. Il n’avait aucune raison de le faire. Selon Genèse 6:9 (Jé), “Noé était un homme juste, intègre parmi ses contemporains, et il marchait avec [le vrai, NW] Dieu”. Aussi Noé considérait-il le vrai Dieu comme son Souverain ou Roi. S’il avait établi un royaume pour dominer sur sa famille, qui ne cessait de croître après le déluge, il eût manifesté de l’ambition, une soif du pouvoir, une rébellion contre la souveraineté de Dieu le Créateur et, du coup, il eût cessé de marcher avec Dieu. Mais Noé refusa d’agir ainsi, et il n’approuvait pas celui d’entre ses fils ou ses petits-fils qui agissait de la sorte. Noé ne se prenait pas pour un faiseur de rois !
29. a) Dans quel sens peut-on dire que Nimrod “fut le premier potentat sur la terre” ? b) Quelle est peut-être la signification du nom de Nimrod ?
29 Sous ce rapport, Nimrod ne ressemblait pas à son arrière-grand-père Noé. Nimrod voulait devenir quelqu’un et se faire un nom de héros. Il fut le premier homme, après le déluge, à se comporter ainsi, et ce faisant il donna un mauvais exemple. À titre de preuve, citons ce passage : “Kush engendra Nemrod, qui fut le premier potentat sur la terre.” (I Chroniques 1:10, Jé). Nimrod employa sa puissance égoïstement. Pour lui, c’était le moyen de s’ériger en roi sur ses frères ; il établit le siège de son gouvernement à Babylone (Babel). Par son comportement, il délia le Dieu des cieux. Il se rebella contre la souveraineté universelle de Dieu, et il étendit cette rébellion quand il soumit l’Assyrie à son pouvoir royal. Certains hébraïsants sont d’avis que le nom de Nimrod vient du verbe hébreu maradh, employé dans Genèse 14:4. S’ils ont raison, Nimrod serait la première personne du pluriel de ce verbe, au jussif, et ce nom signifierait alors “Nous nous rebellerons sans faute !” ou “Rebellons-nous !”
30. Comment les targums confirment-ils que Nimrod fut un rebelle ?
30 Cette pensée se trouve confirmée par les targums juifs ou traductions interprétatives de la Bible. Par exemple, le targum de Jérusalem fournit l’explication suivante : “Il fut puissant dans la chasse et dans la méchanceté devant le Seigneur, car il était un chasseur des fils des hommes, et il leur disait : ‘Abandonnez le jugement du Seigneur, et adhérez au jugement de Nimrod !’ C’est pourquoi l’on dit : ‘Comme Nimrod le fort, fort dans la chasse et dans la méchanceté devant le Seigneur.’” Le targum de Jonathan nous apprend ce qui suit : “Depuis la fondation du monde, nul n’a été trouvé comme Nimrod, puissant dans la chasse et dans les rébellions contre le Seigneur.” La paraphrase chaldéenne de I Chroniques 1:10 (texte cité dans le paragraphe précédent) est ainsi conçue : “Cush engendra Nimrod, qui commença à dominer dans la méchanceté, car il répandait le sang innocent et se rebella contre Jéhovah.”
31. Quelle description de l’attitude de Nimrod nous est donnée par l’historien Josèphe ?
31 Dans son ouvrage Histoire ancienne des Juifs (Antiquités judaïques), livre 1er, chapitre IV, paragraphe 1, l’historien juif Flavius Josèphe écrivit : “Nembrod, petit-fils de Cham, l’un des fils de Noé, fut celui qui les porta à mépriser Dieu de la sorte. Cet homme, également vaillant et audacieux, leur persuadait qu’ils devaient à leur seule valeur et non pas à Dieu toute leur bonne fortune. Et comme il aspirait à la tyrannie et les voulait porter à le choisir pour leur chef et à abandonner Dieu (...). Ce peuple insensé se laissa aller à cette folle persuasion qu’il lui serait honteux de céder à Dieu, et travailla à cet ouvrage avec une chaleur incroyable. La multitude et l’ardeur des ouvriers firent que la tour s’éleva en peu de temps.” — Traduction française d’Arnauld d’Andilly.
32. a) Si le nom de Nimrod indique qu’il fut un rebelle, quand a-t-il dû recevoir ce nom ? b) Quelle sorte de royaume était Babylone ?
