ARCHÉOLOGIE
L’archéologie biblique est l’étude des peuples et des événements dont parle la Bible à partir de vestiges fascinants enfouis dans le sol. L’archéologue met au jour et étudie des pierres, des murs ou des édifices en ruines ainsi que des villes détruites ; il découvre des poteries, des tablettes d’argile, des inscriptions, des tombes et d’autres restes anciens, des objets fabriqués par l’homme, dont il tire certains renseignements. Ces études permettent souvent de mieux connaître les circonstances dans lesquelles la Bible a été écrite, de mieux discerner dans quelles conditions vivaient les hommes de foi du passé et d’acquérir une meilleure intelligence de leur langue ainsi que de celle des peuples voisins. Les archéologues ont enrichi notre connaissance de tous les pays bibliques, c’est-à-dire la Palestine, l’Égypte, la Perse, l’Assyrie, la Babylonie, l’Asie Mineure, la Grèce et Rome.
L’archéologie biblique est une science relativement récente. Ce n’est qu’en 1822 qu’on a percé le mystère des hiéroglyphes égyptiens en déchiffrant la Pierre de Rosette. Quant aux cunéiformes assyriens, on ne les a décryptés que plus de 20 ans après. On a entrepris des fouilles systématiques en Assyrie à partir de 1843 et en Égypte à partir de 1850.
Quelques découvertes et sites majeurs. L’archéologie a permis de confirmer de nombreux événements historiques relatifs aux pays bibliques et rapportés dans les Écritures, et de prouver l’authenticité de faits que les critiques modernes mettaient en doute. Certains s’avouaient sceptiques par rapport à la tour de Babel, niaient l’existence d’un roi babylonien nommé Belshatsar et d’un monarque assyrien appelé Sargon (dont les noms ne furent trouvés nulle part ailleurs que dans le récit biblique jusqu’au XIXe siècle) ; ils critiquaient d’autres données bibliques touchant à ces pays. Or, il a été démontré que toutes ces critiques étaient sans fondement. En revanche, on a exhumé une profusion de témoignages qui concordent parfaitement avec le récit des Écritures.
Babylonie. Les fouilles effectuées dans l’ancienne ville de Babylone et à proximité ont mis au jour les sites de plusieurs ziggourats ou temples en forme de tours pyramidales à étages, notamment les ruines du temple d’Etemenanki à l’intérieur des murailles de Babylone. Les récits et les inscriptions concernant ces temples renferment souvent ces mots : “ Son sommet atteindra les cieux. ” Selon une inscription, Neboukadnetsar aurait dit : “ J’ai élevé le sommet de la tour à étages à Etemenanki de sorte que son sommet rivalise avec les cieux. ” Un fragment d’argile trouvé au N. du temple de Mardouk, à Babylone, fait probablement allusion à la chute d’une tour de ce genre et à la confusion des langues, bien qu’il ne mentionne pas spécifiquement une ziggourat. (Le récit chaldéen de la Genèse, par G. Smith, révisé et corrigé [avec ajouts], par A. Sayce, 1880, p. 164). On a constaté que la ziggourat d’Ourouk (l’Érek de la Bible) avait été construite avec de l’argile, des briques et de l’asphalte. — Voir Gn 11:1-9.
On a découvert près de la Porte d’Ishtar, à Babylone, quelque 300 tablettes cunéiformes qui se rapportent à l’époque du roi Neboukadnetsar. Parmi les noms des ouvriers et des captifs qui vivaient à Babylone et qui y étaient nourris, on trouve celui de “ Jaʼukînu, roi du pays de Jâhudu ”, c’est-à-dire “ Yehoïakîn, roi du pays de Juda ”, qui fut emmené à Babylone quand Neboukadnetsar prit Jérusalem en 617 av. n. è. Plus tard, Awil-Mardouk (Évil-Merodak), successeur de Neboukadnetsar, le fit sortir de sa maison de détention et lui donna une ration quotidienne de nourriture (2R 25:27-30). Cinq fils de Yehoïakîn sont également mentionnés sur ces tablettes. — 1Ch 3:17, 18.
