Chapitre 21
Babylone la Grande et la Sion céleste décrites dans la Révélation
1. Depuis quand Babylone s’oppose-t-elle au peuple de Jéhovah, et comment cette opposition se manifesta-t-elle à l’époque d’Abraham ?
DEPUIS les premiers jours de son existence, Babylone s’est faite l’ennemie du peuple de Jéhovah Dieu. C’est Nimrod, “puissant chasseur en opposition avec Jéhovah”, qui fonda cette ville dans une plaine du pays de Schinéar (Genèse 10:8-10 ; 11:1-9, NW). C’est de ce pays que partirent ceux qui envahirent la Terre promise à l’époque du patriarche Abraham et de Melchisédek, roi-prêtre de Salem. Abraham se lança à la poursuite des envahisseurs remontant vers le nord et les mit en fuite. Il leur reprit ainsi tout le butin et les captifs que ceux-ci venaient de faire dans le pays. À son retour, Abraham, victorieux, rencontra Melchisédek qui était sorti de sa ville pour le bénir.
2. Quel rapport y a-t-il entre l’ancienne Salem et le mont Sion, à Jérusalem ?
2 En bénissant Abraham au nom du Dieu très-haut, Melchisédek montra que lui et Salem, sa ville, étaient contre ces pilleurs venus du pays de Schinéar, dont Babylone était la ville principale (Genèse 14:1-20). Tout porte à croire que la ville de Jérusalem s’est développée sur l’emplacement de l’ancienne Salem, dont le nom se retrouve d’ailleurs dans celui de Jérusalem. De plus, le contrefort escarpé appelé mont Sion devait se trouver dans Salem, en partie ou en entier, car la Bible rapporte que, à l’époque où David était roi sur Israël, la forteresse de Jérusalem s’élevait sur le mont Siona. Voilà comment le premier livre de la sainte Bible voit déjà en Babylone l’ennemie de Sion. — Michée 7:8.
3. D’après la Révélation, quelle sera l’issue de la haine que Babylone nourrit contre Sion ?
3 Cette inimitié que Babylone nourrit contre Sion se retrouve jusque dans le dernier livre de la Bible, appelé Révélation ou Apocalypse. Ce livre montre en effet comment prendra fin l’inimitié séculaire entre ces deux organisations : Babylone subira la destruction éternelle tandis que Sion (Jérusalem), si farouchement persécutée, connaîtra le glorieux triomphe. C’est au chapitre quatorze de la Révélation que l’hostilité de ces deux organisations atteint soudain son paroxysme. Aussi, à partir de ce chapitre et jusqu’à la fin de la Bible, allons-nous suivre le drame poignant de l’affrontement entre Babylone et Sion.
4, 5. a) Où Jean reçut-il la vision consignée dans la Révélation ? b) Qui l’apôtre vit-il sur le mont Sion, et quelle description en donne-t-il ?
4 C’est vers la fin du premier siècle de notre ère que l’apôtre Jean, prisonnier des Romains, écrivit la Révélation. Il se trouvait alors dans l’île pénitentiaire de Patmos, située au large des côtes d’Asie Mineure. Nous sommes frappés par le langage dont se sert l’apôtre pour nous décrire ce qu’il eut la faveur de voir dans une vision prophétique, reçue sous l’inspiration de la force agissante (ou esprit) de Dieu. Lisons ses propres paroles :
5 “Et je vis, et voici, l’Agneau se tenant sur le mont Sion, et avec lui cent quarante-quatre mille qui avaient son nom et le nom de son Père écrits sur le front. Et j’entendis un son du ciel comme le son de grandes eaux et comme le son d’un fort tonnerre ; et le son que j’entendis était comme celui de chanteurs qui s’accompagnent de la harpe jouant de leurs harpes. Et ils chantent comme un cantique nouveau devant le trône et devant les quatre créatures vivantes et les aînés ; et nul ne pouvait apprendre à fond ce cantique si ce n’est les cent quarante-quatre mille, qui ont été achetés de la terre. Ce sont ceux qui ne se sont pas souillés avec des femmes ; en fait, ils sont vierges. Ce sont ceux qui ne cessent de suivre l’Agneau peu importe où il va. Ils ont été achetés d’entre le genre humain comme prémices pour Dieu et pour l’Agneau, et dans leur bouche il ne s’est pas trouvé de fausseté ; ils sont sans tache.” — Révélation 14:1-5.
6. À quel moment pouvons-nous nous attendre à voir s’accomplir la vision de Jean ?
6 En mettant cette vision par écrit, il y a dix-neuf cents ans, l’apôtre Jean eut la certitude qu’elle lui avait été donnée pour montrer aux esclaves de Dieu “les choses qui doivent arriver bientôt”. (Révélation 1:1.) Après tant de siècles entrés dans l’Histoire, il est permis d’affirmer que ces choses, présentées “en signes” à l’apôtre, sont déjà arrivées ou sont sur le point d’arriver. Or, que voyons-nous à l’heure actuelle ?
7. Où ces événements ne se produiront-ils pas ? Où la Bible situe-t-elle leur accomplissement ?
7 Tournons nos regards vers le Moyen-Orient, plus précisément vers le mont Sion. Est-ce là que se tient l’Agneau de Dieu ressuscité ? Non ! Car maintenant qu’il est glorifié et céleste, il ne va pas se tenir une seconde fois, visiblement et en chair, sur le mont Sion terrestre. À quoi bon ? Il y a dix-neuf siècles, après que l’Agneau de Dieu fut monté au ciel, Jéhovah Dieu le posa dans la Sion céleste, symboliquement parlant, comme Pierre angulaire, précieuse et éprouvée. Ainsi donc, c’est dans les cieux que cet Agneau sert de “fondement sûr” à la Sion céleste (Ésaïe 28:16, NW ; I Pierre 2:4-6). C’est en effet vers le mont Sion céleste que viennent les 144 000 qui “ne cessent de suivre l’Agneau peu importe où il va”. Aussi le mont Sion que l’apôtre Jean vit dans cette vision était-il un “signe” : il figurait ou symbolisait le mont Sion céleste et invisible. Donc, c’est là qu’est située la “Jérusalem céleste”, la “ville [sainte] de Dieu”. — Hébreux 12:22.
8, 9. a) Qui est “l’Agneau” dont il est question ici, et que dénote le fait qu’il se tient sur le mont Sion ? b) Comment et en quoi Psaume 2:2-6 nous aide-t-il à discerner à quel moment Révélation 14:1 a commencé à s’accomplir ?
8 L’Agneau symbolique dont il est question ici, c’est Jésus-Christ ressuscité et glorifié, que Révélation 5:5 identifie avec “le Lion qui est de la tribu de Juda, la racine de David”. Il est d’ailleurs tout à fait normal que Celui-ci se tienne sur le mont Sion céleste, d’autant plus que c’est le roi David, son ancêtre, qui s’empara du mont Sion terrestre dont la forteresse reçut le nom de “cité de David”. (II Samuel 5:4-9.) La Bible se sert des verbes se tenir et se lever pour indiquer qu’un roi règne, ou qu’il prend le pouvoir pour régner (Daniel 12:1). Voici ce que le Psaume 2, écrit par le roi David et appliqué à Jésus, l’Oint, par Jean et les autres apôtres, nous apprend au sujet de cet avènement : “Les rois de la terre se soulèvent, et les princes tiennent conseil ensemble contre Jéhovah et contre son Oint. (...) Le Seigneur [Jéhovah, NW] se moque d’eux. Alors il leur parlera dans sa colère (...) : ‘Et moi, j’ai établi mon roi sur Sion, ma montagne sainte.”’ — Psaume 2:2-6, AC ; Actes 4:19-30.
9 L’époque décrite dans Révélation 14:1 doit être, de ce fait, l’année 1914 et celles qui suivent. Cette année-là ont pris fin les temps des Gentils, événement qui devait marquer le commencement du temps fixé pour l’instauration du Royaume de Dieu promis à la lignée royale de David. Mais les nations gentiles ne pourront pas fouler aux pieds ce Royaume, représenté jadis par la Jérusalem terrestre. Voilà pourquoi l’Agneau de Dieu se tient sur le mont Sion.
10, 11. a) Qu’est-ce qui devait faire suite à l’installation de l’Agneau sur le mont Sion ? b) En quels termes cela ressort-il de Révélation 11:15-18?
10 Après que Jéhovah Dieu eut fait de l’Agneau son Roi en l’installant sur le mont Sion céleste, en 1914, ce fut le moment pour les 144 000 fidèles disciples de cet Agneau d’être rassemblés à ses côtés dans les cieux. Cette pensée ressort clairement de Révélation 11:15-18 où Jean déclare :
11 “Et le septième ange sonna de la trompette. Et il y eut dans le ciel de fortes voix, qui disaient : ‘Le royaume du monde est devenu le royaume de notre Seigneur et de son Christ, et il régnera aux siècles des siècles.’ Et les vingt-quatre aînés qui étaient assis devant Dieu sur leurs trônes tombèrent la face contre terre et adorèrent Dieu, disant : ‘Nous te rendons grâces, Jéhovah Dieu, le Tout-Puissant, celui qui est et qui était, de ce que tu as pris ta grande puissance et commencé à régner. Mais les nations se sont courroucées, et ton propre courroux est venu, et le temps fixé pour que les morts soient jugés, et pour donner leur récompense à tes esclaves les prophètes et aux saints et à tous ceux qui craignent ton nom, les petits et les grands, et pour détruire ceux qui détruisent la terre.’”
12. Comment la mise en parallèle des événements ayant marqué la première présence de Jésus avec ceux de sa seconde présence nous aide-t-elle à savoir à partir de quel moment les 144 000 ont commencé à se tenir sur le mont Sion aux côtés de l’Agneau ?
12 Faisons à présent le point de la situation en examinant des événements d’il y a dix-neuf siècles, donnés comme parallèles. Au printemps de l’an 33, Jésus-Christ fut ressuscité d’entre les morts. Cet événement se situe trois ans et demi après son onction d’esprit saint, par laquelle il était devenu le Messie et Chef. Or, si nous comptons également trois ans et demi à partir du début de l’automne de 1914, nous arrivons au printemps de 1918, soit peu de temps après la Pâque, jour au cours duquel les fidèles disciples oints de l’Agneau célébrèrent l’anniversaire du repas du Seigneur aussi appelé la sainte Cène (I Corinthiens 11:20)b. Parallèlement, c’est donc vers la même époque de l’année qu’ont dû être ressuscités ceux d’entre les fidèles disciples qui avaient achevé leur course terrestre en subissant la mort sacrificielle. Quant à la question de savoir quel corps ceux-ci devaient revêtir à cette résurrection, I Corinthiens 15:35-50 répond ceci :
13. En quels termes Paul décrit-il dans I Corinthiens, chapitre 15, la résurrection de cette classe céleste ?
13 “‘Comment les morts doivent-ils être ressuscités ? Oui, avec quelle sorte de corps viennent-ils ?’ (...) Ainsi est également la résurrection des morts. Il est semé dans la corruption, il est ressuscité dans l’incorruption. Il est semé dans le déshonneur, il est ressuscité dans la gloire. Il est semé dans la faiblesse, il est ressuscité dans la puissance. Il est semé corps physique, il est ressuscité corps spirituel. S’il y a un corps physique, il y en a aussi un spirituel. Ainsi est-il même écrit [dans Genèse 2:7, Da] : ‘Le premier homme Adam devint une âme vivante.’ Le dernier Adam est devenu un esprit vivifiant. (...) Et tout comme nous avons porté l’image de celui fait de poussière, nous porterons aussi l’image du céleste. Cependant je dis ceci, frères, que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, ni la corruption hériter l’incorruption.”
14. Au dire de Révélation 14:3, 4, d’où proviennent les 144 000, et quelle description en est donnée ?
14 Puisque le mont Sion de Révélation 14:1 est céleste et que les 144 000 fidèles disciples ne peuvent hériter la Sion céleste tant qu’ils vivent dans “la chair et le sang” et dans la corruption humaine, il faut qu’ils soient ressuscités dans un “corps spirituel” à l’image de l’Agneau céleste, le Christ Jésus glorifié. Leur résurrection à la vie céleste, aux côté du Christ, est donc demeurée invisible aux yeux des hommes. Cette pensée concorde en effet avec Révélation 14:3, 4 qui déclare à leur sujet : “Les cent quarante-quatre mille, qui ont été achetés de la terre (...) ont été achetés d’entre le genre humain comme prémices pour Dieu et pour l’Agneau.”
15. De quelle façon ont-ils été “achetés d’entre le genre humain comme prémices pour Dieu et pour l’Agneau” ?
15 Cela revient à dire que ces 144 000 ressuscités ne feraient dès lors plus partie du genre humain, d’autant plus qu’ils ne seraient plus des créatures humaines faites de chair et de sang. Désormais, ils seraient comparables aux prémices que le grand prêtre juif prélevait sur la moisson des blés pour les offrir à Jéhovah Dieu le jour de la Pentecôte, au temple de Jérusalem (Exode 23:16 ; Lévitique 23:15-21). Puisque les 144 000 fidèles disciples de l’Agneau sont comparables aux prémices prélevées par les Juifs sur la moisson des blés, le reste de la moisson antitypique doit donc représenter le reste des hommes faits de chair et de sang.
16. Compte tenu de ce qui se produisit à la Pentecôte de l’an 33, quel événement correspondant devait avoir lieu vers la Pentecôte de 1918?
16 Il était approprié que le jour de Pentecôte de l’an 33, Jésus-Christ, le Grand Prêtre céleste, offre à Dieu les premiers d’entre les 144 000 élus et répande sur eux l’esprit saint, les oignant ainsi comme membres de sa congrégation ou classe de l’Épouse. La Pentecôte juive tombant le cinquantième jour à compter de celui de la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, et compte tenu du principe des parallèles chronologiques, à quoi pouvait-on s’attendre en 1918 ? À ce que ceux d’entre les 144 000 membres qui étaient déjà morts, fidèles jusqu’au bout, soient ressuscités invisiblement, non pas dans des corps faits de chair et de sang, mais revêtus de corps spirituels invisibles, et cela au printemps de 1918.
17. Qu’est-il exigé de ceux qui formeront l’épouse du Christ, contrairement à la pratique suivie par les vierges de la Babylone antique ?
17 Les 144 000 sont pris d’entre les hommes et les femmes. Ils sont promis en mariage à l’Époux céleste, dont ils forment l’Épouse. Dans l’ancien Israël, le grand prêtre qui se mariait devait prendre pour femme une vierge. En vertu de ce principe observé en Israël, et Jésus-Christ étant le Grand Prêtre de Jéhovah, il faut que son Épouse céleste soit donc également vierge (II Corinthiens 11:2). Voilà pourquoi il est exigé des 144 000 qu’ils ne se soient pas “souillés avec des femmes”, mais qu’ils aient gardé leur “virginité” en s’abstenant de se souiller avec ce monde par un mariage religieux contracté avec les organisations religieuses du présent monde, lesquelles sont comparées dans la Bible à des “femmes”. C’est que les 144 000 n’ont rien de commun avec les vierges de la Babylone antique qui, avant de pouvoir se marier légalement, devaient se rendre au temple de Vénus (Ishtar) pour se prostituer à cette déesse en livrant leur virginité au plus offrant. Ils ne ressemblent en rien aux “prostituées” enfantées par Babylone (Jacques 1:27 ; 4:4). Sinon, l’Époux céleste ne les admettrait jamais parmi son Épouse.
18. a) Pourquoi ne trouve-t-on aucune fausseté dans leur bouche ? b) Quelle marque portent-ils sur le front et quelle en est la signification ?