32 S’il est vrai que le nom de Nimrod est un dérivé du verbe hébreu signifiant se rebeller, alors il a dû être attribué à cet homme après que celui-ci eut commencé sa rébellion, et non dès sa naissanced. Quelle que soit la vraie signification de son nom, en fondant la politique de l’hégémonie mondiale et en s’érigeant en roi, Nimrod se révéla être un rebelle contre Jéhovah Dieu. Ainsi Babylone, sa capitale, était un royaume en état de rébellion contre Dieu, le Souverain universel. Il s’ensuit que dès sa fondation, Babylone ne fit pas partie de l’organisation universelle de Jéhovah Dieu, et elle n’y fut jamais intégrée par la suite. Elle ne fut jamais un royaume de Dieu. Elle ne se départit jamais de son opposition envers Dieu.
33. Quel jugement Jéhovah prononça-t-il contre Babylone par la bouche de Jérémie, et pour quel motif le fit-il ?
33 Soixante-quinze ans avant la chute de Babylone en 539 av. notre ère, Jérémie, prophète de Dieu, déclara à son sujet : “Elle a péché contre Jéhovah. (...) Car elle s’est élevée avec insolence contre Jéhovah.” S’adressant à Babylone, Jérémie précisa : “Tu t’es mise en guerre contre Jéhovah.” Puis le prophète ajouta : “Me voici ; à toi, insolente ! dit le Seigneur, Jéhovah des armées ; car ton jour est venu, le temps où je visite. Elle chancelle, l’insolente ; elle tombe, et personne ne la relève.” — Jérémie 50:14, 29, 24, 31, 32, AC.
LA FONDATION DE BABYLONE
34. Dans quel dessein déclaré Nimrod fit-il bâtir sa capitale ?
34 Nimrod, le premier roi humain d’après la Bible, ne régnait pas “par la grâce de Dieu”. Cela est évident quand on considère dans quel dessein il fit bâtir sa capitale et l’attitude que Dieu adopta à l’égard de cette dernière. Sem, l’un des huit survivants du déluge, écrivit ce qui suit dans son récit historique : “Ce furent là les familles des fils de Noé, d’après leurs généalogies familiales, d’après leurs nations, et à partir d’elles les nations se disséminèrent sur la terre après le déluge. Or toute la terre continuait d’avoir une seule langue et la même collection de mots. Et il advint, au cours de leur déplacement vers l’orient, qu’ils finirent par découvrir une plaine au pays de Schinéar et ils se mirent à habiter là. Et ils se dirent alors l’un à l’autre : ‘Allons ! Faisons des briques et cuisons-les par une opération de cuisson.’ La brique leur servit donc de pierre, tandis que le bitume leur servit de mortier. Puis ils dirent : ‘Allons ! Bâtissons-nous une ville et aussi une tour dont le sommet soit dans les cieux, et faisons-nous un nom célèbre, de peur que nous ne soyons dispersés sur toute la surface de la terre.”’ — Genèse 10:32 à 11:4, NW.
35. À l’aide de la carte, expliquez l’emplacement d’Ur, de Babylone et de la plaine de Schinéar.
35 La plaine dont il est question dans ce passage était située entre deux fleuves bien connus, l’Euphrate et le Tigre (Hiddékel), qui, l’un et l’autre, prenaient jadis leur source dans le jardin d’Éden, le Paradis de Délices qui fut la première demeure de l’homme (Genèse 2:10-14). Pendant les premiers temps après le déluge, l’Euphrate et le Tigre se jetaient dans le golfe Persique par des embouchures distinctes. À cette époque-là, le golfe montait jusqu’à l’antique ville d’Ur des Chaldéens, ville natale du patriarche hébreu Abraham. À l’origine, Ur était donc un port maritime. Depuis ce temps-là, les abondantes alluvions des deux fleuves ont fait reculer le golfe Persique sur une distance de 150 kilomètres. Aujourd’hui, le Tigre et l’Euphrate se rejoignent pour former le Chatt el-Arab, cours d’eau assez profond pour permettre le passage des navires de guerre. À quatre-vingts kilomètres au nord-ouest de Babylone, les deux fleuves s’approchent l’un de l’autre et ne sont séparés que d’une quarantaine de kilomètres. En aval de cet endroit, les deux cours d’eau ont déposé des alluvions et formé la plaine de Schinéar ou de Chaldée, connue également sous le nom de Babylonie. Cette plaine est longue de quatre cents kilomètres environ et sa largeur maximum est de cent soixante kilomètres.