On a trouvé des preuves abondantes que Babylone possédait un panthéon de divinités, comprenant le dieu principal, Mardouk, plus connu par la suite sous le nom de Bel, et le dieu Nebo, tous deux mentionnés en Isaïe 46:1, 2. La plupart des renseignements recueillis sur les inscriptions de Neboukadnetsar ont trait au vaste programme de construction qui fit de Babylone une ville splendide (voir Dn 4:30). Le nom de son successeur, Awil-Mardouk (dénommé Évil-Merodak en 2R 25:27), figure sur un vase découvert à Suse (Élam).
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, on a mis au jour près de l’actuelle Bagdad de nombreux cylindres et tablettes d’argile, dont la chronique maintenant célèbre de Nabonide. Toutes les objections soulevées contre le récit de Daniel chapitre 5, selon lequel Belshatsar régnait à Babylone au moment de la chute de cette ville, furent balayées par ce document : il prouve en effet que Belshatsar, fils aîné de Nabonide, était vice-roi avec son père et que Nabonide lui avait confié le gouvernement de Babylone à la fin de son règne.
On s’est aperçu de la même manière qu’Our, l’ancien lieu de résidence d’Abraham (Gn 11:28-31), avait été une métropole de premier plan, à la civilisation très développée. Cette ville sumérienne se situait sur la rive de l’Euphrate, non loin du golfe Persique. Les fouilles entreprises sur son emplacement par Sir Leonard Woolley ont révélé qu’elle était à l’apogée de sa puissance et de sa gloire quand Abraham la quitta pour se rendre en Canaan (av. 1943 av. n. è.). De toutes les ziggourats qui ont été découvertes, celle d’Our est la mieux conservée. Les tombes royales d’Our recelaient de multiples objets en or et des bijoux très artistiquement ouvragés, des instruments de musique, notamment des harpes (voir Gn 4:21) ; on y a également trouvé une petite hache en acier (pas en fer ordinaire) (voir Gn 4:22). En outre, des milliers de tablettes d’argile ont dévoilé une foule de détails sur la vie des habitants de cette région il y a presque 4 000 ans. — Voir OUR No 2.
Sur le site de l’ancienne Sippar, ville située sur l’Euphrate, à quelque 32 km de Bagdad, on a découvert un cylindre d’argile parlant du roi Cyrus, le conquérant de Babylone. Il raconte avec quelle facilité Cyrus prit Babylone et donne une idée générale de sa politique qui consistait à renvoyer dans leur pays les captifs qui s’y trouvaient. Cette inscription confirme le récit de la Bible qui présente Cyrus comme le conquérant de Babylone annoncé prophétiquement et qui relate le retour des Juifs en Palestine sous son règne. — Is 44:28 ; 45:1 ; 2Ch 36:23.
Assyrie. En 1843, on a découvert le palais du roi assyrien Sargon II près de Khorsabad, sur un affluent du Tigre au N. La mise au jour de ce palais, bâti sur une plateforme de près de 10 ha, et les travaux archéologiques qui ont eu lieu ensuite ont sorti ce roi cité en Isaïe 20:1 des ténèbres de l’histoire profane pour l’élever à la notoriété historique (PHOTO, vol. 1, p. 960). Dans une de ses annales, Sargon II revendique la prise de Samarie (740 av. n. è.). Il rapporte aussi la prise d’Ashdod qui est rapportée en Isaïe 20:1. Alors que d’éminents biblistes le considéraient autrefois comme un personnage imaginaire, Sargon II est aujourd’hui un des rois d’Assyrie les mieux connus.
Sur le site de Ninive, la capitale assyrienne, des fouilles ont mis au jour l’immense palais de Sennakérib, qui comptait environ 70 pièces dont les murs étaient décorés par plus de 3 000 m de dalles sculptées. L’une d’elles représente des prisonniers judéens emmenés en captivité après la chute de Lakish en 732 av. n. è. (2R 18:13-17 ; 2Ch 32:9 ; PHOTO, vol. 1, p. 952.) On a fait à Ninive une autre découverte d’un plus grand intérêt encore, celle des annales de Sennakérib écrites sur des prismes (des cylindres d’argile). Sur certains d’entre eux, Sennakérib raconte sa campagne en Palestine sous le règne de Hizqiya (732). Fait remarquable, l’orgueilleux monarque ne prétend pas s’être emparé de Jérusalem, ce qui confirme le récit biblique (voir SENNAKÉRIB). Le meurtre de Sennakérib par ses fils est rapporté dans une inscription d’Ésar-Haddôn, son successeur. Il en est également question dans une inscription du roi suivant (2R 19:37). Outre la mention du roi Hizqiya par Sennakérib, les registres cunéiformes de divers empereurs assyriens contiennent les noms d’Ahaz et de Manassé, rois de Juda, ceux d’Omri, de Yéhou, de Yehoash, de Menahem et d’Hoshéa, rois d’Israël, ainsi que celui de Hazaël, roi de Damas.