18 S’il est dit que “dans leur bouche il ne s’est pas trouvé de fausseté” et qu’“ils sont sans tache”, c’est qu’ils déclarent sans cesse la pure vérité de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Ils ne suivent pas les faux enseignements d’origine babylonienne ; ils ne propagent pas non plus les mensonges de la fausse religion dont la Babylone antique fut le berceau, et ils ne portent pas le nom de Babylone sur le front, car ils ne sont ni esclaves de cette ville ni ne lui appartiennent. Bien au contraire. Les 144 000 portent écrits sur le front le nom de l’Agneau Jésus-Christ et le nom de son Père. Voilà qui identifie clairement et publiquement Ceux à qui ils appartiennent comme esclaves et disciples. N’est-il pas naturel qu’ils portent le nom de l’Agneau dont ils sont l’Épouse ? En outre, puisque la langue hébraïque est utilisée deux fois dans le livre de la Révélation (9:11 ; 16:16) et que l’apôtre Jean était lui-même Hébreu, ce devait être le saint tétragramme hébreu (יהוה) que l’apôtre vit écrit sur le front des 144 000, car YHWH (יהוה) est le nom que Jéhovah s’est lui-même donné. Ce détail montre sans équivoque que les 144 000 fidèles chrétiens, vus sur le mont Sion, sont des témoins de Jéhovah. — Isaïe 43:10, AC.
19. Qui chante ce “cantique nouveau”, et quant au volume, à quoi leur chant est-il comparé ?
19 C’est encore ce que prouvent le lieu où ils se tiennent et leurs faits et gestes. Dans sa vision, Jean entendit chanter un cantique dont le son était si puissant qu’il crut entendre de grandes eaux ou de forts coups de tonnerre. Qui sont les chanteurs de ce cantique ? On nous précise que “nul ne pouvait apprendre à fond ce cantique si ce n’est les cent quarante-quatre mille qui ont été achetés de la terre”. En effet, ce sont eux qui chantent ce cantique tout en s’accompagnant de la harpe.
20, 21. a) Décrivez en quel sens et en quoi il s’agit d’un “cantique nouveau”. b) Comment les citations empruntées aux Psaumes 96, 98 et 149 s’appliquent-elles aux 144 000 qui chantent ce “cantique nouveau” ?
20 Ce qu’ils chantent est “comme un cantique nouveau”, d’autant plus qu’ils sont les premiers à l’entonner. C’est là quelque chose de nouveau pour quiconque entend ce cantique. Ils chantent des choses que nulle autre créature n’a jamais connues si ce n’est l’Agneau et eux-mêmes. Ce “cantique nouveau”, chanté en présence de l’Agneau, les concerne sans aucun doute directement, car il est dit à leur sujet : “Tu es digne de prendre le rouleau et d’en ouvrir les sceaux, parce que tu as été égorgé et, par ton sang, tu as acheté pour Dieu des personnes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation, et tu en as fait pour notre Dieu un royaume et des prêtres, et ils régneront sur la terre.” (Révélation 5:9, 10). Or, puisque leur résurrection d’entre les morts a commencé après l’instauration par Dieu de son Royaume et qu’une place leur a été attribuée comme classe de ce Royaume sur le mont Sion d’où ils règnent aux côtés de l’Agneau de Dieu, leur cantique nouveau doit donc se rapporter au Royaume de Dieu instauré comme gouvernement en 1914, soit à la fin des temps des Gentils. Car c’est aux 144 000 en particulier que s’applique l’ordre suivant consigné dans Psaumes 96:1, 10 ; 98:1, 5 ; 149:1, 2 (AC) :
21 “Chantez à Jéhovah un cantique nouveau ! Chantez à Jéhovah, vous tous habitants de la terre ! Dites parmi les nations : ‘Jéhovah est roi ; aussi le monde sera stable et ne chancellera pas ; il jugera les peuples avec droiture.’” “Chantez à Jéhovah un cantique nouveau, car il a fait des prodiges ; sa droite et son bras saints lui ont donné la victoire. Célébrez Jéhovah sur la harpe, qu’aux accords de la harpe se mêle la voix des cantiques !” “Alléluia ! Chantez à Jéhovah un cantique nouveau ; que sa louange retentisse dans l’assemblée des saints ! Qu’Israël se réjouisse en son Créateur, que les fils de Sion tressaillent en leur Roi !”
22. Où se tiennent-ils pour chanter ce cantique nouveau, et pourquoi ne s’agit-il pas de Jérusalem au sens propre ?
22 Où les 144 000 chantent-ils ce “cantique nouveau” ? Sur le mont Sion. Là, ils se tiennent auprès de l’Agneau et, en même temps, “devant le trône et devant les quatre créatures vivantes et les aînés”. D’après Révélation 4:4-11, les quatre “créatures vivantes” et les vingt-quatre “aînés” se tiennent autour du trône de Jéhovah Dieu, dans les cieux. Il s’ensuit que le mont Sion dont il est question ici doit être céleste ; il ne peut pas s’agir, au sens propre, de la montagne sur laquelle est située de nos jours une ville ancienne entourée de murailles et qui est occupée en partie par des musulmans. C’est donc bien du mont Sion céleste que s’approche le reste des futurs membres des 144 000 vivant encore sur la terre. — Hébreux 12:22.
UNE BONNE NOUVELLE ET UN MESSAGE DE JUGEMENT
23. Que vit Jean, d’après Révélation 14:6, 7 ? Décrivez le message porté à la connaissance de la terre.
23 Ce que l’apôtre Jean a aperçu ensuite en vision cadre bien avec le “temps de la fin”, dans lequel ce monde est entré en 1914, car cette année-là, le Royaume s’est mis à régner en la personne de l’Agneau de Dieu. Jean rapporte en effet : “Et je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel, et il avait un évangile éternel à déclarer comme bonne nouvelle à ceux qui habitent la terre, et à toute nation, à toute tribu, à toute langue et à tout peuple, disant à haute voix : ‘Craignez Dieu et donnez-lui gloire, parce que l’heure de son jugement est arrivée, et adorez donc Celui qui a fait le ciel et la terre et la mer et les sources d’eaux.’” — Révélation 14:6, 7.
24. Dans l’accomplissement, comment ce message est-il porté à la connaissance de tous les peuples de la terre ?
24 Cet ange volait relativement près de la terre, car Révélation 19:17 dit, en parlant des oiseaux, qu’ils “volent par le milieu du ciel”. Or, c’est de cette position relativement basse que l’ange s’est adressé, dans la vision, directement à ceux qui habitent la terre, sans distinction de nation, de tribu, de langue ou de peuple. Son message avait donc une portée internationale. Cependant, quoique l’accomplissement de cette vision ait lieu en ce “temps de la fin”, le message si important dont il est question ici n’est pas diffusé directement et de façon audible par un ange qui volerait littéralement dans le ciel que sillonnent les oiseaux et les avions. Ce message est porté à la connaissance des habitants de la terre par des adorateurs qui craignent Dieu et qui lui rendent gloire. Il s’agit des disciples de l’Agneau, qui obéissent aux paroles que celui-ci a jadis prononcées dans sa prophétie sur la fin du présent monde ou système de choses. Ils ont pour tâche de faire connaître ce message, car c’est à ses disciples que Jésus a ordonné : “Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée par la terre habitée tout entière en témoignage à toutes les nations ; et alors la fin viendra.” (Matthieu 24:3, 4, 14). Notez que la prédication de cette bonne nouvelle du Royaume a pour but de servir de “témoignage”. Voilà pourquoi elle est faite par les témoins du Royaume.
25-28. a) À quel moment les témoins des temps modernes ont-ils saisi qu’il leur fallait désormais prêcher la bonne nouvelle du Royaume établi ? b) En quels termes La Tour de Garde de 1920 décrivit-elle la mission dont étaient chargés les membres du reste du corps de Christ ?
25 La nouvelle du Royaume de Dieu était un évangile (ou bonne nouvelle) même lorsque le Royaume était encore à venir (Matthieu 4:23 ; Marc 1:14, 15). Toutefois, celle de l’instauration du Royaume de Dieu et de son entrée en fonction dans les cieux était une nouvelle bien meilleure encore. En 1920, nous avons discerné pour la première fois que, en accomplissement de Matthieu 24:14, il nous fallait prêcher la bonne nouvelle du Royaume de Dieu établi dans les cieux en 1914. Aussi ce verset a-t-il servi de thème à l’article “L’Évangile du Royaume”, publié en anglais dans La Tour de Garde du 1er juillet 1920 et en français dans celle de janvier 1921. Après avoir cité la prophétie de Jésus contenue dans Matthieu 24:14, ce même article poursuivait, à la page 38, colonne 2, en ces termes :
26 Remarquons qu’il ne dit pas que l’évangile qui sera alors prêché sera le même que celui qui a été prêché aux humbles pendant tout l’âge de l’Évangile. De quel évangile s’agissait-il donc ? Évangile veut dire bonne nouvelle. La bonne nouvelle concerne ici la fin de l’ancien ordre de choses et l’instauration du royaume du Messie. Elle signifie que la sombre nuit du péché et du chagrin tire à sa fin ; que l’empire de Satan tombe pour ne plus se relever jamais (...).
27 (...) Ceci semble indiquer tout à fait nettement que l’Église doit s’engager maintenant dans la proclamation de cette bonne nouvelle comme un témoignage aux nations de la terre ; après cela, le vieil ordre de choses disparaîtra entièrement pour faire place au nouveau. Dans ces temps de détresse, il n’y a sûrement pour les peuples de la terre aucune nouvelle qui soit meilleure, aucune nouvelle plus consolante et secourable. (...) C’est sûrement au sujet du même message et de la même classe que le prophète Ésaïe eut une vision et qu’il écrivit : “Qu’ils sont beaux, sur les montagnes, les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui annonce la paix, qui apporte des nouvelles de bonheur : qui annonce le salut, qui dit à Sion : Ton Dieu règne !” — Ésaïe 52:7.
28 On voit donc là de toute évidence que les derniers membres (...) du corps de Christ (...) sont ceux qui doivent maintenant se tenir devant les rois de cette terre, au-dessus d’eux, pour leur apporter la bonne nouvelle, publier la paix et le salut, parce que le Seigneur est présent. Il a pris possession de son grand pouvoir et il règne !
29-32. Comment, en 1922, J. F. Rutherford insista-t-il encore davantage sur l’œuvre consistant à prêcher le Royaume, œuvre qui devait se poursuivre jusqu’à la ruine totale de quoi ?
29 À peine deux ans plus tard, plus précisément le vendredi 8 septembre 1922, des milliers d’Étudiants de la Bible non sectaires étaient réunis en une assemblée internationale à Cedar Point (Ohio, États-Unis). Ce jour-là, à 9 h 30, il leur a été démontré dans un discours intitulé “Le Royaume” qu’il leur fallait être des témoins du Seigneur Dieu, c’est-à-dire de Jéhovah. Après avoir cité Isaïe 43:8-12 (AC), l’orateur J. F. Rutherford, qui était alors président de la Watch Tower Bible and Tract Society, poursuivit en ces termes :
30 Ainsi nous voyons que les membres de la classe du temple sont clairement désignés comme étant les témoins du Seigneur dans ce temps, pour apporter un message de consolation au peuple, pour lui annoncer que le royaume des cieux est [là] et que des millions actuellement vivants ne mourront jamais. Nous voyons que Dieu désire que son nom soit loué ; que les peuples connaissent qu’il est l’Éternel ; que Dieu se propose d’avoir sur la terre, dans ce temps de détresse, un peuple, séparé et distinct de tous les autres, comme ses témoins qui proclament hardiment le message : “Le royaume des cieux est proche !”
31 (...) Ceci est corroboré par le Seigneur en Matthieu 24:14. La preuve est ainsi clairement établie que la classe du temple doit continuer à proclamer le message du Royaume jusqu’au terme de sa carrière terrestre. Les membres de cette classe doivent être ses fidèles témoins jusqu’à ce que les murs de Babylone s’écroulent.
32 (...) Soyez de fidèles et véritables témoins du Seigneur. Marchez de l’avant dans le combat jusqu’à ce que [toute trace] de Babylone soit [effacée]. Répandez le message en tous lieux. [Il faut que] le monde [sache] que Jéhovah est Dieu et que Jésus-Christ est le Roi des rois et [le] Seigneur des seigneurs. Ceci est le jour [entre tous]. Voici, le Roi règne ! Vous êtes ses hérauts. C’est pourquoi : Proclamez, proclamez, proclamez le Roi et son royaume ! — La Tour de Garde de juin 1924, page 111.
33. Que montrent les faits quant à l’importance et à l’extension prises par la prédication du Royaume ?
33 Cette œuvre, consistant à proclamer le Royaume de Dieu instauré, a pris, à partir de ce jour-là, un essor qu’elle n’avait jamais connu auparavant. Aujourd’hui, soit après plus de quarante ans d’activité, cette bonne nouvelle du Royaume est prêchée oralement et au moyen d’écrits dans 200 pays, territoires, provinces, colonies et groupes d’îles en 165 langues, sous la surveillance de 96 filiales de la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania. Depuis 1931, une “grande foule” de personnes de toutes nations, vouées à Jéhovah Dieu, est venue se joindre dans cette œuvre au reste des 144 000 vivant encore sur la terre, reste qui diminue de plus en plus, si bien que le nombre global des proclamateurs du Royaume, actifs sur toute la terre, dépasse actuellement le million. — Révélation 7:9, 10.
34. Comment, de 1925 à 1930, La Tour de Garde insista-t-elle sur l’opportunité de porter bien haut le nom de Jéhovah ?
34 En 1925, le reste oint comprit mieux que précédemment que le moment était venu pour Jéhovah de faire éclater la grandeur de son nomc. Aussi était-il tout à fait logique de voir, l’année suivante, La Tour de Garde du 1er janvier 1926 (en français celle de mars 1926) renfermer un article de fond intitulé “Qui honorera Jéhovah ?” Le fidèle reste répondit à cette question par “Nous voici !” Puis, chaque année commença par un article de fond approprié, publié en anglais dans La Tour de Garde du 1er janvier et en français dans celle du mois de mars, articles intitulés : en 1927, “Jéhovah et ses œuvres” ; en 1928, “Rendez gloire à son nom” ; en 1929, “Je célébrerai mon Dieu” ; et en 1930, “Chantez à Jéhovah !”
35, 36. Quelle résolution fut adoptée en 1931, marquant ainsi le point culminant de cette prise de conscience de l’importance du nom personnel de Dieu ?
35 Cette mise en évidence du nom de Jéhovah devait atteindre son point culminant l’année suivante, le dimanche 26 juillet 1931, lors du congrès international tenu à Columbus (Ohio, États-Unis). À cette occasion, une résolution fut lue aux milliers de congressistes à 4 heures de l’après-midi. Après cette lecture, le président J. F. Rutherford fit un exposé dans lequel il cita de nombreux passages des Écritures à l’appui de cette résolution qui disait entre autres :
36 Nous proclamons, sans hésiter, notre fidélité et notre obéissance absolues à Jéhovah Dieu et à son royaume ; que nous sommes des serviteurs de Jéhovah Dieu, chargés d’accomplir une œuvre en son nom et que c’est par obéissance à son commandement que nous rendons le témoignage de Jésus-Christ et que nous faisons connaître aux hommes que Jéhovah est le Dieu tout-puissant et véritable. C’est pourquoi nous adoptons et porterons dorénavant joyeusement le nom que le Seigneur Dieu nous a donné de sa propre bouche et par lequel nous désirons être connus et appelés, c’est-à-dire le nom de : Témoins de Jéhovah. — Isaïe 43:1-12 ; 62:2, AC ; Apocalypse 12:17.
