Le médecin Luc embrasse une noble cause
QUE pensez-vous des docteurs? De tout temps, les hommes les ont tenus en haute estime. Les sociétés primitives avaient le même respect pour leurs guérisseurs que les sociétés modernes peuvent en avoir pour leurs médecins. Quelle en est la raison?
Bien que le système immunitaire de notre corps vienne à bout d’environ soixante-quinze pour cent des maladies sans que nous ayons besoin d’appeler un médecin, un docteur consciencieux engendre souvent la confiance, sentiment qui favorise beaucoup la guérison. Les médecins nous ont aussi aidés par leur connaissance des remèdes et des soins les plus efficaces. On comprend donc que de nombreuses personnes admirent les médecins et trouvent leur œuvre particulièrement utile.
Cependant, la Bible nous parle d’un médecin dévoué qui, lui, changea de profession pour faire encore plus de bien. Il nous a laissé en cela un excellent exemple de la façon dont nous pouvons utiliser notre propre vie pour faire du bien.
Cet homme, qui s’appelait Luc, vécut au premier siècle de notre ère. L’apôtre Paul l’appela le “médecin bien-aimé”, et, comme nous le verrons, ses écrits témoignent de ses connaissances médicales (Colossiens 4:14). Notons toutefois que Luc ne doit pas sa réputation aux soins qu’il apporta aux malades et aux blessés, mais plutôt à ce qu’il fit après être devenu chrétien.
Luc aurait pu s’installer dans une ville et gagner confortablement sa vie. Mais il préféra les difficultés de la vie missionnaire et il accompagna Paul dans ses voyages. Plus tard, il se livra à des recherches approfondies et rédigea son Évangile ou récit de la vie et du ministère de Jésus. Le terme “évangile” signifie “bonne nouvelle”. Par les efforts qu’il fit pour répandre ce qui était donc la bonne nouvelle du christianisme (il rédigea notamment l’Évangile qui porte son nom et les Actes des Apôtres), Luc montra qu’en accomplissant les œuvres chrétiennes, un homme peut faire encore plus de bien que n’en fait un médecin compétent qui ne peut que soulager temporairement la maladie ou la souffrance. Mais nous comprendrons mieux l’œuvre de Luc en nous arrêtant sur certaines particularités de son personnage et de son Évangile.
L’évangéliste
On a prétendu que Luc était un Gentil, invoquant pour cela son nom grec, son style et le fait qu’en Colossiens 4:10-14, Paul commence par mentionner les “circoncis” avant de parler de Luc. Cependant, une telle interprétation va directement à l’encontre de Romains 3:1, 2, où nous lisons que Dieu confia les déclarations sacrées aux ‘Juifs’. Luc pouvait donc très bien être un Juif d’expression grecque portant un nom grec.
Le récit de Luc confirme que c’était un homme instruit. En effet, son style est pur et coulant. Ses phrases sont plus compliquées que celles des autres Évangiles, et il se sert d’un vocabulaire plus étendu.
L’instruction de Luc se voit dans l’introduction de son Évangile. Il commence ainsi: “Puisque beaucoup ont entrepris de composer une relation des faits dont on a parmi nous pleine conviction, tels que nous les ont transmis ceux qui, dès le commencement, devinrent témoins oculaires (...), j’ai décidé, moi aussi, ayant repris toutes choses avec exactitude depuis le début, de te les écrire dans un ordre logique (...), pour que tu connaisses pleinement la certitude de ce qu’on t’a enseigné de vive voix.” (Luc 1:1-4). Cela ressemble aux exordes de la littérature grecque classique.
Luc assure ici ses lecteurs que son récit ne repose pas sur des ouï-dire ou sur une simple tradition orale. En effet, Luc ne semble pas avoir été un disciple de Jésus à l’époque où celui-ci était encore sur la terre. Quand il voulut préparer son Évangile, il a donc procédé à des recherches minutieuses auprès des “témoins oculaires”. Il compulsa également les récits existants et ‘reprit toutes choses avec exactitude depuis le début’. Cela devrait renforcer notre confiance dans les écrits de Luc.