Perse. Près de Béhistoun, en Iran (l’ancienne Perse), le roi Darius Ier (521-486 av. n. è. ; Ezr 6:1-15) fit graver une inscription monumentale en haut d’une falaise calcaire. Il y relatait l’unification de l’Empire perse et attribuait le succès de son entreprise à Ahoura Mazda, son dieu. Cette inscription est d’une importance capitale, car elle est rédigée en trois langues : en babylonien (akkadien), en élamite et en vieux perse ; elle fournit donc la clé permettant de déchiffrer l’écriture cunéiforme assyro-babylonienne, impénétrable jusque-là. Grâce à ce travail, on peut maintenant lire des milliers d’inscriptions et de tablettes d’argile rédigées dans la langue des Babyloniens.
Suse, où eurent lieu les événements rapportés dans le livre d’Esther, a été mise au jour par des archéologues français entre 1880 et 1890 (Est 1:2). Ils ont dégagé le palais royal de Xerxès, qui couvre une surface d’environ 1 ha et qui témoigne de la grandeur et de la magnificence des rois perses. Les découvertes ont aussi confirmé l’exactitude des détails que donne le rédacteur du livre d’Esther concernant l’administration du royaume perse et la construction du palais. Le livre The Monuments and the Old Testament, par I. Price (1946, p. 408), fait ce commentaire : “ Dans l’Ancien Testament, aucun événement n’a un cadre qu’on puisse, à partir de fouilles, restaurer de manière aussi vivante et exacte que ‘ Suse le Palais ’. ” — Voir SUSE.
Mari et Nouzi. Le site de l’antique cité royale de Mari (Tell Hariri), située près de l’Euphrate, à environ 11 km au N.-N.-O. d’Abou Kemal, dans le S.-E. de la Syrie, a fait l’objet de fouilles à partir de 1933. On y a découvert un palais immense qui couvrait environ 6 ha, qui comprenait 300 pièces et dont les archives ont livré plus de 20 000 tablettes d’argile. Le palais englobait non seulement les appartements royaux, mais encore des bureaux administratifs et une école de scribes. Nombre des murs étaient ornés de grandes peintures ou fresques, les salles de bain étaient équipées de baignoires et on a trouvé des moules à gâteaux dans les cuisines. Cette ville fut apparemment une des plus remarquables et des plus brillantes du début du IIe millénaire av. n. è. Parmi les textes gravés sur les tablettes d’argile figuraient des décrets royaux, des annonces publiques, des comptes, des ordres de construction de canaux, d’écluses ou de barrages et d’autres projets d’irrigation, ainsi que du courrier à propos d’importations, d’exportations et d’affaires étrangères. Des recensements étaient effectués fréquemment pour lever des impôts et recruter des soldats. La religion occupait une place de choix, et en particulier le culte d’Ishtar, la déesse de la fécondité, dont on découvrit aussi le temple. On pratiquait la divination, comme à Babylone, par l’observation de foies, l’astronomie et d’autres méthodes analogues. La cité fut en grande partie détruite par le roi babylonien Hammourabi. On a également trouvé les noms de Péleg, Seroug, Nahor, Térah et Harân, des villes toutes situées dans le N. de la Mésopotamie, ce qui est particulièrement intéressant, car on retrouve dans ces noms ceux des parents d’Abraham. — Gn 11:17-32.