37. a) Qu’advint-il de cette résolution, et qu’est-ce qui fut notifié au monde ? b) Outre les membres du reste, qui a accepté de porter cette identité ?
37 C’est avec joie et dans un élan d’enthousiasme que les milliers de membres du reste oint, réunis en congrès international, adoptèrent cette résolution. D’ailleurs, les congrégations ne tardèrent pas à en faire autant un peu partout sur le globe, s’identifiant ainsi comme témoins de Jéhovah. Cette même résolution, publiée en plusieurs millions d’exemplaires et dans nombre de langues, fut distribuée sur toute la terre. Notamment à cette occasion-là, ce fut comme si le nom sacré YHWH (יהוה) se voyait écrit en traits visibles sur le front de chaque membre du reste. Voilà de quelle façon il a été notifié à la chrétienté et au reste du monde que Jéhovah a sur la terre ses témoins chrétiens, dont il se sert pour faire connaître et son nom et ses desseins. Depuis cette année mémorable, une “grande foule” de personnes qui cherchaient Dieu, elles aussi, ont accepté le témoignage donné par le reste, puis se sont jointes à celui-ci pour porter à leur tour le nom biblique de témoins de Jéhovah. — Voir La Tour de Garde de décembre 1931, pages 188, 189.
38. Quoique le message annoncé par l’ange en vol fût une bonne nouvelle, comment fut-il à la fois celui d’un jugement ?
38 L’annonce de la bonne nouvelle relative à la récente instauration du Royaume par Jéhovah devait aller de pair avec la proclamation d’un message de jugement. Il devait en être ainsi, car, au dire de l’ange qui volait par le milieu du ciel, “l’heure de son jugement [c.-à-d. du jugement divin] est arrivée”. En un sens, c’était là pour les uns un évangile réconfortant, une bonne nouvelle, puisque l’arrivée de l’heure du jugement divin signifiait pour eux que Dieu, en sa qualité de Juge suprême, allait redresser toutes choses en faisant éclater sa souveraineté universelle, en réhabilitant son saint nom et en affranchissant ses fidèles serviteurs de l’esclavage et de l’oppression que leur faisait subir l’organisation du Diable. Les membres du reste, vivant encore sur la terre, savaient que s’ils demeuraient fidèles à leur Dieu et passaient le jugement avec succès, ils pourraient entrer dans la joie du Seigneur Jésus-Christ, le Roi régnant. — Matthieu 25:14-30.
39. Quel jugement particulier intéressant les peuples de toute la terre a commencé en 1931 ? Quel en sera le résultat ?
39 Lorsque fut arrivée pour Dieu le Créateur l’heure de rendre son jugement, les habitants de toutes les parties de la terre eurent d’autant plus de raisons de craindre Dieu et de lui donner gloire, en adorant “Celui qui a fait le ciel et la terre et la mer et les sources d’eaux”. Qu’en est-il de la “grande foule” de personnes, humbles et dociles comme des brebis, qui viennent de toutes les parties de la terre ? Compte tenu des faits historiques, leur temps de jugement commença dans la seconde moitié de l’année 1931, à partir du moment où les membres du reste oint — désormais connus sous le nom de “témoins de Jéhovah” — se mirent à vouer toute leur attention au rassemblement de ces “autres brebis”. Cette activité nouvelle concordait d’ailleurs pleinement avec les prédictions faites par Jésus dans sa prophétie sur la fin du monde : “Quand le Fils de l’homme arrivera dans sa gloire et, avec lui, tous les anges, il s’assiéra sur son glorieux trône. Et toutes les nations seront rassemblées devant lui, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs. Et il mettra les brebis à sa droite, mais les boucs à sa gauche.” — Matthieu 25:31-33 ; Révélation 7:9-17 ; Jean 10:16 ; Ézéchiel 9:4-6.
“BABYLONE LA GRANDE EST TOMBÉE”
40. Quelle ruine le deuxième ange annonce-t-il ensuite comme bonne nouvelle ?
40 Quelle bonne nouvelle pour de nombreux peuples d’apprendre, au sixième siècle avant notre ère, que Babylone était tombée sous les coups des Médo-Perses ! Son renversement fut un acte de jugement de la part de Jéhovah Dieu qui la châtiait ainsi pour avoir opprimé son peuple en exil. Aussi était-ce tout à fait dans l’ordre des choses que l’apôtre Jean, après avoir vu et entendu un ange déclarer du milieu du ciel une bonne nouvelle et annoncer l’arrivée de l’heure du jugement divin, ait pu entendre proclamer le grand acte de jugement que Dieu s’est réservé. Jean rapporte en effet : “Et un autre, un second ange, suivit en disant : ‘Elle est tombée ! Babylone la grande est tombée, elle qui a fait boire à toutes les nations le vin de sa fornication, vin qui réveille la passion !’” — Révélation 14:8.
41. Pourquoi la vision de Jean ne peut-elle pas se rapporter littéralement à la Babylone antique ?
41 Jean eut cette vision dans la dernière dizaine d’années du premier siècle de notre ère, c’est-à-dire plus de six siècles après que la Babylone antique, sise sur l’Euphrate, fut précipitée de sa position de Troisième Puissance mondiale et qu’elle dut céder la domination mondiale à une puissance aryenne, les Médo-Perses. À l’époque où l’apôtre reçut sa vision apocalyptique, la ville de Babylone des bords de l’Euphrate était en voie de disparition. Quand les temps des Gentils prirent fin en 1914, et que la vision de Jean commença à se réaliser, l’emplacement de la Babylone antique était à peine marqué par quelques ruines dégagées peu auparavant. En effet, après dix-huit ans de fouilles commencées en 1899 et pratiquées pour le compte de la Société orientaliste allemande sous la conduite du professeur Robert Koldewey, une bonne partie des ruines de la ville — jadis l’une des merveilles du monde — se retrouvait là, exposée aux regards du touriste curieux. En 1917, soit au cours de la Première Guerre mondiale, il fallut interrompre les fouilles sur le site de la Babylone antique à cause de l’arrivée des troupes britanniques en Mésopotamie.
42, 43. Comment peut-on savoir ce que veut dire l’expression “Babylone la Grande” ?
42 Quelle est donc cette “Babylone la grande” dont “un second ange” prophétisa la chute ?
43 Elle porte le nom d’une ville, mais il s’agit d’une ville symbolique, comparable à celle décrite dans Révélation 11:8 en ces mots : “La grande ville qui, au sens spirituel, est appelée Sodome et Égypte, là où leur Seigneur aussi a été mis au poteau.” Pour savoir ce que symbolise Babylone la Grande, il nous faut examiner le contexte historique de la Babylone antique tel que le présentent les Écritures hébraïques inspirées.
44. Quel récit la Bible nous fournit-elle au sujet de l’opposition et de la rébellion fomentées par Babylone dès son origine ?
44 Rappelons d’abord que les origines de Babylone remontent à une rupture avec le culte de Jéhovah et que cette ville naquit d’un acte de désobéissance commis envers Dieu, puisqu’elle fut fondée par un rebelle que la Bible stigmatise en ces termes : “Nimrod, puissant chasseur en opposition avec Jéhovah.” Plus tard, les habitants appelèrent leur ville “Porte du Dieu”. Jéhovah, par contre, lui donna le nom de Babel, ce qui signifie “confusion”, car il confondit le langage des bâtisseurs de la ville et de la tour du même nom (Genèse 10:8-10 ; 11:5-9, NW). Babel ou Babylone, doublet dérivé du grec, ne fut jamais une ville hébraïque ni juive ; elle ne fut jamais messianique ni chrétienne, car elle ne fit à aucun moment partie de l’organisation de Jéhovah Dieu. Ennemie jurée de Sion, Babylone ne cessa jamais de s’opposer au peuple élu. À l’époque où la dynastie de Nébucadnetsar régnait à Babylone, celle-ci avait apparemment réussi “tel qu’un dragon” à engloutir la nation d’Israël, dont Jéhovah avait fait son élue (Jérémie 51:34). Babylone cherchait par tous les moyens à asservir Israël.
45, 46. À en croire les documents écrits, quelle était la préoccupation majeure des Babyloniens ?
45 Puissance mondiale sémitique pendant plus de soixante-dix ans, Babylone dictait sa volonté sur le plan politique. Ce fut une puissance militariste, hautement commercialisée et pourtant profondément religieuse. Les inscriptions cunéiformes, mises au jour au Moyen-Orient, attestent combien la religion était importante dans la vie des Babyloniens. Les souverains assyriens, très militaristes eux aussi, nous ont laissé des récits détaillés de leurs campagnes, récits où figurent même les noms de certains rois de Juda et d’Israël, fréquemment placés dans leur contexte historique et politique. Quant à la Babylone soumise à la dynastie de Nébucadnetsar, ses annales ne mentionnent guère que des événements d’ordre religieux et architectural de l’époque, passant sous silence ce qui arriva au royaume de Juda. Une inscription cunéiforme, témoin de la religiosité de cette ville qui fut l’une des merveilles de l’Antiquité, dit ceci :
46 En tout, il existe à Babylone 53 temples consacrés aux grands dieux, 55 chapelles de Mardouk, 300 chapelles pour les divinités de la terre, 600 pour celles du ciel, 180 autels pour la déesse Ishtar, 180 pour les dieux Nergal et Adad, et 12 autres autels pour diverses divinités.
47. Comment les prêtres de Babylone montraient-ils qu’ils étaient avides de gain et mercantilistes ?
47 Les prêtres de Babylone monnayaient le plus rapidement possible tous les animaux sacrificiels et toutes les dîmes religieuses que les gens venaient offrir journellement sur les autels, notamment les choses périssables. Tout comme à Ur en Chaldée, ville natale d’Abraham, les autorités des temples possédaient leurs entrepôts et géraient leurs propres magasins de vente. Pour être sûres de bien investir les capitaux qu’elles obtenaient ainsi, elles possédaient leurs propres banquesd.
48. Que sait-on de l’attitude des rois de Babylone envers la religion ?
48 Parlant du plus grand roi de Babylone, l’Encyclopédie britannique (édition de 1911, tome XIX) dit à la page 332a : “Il ressort des inscriptions laissées par Nébucadnetsar que c’était un homme fort religieux.” Ses successeurs ne l’étaient pas moins.
49. a) Comment la religion babylonienne s’étendit-elle au monde entier ? b) Contre quel nouvel enseignement la religion issue de Babylone se dressa-t-elle au premier siècle de notre ère ?
49 En se dispersant à la suite de la confusion de leur langage, les bâtisseurs de Babylone emportèrent avec eux la religion babylonienne, chacun dans sa langue respective. Lorsque Babylone tomba aux mains des Médo-Perses en 539 avant notre ère, sa religion continua néanmoins à subsister, puisque toutes les fausses religions du monde sont originaires de cette ville. Puis quand Jean, apôtre chrétien, arriva à la fin de sa vie, cette religion d’origine babylonienne prédominait encore sur toute la terre, mais sous des formes différentes selon les endroits. Elle avait même tenté d’engloutir la religion juive et de lui enlever toute force religieuse, dans l’intention de détruire les témoins de Jéhovah d’alors (Isaïe 43:10-12 ; 44:8, AC). Mais voilà que, du vivant de l’apôtre Jean, la religion issue de Babylone se dressa contre quelque chose de nouveau, qui était pourtant né chez les Juifs eux-mêmes. En effet, elle se dressa contre la foi des disciples du Christ, tous témoins chrétiens de Jéhovah, et contre leurs enseignements.
50, 51. a) Après avoir réussi à détruire la Sion terrestre pour quelque temps, comment la religion babylonienne chercha-t-elle dès le premier siècle à engloutir la Sion spirituelle ? b) Quelle parabole de Jésus illustre la chose ?
50 La religion de Babylone combattit d’abord contre la Sion terrestre et réussit même à la détruire pour quelque temps. Mais à partir du premier siècle de notre ère, la religion babylonienne s’en prit à la Sion spirituelle, représentée par les témoins de Jéhovah marchant sur les traces du Christ. Elle chercha à les engloutir, à les supprimer à leur tour. Jusqu’à quel point allait-elle réussir ?
51 À l’époque de la Sion ancienne, le prophète Ézéchiel révéla à ceux qui étaient captifs à Babylone comme lui de quelle façon la religion babylonienne avait été introduite jusque dans le temple de Jéhovah, sur le mont Sion, en particulier sous la forme d’un culte rendu à Tammouz, divinité babylonienne (Ézéchiel 8:13, 14, CT). Des siècles plus tard, le Seigneur Jésus-Christ prédit que Satan le Diable, le véritable dieu de Babylone, ferait une tentative analogue auprès du temple spirituel de Jéhovah, la congrégation chrétienne. En effet, Satan le Diable serait l’ennemi décrit dans la parabole de Jésus sur le blé et la mauvaise herbe (ou ivraie). Profitant de ce que les hommes dormaient, il viendrait semer de la mauvaise herbe parmi la semence de qualité déjà semée dans le champ. Dans l’explication de sa parabole ou comparaison, Jésus affirma :
52. Quelle devait être l’issue de cette tentative décrite dans la parabole prophétique laissée par Jésus ?
52 “Le semeur de la semence de qualité est le Fils de l’homme ; le champ est le monde ; quant à la semence de qualité, ce sont les fils du royaume ; mais la mauvaise herbe, ce sont les fils du mauvais, et l’ennemi qui les a semés, c’est le Diable. La moisson est la clôture d’un système de choses, et les moissonneurs sont les anges. De même, en effet, que la mauvaise herbe est ramassée et brûlée au feu, de même en sera-t-il à la clôture du système de choses. Le Fils de l’homme enverra ses anges et ils ramasseront de son royaume toutes les choses qui sont des causes d’achoppement et ceux qui pratiquent l’iniquité, et ils les jetteront dans la fournaise ardente. C’est là qu’il y aura leurs pleurs et leurs grincements de dents. En ce temps-là les justes brilleront de l’éclat du soleil dans le royaume de leur Père. Que celui qui a des oreilles écoute.” — Matthieu 13:24-30, 36-43.
53. Quand a-t-on commencé à semer de la mauvaise herbe, et que veut dire l’expression “pendant que les hommes dormaient” ?
53 Le Diable n’allait pas attendre des siècles avant de “semer” dans la congrégation chrétienne ces pseudo-“fils du royaume”. Son intervention devait se faire “pendant que les hommes dormaient”, c’est-à-dire soit pendant que les douze apôtres du Christ dormiraient dans la mort, ou parce que les surveillants établis sur la congrégation manqueraient de veiller spirituellement en raison de leur assoupissement mental.
54. En quels termes l’apôtre Paul a-t-il averti les surveillants d’une congrégation à propos de ce qui arriverait après sa mort ?
54 En l’an 56, soit vingt-trois ans après la mort et la résurrection de Jésus-Christ, l’apôtre Paul était en route pour Jérusalem. Il s’arrêta à Milet pour y rencontrer les surveillants venus d’Éphèse et leur donner cet avertissement : “Je sais que vous ne verrez plus mon visage, vous tous parmi lesquels j’ai passé prêchant le royaume. (...) Faites attention à vous-mêmes et à tout le troupeau au milieu duquel l’esprit saint vous a établis surveillants, pour paître la congrégation de Dieu, qu’il a acquise avec le sang de son propre Fils. Je sais qu’après mon départ il entrera parmi vous des loups tyranniques et ils ne traiteront pas le troupeau avec tendresse, et du milieu de vous se lèveront des hommes qui diront des choses perverties afin d’entraîner les disciples après eux. Restez donc éveillés.” (Actes 20:16, 17, 25-31). Paul mourut une dizaine d’années plus tard, vers l’an 65 de notre ère.