36. Pourquoi appela-t-on ce pays la Mésopotamie ?
36 À cause de son emplacement entre le Tigre et l’Euphrate, cette région en vint à être appelée la Mésopotamie, nom qui signifie “pays entre les fleuves”. C’est cette plaine que Nimrod et ceux qui l’accompagnaient finirent par découvrir au deuxième siècle après le déluge.
37. Quels matériaux de construction étaient disponibles pour les bâtisseurs au pays de Schinéar ?
37 Ces pionniers trouvèrent le pays de Schinéar très productif. Ils décidèrent d’y élire domicile. On leur suggéra de bâtir une ville. Mais avec quoi pouvaient-ils la construire ? Il n’y avait pas de roche dans la région pour ouvrir des carrières. En revanche, il y avait une abondance d’argile et des puits de bitume. Avec ces matériaux à la portée de la main, ils se mirent à fabriquer des briques en les moulant et en les séchant “par une opération de cuisson”. Il semble donc que les premières briques de Babylonie étaient séchées au four et non au soleil. Pour assembler les briques et bâtir les murs d’une construction, ils employèrent un bitume glutineux qu’ils puisèrent aux sources de la régione. Cette matière leur servit de mortier. Mais pourquoi voulaient-ils construire une ville ?
38. Pourquoi le moment n’était-il pas opportun pour bâtir des villes ?
38 Dieu s’intéressait aux mobiles qui incitaient ces hommes à bâtir une cité. Il avait donné à Noé et à sa famille l’ordre de devenir féconds, d’avoir de nombreux enfants et de remplir la terre de manière à ce qu’elle pullulât d’hommes et de femmes (Genèse 9:1, 7, NW). À cette époque, ce qu’on appelle aujourd’hui une “explosion démographique” n’aurait présenté aucun danger, puisque la terre est grande et qu’elle était alors presque inhabitée. Le moment n’était donc pas opportun de se bâtir des villes et d’adopter un mode de vie matérialiste, à l’encontre de l’ordre que Dieu avait intimé aux hommes, leur prescrivant de remplir la terre d’humains justes descendus des trois grands chefs de famille : Sem, Cham et Japhet.
39. Qu’est-ce qui facilita la collaboration des bâtisseurs ?
39 Mais ces maçons de l’Antiquité ne s’intéressaient pas au commandement que Dieu avait donné à l’homme ; ils préféraient mener une vie sédentaire, avec le confort et les commodités. Les bâtisseurs collaboraient d’autant plus facilement qu’ils avaient tous une seule langue et une même collection de mots. La Bible ne précise pas s’ils organisèrent une loge maçonnique. Quoi qu’il en soit, ils formèrent de grands projets de construction. Leur ville devait se caractériser par un édifice extraordinaire, “une tour dont le sommet soit dans les cieux”. Leur but, cependant, n’était pas de s’approcher de Dieu.
40. Quel nom ces bâtisseurs entendaient-ils honorer ?
40 Ces hommes se mirent à bâtir sur les rives de l’Euphrate. Ils ne travaillaient pas dans le dessein de glorifier le nom de Dieu, d’exécuter l’ordre qu’il avait donné et de faire connaître son nom jusqu’aux extrémités de la terre. Ils dirent : “Faisons-nous un nom célèbre, de peur que nous ne soyons dispersés sur toute la surface de la terre.” (Genèse 11:4, NW). Leur désir était de se grouper et de se donner un chef. Ils savaient qu’il serait nécessaire de donner à leur ville un nom, et ils étaient décidés à ce qu’il fût célèbre. Alors ils considéreraient comme un honneur d’être les citoyens de cette ville.
41. En construisant leur tour, pourquoi les bâtisseurs n’avaient-ils pas besoin de prévoir un abri contre un nouveau déluge ?
41 Mais quelle était la raison véritable de la “tour dont le sommet [serait] dans les cieux” ? Ses bâtisseurs n’avaient aucune raison de craindre la venue d’un déluge semblable à celui qui s’était produit du temps de leur parent Noé, qui était toujours en vie. Après le déluge, Dieu fit apparaître l’arc-en-ciel et conclut avec l’humanité une alliance aux termes de laquelle il n’y aurait pas un nouveau déluge. Dieu avait alors déclaré : “Il arrivera, lorsque je ferai venir une nuée au-dessus de la terre, qu’alors l’arc-en-ciel apparaîtra certainement dans la nuée. Et je me souviendrai certainement de mon alliance qui est entre moi et vous, et toute âme vivante parmi toute chair ; et les eaux ne deviendront plus un déluge pour saccager toute chair. Et l’arc-en-ciel se fera immanquablement dans la nuée et je le verrai à coup sûr pour me souvenir de l’alliance jusqu’à des temps indéfinis entre Dieu et toute âme vivante parmi toute chair qui est sur la terre.” (Genèse 9:14-16, NW). Par conséquent, les bâtisseurs n’avaient pas besoin de construire un abri contre un éventuel déluge, d’autant plus qu’ils étaient incapables d’ériger une tour dont la hauteur dépasserait de quinze coudées le sommet de la montagne la plus élevée, niveau atteint par les eaux du déluge. — Genèse 7:19, 20.