Nouzi, une ville antique érigée à l’E. du Tigre et au S.-E. de Ninive, a été fouillée de 1925 à 1931. On y a mis au jour une carte gravée dans l’argile, la plus ancienne qu’on ait découverte jusqu’à présent, et des preuves que déjà au XVe siècle av. n. è. on y vendait et on y achetait à crédit. On a exhumé quelque 20 000 tablettes d’argile, écrites, croit-on, en babylonien par des scribes hourrites. Elles renferment une mine de détails sur la jurisprudence de l’époque, concernant par exemple l’adoption, les contrats de mariage, les droits d’héritage et les testaments. Par certains côtés, les coutumes sont assez proches de celles des patriarches décrites dans la Genèse. Un couple sans enfant adoptait habituellement un fils, né libre ou esclave, pour qu’il prenne soin d’eux, les enterre et devienne leur héritier ; cela rappelle la déclaration d’Abraham, rapportée en Genèse 15:2, à propos d’Éliézer, l’esclave en qui il avait toute confiance. La description de la vente de droits d’aînesse n’est pas sans rappeler l’histoire de Jacob et d’Ésaü (Gn 25:29-34). Les textes attestent encore que les familles possédaient leurs propres dieux, souvent de petites figurines d’argile, qui avaient valeur de titres de propriété ; ainsi, celui qui détenait les dieux était considéré comme détenteur du droit de propriété et d’héritage. Cet usage peut aider à comprendre pourquoi Rachel prit les teraphim de son père et pourquoi celui-ci se donna tant de mal pour les retrouver. — Gn 31:14-16, 19, 25-35.
Égypte. C’est à propos de la venue de Joseph en Égypte puis de l’arrivée et du séjour de toute la famille de Jacob dans ce pays que la Bible fournit les renseignements les plus détaillés sur l’Égypte. Les découvertes archéologiques démontrent que l’image qu’en donnent les Écritures est on ne peut plus fidèle et qu’elle n’aurait raisonnablement pas pu être présentée ainsi par un écrivain qui aurait vécu longtemps après les événements relatés (comme certains critiques l’ont affirmé à propos du rédacteur de cette partie de la Genèse). Aussi J. Duncan, dans son livre New Light on Hebrew Origins (1936, p. 174), écrit-il à propos de l’auteur du récit concernant Joseph : “ Il fait un emploi exact des titres authentiques en usage à l’époque dont il parle, et là où il n’y a pas de terme hébreu équivalent, il adopte tout simplement le mot égyptien et le transcrit en hébreu. ” Les noms égyptiens, la fonction de gérant domestique de Potiphar confiée à Joseph, les maisons d’arrêt, les titres de “ chef des échansons ” et de “ chef des panetiers ”, l’importance que les Égyptiens accordaient aux rêves, l’habitude des boulangers (panetiers) égyptiens de porter les corbeilles de pain sur la tête (Gn 40:1, 2, 16, 17), la fonction de premier ministre et d’administrateur des vivres que le pharaon accorda à Joseph, la façon dont il l’investit de cette fonction, l’horreur que les gardiens de moutons inspiraient aux Égyptiens, la forte influence des magiciens à la cour égyptienne, l’installation des Israélites dans le pays de Goshèn, les coutumes funéraires des Égyptiens, toutes ces indications et bien d’autres contenues dans la Bible sont clairement corroborées par les découvertes archéologiques faites en Égypte. — Gn 39:1–47:27 ; 50:1-3.
À Karnak (l’ancienne Thèbes), au bord du Nil, une inscription gravée sur le mur sud d’un immense temple égyptien confirme que Shishaq (Sheshonq Ier) mena une campagne militaire en Palestine, comme le rapportent 1 Rois 14:25, 26 et 2 Chroniques 12:1-9. Le relief géant qui décrit ses victoires montre 156 prisonniers palestiniens enchaînés, chacun d’eux représentant une ville ou un village dont le nom est indiqué en hiéroglyphes. Parmi ces noms, on a identifié Rabbith (Jos 19:20), Taanak, Beth-Shéân et Meguiddo (où on a découvert un fragment d’une stèle ou d’une colonne portant une inscription de Shishaq) (Jos 17:11), Shounem (Jos 19:18), Rehob (Jos 19:28), Hapharaïm (Jos 19:19), Guibéôn (Jos 18:25), Beth-Horôn (Jos 21:22), Ayyalôn (Jos 21:24), Soko (Jos 15:35) et Arad (Jos 12:14). Dans cette liste des conquêtes du roi figure même le “ champ d’Abram ”, ce qui constitue la plus ancienne référence à Abraham dans les textes égyptiens. Dans cette région on a également découvert un monument de Mérneptah, fils de Ramsès II, qui comporte un hymne dans lequel apparaît le nom “ Israël ” pour la seule fois dans les textes égyptiens anciens.