55, 56. Quel avertissement Pierre donne-t-il lui aussi concernant la venue de faux enseignants, et en quels termes décrit-il leur façon d’agir ?
55 L’apôtre Pierre fit une mise en garde analogue à celle de Paul. Dans sa seconde et dernière lettre, rédigée vers l’an 64 de notre ère, on lit en effet :
56 “Ce n’est pas par la volonté de l’homme que la prophétie a jamais été apportée, mais des hommes ont parlé de la part de Dieu alors qu’ils étaient portés par l’esprit saint. Cependant il y eut aussi de faux prophètes parmi le peuple, comme il y aura de faux prophètes parmi vous. Ceux-ci introduiront silencieusement des sectes destructrices et renieront même le propriétaire qui les a achetés, attirant sur eux-mêmes une prompte destruction. De plus, beaucoup suivront leurs actes de conduite dissolue, et à cause d’eux on parlera en mal de la voie de la vérité. En outre, par convoitise, ils vous exploiteront par des paroles artificieuses. Mais quant à eux, le jugement d’autrefois n’avance pas avec lenteur, et leur destruction ne sommeille pas. (...) notre bien-aimé frère Paul vous l’a aussi écrit selon la sagesse qui lui a été donnée, parlant de ces choses comme il le fait aussi dans toutes ses lettres. Il s’y trouve, cependant, des choses difficiles à comprendre, dont les gens sans instruction et inconstants tordent le sens, comme ils le font d’ailleurs avec les autres Écritures, pour leur propre destruction. Vous donc, bien-aimés, sachant cela à l’avance, soyez sur vos gardes, afin que vous ne soyez pas entraînés avec eux par l’erreur de ces gens qui bravent la loi et que vous ne veniez à déchoir de votre propre fermeté.” — II Pierre 1:21 à 2:3 ; 3:15-17.
57, 58. Avant sa mort, comment l’apôtre Jean montra-t-il qu’une défection se faisait déjà sentir ?
57 Des douze apôtres, Jean fut le dernier à mourir, conformément à la promesse faite par le Maître Jésus-Christ. Dans ses lettres rédigées vers la fin du premier siècle, Jean attira l’attention de ses coreligionnaires sur le fait que la défection (ou apostasie) de la véritable foi chrétienne se manifestait déjà. Il leur écrivit :
58 “Le monde passe et son désir aussi, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure à jamais. Petits enfants, c’est la dernière heure, et, comme vous avez entendu dire que l’antichrist vient, déjà maintenant il est survenu beaucoup d’antichrists ; de ce fait nous acquérons la connaissance que c’est la dernière heure. Ils sont sortis de chez nous, mais ils n’étaient pas de notre sorte ; car s’ils avaient été de notre sorte, ils seraient demeurés avec nous. Mais ils sont sortis afin qu’il fût mis en évidence que tous ne sont pas de notre sorte.” “Petits enfants, gardez-vous des idoles.” — I Jean 2:17-19 ; 5:21.
59, 60. Quels messages Jésus-Christ fit-il envoyer par Jean aux congrégations d’Éphèse et de Pergame, indiquant que l’influence babylonienne régnait parmi elles ?
59 En lui donnant la Révélation, le Seigneur Jésus-Christ dit à l’apôtre Jean d’écrire à la congrégation d’Éphèse, que Paul avait avertie longtemps auparavant, et de lui faire savoir ceci : “Souviens-toi (...) d’où tu es tombé[e], et repens-toi et fais les actions premières. Sinon, je vais venir à toi et j’enlèverai ton porte-lampe de sa place, à moins que tu ne te repentes. Cependant tu as ceci : que tu hais les actions de la secte de Nicolaüs, que je hais moi aussi.” Quant à l’avertissement destiné à la congrégation de Pergame, Jean reçut l’ordre d’écrire ceci : “J’ai plusieurs choses contre toi : c’est que tu as là ceux qui sont attachés à l’enseignement de Balaam, qui apprenait à Balak à mettre une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël pour qu’ils mangent des choses sacrifiées aux idoles et commettent la fornication. De même tu as, toi aussi, ceux qui sont attachés pareillement à l’enseignement de la secte de Nicolaüs. Repens-toi donc. Sinon, je viens à toi promptement, et je leur ferai la guerre avec la longue épée de ma bouche.” — Révélation 2:1, 5, 6, 12, 14-16.
60 Fait significatif, l’influence babylonienne se traduisait dans la congrégation de Pergame par l’existence de l’“enseignement de Balaam”, le devin qui jadis était venu de Mésopotamie, berceau de la religion enfantée par la Babylone antique. — Deutéronome 23:4, 5 ; Nombres 22:5 ; 31:8, 16.
61. Quelle force freinait l’apostasie aux débuts de la congrégation chrétienne ?
61 Tant qu’ils vivaient et qu’ils assuraient la surveillance de la congrégation chrétienne, les douze apôtres du Christ purent enrayer et freiner l’apostasie (ou défection), c’est-à-dire empêcher certains de succomber à la religion d’origine babylonienne. Leur présence freinait le développement d’une organisation religieuse qui se déclarait chrétienne tout en étant antichrétienne et babylonienne. C’est ce que l’apôtre Paul souligne en parlant du retour du Christ, dans II Thessaloniciens 2:3-12, en ces termes :
62, 63. En quels termes Paul décrivit-il l’“homme d’iniquité” ? Que ferait celui-ci en temps voulu, et quelle serait sa fin et celle de ses dupes ?
62 “Il [le jour de Jéhovah] ne viendra pas à moins que l’apostasie ne vienne d’abord et que ne soit révélé l’homme d’iniquité, le fils de la destruction. Il se tient dans l’opposition et s’élève au-dessus de quiconque est appelé ‘dieu’ ou est un objet de vénération, si bien qu’il s’assoit dans le temple du Dieu, se montrant publiquement comme étant un dieu. (...)
63 “Ainsi, à présent, vous connaissez la chose qui agit comme un empêchement, en vue de sa révélation en son temps. Certes, le mystère de cette iniquité est déjà à l’œuvre ; mais seulement jusqu’à ce que celui qui agit à présent comme un empêchement soit écarté. Alors, réellement, l’inique sera révélé, que le Seigneur Jésus détruira par l’esprit de sa bouche et réduira à néant par la manifestation de sa présence. Mais la présence de l’inique est selon l’opération de Satan avec toute œuvre puissante et tous signes et prodiges mensongers et avec toute tromperie du mal pour ceux qui périssent, en rétribution, parce qu’ils n’ont pas accepté l’amour de la vérité pour qu’ils soient sauvés. Et voilà pourquoi Dieu laisse aller vers eux une opération d’égarement, pour qu’ils se mettent à croire au mensonge, afin qu’ils soient tous jugés, parce qu’ils n’ont pas cru à la vérité mais ont pris plaisir à l’injustice.”
UN EMPIRE FONDÉ SUR LA RELIGION
64, 65. Quel pouvoir de corruption Babylone et sa religion exerçaient-elles encore au deuxième siècle ?
64 Le dernier des douze apôtres étant mort, le deuxième siècle de notre ère fut un siècle dangereux. En effet, la religion babylonienne sous toutes ses formes n’avait nullement cessé de mettre en péril la Sion spirituelle, représentée par les chrétiens — alors tous témoins de Jéhovah — qui vivaient sur la terre. Voici ce que déclare une encyclopédie à l’article “Babel, Babylone” :
65 Même si, avec le temps, les temples se délabrèrent plus ou moins, on continuait pourtant selon toute apparence d’y célébrer les cultes, et cela sans doute jusque dans l’ère chrétienne, car la religion et la philosophie babyloniennes étaient encore en honneur au IVe siècle. — ISBE, tome I, page 355b.
66-68. a) Citez un des traits frappants de la religion pratiquée à Babylone ; quand ce dogme fut-il introduit dans les premiers écrits chrétiens ? b) Quelle définition l’Encyclopédie catholique donne-t-elle de la “trinité”, et que dit-elle de l’introduction de ce terme ?
66 Les triades de divinités et de démons étaient l’un des traits frappants de la religion pratiquée à Babylone. Que le lecteur fasse lui-même des recherches : Une chose est certaine, il ne rencontrera pas une seule fois le mot “trinité” dans la Bible inspirée, car la Bible n’est pas de source babylonienne. Et pourtant, dans la seconde moitié du deuxième siècle, des écrivains religieux, qui se prétendaient chrétiens, se mirent à introduire ce mot dans leurs écrits. Leur initiative provoqua une controverse religieuse si vive qu’elle amena finalement l’intervention de l’Empire romain. Pour situer les débuts de cette doctrine et signaler l’importance que la chrétienté des temps modernes y attache, citons l’Encyclopédie catholique (tome XV, page 47), ouvrage qui fait autorité dans les pays de langue anglaise :
67 Trinité, LA SAINTE. (...) I. LE DOGME DE LA TRINITÉ. — La Trinité est le terme utilisé pour désigner la doctrine centrale de la religion chrétienne, c’est-à-dire la vérité disant que, dans l’unité du Dieu chef, il y a trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ces trois personnes étant réellement distinctes les unes des autres. Ainsi, aux termes du symbole de saint Athanase, “le Père est Dieu, le Fils est Dieu, et le Saint-Esprit est Dieu, et cependant il n’y a pas trois Dieux, mais un seul Dieu”. (...)
68 Dans l’Écriture, il n’y a jusqu’à présent pas de terme particulier par lequel les trois personnes divines soient désignées ensemble. Le mot τριάς (traduit en latin par trinitas) se trouve pour la première fois chez Théophile d’Antioche vers 180 de notre ère. Celui-ci parle de “la Trinité de Dieu [le Père], de son Verbe et de sa Sagesse”. (“Ad Autolycum”, II, 15, P.G., VI, 1078.) Il se peut, bien entendu, que ce terme ait été en usage avant son époque. Peu après, il apparaît sous sa forme latine de trinitas chez Tertullien (“De pudicitia”, c. xxi, P.G., II, 1026). Au siècle suivant, le mot entre dans l’usage courant.
69. Comment Constantin réussit-il à se faire reconnaître empereur de l’Empire romain, et quel célèbre édit promulgua-t-il en 313 de notre ère ? Qu’est-ce qui l’amena ensuite à prendre les armes ?
69 Vint le quatrième siècle et l’avènement de Constantin le Grand. Après que celui-ci eut vaincu son dernier rival, il se fit reconnaître premier Auguste et pontifex maximus (grand pontife) par le Sénat romain, le 28 octobre 312. D’après la tradition, c’est au cours de cette campagne contre Maxence, son rival, que Constantin aurait vu une croix de feu dans le ciel, au-dessous du soleil, croix accompagnée des mots In hoc signo vinces (“Tu vaincras par ce signe”)e. En janvier 313, Constantin, en sa qualité de pontifex maximus païen, promulgua le célèbre édit de tolérance en faveur de ceux qui professaient le christianisme, édit par lequel il les rendit éligibles à des charges publiques. Toutefois, Constantin ne reçut pas encore le baptême par immersion comme chrétien. Quant à l’empereur Licinius, son beau-frère et coauteur de l’édit de tolérance, il ne tarda pas à persécuter les chrétiens. À partir de 314, les deux empereurs prirent à ce sujet les armes l’un contre l’autre. Constantin battit Licinius et le fit mettre à mort. Voilà de quelle manière cet empereur finit, en 325, par s’imposer comme maître absolu aux parties orientale et occidentale de l’Empire romain.
70. a) Comment le dimanche devint-il une fête religieuse dans l’empire de Constantin ? b) Que dut faire Constantin en raison des controverses religieuses qui déchiraient son empire ?
70 En 321 déjà, Constantin avait édicté la première loi instituant le dimanche ou dies Solis. Consacré au dieu solaire Sol, dont la croix était l’emblème, ce jour devait être exempt de tout exercice de la justice, et son observance constituait une obligation légale. Après avoir porté un certain intérêt au christianisme de son temps, Constantin s’aperçut que de graves dissensions le déchiraient et que surtout les rapports existant entre Dieu, son Fils Jésus-Christ et l’esprit saint faisaient l’objet d’une vive controverse. Cette désunion au sein de la religion chrétienne menaçait de rompre l’unité même de son empire. Aussi, en sa double qualité de seul empereur et de pontifex maximus, convoqua-t-il en 325 un concile (ou assemblée religieuse) dans l’intention de mettre un terme à la controverse portant sur la τριάς ou “trinité”.
71. Qui répondit à la convocation d’assister au concile, et qui le présida ?
71 Constantin, pontifex maximus païen, convoqua donc un concile en vue de réunir tous les épiskopoï ou surveillants chrétiens de l’empire. Ce concile fut tenu non pas à Rome, mais à Nicée près de Nicomédie, en Asie Mineure. L’Histoire rapporte que, de tous les “évêques” ou surveillants, un tiers à peine, soit 318, aurait répondu à cette convocation. Certains historiens estiment que ce chiffre est exagéré. Or, pourquoi ces surveillants, s’ils étaient chrétiens, acceptèrent-ils d’obéir à un pontifex maximus païen, se laissant dicter son point de vue dans des affaires chrétiennes ? Quoi qu’il en soit, à cause des suffragants amenés par les évêques, le nombre des participants au concile avait grossi à tel point qu’il a été évalué entre 1 500 et 2 000. Constantin assista en personne à ce premier concile de Nicée, qu’il présida lui-même en sa qualité de pontifex maximus et non pas en celle d’évêque de Rome. De plus, ce concile se tint en grec et non en latin, ce qui explique pourquoi le symbole de Nicée qui en résulta fut rédigé en langue grecque. L’Église latine n’y avait d’ailleurs envoyé que sept légats, dont deux presbytres chargés de représenter l’évêque de Rome.
72. Quels furent les principaux porte-parole des partisans et des adversaires de la trinité, et sur quoi portait leur controverse ?
72 Les partisans de la trinité avaient pour porte-parole le jeune Athanase, archidiacre d’Alexandrie, en Égypte. Les adversaires de cette doctrine, qui démontraient à l’aide des Écritures que Jésus-Christ est inférieur à Dieu, son Père, avaient à leur tête Arius, un presbytre. Les deux partis se querellèrent pendant deux mois environ. Arius soutenait que “le Fils de Dieu n’était qu’une créature, tirée du néant ; qu’il y eut un temps où celui-ci n’avait pas d’existence ; qu’il était capable de son libre arbitre pour opter entre le bien et le mal”, et que “s’il est un fils dans le vrai sens du mot, il a dû venir après le Père, qu’il y eut donc manifestement un temps où il n’était pas, et que par conséquent il était un être engendré”f. Lorsque Arius se leva pour parler, un certain Nicolas de Myra le frappa au visage. Ensuite, pendant qu’il parlait, beaucoup d’autres assistants se sauvèrent en se bouchant les oreilles, pour marquer leur horreur des “hérésies” du vieillard.
73. a) Qui décida de l’adoption de la doctrine trinitaire, et qu’est-ce qui fut décrété à la même occasion ? b) (note en bas de page) Où le séjour des Juifs devenait-il de plus en plus difficile après le concile de Nicée, et quel pays prit plus d’importance à leurs yeux ?