Mais comment Luc a-t-il réussi à rassembler des informations aussi précises? À un certain moment, dans le récit des voyages de Paul, le livre des Actes passe de la troisième personne (“il”, “ils”) à la première personne (“nous”). On en déduit que Luc se joignit à Paul au cours de son deuxième voyage missionnaire (Actes 16:10). Lorsqu’il accompagna l’apôtre à Jérusalem, à la fin du troisième voyage, Luc put sans doute interroger sur place des hommes et des femmes qui avaient été témoins oculaires du ministère de Jésus (Actes 21:1, 7, 15-18). Luc put aussi examiner des documents, tels que ceux dont il se servit pour faire la généalogie contenue en Luc 3:23-38.
De l’an 56 à l’an 58 environ, l’apôtre Paul fut retenu en prison à Césarée. Étant donné que Luc écrivit son Évangile avant le livre des Actes (lequel fut terminé vers l’an 61), il semble que l’ancien médecin mit à profit le temps que Paul passa en prison pour écrire son récit de la vie de Jésus.
Des points à relever
La lecture du récit soigné, chaleureux et détaillé de Luc vous apportera de grands bienfaits. Elle vous sera particulièrement profitable si vous recherchez dans ce livre certaines de ses caractéristiques propres. En voici quatre.
La première est l’usage de termes et de remarques d’ordre médical. L’Évangile de Luc accorde aussi une place particulière aux femmes et à la prière; faites donc attention à ces deux aspects. En quatrième lieu, il faut noter le fait que Luc a écrit pour toutes sortes de gens. Pour aiguiser encore notre envie de lire ce livre, nous allons relever certains exemples qui montrent comment ces quatre caractéristiques apparaissent dans le récit.
Le récit d’un docteur
Tous les Évangiles parlent des miracles de Jésus, mais, quand vous lirez celui de Luc, notez comme il s’attarde fréquemment sur les guérisons. Faites attention aussi aux mots qu’il utilise et aux détails qu’il mentionne.
Par exemple, Luc donne souvent des précisions médicales que Matthieu et Marc omettent. Ces deux derniers rapportent bien sûr que Pierre coupa l’oreille de Malchus, mais Luc spécifie que c’était l’oreille droite et que Jésus la lui recolla. N’est-ce pas là le genre de remarques auxquelles on peut s’attendre de la part d’un médecin (Matthieu 26:51; Marc 14:47; Luc 22:50, 51)? De même, Luc précise que la belle-mère de Pierre “était oppressée par une forte fièvre”, que Jésus guérit un homme “plein de lèpre” et un autre “dont la main droite était desséchée”. — Luc 4:38, 39; 5:12-14; 6:6-10.
Il y a de nombreux autres passages où Luc décrit les choses en médecin. Par exemple, lorsqu’il rapporte que Jésus “guérit beaucoup de gens de maladies et d’affections malignes, et d’esprits méchants”, Luc distingue les guérisons qui étaient de nature purement physique et celles qui avaient lieu par expulsion des démons (Luc 7:21). Il est aussi le seul à nous dire que lorsque Jésus pria, juste avant son arrestation, il ‘entra en agonie’ et que “sa sueur devint comme des gouttes de sang”. (Luc 22:44.) Les préoccupations médicales de Luc se retrouvent même jusque dans la façon dont il rapporte les paraboles de Jésus. En effet, il est le seul à nous raconter la parabole du ‘bon Samaritain’. Vous souvenez-vous comment ce Samaritain soigna les blessures de l’homme qu’il avait trouvé sur le bord de la route? Luc nous fait une description des soins qui est tout à fait en accord avec la pratique médicale de l’époque (Luc 10:29-37). C’est Luc qui nous rapporte encore la parabole de l’homme riche et de Lazare. Vous rappelez-vous quelle précision Luc nous donne sur la maladie de Lazare? Vous la trouverez en Luc 16:20. Mais, pendant que vous y êtes, regardez aussi le Lc 16 verset 24. L’homme riche s’écrie: “Je suis à la torture.” Luc utilise ici un terme grec qui désigne la douleur ou le chagrin. Si ce terme n’a été employé par aucun autre rédacteur biblique, il était en revanche très usité par les médecins grecs, tels que Hippocrate, Aretê et Galien.