À Tell el-Amarna, à environ 270 km au S. du Caire, une paysanne a trouvé par hasard des tablettes d’argile ; cette découverte a amené la mise au jour de nombreux documents en akkadien appartenant aux archives royales d’Aménophis III et d’Akhenaton, son fils. Les 379 tablettes publiées contiennent des lettres adressées au pharaon par des princes vassaux de nombreuses villes-royaumes en Syrie et en Palestine, dont quelques-unes du gouverneur d’Ourousalim (Jérusalem). Ces documents parlent d’intrigues et de guerres, ce qui correspond tout à fait à ce que les Écritures rapportent sur cette époque. Certains ont identifié aux Hébreux les “ Habirou ”, qui sont l’objet de nombreuses plaintes dans ces lettres, mais les faits tendent plutôt à démontrer qu’il s’agissait simplement de divers peuples nomades qui occupaient un rang peu élevé dans la société de l’époque. — Voir HÉBREU, I (Les “ Habirou ”).
Éléphantine est le nom grec d’une île sur le Nil, à l’extrême S. de l’Égypte (près d’Assouan), où s’établit une colonie juive après la chute de Jérusalem en 607 av. n. è. C’est là qu’en 1903 on a découvert de nombreux documents écrits en araméen, principalement sur papyrus, portant des dates à compter du Ve siècle av. n. è. et de l’Empire médo-perse. Ces documents mentionnent Sânballat, gouverneur de Samarie. — Ne 4:1.
Incontestablement, les plus précieuses de toutes les découvertes faites en Égypte ont été celles de fragments de papyrus et de portions de livres bibliques, tant des Écritures hébraïques que des Écritures grecques, qui remontent jusqu’au IIe siècle av. n. è. Le climat sec et le terrain sablonneux de l’Égypte firent de ce pays un magasin sans pareil pour la préservation des documents sur papyrus. — Voir MANUSCRITS DE LA BIBLE.
Palestine et Syrie. On a conduit dans ces régions des fouilles sur quelque 600 sites qu’il est possible de dater. La plupart des renseignements obtenus sont d’ordre général : ils confirment le récit biblique dans son ensemble, mais ne se rapportent pas à des détails ou à des événements en particulier. Par exemple, dans le passé, certains s’évertuèrent à discréditer le récit biblique selon lequel Juda avait été complètement désolé durant l’exil à Babylone. Or, l’ensemble des fouilles ont confirmé la Bible. Ainsi, W. Albright écrit : “ On ne connaît pas un seul cas où une ville de Judée proprement dite ait été occupée sans interruption pendant toute la période de l’Exil. Notons simplement, pour faire ressortir le contraste, que Béthel, située de l’autre côté de la frontière nord de Judée d’avant l’Exil, ne fut pas détruite à cette époque-là, mais qu’elle fut occupée sans interruption jusqu’à la deuxième moitié du VIe siècle. ” — L’archéologie de la Palestine, Paris, 1955, p. 154.
Beth-Shân (Beth-Shéân), ancienne ville fortifiée qui défendait l’accès à la vallée de Yizréel par l’E., a été l’objet d’importantes fouilles qui ont mis au jour 18 niveaux d’occupation. Il a fallu creuser pour cela à 21 m de profondeur (COUPE, vol. 1, p. 959). D’après le récit biblique, Beth-Shân n’était pas au nombre des villes que les Israélites occupèrent dès le début de la conquête. Aux jours de Saül, elle était encore habitée par les Philistins (Jos 17:11 ; Jg 1:27 ; 1S 31:8-12). C’est ce que confirment les fouilles en général, qui indiquent par ailleurs que cette ville fut détruite quelque temps après la défaite des Israélites près de Shilo (Jr 7:12). La découverte de temples cananéens à Beth-Shân présente un intérêt particulier. En effet, 1 Samuel 31:10 explique que les Philistins placèrent les armes du roi Saül “ dans la maison des images d’Ashtoreth ; et son cadavre, ils l’attachèrent à la muraille de Beth-Shân ”, alors que 1 Chroniques 10:10 dit qu’“ ils mirent ses armes dans la maison de leur dieu ; et son crâne, ils l’attachèrent à la maison de Dagôn ”. Deux des temples dégagés datent de la même époque. Les faits démontrent qu’un des deux était dédié à Ashtoreth, et on pense que l’autre serait celui de Dagôn, ce qui s’harmonise avec les textes cités plus haut quant à l’existence de deux temples à Beth-Shân.