73 Finalement, le pontifex maximus Constantin rendit sa décision et se prononça en faveur de la doctrine trinitaire d’Athanase. Voilà comment fut adopté et mis en vigueur le symbole de Nicée relatif à la “trinité”. Arius, continuant à s’y opposer, ne tarda pas à être banni et exilé en Illyrie sur l’ordre de Constantin, mais il en fut rappelé cinq ans plus tardg. Outre qu’il adopta un certain nombre de canons, le concile de Nicée décréta quel dimanche (dies Solis)h de l’année il fallait régulièrement célébrer Pâques.
74, 75. a) Le concile de Nicée régla-t-il la controverse sur la trinité ? Expliquez. b) De quelle religion Constantin se réclamait-il, mais quand se fit-il baptiser ?
74 La décision trinitaire prise par ce concile ne ramena toutefois pas le calme dans l’organisation religieuse d’Orient, et la controverse arienne ne perdit rien de son ardeur. En 381, le concile œcuménique de Constantinople compléta encore le symbole trinitaire de Nicée.
75 Vers la fin de sa vie, Constantin prit le parti de l’antitrinitaire Arius, influencé en ce sens par Eusèbe de Nicomédie. Arius fut donc rappelé d’exil, tandis que de nombreux évêques trinitaires furent bannis. Athanase lui-même se vit finalement exiler en Gaule (France). Mais Constantin eut beau se réclamer du christianisme, il n’accepta le baptême que lorsqu’il fut tombé malade, en 337. Il ne renonça pas pour autant à sa fonction païenne de pontifex maximus, et il mourut la même année à Nicomédie, sa capitale provisoire, Constantinople étant alors toujours en construction. Entre-temps, le christianisme du jour était devenu la religion officielle de l’empire.
76, 77. a) Comment se fait-il que la capitale de l’Empire romain ait été transférée à Constantinople ? b) Pour quoi a-t-on fait passer Constantin après sa mort ?
76 Constantin avait transféré la capitale de l’Empire romain de Rome à Byzance, où il avait entrepris la construction d’une nouvelle capitale à laquelle il donna son nom : Constantinople. Le 26 novembre 329, il avait fait poser les fondations de cette ville, qui reçut aussi le nom de Nouvelle Rome (Roma nova).
77 Constantin étant mort, le Sénat romain l’éleva au rang des dieux. Par ce geste, le Sénat montrait qu’il était encore païen et nullement chrétien. D’ailleurs, cela n’empêcha pas les communautés religieuses d’Orient de faire de Constantin un saint. Les Églises grecque, copte et russe célèbrent en effet la fête de saint Constantin le 21 mai. Constantin partagea l’Empire romain entre ses trois fils : Constantin, Constance et Constant. Ce fut une erreur politique. Mais en sa qualité de pontifex maximus païen, il avait essayé de fusionner la religion païenne et le christianisme pour en faire une seule religion, et cette fusion, il la réussit parfaitement. On lit à propos des suites que connut son règne :
78. D’après un dictionnaire théologique, quelles furent les suites de l’instauration de cette religion fusionnée ?
78 Quelle qu’ait pu être la vraie nature de la conversion de Constantin à la foi chrétienne, ses conséquences eurent une immense portée tant pour l’empire que pour l’Église du Christ. Elle ouvrit la voie à la libre propagation de l’Évangile dans une plus large mesure qu’à aucune période antérieure de son histoire. Toutes les entraves à la profession ouverte du christianisme furent écartées, et celui-ci devint la religion officielle de l’empire. Cependant, les avantages assurés par ce changement avaient beau être nombreux sous divers rapports, il [le christianisme] ne tarda pas à souffrir d’être mis en contact étroit avec l’influence bienveillante du pouvoir séculier. La simplicité de l’Évangile se corrompit ; on introduisit des cérémonies et des rites pompeux ; les enseignants du christianisme se virent décerner des honneurs séculiers et accorder une rémunération ; et le royaume du Christ fut dans une large mesure converti en un royaume de ce monde. — Theological Dictionary, par Henderson et Buck. Voir aussi la Cyclopædia de M’Clintock et Strong, tome II, page 488a ; ainsi que l’Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain, par Edouard Gibbon, tome II, pages 378 et suivantes, Paris 1812.
79-81. Qu’est-ce que le cardinal Newman admet en ce qui concerne les origines babyloniennes de nombreux enseignements et usages catholiques ?
79 Il ressort des annales impartiales et objectives de l’Histoire que le christianisme a reçu de plus en plus l’empreinte de la religion et de la civilisation babyloniennes. John Henry Newman, que le pape Léon XIII a fait cardinal en 1879, reconnaît ouvertement cet état de choses dans son livre “Essai sur le développement de la doctrine chrétienne”, publié en 1878. Au chapitre 8 de son livre, il prend la défense de l’Église catholique romaine en ces termes :
80 Se fiant donc au pouvoir qu’avait le christianisme de résister à la contamination du mal et de transformer les instruments et les accessoires du culte des démons à des fins évangéliques, et ayant aussi conscience que ces usages, quoique pervertis, tiraient leur origine de révélations primitives et de l’instinct naturel ; et qu’il leur fallait inventer ce dont ils avaient besoin, à moins de se servir de ce qu’ils rencontraient ; et qu’ils possédaient en outre les archétypes mêmes dont le paganisme n’avait ébauché que les ombres ; les chefs de l’Église étaient préparés de très bonne heure à adopter, à imiter et à sanctionner, si l’occasion se présentait, les rites et les coutumes du bas peuple, ainsi que la philosophie de la classe instruite.
81 L’emploi de temples, dédiés à des saints particuliers et ornés de rameaux d’arbres à certaines occasions ; l’encens, les lampes et les cierges ; les offrandes votives faites après avoir obtenu la guérison d’une maladie ; l’eau bénite ; le droit d’asile ; les jours fériés et les périodes de fête, l’usage du calendrier des saints, les processions, la bénédiction des champs, les vêtements sacerdotaux, la tonsure, l’anneau de mariage, l’habitude de se tourner vers l’orient, les images, — à une date postérieure, — peut-être le chant d’église et le Kyrie eleison, étant tous d’origine païenne, sont sanctifiés par leur adoption dans l’Église. — Pages 355, 371, 373, édition anglaise de 1881.
RIVALITÉ RELIGIEUSE SECTAIRE
82. À quels groupements la chrétienté a-t-elle donné naissance à la longue ?
82 Ce processus devait, à la longue, provoquer des divisions au sein de la chrétienté et donner naissance aux quatre grands groupements sectaires actuels : l’Église orthodoxe grecque, l’Église catholique romaine, le protestantisme et l’Église orthodoxe russe.
83. Quelles divisions politique et religieuse marquèrent le règne de Valentinien Ier (364-375 de notre ère) ?
83 En 364, Valentinien, fils aîné de Gratien de Pannonie, fut proclamé empereur à Nicée en Bithynie par les officiers de l’armée romaine. En cette qualité, il devenait pontifex maximus. Peu après, il s’associa son frère Valens comme collègue pour gouverner l’empire. Valentinien Ier opta pour l’Occident, tandis que Valens, devenu empereur d’Orient, se vit confier la moitié orientale de la péninsule Balkanique, la Grèce, l’Égypte, la Syrie et l’Asie Mineure jusqu’aux frontières de la Perse. Valens, baptisé par l’évêque arien de Constantinople, se mit par la suite à persécuter les sujets trinitaires de son territoire. Mais son frère Valentinien Ier, empereur d’Occident et pontifex maximus, était trinitaire comme l’évêque de l’ancienne Rome.
84. Quelle nomination faite par le concile de Constantinople en 381 fut le premier pas vers le schisme religieux entre les Églises orientale et occidentale de la chrétienté ?
84 Pendant quelque temps, Nectaire, évêque de la Nouvelle Rome ou Constantinople, remplit la fonction de chef ex officio des évêques d’Orient qui avaient juridiction sur les provinces de l’empereur d’Orient. Mais en 381, le deuxième concile général, réuni à Constantinople, le nomma patriarche de cette ville. Ce fut le premier pas accompli vers le schisme religieux entre les Églises orientale et occidentale de la chrétienté. Ce concile assura en outre au patriarche de Constantinople la préséance d’honneur après l’évêque de Rome, Constantinople étant la Nouvelle Rome. En 553, le troisième concile général, tenu à Constantinople, fut présidé par le patriarche de cette ville malgré les protestations de l’évêque de Rome. La rivalité entre les deux évêques s’affirmait de plus en plus.
85. a) Quelle fut la conduite de Gratien, empereur d’Occident, sur le plan religieux ? b) Comment le pape en vint-il à porter le titre de pontifex maximus ou souverain pontife ?
85 En 375, à la mort de Valentinien Ier, empereur d’Occident, son fils Gratien devint empereur et pontifex maximus. La partie orientale de l’Empire romain demeurait soumise à l’empereur Valens, arien convaincu. Mais celui-ci ayant trouvé la mort en 378, Gratien confia cette partie de l’empire à Théodose, l’un de ses généraux. Dans les dernières années de sa vie, Gratien traita durement les païens et les hérétiques. Il interdit l’exercice public du culte païen à Rome, refusa de porter les insignes de pontifex maximus en déclarant que ceux-ci ne convenaient pas à un chrétien, et abolit certains privilèges réservés aux pontifes. Toutefois, même si un homme politique (Gratien en l’occurrence) jugea que le titre et la fonction de pontifex maximus ou souverain pontife ne convenaient pas à un chrétien, cela n’empêcha nullement l’évêque (Damase) de Rome de penser autrement : il adopta immédiatement ce titre païen avec toutes ses attaches et ses obligations païennes. C’est ainsi que les papes de Rome portent ce titre encore de nos jours, comme si son adoption par l’Église suffisait pour le sanctifier.
LE SCHISME D’ORIENT
86. Comment les évêques des Églises d’Orient furent-ils séparés de ceux des Églises d’Occident après la mort de Théodose, survenue en 395?
86 La rivalité religieuse entre Rome et Constantinople (la Nouvelle Rome) devait s’accentuer davantage après 395, année de la mort de Théodose, devenu seul maître de tout l’empire. En effet, l’Empire romain fut alors partagé entre ses deux fils, Arcadius recevant la partie orientale et Honorius, la partie occidentale avec Rome. Les évêques des Églises d’Orient se trouvèrent ainsi séparés de ceux des Églises d’Occident non seulement sur le plan géographique, mais encore quant à l’autorité politique.
87. Dans quelles circonstances l’Empire romain d’Occident prit-il fin en 476?
87 La “chute” de Rome se produisit en 476. Cette année-là, une armée romaine, composée en grande partie de mercenaires germaniques, se révolta et proclama roi son chef Odoacre, Germanique lui aussi. L’empereur d’Occident, encore enfant, dut se retirer dans la vie privée, ce qui permit à Odoacre de prendre le titre de roi d’Italie, rôle qu’il remplit habilement pendant un certain temps. Cette destitution marqua la fin de l’Empire romain d’Occident. Rome passa ensuite sous la domination des Ostrogoths, peuple germanique.
88. Quels conflits religieux éclatèrent entre les papes de Rome et les maîtres de l’Empire d’Orient, et qu’en résulta-t-il finalement ?
88 L’Empire romain d’Orient, par contre, subsista avec sa dynastie indépendante de maîtres fidèles à l’Église orientale. L’Encyclopédie américaine (tome XIV, page 327b) précise : “L’empereur régnant à Constantinople était, en théorie du moins, le maître de tout l’Empire romain.” Mais tel n’était pas l’avis du pape à Rome. Aussi voit-on bientôt, sur le plan religieux, le pape Félix III de Rome excommunier le patriarche de Constantinople. La chose devait d’ailleurs se répéter quelques siècles plus tard. L’empereur Léon III de Constantinople, membre de l’Église d’Orient, ayant interdit en 726 le culte des images et ordonné leur destruction, le pape Grégoire II de Rome prit sur lui de l’excommunier. Cette excommunication entraîna à long terme la rupture entre l’Église (grecque) d’Orient et l’Église (romaine ou latine) d’Occident. Le règne de plusieurs empereurs d’Orient fut marqué soit par l’interdiction des images, soit par leur rétablissement.
89, 90. a) L’Empire d’Occident s’étant effondré, quel maître l’Occident aurait-il dû respecter encore en l’an 800? b) Par quelle action politique, accomplie à Rome cette année-là, le pape montra-t-il qu’il n’obéissait pas à Romains 13:1?
89 En l’an 800 régnait à Constantinople une impératrice nommée Irène, qui fut d’ailleurs la première femme à occuper le trône de l’Empire d’Orient. Certes, pendant un certain temps, Irène était l’usurpatrice du trône de son fils. Il n’empêche que, dans Romains 13:1 (Sg), la sainte Bible ordonne aux chrétiens : “Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu.” Or il faut croire que le pape de Rome ne considérait pas qu’il était soumis aux “autorités supérieures”, mais qu’il s’estimait supérieur à elles. Il s’arrogea le droit de nommer des rois et des empereurs. Voilà ce qu’il choisit de faire à l’égard de Charles, roi des Francs, le jour de Noël de l’an 800. L’Encyclopédie catholique (tome III, page 615) rapporte à ce sujet :
90 Le surlendemain (jour de Noël de l’an 800) se produisit le principal événement de la vie de Charles. Pendant la messe pontificale, célébrée par le pape, alors que le roi priait à genoux devant le maître-autel sous lequel reposent les corps de saint Pierre et de saint Paul, le pape s’approcha du souverain, lui plaça sur la tête une couronne impériale et, se prosternant devant lui suivant l’usage d’autrefois, le salua des titres d’empereur et d’auguste, et l’oignit, tandis que les Romains, massés dans l’église, faisaient entendre par trois fois l’acclamation : “À Charles, auguste, couronné par Dieu, grand et pacifique empereur, vie et victoire !”
Reparlant de cet événement à la page 774, la même encyclopédie y voit “son couronnement comme successeur de Constantin”.
91. À quand remonte le “Saint Empire romain” ? Était-ce le Royaume de Dieu, et peut-on dire que cet empire était saint ?
91 Après quelques négociations, les empereurs d’Orient reconnurent Charles Ier le Grand ou Charlemagne comme empereur et maître de l’Italie du Nord, Venise exceptée. C’est dans ce sens que l’établissement du “Saint Empire romain” remonte à l’an 800. Celui-ci a survécu jusqu’en 1806 malgré tous les changements et tous les bouleversements qu’il a connus au cours des siècles. Or, ce ne fut pas un véritable Royaume de Dieu, ni une théocratie, et encore moins le commencement du règne millénaire du Christ. Comment aurait-il pu l’être, alors que les “temps des Gentils” ne devaient prendre fin qu’en 1914 ? La domination de cet empire ne s’étendait pas non plus à toute la terre comme ce sera le cas pour le véritable Royaume aux mains du Christ. D’ailleurs, l’Angleterre, une partie de l’Espagne, la Scandinavie, la Russie et les Balkans n’en faisaient pas partie. L’Histoire est là pour rendre son jugement quant à savoir si cet Empire romain était saint ou non.
92. a) Quelle ambition du pape ne fit qu’élargir le fossé entre les Églises grecque et latine, aboutissant à quelle rupture ? b) Selon les historiens, qu’est-ce qui suscita les croisades organisées par l’Église catholique romaine ?