42. Quelle était la raison principale de la construction de cette tour, et selon plusieurs récits historiques, de quelle sorte d’édifice s’agissait-il ?
42 On ne construisait pas cette tour pour des raisons purement décoratives, simplement pour embellir la ville. Il s’agissait d’une ziggourat ou tour consacrée au culte. Quant à sa forme, ce n’était pas une colonne diminuée flanquée d’un escalier ou d’une rampe en spirale. Les antiques tours babyloniennes et assyriennes décrites par les historiens, et les ruines découvertes par les archéologues, attestent que cette tour religieuse-type était plutôt de forme carrée ou rectangulaire. Elle avait l’allure d’une pyramide composée d’une série d’étages en retrait, dont le dernier était assez vaste pour qu’on y bâtît un temple. Les terrasses qui s’étageaient les unes sur les autres étaient reliées par un large chemin de ronde en pente construit à l’extérieur de l’édifice. Il est possible qu’un escalier spacieux, bâti perpendiculairement à la façade, ait conduit au premier, au deuxième, voire même au dernier étage. Vu sa grande hauteur, la tour était destinée à dominer toute la ville et à souligner que la religion y occupait la place prépondérante. Elle attirerait l’attention des habitants sur la divinité principale de la ville. Il s’agissait donc de construire une cité religieuse.
43, 44. D’après le récit historique de Sem, Dieu approuvait-il la construction de cette tour ?
43 Avait-on entrepris ces travaux pour honorer le vrai Dieu des cieux, pour favoriser et préserver son culte ? Dieu approuvait-il ce projet ? L’histoire rédigée par Sem, fils de Noé, répond à ces questions. Après avoir décrit le début de la construction de cette ville et de sa tour religieuse, Sem poursuivit en disant :
44 “Alors Jéhovah descendit pour voir la ville et la tour qu’avaient bâties les fils des hommes. Après cela, Jéhovah dit : ‘Voyez ! Ils sont un seul peuple et il y a une seule langue pour eux tous, et c’est là ce qu’ils commencent à faire. Eh bien, à présent, il n’y a rien de ce qu’ils peuvent se proposer de faire qui soit inaccessible pour eux. Allons ! Descendons et là confondons leur langage pour qu’ils n’écoutent pas le langage l’un de l’autre.’ Jéhovah les dispersa donc de là sur toute la surface de la terre et ils cessèrent graduellement de bâtir la ville. C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel, car, là, Jéhovah avait confondu le langage de toute la terre et, de là, Jéhovah les avait dispersés sur toute la surface de la terre. Ceci est l’histoire de Sem.” — Genèse 11:5-10, NW.
45. a) Pourquoi cet édifice n’était-il pas sans importance aux yeux de Jéhovah ? b) Pour quelles raisons cette activité fut-elle une œuvre mauvaise ?
45 Le récit historique de Sem révèle que Jéhovah Dieu examina de près les travaux qui s’effectuaient sur les rives de l’Euphrate. Il va de soi que Dieu ne quitta pas le ciel pour inspecter le chantier et écouter la conversation des bâtisseurs, afin d’apprendre quelles étaient leurs intentions. Jéhovah porta plutôt son attention sur la ville et sa tour, et découvrit le projet de ces hommes. Il ne les avait pas autorisés à bâtir une ville pour en faire le siège du gouvernement d’un dirigeant terrestre, et il ne considérait pas comme sans importance la construction d’une tour surmontée d’un temple voué à un faux culte. C’était là une rébellion contre sa souveraineté universelle, une apostasie, un abandon du culte du Dieu de Noé, prophète de Jéhovah. C’était un acte de désobéissance envers l’ordre divin prescrivant de remplir la terre d’hommes qui adoreraient Jéhovah parce qu’il est Dieu. Il s’agissait donc d’une œuvre mauvaise qui conjuguait les efforts des bâtisseurs et faisait de ces derniers un seul peuple. Comme ils parlaient tous la même langue, ils pouvaient facilement collaborer ensemble et s’encourager mutuellement.