Étsiôn-Guéber était la ville portuaire de Salomon sur le golfe d’Aqaba. Elle correspond peut-être à l’actuel Tell el-Kheleïfé, qu’on a fouillé de 1937 à 1940. On a trouvé des scories et des morceaux de minerai de cuivre sur une butte peu élevée de cette région, ce qui montre qu’il y avait là une fonderie de cuivre. Toutefois, l’archéologue Nelson Glueck a complètement révisé ses premières conclusions dans un article paru dans The Biblical Archaeologist (1965, p. 73). Son opinion selon laquelle il y avait là des hauts fourneaux pour fondre le minerai était basée sur la découverte de ce qu’il croyait être des “ trous de cheminée ” dans le plus important des bâtiments mis au jour. Il est maintenant arrivé à la conclusion que les trous dans les murs de ce bâtiment sont le résultat du “ délabrement ou de la destruction par le feu des poutres de bois placées en travers des murs en guise d’appareillage ou d’ancrage ”. Le bâtiment qu’il avait d’abord pris pour une fonderie passe maintenant pour un entrepôt de céréales. Bien qu’on pense toujours qu’une forme de métallurgie était bel et bien pratiquée en ce lieu, on ne lui attribue plus la même importance qu’auparavant. Ce revirement souligne que la signification donnée aux découvertes archéologiques dépend essentiellement de l’interprétation personnelle de l’archéologue, interprétation qui n’est en aucun cas infaillible. La Bible elle-même ne parle pas d’une industrie du cuivre à Étsiôn-Guéber. Elle dit simplement que des ustensiles de cuivre furent fabriqués quelque part dans la vallée du Jourdain. — 1R 7:45, 46.
Hatsor en Galilée était décrite comme “ la tête de tous ces royaumes ” à l’époque de Josué (Jos 11:10). Les fouilles entreprises à son emplacement ont montré que cette ville couvrait jadis quelque 60 ha et comptait une population importante, ce qui faisait d’elle une des principales villes de la région. Salomon la fortifia. Par ailleurs, les vestiges remontant à cette époque laissent supposer qu’elle était une ville de chars. — 1R 9:15, 19.
À Jéricho ont eu lieu trois campagnes de fouilles (1907-1909 ; 1930-1936 ; 1952-1958). Les interprétations successives des découvertes prouvent une fois de plus que l’archéologie, comme d’autres secteurs de la science humaine, ne fournit pas des informations absolument immuables. Chacune de ces trois campagnes a assemblé des données, mais chaque équipe est parvenue à des conclusions différentes quant à l’histoire de la ville et en particulier quant à la date à laquelle les Israélites la conquirent. Quoi qu’il en soit, on peut dire que les résultats de tous les travaux ont abouti à la vue d’ensemble exposée dans le livre Biblical Archaeology, de G. Wright (1963, p. 78), qui déclare : “ La ville subit une terrible destruction ou une série de destructions au cours du IIe millénaire av. J.-C. et demeura pour ainsi dire inoccupée pendant des générations. ” Les vestiges exhumés ont montré que la destruction s’était accompagnée d’un terrible incendie. — Voir Jos 6:20-26.