92 Le neuvième siècle vit le fossé entre l’Église d’Orient et celle d’Occident s’élargir encore davantage. Le pape ne se contenta pas de l’action politique par laquelle il avait couronné Charles empereur. À présent, il redoubla d’efforts pour imposer aux Églises orientales le joug de la soumission à l’autorité papale romaine en se faisant passer pour le souverain de droit divin de l’Église catholique. Cette ambition du pape ne manqua pas de provoquer une vigoureuse opposition de la part des Églises orientales. Celles-ci virent dans la démarche de la papauté “la cause première de la division” entre les Églises grecque et latinei. La rupture définitive se produisit en 1054. Le 16 juillet de cette année-là, le patriarche grec Michel Cérulaire (ou Keroularios) fut solennellement excommunié par les légats pontificaux, envoyés à Constantinople par le pape Léon IX (mort entre-temps en avril de la même année). Les efforts entrepris par la suite pour raccommoder ce schisme demeurèrent vains. Certains historiens soutiennent que cette séparation fut l’une des causes qui suscitèrent les croisades, organisées par l’Église catholique romaine, c’est-à-dire ces guerres engagées en Orient et qui provoquèrent tant de destructions horribles et d’effusions de sang chez les musulmans, les Juifs et aussi chez les catholiques.
93. a) Comment Constantinople passa-t-elle sous la domination latine, grecque et musulmane ? b) Quelle fut l’attitude des conquérants musulmans envers le patriarche de Constantinople ?
93 Les papes de Rome voulaient réunir les deux groupes d’Églises. Ils encouragèrent donc ces “guerres saintes” au nom de la croix. C’est ainsi que Constantinople fut prise en 1204, au cours de la quatrième croisade. Ayant pu s’emparer de la ville, les croisés passèrent huit jours à brûler et à saccager toutes les propriétés publiques et privées, causant ainsi la plus grande destruction d’œuvres d’art de toute l’Histoire. Des empereurs latins se mirent ensuite à régner à Constantinople, tandis que les empereurs grecs s’installèrent à Nicée, en Asie Mineure, pour continuer à régner. En 1261, Constantinople fut reconquise par les Grecs, ce qui mit fin à l’Empire latin des Francs. Puis ce fut le tour des conquérants musulmans qui, sous la conduite de Mehmet II, s’emparèrent de la ville le 29 mai 1453, date qui marqua la fin de l’Empire d’Orient. Toutefois, le patriarche de Constantinople fut autorisé par les conquérants musulmans à rester dans la ville et à garder ses fonctions.
94. Citez les différentes étapes qui permirent à l’Église orthodoxe de Grèce de suivre sa propre voie depuis 1829.
94 Au cours de l’année 1829 fut créé un royaume indépendant de Grèce, et depuis cette date, ce pays s’est pratiquement séparé du patriarcat de Constantinople. La séparation solennelle se fit plus tard. En 1833 en effet, la régence de Grèce déclara l’Église orthodoxe orientale de Grèce indépendante de toute autorité ecclésiastique étrangère, et, pour diriger cette nouvelle Église indépendante, elle organisa un “saint-synode”. En 1850, le patriarche de Constantinople reconnut l’indépendance de l’Église grecque ou hellénique. De nos jours, l’Église nationale de Grèce est soumise à l’archevêque d’Athènes, mais un certain nombre de diocèses du nord de la Grèce restent soumis au patriarche de Constantinople, ville qui s’appelle aujourd’hui Istanbul.
EXISTE-T-IL UNE “TROISIÈME ROME” ?
95. Comment furent posés les fondements de l’Église orthodoxe de Russie, au dixième siècle ?
95 Au dixième siècle, alors que le schisme s’accentuait entre l’Église grecque et l’Église latine, on posa les fondements d’une nouvelle et puissante organisation religieuse de la chrétienté moderne. Au siècle précédent, le patriarche de Constantinople avait envoyé des missionnaires en Russie. En 955, une Russe éminente, la princesse Olga, épouse du grand-prince Igor, reçut à Constantinople le baptême de l’Église d’Orient. Son petit-fils, Vladimir le Grand, qui força l’empereur Basile II de Constantinople à lui donner sa sœur Anne en mariage, passa lui aussi, en 988, à l’Église d’Orient en se faisant baptiser. Ensuite, il fit jeter dans le Dniepr les images idolâtriques de Perun et d’autres divinités. Le peuple en pleura, mais accepta de recevoir le baptême chrétien à la demande de Vladimir. Toutefois, jusqu’à quel point cette conversion forcée était-elle valable ? L’Encyclopédie américaine (édition de 1929, tome XXIV, page 37) répond :
96. En quels termes l’Encyclopédie américaine décrit-elle la valeur de cette conversion forcée ?
96 Le paganisme russe ne disparut pas lorsqu’on se mit à prêcher l’évangile chrétien. Il survécut dans le langage populaire, les dictons, les traditions, la vie domestique et même dans les croyances religieuses. Jusqu’au XVIIIe siècle, on adorait des serpents dans les villages reculés. Eugène Golubinsky, le plus grand historien de l’Église russe, affirme que la Russie fut certes baptisée au neuvième siècle, mais non christianisée.
97, 98. a) Avec quel chef religieux les Russes convertis maintinrent-ils des liens ? b) Quelle théorie religieuse apparut en Russie à la suite de la chute de Constantinople en 1453?
97 Le fils de Vladimir acheva presque la conversion forcée des Russes, lesquels demeurèrent en étroits rapports avec le patriarche de Constantinople. La ville de Kiev fut érigée en évêché métropolitain et nommée la “Seconde Constantinople”. À un moment donné, un évêque métropolitain fut aussi installé à Moscou.
98 Constantinople, le siège du patriarche, étant tombée aux mains des musulmans en 1453, la Russie ne tarda pas à en subir le contrecoup sur le plan religieux. Aussi peut-on lire dans le Grand Larousse encyclopédique (édition de 1964, tome IX, page 454b) : “Lorsque les Ottomans prennent Constantinople (1453), la théorie de la ‘troisième Rome’ apparaît en Russie : après Rome et Constantinople, Moscou est appelé à devenir la capitale (...) de la chrétienté.” — Cf. l’Encyclopédie américaine, tome XXIV, page 38b.
99-101. Quels événements permirent à l’Église russe de devenir indépendante du patriarche de Constantinople, et à quoi tendaient les efforts des papes ?
99 Toutefois, l’établissement définitif d’une Église russe indépendante ne se fit qu’en 1587. La Cyclopædia de M’Clintock et Strong dit à ce sujet :
100 Cette année-là, le patriarche Jérémie de Constantinople, alors qu’il visitait la Russie pour y trouver de l’appui, consentit à conférer au métropolite de Moscou le titre de patriarche en la personne de Job, le patriarche de Russie prenant ainsi, dans l’opinion des évêques orientaux, la place du patriarche schismatique de Rome.
[Remarquez que c’est le pape de Rome qui passe pour “schismatique”.]
101 Peu après, les patriarches d’Alexandrie et de Jérusalem, soixante-cinq métropolites et onze archevêques de l’Église byzantine, donnèrent leur assentiment à l’organisation d’une Église russe indépendante. Les patriarches moscovites continuèrent cependant jusqu’en 1657 à en solliciter la ratification par Constantinople. Peu après, en 1660, l’ambassadeur russe reçut du patriarche Denys II de Constantinople et des autres patriarches grecs la déclaration documentaire confirmant que le patriarche russe pourrait à l’avenir être élu par son propre clergé sans avoir besoin d’une ratification par les patriarches grecs. Les papes romains du XVIe siècle [celui de la réforme dite protestante], surtout Léon X, Clément VII et Grégoire XIII, firent des efforts renouvelés pour amener l’Église russe à s’unir avec Rome. — Tome IX, page 161b.
102. Quels changements l’Église russe subit-elle sous Pierre le Grand ?
102 L’Église russe subit des changements, mais le plus remarquable fut celui introduit par Pierre le Grand, devenu seul empereur de Russie en 1696. Il abolit le patriarcat et le remplaça par un synode permanent (ou réunion de prélats) que présidait l’empereur ou son secrétaire. Ce Saint-Synode, institué en 1721, fut solennellement ouvert par un discours que prononça son vice-président, l’archevêque Théophane. Pierre le Grand soumit ainsi l’Église russe au contrôle de l’État. Celle-ci devint une Église nationale, un ministère dépendant de la bureaucratie civile de l’Empire russe. Elle n’était plus qu’un instrument aux mains de l’administration, chargée de soutenir le tsarisme.
103. Quelle fonction religieuse fut rétablie en 1917, et qui fut élu ?
103 En 1917, le régime tsariste fut renversé en Russie, et l’Église russe retrouva le droit de régler elle-même ses affaires. En septembre-octobre de la même année, les évêques, les prêtres et d’autres hommes réunirent un concile général à Moscou pour discuter de la situation religieuse nouvelle. Ils arrivèrent à la conclusion que, maintenant que l’autocratie politique russe avait disparu, il fallait à l’Église russe un chef religieux visible. Le rétablissement du patriarcat de Moscou fut approuvé à la grande majorité des voix, et un patriarche fut élu en la personne du métropolite Tikhon, évêque libéral.
104. Quel sort les bolcheviques réservèrent-ils à l’Église d’État après leur révolution ?
104 En novembre 1917, après que les bolcheviques se furent emparés du pouvoir par une seconde révolution, ceux-ci décrétèrent que l’Église russe ne serait plus Église d’État. Ils procédèrent à la confiscation de certaines propriétés de l’Église, et les prêtres de tous rangs et de toutes tendances furent molestés et insultés. On proclama partout : “La religion, c’est l’opium du peuple.” Le 14 mars 1918, le nouveau gouvernement soviétique quitta Leningrad pour Moscou, dont il fit le centre et la capitale de la Russie nouvelle. Depuis l’époque de Pierre le Grand, Moscou était passé au rang de seconde capitale de l’ancien Empire russe.
105. Quel accommodement le gouvernement soviétique a-t-il jugé opportun de faire avec l’Église orthodoxe russe, et quel objectif vise-t-il ?
105 L’État athée a officiellement cherché à extirper la religion en Russie, mais cette tentative s’est avérée trop coûteuse. S’accommodant de cette dure réalité, le gouvernement soviétique se sert de l’Église russe à des fins politiques en obligeant celle-ci à inculquer le patriotisme à ses ouailles. L’Église orthodoxe russe se prête à cet arrangement, car tout au long de son histoire, elle s’est toujours rangée du côté du bras séculier de l’État. Un journaliste et auteur connu, spécialiste des questions politiques, souligne que le gouvernement soviétique veille à magnifier le prestige de l’Église russe dans le pays, afin que celle-ci puisse jouer dans le monde le rôle d’une grande puissance ecclésiastique, ce dont le gouvernement soviétique serait en fin de compte le principal bénéficiairej.
106. Quels espoirs ont été exprimés quant à l’avenir de l’Église orthodoxe russe lors d’un concile ecclésiastique tenu en 1945, surtout en ce qui concerne la “Troisième Rome” ?
106 En 1945, l’Église orthodoxe russe tint un concile dans un des faubourgs de Moscou, avec tout l’apparat ecclésiastique. Chose naturelle, les chefs de l’Église étaient remplis de fierté et d’espoir quant à un meilleur avenir de leur organisation religieuse, et on évoqua des idées messianiques que les Russes nourrissent depuis des siècles. Ainsi, le métropolite Benjamin, alors exarque du patriarcat de Moscou pour l’Amérique du Nord, déclara par exemple que Moscou, capitale de la Russie, pouvait devenir la “Troisième Rome” et que, à l’avenir, cette ville serait certainement le lieu de rencontre de “l’Église tout entière”. Il poursuivit en disant que Moscou deviendrait peut-être le siège d’un organe central consultatif pour le ralliement de toutes les Églises orthodoxes du monde entier. Les milieux soviétiques officiels sympathisèrent avec de telles idées, car ils étaient prêts à favoriser l’impérialisme de l’Église orthodoxe russe si cela devait permettre à Moscou, leur capitale politique, de devenir du coup le plus important centre ecclésiastique du monde.
107. Encouragées par les milieux officiels soviétiques, quels liens les Églises orthodoxes de derrière le “rideau de fer” ont-elles noués en 1961?
107 Ils apportèrent donc au patriarche Alexis de Moscou l’appui et les encouragements nécessaires, afin de lui permettre d’élargir ses contacts avec l’étranger, fournissant ainsi la base sur laquelle il pouvait réclamer pour lui-même et pour l’Église orthodoxe russe une place dirigeante dans le monde religieux. Alexis avait été élu patriarche en février de la même annéek. C’est dans cet esprit que l’Église russe demanda officiellement son admission au sein du Conseil œcuménique des Églises. Celui-ci tint sa troisième Assemblée à la Nouvelle-Delhi (Inde) du 18 novembre au 6 décembre 1961, à laquelle assistèrent 265 délégués officiels venus de 175 Églises membres et de plus de 50 pays. À cette occasion, vingt-trois nouvelles Églises furent admises comme membres dans le Conseil œcuménique, à savoir : les Églises orthodoxes de Russie, de Pologne, de Bulgarie et de Roumanie, ainsi que dix-neuf Églises des États-Unis, d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Ces nouvelles adhésions portèrent à 198 le nombre des Églises membres du Conseil œcuménique, représentant ainsi plus de 60 pays.
108. Lors de son Assemblée de 1961, qu’est-ce que le Conseil œcuménique des Églises a tenu à souligner en ce qui concerne la Base pour devenir membre ?
108 Désireux d’affirmer plus nettement le caractère trinitaire de sa Base, ou condition pour l’admission au sein du Conseil œcuménique, le Comité central de celui-ci recommanda à l’Assemblée précitée de voter certaines modifications. “Le Conseil œcuménique des Églises est une association fraternelle d’Églises qui acceptent notre Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et Sauveur.” Telle était la Base pour devenir membre. Or, elle fut modifiée et complétée ainsi : “Le Conseil œcuménique des Églises est une association fraternelle d’Églises qui confessent le Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et Sauveur selon les Écritures et s’efforcent de répondre ensemble à leur commune vocation pour la gloire du seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.” — Voir “Evanston — Nouvelle Delhi, 1954-1961”, pages 226-228, rapport publié par le Conseil œcuménique des Églises, Genève 1961 : The Americana Annual 1962, pages XXXVI, 642.
109. Comment l’Église russe a-t-elle répondu à l’invitation d’assister au deuxième concile du Vatican, ouvert en 1962?
109 Chose intéressante à noter, l’Église orthodoxe russe accepta l’invitation qui lui était faite d’envoyer des délégués au deuxième concile œcuménique du Vatican. Tandis que les Églises orthodoxes grecques refusèrent d’y envoyer des observateurs délégués, deux représentants de l’Église russe arrivèrent d’Union soviétique pour l’ouverture du concile, le 11 octobre 1962. On apprit que l’Église russe n’avait pas avisé le patriarche Athênagoras d’Istanbul (Constantinople) des intentions russes, quoique le patriarche de cette ville passe encore pour le chef spirituel de la religion orthodoxe orientale.
110, 111. Dans quelle intention le Vatican a-t-il envoyé ses invitations directement à chacune des Églises orthodoxes ?
110 Dans le monde actuel, on dénombre plus d’une vingtaine d’Églises orthodoxes orientales à la suite du schisme survenu en 1054. Or, aucune d’elles ne reconnaît la primauté du pape romain ni son infaillibilité, proclamée par le premier concile du Vatican (1869-1870). Pourquoi l’Église russe envoya-t-elle des délégués au deuxième concile du Vatican ? Parce que le Vatican, dans l’intention de créer des divisions parmi l’orthodoxie orientale, avait envoyé ses invitations, non par l’intermédiaire du patriarche d’Istanbul (Constantinople), mais directement à chacune des Églises orientales. Et c’est ce qui a fait dire à l’archevêque Iakovos, primat orthodoxe grec d’Amérique, les paroles suivantes rapportées par le New York Times :
111 “Ce n’est qu’avec l’Église de Moscou que le Vatican a réussi dans cette tactique.” (...) Les raisons qui incitèrent l’Église russe “à changer subitement d’attitude et à accepter l’invitation du pape Jean XXIII sont sans aucun doute et nettement d’ordre politique”. — New York Times du 4 novembre 1962, haut de la page 26, sous le titre “Iakovos dénonce la tactique du Vatican — Il affirme que les invitations au concile infligent un affront au chef orthodoxe”.