Luc parle des femmes et de la prière
En lisant l’Évangile de Luc, notez l’intérêt compatissant qu’il porte aux femmes, compassion naturelle qui explique peut-être pourquoi il fut attiré par la médecine. Par exemple, le chapitre un nous donne les seuls renseignements que nous possédions sur Élisabeth, la mère de Jean le baptiseur. Nous apprenons même que l’enfant tressaillit dans son ventre. Le même chapitre nous dépeint de façon très vivante les réactions de Marie à l’idée de devenir la mère du Messie.
Plus loin, Luc nous parle de la prophétesse Anne, de la veuve de Naïn, de la femme pécheresse qui lava les pieds de Jésus avec ses larmes, des femmes qui servaient Jésus Christ avec leurs biens, de la femme qui fut guérie d’un flux de sang dont elle souffrait depuis longtemps, des relations domestiques entre Marthe et Marie, de la “fille d’Abraham” qui était infirme depuis dix-huit ans, et de deux paraboles: celle de la femme qui a perdu une pièce de monnaie, et celle de la veuve et du juge. — Luc 2:36-38; 7:11-15, 36-50; 8:1-3, 43-48; 10:38-41; 13:11-16; 15:8-10; 18:2-8.
Pensez-vous que cette liste regroupe tous les passages où Luc concentre son attention sur des femmes? Si vous êtes vous-même une femme, si vous vous intéressez à la nature féminine ou si vous voulez constater à quel point le médecin Luc était compatissant, alors lisez son récit de bout en bout et voyez quels faits supplémentaires vous pouvez relever. En même temps, vous ne manquerez pas de remarquer les fréquentes allusions que Luc fait à la prière. Vous découvrirez que Luc est le seul à rapporter bon nombre des prières de Jésus. Par exemple, il nous dit que Jésus était en train de prier quand le ciel s’ouvrit et que l’esprit saint descendit sur lui. Luc nous apprend aussi que, plus tard, Christ passa une nuit entière à prier (Luc 3:21; 6:12). Vous trouverez d’autres faits de ce genre en Luc 5:16; 9:18, 28; 11:1; 23:46. Luc rapporte aussi plusieurs paraboles de Jésus relatives à la prière, telles que celle de l’ami qui vient à minuit, celle du juge injuste et celle du Pharisien et du collecteur d’impôts. — Luc 11:5-13; 18:1-8, 10-14.
La “bonne nouvelle” pour tous les peuples
Matthieu semble avoir écrit son Évangile spécialement pour les Juifs, et Marc pour les Romains. Mais Luc écrivit la “bonne nouvelle” pour tous les peuples. Citons à l’appui le fait que Luc retrace la généalogie de Jésus jusqu’à Adam, l’ancêtre de tout le genre humain (Luc 3:23, 38; voir aussi Matthieu 1:1, 16). Au moyen de son Évangile d’une portée universelle, Luc nous aide à comprendre que le message et les œuvres du Christ pouvaient apporter des bienfaits à des personnes de toutes origines — à un lépreux samaritain, à un riche collecteur d’impôts et même à un voleur mis à mort sur un poteau (Luc 17:11-19; 19:2-10; 23:39-43). Vous percevrez aussi l’appel que Luc lançait à tous ceux qui étaient ‘perdus’, lorsque vous lirez dans son Évangile les paraboles de Jésus sur la brebis perdue, la drachme perdue, le fils prodigue et sur le Pharisien et le collecteur d’impôts (Luc 15:4-32; 18:9-14). Tout en lisant, soyez attentif aux autres exemples qui montrent que Luc offrait une espérance aux hommes de toutes sortes.
Bien sûr, vous relèverez sans doute quantité d’autres détails qui sont caractéristiques de l’Évangile de Luc. Mais votre impression finale devrait être d’avoir lu un livre écrit par un homme instruit et consciencieux qui a pourtant su retracer un récit vivant et chaleureux de la vie de Jésus. L’Évangile de Luc met en évidence le fait que la “bonne nouvelle” est aujourd’hui disponible pour tous les hommes.
Cette “bonne nouvelle” est particulièrement précieuse aujourd’hui. Le médecin Luc est le seul évangéliste à rapporter la prophétie de Jésus selon laquelle une époque viendrait où ‘les hommes défailliraient de peur et à cause de l’attente des choses désastreuses venant sur la terre habitée’ pendant la conclusion du système de choses. Comme Luc a dû être heureux de pouvoir ensuite rappeler les propos encourageants de Jésus tels qu’ils apparaissent en Luc 21:25-28!