À Jérusalem, en 1867, on a découvert un ancien tunnel adducteur qui partait de la source de Guihôn et traversait la colline derrière (voir GUIHÔN No 2). Cela a peut-être un lien avec le récit de la prise de la ville par David rapporté en 2 Samuel 5:6-10. Entre 1909 et 1911, tout le système des tunnels reliés à la source de Guihôn a été dégagé. Un des tunnels, connu sous le nom de tunnel de Siloam, avait une hauteur moyenne de 1,80 m et était creusé dans le rocher sur une distance de 533 m entre Guihôn et la piscine de Siloam, dans la vallée du Tyropœôn (à l’intérieur de la ville). Ce tunnel semble donc correspondre aux travaux du roi Hizqiya mentionnés en 2 Rois 20:20 et en 2 Chroniques 32:30. L’inscription en hébreu archaïque, trouvée sur la paroi du tunnel, qui relate le percement du canal et en indique la longueur, est du plus haut intérêt. Elle sert de point de repère pour dater d’autres inscriptions en hébreu qu’on découvre.
Lakish, à 44 km à l’O.-S.-O. de Jérusalem, était une des principales forteresses qui protégeaient la région vallonnée de Judée. En Jérémie 34:7, le prophète rapporte que les armées de Neboukadnetsar combattirent contre “ Jérusalem et contre toutes les villes de Juda qui restaient, contre Lakish et contre Azéqa ; car celles-ci, les villes fortifiées, étaient celles qui restaient parmi les villes de Juda ”. Les fouilles de Lakish ont fourni la preuve qu’elle fut détruite deux fois par le feu en l’espace de quelques années ; on pense que ces deux destructions correspondent à deux attaques des Babyloniens (618-617 et 609-607 av. n. è.), après lesquelles elle demeura longtemps inhabitée.
Dans les cendres du deuxième incendie, on a découvert 21 ostraca (des morceaux de poterie portant des inscriptions) ; on présume qu’il s’agissait d’une correspondance échangée peu avant l’assaut final de Neboukadnetsar, au terme duquel il détruisit la ville. Ces écrits, connus sous le nom de Lettres de Lakish, portent l’empreinte d’une période de crise et d’angoisse ; ils furent apparemment envoyés à Yaosh, un commandant de Lakish, par les derniers avant-postes de l’armée judéenne (PHOTO, vol. 1, p. 325). La lettre numéro 4 contient cette déclaration : “ Que Yahvé [Jéhovah] fasse entendre à mon seigneur aujourd’hui même des nouvelles de bonheur ! [...] nous observons le feu-signal de Lakish selon tous les signes qu’a donnés mon seigneur, mais nous ne voyons pas Azéqah. ” Ce passage décrit remarquablement la situation résumée en Jérémie 34:7, verset cité plus haut, et semble indiquer qu’Azéqa était déjà tombée ou du moins n’envoyait pas les feux-signaux ou signaux de fumée attendus.
La lettre numéro 3, écrite par “ Hoshiyahu [Hoshaïa] ”, disait notamment : “ Que Yahvé [Jéhovah] fasse entendre à mon seigneur des nouvelles de paix [...]. Et à ton serviteur on a transmis ceci : ‘ Le chef d’armée, Konyahu [Konia], fils d’Elnatan, est descendu pour aller en Égypte ’ et Hodawyahu [Hodavia], fils d’Ahiyahu [Ahiya], et ses hommes il (les) a envoyés prendre [des vivres] d’ici. ” Cet extrait peut tout à fait témoigner de ce que Juda rechercha de l’aide auprès de l’Égypte, ce qui lui valut d’être condamné par les prophètes (Is 31:1 ; Jr 46:25, 26). Les noms Elnatan [Elnathân] et Hoshiyahu [Hoshaïa], qui apparaissent dans le texte complet de cette lettre, figurent également en Jérémie 36:12 et en Jérémie 42:1. D’autres noms cités dans ces ostraca se retrouvent dans le livre de Jérémie : Guemaria (36:10), Néria (32:12) et Yaazania (35:3). Bien qu’on ignore s’ils désignent les mêmes personnages, la coïncidence en soi est notable, étant donné que Jérémie vécut à cette période.
On remarquera particulièrement que le Tétragramme est souvent utilisé dans ces ostraca, preuve qu’à l’époque les Juifs ne répugnaient pas à employer le nom divin. Une autre découverte intéressante est celle d’une empreinte de sceau sur argile qui se réfère à “ Guedaljahu [Guedalia] qui est sur la maison ”. Guedalia est le nom du gouverneur que Neboukadnetsar établit sur Juda après la chute de Jérusalem ; de l’avis de beaucoup, c’est probablement de lui que l’empreinte du sceau fait mention. — 2R 25:22 ; voir aussi Is 22:15 ; 36:3.