46. Expliquez pourquoi nous sommes bien placés aujourd’hui pour constater que Jéhovah avait raison de dire, selon Genèse 11:6 (NW) : “À présent, il n’y a rien de ce qu’ils peuvent se proposer de faire qui soit inaccessible pour eux.”
46 Si c’était de cette façon-là que les hommes commençaient à s’organiser, en abandonnant le culte de Jéhovah et en cessant de faire sa volonté, jusqu’où iraient-ils ? Poussés par leur ambition, ils entreprendraient un projet inique après l’autre, cherchant à les réaliser par des efforts concertés et bien organisés. À l’heure où nous vivons, nous pouvons constater toute la véracité de ce que déclara Jéhovah, le Créateur de l’homme, grâce à sa faculté de prévoir l’avenir. Pour cela, il nous suffit de lire ce que la presse écrit concernant la guerre froide entre le bloc des nations de l’Est, conduit par l’Union soviétique, et celui des nations de l’Ouest, mené par les États-Unis d’Amérique. La course aux armements a amené les deux blocs à monter bien plus haut que la tour (ou temple) qui s’élevait sur les rives de l’Euphrate, plus haut aussi que le niveau atteint par les eaux du déluge du temps de Noé. En effet, le 9 juillet 1962, les hommes ont fait exploser un engin thermonucléaire à quatre cents kilomètres au-dessus de notre planète, sans se soucier des répercussions éventuelles que cette expérience pourrait avoir sur l’équilibre de la nature, et par voie de conséquence, sur la planète tout entière.
47, 48. Pourquoi Jéhovah intervint-il pour arrêter les travaux, et par quel moyen le fit-il ?
47 Sans aucun doute, la déclaration faite par Jéhovah il y a quarante-deux siècles a trait à l’actuel état de choses. C’est pourquoi nous sommes particulièrement bien placés pour reconnaître que l’entreprise commune, ambitieuse et égoïste, qui eut ses débuts dans l’antique Babylone, n’était pas une affaire sans importance. Et Jéhovah le savait, dès cette époque lointaine.
48 Pour le bien de l’humanité et en vue de l’accomplissement symbolique de l’ordre divin relatif au peuplement de la terre, Jéhovah décida d’intervenir. Il fit se produire la chose même que les bâtisseurs de la tour voulaient à tout prix éviter, savoir : leur dispersion. Il l’accomplit au moyen d’un miracle qui dépasse l’entendement des psychologues des temps modernes. Par le premier homme Adam, Jéhovah avait doté les humains de la faculté de parler et leur avait donné une langue que l’intelligence humaine avait cultivée pendant plus de dix-sept cents ans. Soudain Jéhovah, le Tout-Puissant, rompit l’unité des bâtisseurs de la ville. Il provoqua un changement dans leurs facultés mentales, de sorte qu’ils oublièrent leur langue, l’unique langue originelle. Ils se mirent à parler en groupes des idiomes nouveaux, qui en une langue, qui en une autre, sans que personne ne fût capable de faire fonction d’interprète. Ne se comprenant plus, les maçons trouvèrent leur collaboration de plus en plus difficile. Peu à peu, ils cessèrent de bâtir la ville. Ils se dispersèrent selon leur groupe linguistique. Ainsi, l’unité de leur rébellion contre Dieu fut rompue.
L’ORIGINE DU NOM
49. Qui donna un nom à la ville de Babel (ou Babylone), et que signifie ce nom ?
49 La ville reçut alors un nom qui est encore célèbre de nos jours. Il ne s’agit pas, cependant, du nom que ses bâtisseurs voulaient rendre célèbre, afin d’en tirer gloire en tant que citoyens de cette cité. Le patriarche Noé et son fidèle fils Sem donnèrent à cette ville du pays de Schinéar le nom de Babel, parce que c’est ainsi que l’appela leur Dieu Jéhovah. Ce nom annonçait l’exécution du jugement divin contre cette ville, car il dérive du verbe balal, qui signifie “mêler, mélanger, brouiller, confondre”. Raccourci, le nom Balbel a donné Babel, qui signifie “confusion”. En fait, dans Genèse 11:9, la version des Septante rend ce nom par le terme grec Sunkhusis (ΣΥΓΧΥΣΙΣ), “Confusion”. Plus loin, cependant, la même version appelle la ville en question Babylone.