112. De quels groupements religieux le schéma élaboré par le concile du Vatican sur l’unité de l’Église faisait-il état, et malgré quelles menaces ?
112 Au cours du deuxième concile du Vatican, un schéma fut élaboré sur l’unité de l’Église. Ce document faisait état des Églises orthodoxes orientales, mais ignora le protestantisme. Selon le New York Times, de nombreux orateurs, parlant devant le concile au sujet de ce schéma, firent remarquer que
le problème de l’union doit être envisagé par rapport aux questions qui confrontent le christianisme divisé du XXe siècle et non pas entièrement à la lumière des gros volumes de théologie des siècles passés. Ils [les orateurs] firent clairement allusion à l’essor du communisme, la double menace du matérialisme et du sécularisme, et à l’extension prise par les religions non chrétiennes. — New York Times du 1er décembre 1962, sous le titre “Les prélats achèvent la discussion sur l’unité avec les orthodoxes”.
113, 114. Combien l’Église russe comptait-elle de membres en 1910 et en 1963, et quelle action antireligieuse marqua l’année 1962 en Union soviétique ?
113 En 1910, soit sept ans avant la révolution bolchevique, l’Église russe comptait dans tout le pays 73 millions de membres. Or, voyons ce que l’Annuaire de l’Encyclopédie américaine pour 1963 (page 692b) rapporte sous la rubrique “Religion” :
114 (...) D’après les autorités soviétiques, l’Église orthodoxe russe compte 50 millions d’adhérents ; la secte musulmane, 26 millions (23 millions de sunnites et 3 millions de chiites) ; la foi hébraïque, 2 300 000 ; l’Église baptiste, 500 000. D’autres groupements religieux ayant de grandes communautés sont les catholiques romains, les luthériens, les Arméniens, les Grégoriens et les bouddhistes. En 1962, comme auparavant, la presse soviétique se plaignait que la religion était encore une force puissante dans la vie soviétique, exigeant une intensification de la propagande antireligieuse. Au cours de 1962, plus de 20 ministres pentecôtistes et au moins sept ministres des témoins de Jéhovah furent emprisonnés pour activités religieuses illégales (...).
115. Connaissant l’importance du parti communiste italien, par quelle idée de Moscou le Vatican est-il sans doute contrarié ? (voir aussi la note en bas de page)
115 Le Vatican est sans doute contrarié par l’idée que Moscou pourrait devenir une “Troisième Rome”, d’autant plus que l’Italie catholique compte le parti communiste le plus important d’Europe occidentale en deçà du rideau de ferl.
LA RÉBELLION PROTESTANTE
116. Qu’est-ce qui déclencha le mouvement religieux protestant du seizième siècle, et quel défi le père de ce mouvement lança-t-il ?
116 En lisant les paragraphes précédents, le lecteur aura compris que les soi-disant protestants ne furent pas les premiers à s’élever contre la prétention catholique romaine à la suprématie religieuse du pape et à se rebeller contre elle. Le mouvement dit protestant ne remonte qu’au seizième siècle. C’est le 31 octobre 1517 que ce mouvement religieux fut déclenché. Ce jour-là, Martin Luther, prêtre catholique romain, afficha sur le portail de l’église du château de Wittenberg (Allemagne) sa liste de 95 thèses, rédigées en latin, pour protester contre la vente des indulgences. L’année suivante, il défendit ses idées à Augsbourg. Il compara Rome à une nouvelle Babylone en déclarant : “Quittons-la afin qu’elle devienne une demeure de dragons, d’esprits mauvais, de lutins et de sorcières, et que son nom se tourne en confusion éternellea.” C’est parce qu’il refusa de se rétracter que Luther fut excommunié de l’Église catholique romaine par le pape Léon X. Mais le 10 décembre 1520, Luther lança un défi au pape en brûlant publiquement la bulle d’excommunication.
117. Quelle action entreprise en 1529 valut à ceux qui se rebellèrent en Europe contre l’Église catholique d’être appelés des “protestants” ? (voir aussi la note en bas de page)
117 Ce geste ne manqua pas de soulever d’âpres controverses religieuses. En 1529, Charles Quint, empereur du Saint Empire romain germanique, convoqua à Spire la diète impériale pour demander aux princes allemands de lui apporter leur aide dans la lutte contre les agressions des Turcs et pour rechercher les moyens permettant de régler les controverses religieuses suscitées par l’opposition de Luther au clergé catholique romain. La diète adopta un décret approuvant les doctrines de l’Église romaine. Mais le 19 avril 1529, six princes qui soutenaient Luther, ainsi que les députés de treize villes impériales, protestèrent formellement et solennellement contre ce décret de la diète. D’où le nom de “protestant” donné aux disciples de Luther, terme dont le sens s’est élargi par la suite pour s’appliquer aussi aux calvinistes et à d’autres sectes religieuses qui s’étaient rebellés contre la papauté. Le 31 décembre 1530, plusieurs villes et princes protestants d’Allemagne conclurent la ligue de Smalkaldeb.
118. Comment le protestantisme se propagea-t-il en Angleterre et en Amérique du Nord à partir du règne d’Henri VIII ?
118 Luther ne demeura pas longtemps au premier plan de la “Réforme”. Bientôt, il ne fut plus le seul à avoir les feux de la rampe dirigés sur lui. À partir de 1531, lui et ses disciples eurent de la peine à contenir la foule grossissante des rivaux protestants. À la même époque, Henri VIII d’Angleterre décida de rompre avec le pape de Rome. Il imposa sa suprématie royale au clergé de son pays et se fit reconnaître comme chef d’une Église nationale, l’Église d’Angleterre. En 1534, il fut proclamé “chef suprême de l’Église”, et l’autorité papale sur l’Angleterre fut abolie. Au siècle suivant, les Britanniques se mirent à coloniser l’Amérique du Nord, et l’Église d’Angleterre y prit racine en même temps. D’autres sectes religieuses se transplantèrent dans ces colonies. Ainsi, après la Révolution américaine (1775-1783), l’Église protestante épiscopale d’Amérique se détacha de l’Église d’Angleterre. Au fur et à mesure que la nation américaine s’agrandissait, au point de s’étendre finalement de l’Atlantique au Pacifique, et la séparation des Églises et de l’État aidant, le pays ne tarda pas à devenir le foyer de plus de deux cents sectes religieuses, qui toutes prétendaient être chrétiennes.
119. À quel point la chrétienté est-elle déchirée religieusement ?
119 La chrétienté dans son ensemble finit par être déchirée en une multitude de sectes, les unes catholiques, les autres orthodoxes orientales et protestantes. En Afrique du Sud, selon une dépêche de l’Associated Press en provenance de Johannesburg et publiée le 12 août 1957, 1 400 sectes religieuses se sont formées rien que parmi le peuple bantou depuis 1910, année de l’arrivée des missionnaires de la chrétienté. À l’heure actuelle, la situation religieuse de la chrétienté est une dérision de l’unité chrétienne enseignée par le Christ à ses disciples.
120. En quel sens le mouvement réformateur des protestants fut-il bien plus une “rébellion” qu’une réforme ?
120 Le mouvement de la Réforme, qui date du seizième siècle, entraîna de honteuses persécutions religieuses aussi bien de la part des protestants que de la part des catholiques, et engendra d’effroyables guerres de religion. Or, ces guerres et ces persécutions étaient les “œuvres de la chair” et non pas les “fruits de l’esprit” de Dieu, décrits dans Galates 5:19-23 (Saci). Par ailleurs, en examinant les enseignements des réformateurs dits protestants, on est frappé de constater que, au lieu d’être une “réforme” au sens le plus complet du terme, ce ne fut en réalité qu’une révolte dirigée contre l’autocratie, la domination religieuse de la papauté romaine. Les doctrines religieuses fondamentales de l’Église catholique romaine, ainsi que celles des Églises orthodoxes orientales furent en effet conservées, telles que la “trinité”, l’immortalité de l’âme humaine, le châtiment réservé après la mort aux âmes mauvaises dans un monde spirituel invisible ; la séparation des adorateurs religieux en une prêtrise professionnelle (ou clergé) et en des masses profanes (ou laïcat) ; l’emploi de la religion à l’appui des affaires politiques du monde, aboutissant en de nombreux pays à l’union entre l’Église et l’État ; la célébration de fêtes religieuses d’origine païenne ; le manque de respect pour le sang de l’homme et de la bête, selon l’exemple laissé par le fondateur de Babylone et bâtisseur du premier empire, “Nimrod, puissant chasseur en opposition avec Jéhovah”. — Genèse 10:8-12 ; 9:1-6, NW.
IDENTIFIÉE
121, 122. a) Quelles analogies remarquables existent entre la Babylone antique et Babylone la Grande, qui nous permettent aujourd’hui d’identifier cette dernière à coup sûr ? b) Que doit être Babylone la Grande ?
121 Qu’est donc cette Babylone la Grande dont la chute est annoncée par l’ange de Dieu en Révélation 14:8 ? Elle doit ressembler d’une façon remarquable à la Babylone antique, particulièrement au moment de sa chute. Sinon, le nom ne lui conviendrait pas. Tout d’abord, rappelons que la Babylone antique dominait sur un empire, le plus grand jamais vu jusque-là, de sorte qu’elle fut la Troisième Puissance mondiale de toute une suite de puissances mondiales. Chez elle, la politique, le militarisme, le mercantilisme et la religion étaient florissants, mais c’est la religion qui prédominait, surtout pendant la dynastie de Nébucadnetsar. Or sa religion la mettait en opposition avec Sion ou Jérusalem, où le roi juif occupait le “trône de Jéhovah” et où le temple, bâti par Salomon, était le centre national du culte de Jéhovah.
122 Il ressort des faits que nous venons d’examiner que la grande Babylone des temps modernes doit être un empire mondial d’ordre religieux, une puissance mondiale religieuse entièrement pénétrée de religion babylonienne. C’est en effet un empirec religieux, dont les doctrines fondamentales tirent leur origine de la religion pratiquée par la Babylone antique ou Babel. Cet empire a beau être religieux, il prend un vif intérêt au commerce et à la politique, et voilà pourquoi il a aussi conclu des alliances avec les éléments politiques et commerciaux du monde des Gentils.
123. De quoi se compose Babylone la Grande, et à quel dieu s’oppose-t-elle ?
123 Il est vrai que le Nouveau Dictionnaire international de Webster (édition de 1943, page 198a), en langue américaine, affirme que l’expression “catholique romain” comporte le sens désuet de babylonien. Quoi qu’il en soit, Babylone la Grande englobe plus que la Rome païenne, la Rome papale ou l’Église catholique romaine dont la cité du Vatican est le siège. Le lecteur peut déterminer lui-même, d’après ce qui précède, si l’Église catholique romaine et son pontifex maximus en font partie ou non. En tout cas, la chrétienté n’est pas Babylone la Grande, puisque celle-ci incarne l’empire mondial de toutes les religions ayant pour fondement des pratiques et des enseignements religieux qui remontent à la Babylone antique. Mais la chrétienté en fait partie ; elle est aujourd’hui l’élément le plus important et le plus agressif de Babylone la Grande, et c’est le catholicisme romain qui vient en tête. Étant donné que cet empire mondial de la religion repose sur des idées d’origine babylonienne, il est, comme Nimrod, “en opposition avec Jéhovah”.
124. Comment l’histoire du judaïsme a-t-elle démontré pendant et depuis l’époque du Christ que cette religion est devenue pareille à toutes celles qui sont d’origine babylonienne ?
124 Même le judaïsme a des attaches avec Babylone la “Grande. Au premier siècle, Jésus et ses douze apôtres appliquèrent au judaïsme traditionnel de leur temps les prophéties de la Bible qui parlent de Babylone comme lieu d’exil et de captivité d’où Jéhovah allait faire sortir son peuple. Il y a dix neuf siècles, lorsque le Messie fit son entrée à Sion, le judaïsme traditionnel souleva pratiquement toute la nation contre lui, gardant ainsi son emprise sur les captifs juifs. Jusqu’à ce jour, le judaïsme traditionnel n’a pas changé : il continue de maintenir les captifs juifs à l’écart de la liberté promise par le Messie. Lui aussi coopère avec l’empire mondial des religions d’origine babylonienne.
125. De quelle ambition sont animées certaines sectes composant Babylone la Grande ?
125 Il arrive, dans Babylone la Grande, qu’une certaine secte religieuse cherche à imposer sa domination à l’ensemble des religions.
126. Quand a eu lieu la chute de Babylone la Grande, et de quoi sa chute doit-elle être suivie, comme dans le cas de l’antique Babylone ?
126 Au point de vue historique, la chute de cette grande Babylone des temps modernes a eu lieu en 1919. Le fait que l’empire mondial de la religion babylonienne existe toujours ne prouve pas que sa chute ne se soit pas produite cette année-là. Il faut en effet se rappeler que la chute inopinée de l’antique Babylone, tombée aux mains des Médo-Perses en 539 avant notre ère, n’entraîna pas la ruine immédiate de la ville et que celle-ci ne disparut que plusieurs siècles plus tard conformément aux prophéties bibliques. Or, il en va de même de la grande Babylone des temps modernes, dont la chute significative doit être suivie de certains bouleversements religieux avant sa destruction totale, prévue pour la fin de ce vieux monde ou système de choses. Il y a des siècles que la Révélation, le dernier livre de la Bible, a décrit les événements qui devaient se produire après la chute de la grande Babylone et avant l’anéantissement de celle-ci.
127. Avant 1914, comment Babylone la Grande a-t-elle enivré les nations en leur faisant boire le “vin de sa fornication” ?
127 C’est en 1914 que Babylone la Grande, ou empire mondial des religions d’origine babylonienne, est entrée dans sa phase la plus critique de l’histoire universelle. Jusque-là elle avait, selon les paroles de l’ange de Dieu, “fait boire à toutes les nations le vin de sa fornication, vin qui réveille la passion”. (Révélation 14:8.) Elle s’était liée d’amitié avec les chefs politiques de ce monde, commettant ainsi la fornication spirituelle avec eux (Jacques 4:4). Elle avait fait subir son influence religieuse aux dirigeants de ce monde afin de se maintenir elle-même au pouvoir. Elle avait tout fait pour que les adeptes de ses religions apportent leur soutien aux dirigeants de ce monde hostile au vrai Dieu. Voilà comment elle a fait boire aux nations un “vin qui réveille la passion”, c’est-à-dire l’oppression politique, commerciale et économique, la persécution religieuse, des guerres saintes, des guerres de religion, des croisades, ainsi que des guerres entre les nations pour des raisons purement politiques et commerciales. Babylone la Grande a sanctifié ces conflits égoïstes en déclarant que c’était la volonté de Dieu et en assurant à ceux qui y participaient qu’ils accomplissaient cette volonté.
128. La fin des temps des Gentils étant venue, à quelles questions la chrétienté a-t-elle eu à répondre parce qu’elle se faisait passer pour la Sion spirituelle ?