50, 51. a) D’après Josèphe, que devint Nimrod après la confusion des langues ? b) Selon une tradition babylonienne, quelle serait l’origine du nom de Babylone ? Quel était le but de cette explication ?
50 Naturellement, les gens qui restèrent dans la ville inachevée n’appréciaient pas ce nom, car celui-ci rappelait le jugement de Jéhovah et l’affirmation de sa souveraineté universelle. L’historien juif Flavius Josèphe écrivit à ce sujet : “Cette diversité de langues obligea la multitude presque infinie de ce peuple à se répandre en diverses colonies, selon que Dieu les y conduisait par sa providence. Ainsi non seulement le milieu des terres, mais les rivages de la mer furent peuplés d’habitants. (...) Quant à Nembrod, sixième fils de Chus, il demeura parmi les Babyloniens, et s’en rendit le maître comme je l’ai dit ci-devantf.” Pour conférer au nom de la ville un caractère sacré, une tradition locale se développa selon laquelle ce nom serait dérivé de deux mots : Bab (porte) et El (dieu). Selon les anciennes inscriptions cunéiformes, ce nom s’écrit Bab-îlou (ou Babi-îlou). Les Perses de l’Antiquité l’écrivaient Bâbirus (Bâbairus), et en Inde, la littérature palie orthographie ce nom Babêru. En accadien ancien, ce nom se lit Kadingir-ra (porte du dieu).
51 Dans les temps anciens, le tribunal siégeait devant la porte de la ville. C’est pourquoi, de tous les temps, le mot Bab (porte) a désigné dans le Proche-Orient le siège du gouvernementg. Ainsi, les citoyens de Babylone appelaient leur ville le siège du gouvernement de Dieu, mais il va de soi que le dieu en question n’était pas Jéhovah.
[Notes]
a Dans une note en bas de page, Mgr Knox précise : “‘Par la grâce de Dieu’ : littéralement ‘en présence de Dieu’, phrase dont le sens exact est douteux.”
b Citation tirée de l’édition de 1938, publiée par la Wm. B. Eerdmans Publishing Co., Grand Rapids, Michigan, USA.
c Voir le livre The Two Babylons or the Papal Worship proved to be the Worship of Nimrod and his Wife d’Alexander Hislop, docteur en théologie, édition de 1926, page 328 (Index, nombreuses références sous Nimrod). Éditeurs : Partridge, Londres. Cet ouvrage a été publié en français sous le titre Les deux Babylones ou identité de l’Église romaine et du culte de Nemrod et de Sémiramis. Éditeurs : Paul Monnerat, Paris. L’édition française ne contient pas d’index.
d Hislop voit en Nimrod une dérivation de deux vocables hébreux, ce qui donnerait au nom la signification de “dompteur du léopard” ; il est peu probable que Nimrod l’ait reçu dès sa naissance, puisque ce nom souligne ses prouesses de chasseur. — Voir Les deux Babylones, édition française de 1886, page 64, note en bas de page.
e À propos de la ville de Hît, située à 160 kilomètres environ au nord-ouest de Babylone, là où commence la fertile plaine de Babylonie, l’Encyclopédie britannique déclare : “Hît, ville de la Turquie d’Asie, située dans le vilayet de Bagdad, sur la rive occidentale de l’Euphrate (...). De temps immémorial, cette ville a été le principal producteur de bitume pour la Babylonie, et sa prospérité a toujours été liée à ses sources de bitume. (...) Dans la Bible (Esdras 8:15), elle est appelée Ahava ; à l’origine, semble-t-il, elle portait le nom babylonien d’Ihi (...).”
f Histoire ancienne des Juifs (Antiquités judaïques), livre 1er, chapitre V, paragraphe 1 ; chapitre VI, paragraphe 5 ; traduite du grec par Arnauld d’Andilly, édition du Panthéon Littéraire, 1852.
g Voir A New commentary on Genesis de F. Delitzsch, édition de 1888, page 352.
[Carte, page 24]
(voir la publication)
Carte de LA BABYLONIE ANCIENNE
NINIVE
MÉSOPOTAMIE
ASSYRIE
(ASSUR)
Tigre
Euphrate
Hît
(Ihi)
BABYLONE
SCHINÉAR
CHALDÉE
ÉLAM
UR des Chaldéens
Golfe Persique
[Illustration, page 28]
Reconstitution de la tour de Babel