128 En 1914, lorsque les sept temps des Gentils ont pris fin, on a pu se poser les questions suivantes : Babylone la Grande allait-elle continuer à faire boire aux nations ce breuvage qui les enivrait de soucis et de désespoir, ou bien allait-elle se servir de son influence et de son pouvoir religieux pour empêcher les nations de se lancer dans la voie de la violence et de l’oppression ? Quant à la chrétienté, elle se faisait passer pour l’organisation visible de Dieu, la Sion spirituelle, et non pas pour une partie de Babylone la Grande. Allait-elle agir conformément à ses dires et amener les nations à cultiver des relations pacifiques avec le Royaume de Dieu, lequel était sur le point de voir le jour dans les cieux en 1914 à la fin des temps des Gentils (Révélation 12:1-12) ? La chrétienté allait-elle reconnaître comme roi l’“Agneau de Dieu”, lorsque celui-ci se lèverait sur le mont Sion céleste ?
129. Quelles réponses l’Histoire apporte-t-elle à ces questions, surtout en ce qui concerne la chrétienté ?
129 L’Histoire nous apprend qu’il y eut la Première Guerre mondiale en réponse à ces questions. Et c’est au cœur même de la chrétienté que celle-ci éclata en été 1914. Elle se poursuivit jusqu’à l’automne 1918. À cette époque, la chrétienté était l’élément dominant de l’empire mondial des religions d’origine babylonienne, et ses quatre grandes branches occupaient toutes la scène du monde : l’Église catholique romaine, l’Église orthodoxe grecque, l’Église orthodoxe russe et le protestantisme. D’entre les vingt-sept empires et nations impliqués dans ce conflit, seuls le Japon, la Chine, le Siam et la Turquie ne faisaient pas partie de la chrétienté, mais leurs systèmes religieux étaient des parties intégrantes de Babylone la Grande. Les Églises, au lieu d’empêcher cette guerre en faisant valoir tout le poids de leur pouvoir auprès des centaines de millions de membres que comptait la chrétienté, y participèrent, quoique cela obligeât leurs adeptes à se ranger dans l’un ou l’autre camp des belligérants. Et elles persécutèrent les chrétiens qui refusaient de se joindre à elles dans la tuerie.
130. À quel groupement religieux fit-elle subir les pires persécutions ? Citez des faits.
130 C’est aux chrétiens voués et baptisés qui distribuaient les écrits publiés par la Watch Tower Bible and Tract Society que la chrétienté fit subir les pires persécutions. Le 17 juillet 1917, cette Société publia et mit entre leurs mains le livre intitulé “Le mystère accompli”, qui apportait une explication de tout le livre de la Révélation (Apocalypse). Le dimanche 30 décembre 1917, ceux-ci firent une distribution massive d’un grand tract de quatre pages, The Bible Students Monthly No 99 (L’Étudiant de la Bible, journal religieux), contenant l’article de fond “La chute de Babylone” qui était appuyé par des citations empruntées au livre Le mystère accompli. Deux mois plus tard, ce livre et “L’Étudiant de la Bible” furent interdits au Canada. Leur interdiction suivit peu après aux États-Unis. Ensuite, eurent lieu l’arrestation et le jugement du président et de sept autres membres du bureau de la Société Watch Tower. Le 21 juin 1918, chacun d’eux fut condamné à quatre-vingts ans de réclusion à purger au pénitencier fédéral. Les persécutions contre les Étudiants chrétiens de la Bible restés hors des prisons furent intensifiées au Canada et aux États-Unis à l’instigation du clergé des diverses religions.
131. De quels faits les événements survenus entre 1914 et 1918 étaient-ils une preuve tangible ?
131 Les mois passèrent jusqu’à ce que l’armistice vînt mettre fin à la Première Guerre mondiale, le 11 novembre 1918. Ce conflit, suivi de tremblements de terre, d’épidémies et de famines, avait causé des blessures meurtrières à la chrétienté en particulier, et les persécutions religieuses avaient laissé des traces honteuses. C’étaient là autant de preuves tangibles de ce que les temps des Gentils avaient pris fin en 1914, que le Royaume de Dieu avait vu le jour dans les cieux et que le Roi messianique, l’Agneau de Dieu, Jésus-Christ, s’était levé pour assumer le pouvoir sur le mont Sion céleste, où devaient bientôt le rejoindre ses 144 000 fidèles disciples. — Matthieu 24:7-13 ; Révélation 12:5-10.
132. a) Qu’est-ce qui avait été l’enjeu réel de la Première Guerre mondiale ? b) Quelle fut la condition des vrais serviteurs de Jéhovah à la fin de cette guerre, et qu’est-ce que Babylone la Grande n’allait pas tarder à subir ?
132 Les conséquences de la Première Guerre mondiale montrèrent que celle-ci n’avait pas été faite en faveur du Royaume de Dieu, car, même si les nations de la chrétienté en avaient été les principaux belligérants, c’est la domination d’une partie de la chrétienté sur l’autre qui en avait été l’enjeu. Ce conflit devait permettre à la puissance mondiale anglo-américaine, ou Septième Puissance mondiale prédite par la Bible, de maintenir sa domination de la terre. À la même époque, les Étudiants de la Bible, tous chrétiens, subissaient la captivité de cette puissance pour avoir proclamé le jugement que Jéhovah allait exécuter contre Babylone la Grande, et leur organisation mondiale était disloquée. De même que l’antique Babylone encourut le jugement divin pendant que la nation formée de témoins de Jéhovah se trouvait exilée en Babylonie, de même la grande Babylone moderne se vit infliger le jugement divin pour s’être opposée à la Sion céleste et avoir persécuté les témoins chrétiens de Jéhovah, pour les avoir gardés captifs et avoir incité l’État (ou pouvoir politique) à les supprimer.
“ELLE EST TOMBÉE”
133. Qui fut libéré de prison en 1919, contrairement à l’idée caressée par Babylone la Grande ?
133 Tout comme la Babylone antique n’ouvrit jamais les portes de ses prisons pour en laisser sortir les témoins de Jéhovah, la grande Babylone actuelle croyait, elle aussi, pouvoir supprimer les témoins chrétiens de Jéhovah des temps modernes ou du moins les garder en captivité pour toujours. Mais en mars 1919, les portes des prisons furent forcées, laissant ainsi sortir les principaux responsables des témoins de Jéhovah qui, depuis, ne sont jamais retournés en prison.
134. Où eut lieu une assemblée de huit jours ? À quoi l’orateur appliqua-t-il Ésaïe 52:7, et en faveur de quel gouvernement invita-t-il le public à se prononcer ?
134 Leur organisation mondiale fut réparée, et les contacts internationaux furent rétablis. Le 1er septembre 1919, les témoins se réunirent à Cedar Point (Ohio, États-Unis) en une assemblée internationale qui dura huit jours. Le 5 septembre, le président de la Société Watch Tower, après neuf mois de prison, parla à des milliers de personnes venues à cette assemblée. Dans son discours “Annoncez le Royaume”, le président J. F. Rutherford cita la prophétie d’Ésaïe 52:7 (Da) pour l’appliquer aux temps modernes : “Combien sont beaux sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui annonce la paix, qui apporte des nouvelles de bonheur, qui annonce le salut, qui dit à Sion : Ton Dieu règne !” Le dimanche 7 septembre, devant un auditoire public de 7 000 personnes, l’orateur parla du sujet “Un espoir pour l’humanité affligée”, discours dans lequel il l’invita à se prononcer en faveur du Royaume de Dieu opposé à la contrefaçon que les hommes proposaient sous la forme d’une Société des Nationsd.
135. Qu’est-ce qui provoqua la chute de Babylone la Grande en 1919?
135 Voilà que les témoins de Jéhovah étaient de nouveau libres et qu’ils pouvaient proclamer le Royaume de Dieu hardiment et publiquement ! Que s’était-il produit ? Babylone la Grande avait dû tomber ! Sa chute n’avait cependant pas entraîné sa destruction immédiate. L’Agneau de Dieu, intronisé sur le mont Sion céleste, avait joué son rôle de Libérateur plus grand que Cyrus, qui l’avait préfiguré. Il avait vaincu Babylone la Grande et avait provoqué la chute de celle-ci, libérant ainsi ses fidèles disciples, le reste moderne des témoins chrétiens de Jéhovah. De même qu’après la chute de la Babylone antique et la libération du peuple de Jéhovah, on avait pu annoncer à l’intention de Sion : “Ton Dieu règne !”, de même l’instauration du Royaume céleste par Dieu à la fin des temps des Gentils en 1914 présageait que Babylone la Grande ne tarderait pas à tomber. La conduite mauvaise qu’elle suit depuis l’expiration de ces temps des Gentils, survenue en 1914, lui fait encourir la condamnation du tribunal céleste présidé par Jéhovah Dieu, qui a rendu son jugement contre elle, et c’est ainsi qu’elle est tombée au printemps de l’année 1919. — Révélation 14:7, 8.
[Notes]
a Voir Josué 10:1-5 ; 15:8, 63 ; Juges 1:7, 8, 21 ; II Samuel 5:4-9 ; I Rois 8:1 ; II Chroniques 5:2. Le mont Morija, où Abraham devait offrir Isaac en sacrifice, s’élevait juste au nord du mont Sion. Il fut incorporé par la suite dans la ville de Sion ou Jérusalem.
b Cette célébration eut lieu au soir du mardi 26 mars 1918. Voir La Tour de Garde de 1918, pages 18, 26.
c Voir La Tour de Garde anglaise de 1925, pages 22, 44, 45, 75, 167, 215, 277, 343, 382.
d Voir La Bible arrachée aux sables, par W. Keller, pages 237, 238, ainsi que le supplément de la Concordance de Young (angl.), édition de 1879, pages 33, 34.
e Il faut se rappeler que la croix verticale était l’emblème sacré du dieu babylonien Tammouz. C’est pourquoi Alexander Hislop soutient que ce que Constantin aperçut en réalité — et pour autant que le récit soit vrai — devait être la lettre grecque khi (X), laquelle ressemble à la lettre française X et qui est l’initiale du mot Khristos ou Christ. Voir pages 139-142 du présent livre.
f Voir la Cyclopædia de M’Clintock et Strong, tome VII, page 45a, ainsi que Am1, tome II, page 250a.
g Voici ce que nous apprend Am1, tome XVI, pages 65, 66, au sujet d’autres effets produits par le concile de Nicée : “La loi d’Israël avait grandi au point d’englober davantage que la Bible, et on ne croyait plus que la vie d’Israël dépendait de la possession de la Palestine. (...) Privés [après l’an 135 de notre ère] de la tranquillité et de la paix en terre palestinienne, les Juifs ne tardèrent pas à prendre le chemin de la Babylonie, toujours accueillante, où séjournaient nombre de leurs frères. Les rabbins, à qui on avait interdit d’ériger des écoles en Terre sainte, en fondèrent en Babylonie. (...) Le séjour en Palestine était rendu de plus en plus impossible aux Juifs. En Palestine, à partir du concile de Nicée (325), les Juifs étaient exposés tantôt aux hostilités de l’Église, tantôt à celles de la Rome impériale, tandis que la Babylonie néo-perse leur réservait un traitement bienveillant. En Babylonie, ils avaient un chef politique dans l’‘exilarchat’ et des autorités religieuses dans les ‘gueonim’ [plur. de gaon] des académies. C’est dans ces écoles que la Bible reçut sa forme canonique actuelle, que la vocalisation du texte hébreu des Écritures fut fixée, que les nombreux Midrashim [commentaires sur le canon biblique] furent créés, que des additions furent faites au livre des prières et que furent instituées de nombreuses cérémonies.
“Que les places d’honneur offertes aux Juifs de Babylonie aient rempli d’ambition les plus éminents d’entre eux, cela va sans dire. (...)”
h Dans le grand temple de Babylone, l’image dorée du soleil était exposée pour être adorée par les Babyloniens.” — Les deux Babylones, par Alexander Hislop, page 243 (page 162 de l’édition anglaise).
i Voir les pages 3, 358-364, 388, 389 du livre La papauté schismatique ou Rome dans ses rapports avec l’Église orientale, par M. l’abbé Guettée, Paris 1863. Notez qu’il s’agit d’un auteur catholique et non protestant.
j C’est ce qu’affirme Walter Kolarz dans son livre La religion en Union soviétique, page 56 de la première édition anglaise parue en 1961.
k Voir pages 56, 57 de La religion en Union soviétique (angl.), par Walter Kolarz.
l Ce fait revêt une certaine importance, car une dépêche de l’Agence France-Presse, datée de la Cité du Vatican, 7 mars 1963, annonçait que contre toute attente le pape Jean XXIII a reçu en audience privée M. Alexis Adjoubei, gendre de M. Krouchtchev, premier ministre de l’Union soviétique. L’audience, qui a duré dix-huit minutes, s’est déroulée dans la bibliothèque privée du pape. M. Adjoubei est rédacteur en chef des Izvestia, journal communiste. Dans son numéro du 15 mars 1963, la revue américaine Time déclarait : “C’est la première fois qu’un pape (...) accorde une audience à une personnalité communiste.” Dans son éditorial du 8 mars 1963, le journal Le Monde faisait remarquer sous le titre “L’URSS et la papauté” : “Le gouvernement soviétique a d’ailleurs fait quelques gestes pour améliorer les relations entre Moscou et le Vatican.”
a Voir page 284 de New Light on Martin Luther, par Albert Hyma, professeur d’histoire à l’université du Michigan, édition de 1958.
Voir aussi “Les 95 thèses de Luther” dans The Golden Age (L’Âge d’Or) du 9 avril 1924, pages 440-446 ; “Martin Luther déclara” dans celui du 23 avril 1924, page 462, ainsi que “Martin Luther et la question de l’âme” dans le numéro du 15 décembre 1926, page 175.
b Voir à ce propos dans le Grand Larousse encyclopédique sous Spire et Réforme, ou encore Histoire de l’Allemagne à l’époque de la Réforme, par Leopold von Ranke, édition allemande de 1881, ainsi que L’Âge d’Or anglais du 30 décembre 1936, pages 206-208.
c Le Dictionnaire de l’Académie française (édition de 1932) définit “empire” comme suit : “Autorité absolue. (...) Il se dit figurément d’un ascendant, d’une influence dominante. (...) Il se dit, dans un sens plus général, d’un État ou d’un groupe d’États qui ne sont point dirigés par un empereur.”
Un empire est donc plus étendu qu’un royaume ou une nation.
d Voir La Tour de Garde anglaise du 15 septembre 1919, pages 279-281, et celle du 1er octobre 1919, pages 292, 298.
[Carte, page 484]
(Voir la publication)
CENTRES RELIGIEUX DE LA CHRÉTIENTÉ EN EUROPE ET AU PROCHE-ORIENT
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(Constantinople)
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GRÈCE
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ÉGYPTE
Jérusalem
JORDANIE
ARABIE SAOUDITE
IRAK
SYRIE
Antioche
IRAN
MER CASPIENNE
URSS
Moscou
[Illustrations, page 469]
Le Parthénon construit sur l’Acropole d’Athènes (Grèce) et portrait de Chrysostome, archevêque orthodoxe grec
[Illustrations, page 472]
Sainte-Sophie, ancienne église d’Istanbul (Turquie), et portrait d’Athênagoras, patriarche orthodoxe
[Illustrations, page 477]
Saint-Basile, ancienne cathédrale de Moscou, et Alexis, patriarche de toutes les Russies, flanqué de deux archidiacres lors de la communion dans un monastère
[Illustration, page 481]
Luther brûlant la bulle papale, le 10 déc. 1520
[Illustrations, page 482]
Abbaye de Westminster, à Londres, et portrait du roi Henri VIII