Meguiddo était une ville fortifiée d’intérêt stratégique qui commandait un passage important donnant accès à la vallée de Yizréel. Rebâtie par Salomon, elle figure parmi les villes d’entrepôts et les villes de chars de son règne (1R 9:15-19). Les fouilles entreprises sur son site (Tell el-Moutesellim), un tertre d’une superficie de 5,3 ha, ont mis au jour ce que certains biblistes (mais pas tous) assimilent à des écuries capables d’abriter environ 450 chevaux. On a d’abord daté ces bâtiments de l’époque de Salomon, mais des spécialistes les ont par la suite situés à une période postérieure, peut-être l’époque d’Ahab.
La Stèle de Mésha a été une des premières découvertes importantes faites à l’E. du Jourdain (PHOTO, vol. 1, p. 325). On l’a trouvée à Dhibân, au N. de la vallée d’Arnôn, en 1868. Elle présente la version du roi moabite Mésha de sa révolte contre Israël (voir 2R 1:1 ; 3:4, 5). Voici un extrait de cette inscription : “ Je suis Mésha, fils de Kemosh [...], roi de Moab, le Dibonite. [...] Omri était roi d’Israël et il opprima Moab durant de nombreux jours, car Kamosh [le dieu de Moab] était en colère contre son pays. Et son fils lui succéda et il dit : ‘ J’opprimerai Moab. ’ Dans mes jours il avait parlé ainsi, mais je triomphai de lui et de sa maison. Et Israël fut ruiné à jamais. [...] Kamosh me dit : ‘ Va, prends Nébo sur Israël. ’ J’allai de nuit et je combattis contre elle depuis la pointe de l’aurore jusqu’à midi. Je la pris et je tuai tout [...]. De là je pris les vases (?) de Yahvé et je les traînai devant Kamosh. ” (Textes du Proche-Orient ancien et histoire d’Israël, par J. Briend et M.-J. Seux, Paris, 1977, p. 90, 91). Ainsi, non seulement cette stèle mentionne Omri, roi d’Israël, mais à la 18e ligne elle porte également le nom de Dieu sous la forme du Tétragramme.
La Stèle de Mésha énumère aussi de nombreux lieux mentionnés dans la Bible : Ataroth et Nebo (Nb 32:34, 38) ; l’Arnôn, Aroër, Médeba et Dibôn (Jos 13:9) ; Bamoth-Baal, Beth-Baal-Méôn, Yahats et Qiriathaïm (Jos 13:17-19) ; Bétser (Jos 20:8) ; Horonaïm (Is 15:5) ; Beth-Diblathaïm et Qeriyoth (Jr 48:22, 24). Elle confirme donc l’historicité de tous ces lieux.
Ras Shamra (l’ancienne Ougarit), située sur la côte nord de la Syrie, en face de l’île de Chypre, a fourni des renseignements sur un culte tout à fait analogue à celui qui était pratiqué en Canaan, par exemple sur ses dieux et ses déesses, ses temples, ses prostituées “ sacrées ”, ses rites, ses sacrifices et ses prières. Entre un temple dédié à Baal et un autre à Dagôn, on a découvert une pièce qui contenait une bibliothèque forte de centaines de textes religieux, qui dateraient du XVe siècle et du début du XIVe siècle av. n. è. Les textes poétiques à caractère mythologique donnent nombre d’informations sur les divinités cananéennes qu’étaient El, Baal et Ashéra, ainsi que sur l’idolâtrie dégradante rattachée à leur culte. Dans son livre Archaeology and the Old Testament (1964, p. 175), Merrill Unger fait ce commentaire : “ La littérature épique ougaritique a permis de révéler le degré de dépravation qui caractérisait la religion cananéenne. Appartenant à un polythéisme extrêmement avili, les pratiques du culte cananéen étaient barbares et profondément licencieuses. ” On a aussi trouvé des représentations de Baal et d’autres dieux (voir DIEUX ET DÉESSES [Les divinités cananéennes]). Ces textes se distinguaient par une écriture alphabétique cunéiforme d’un genre inconnu jusqu’alors (différente de l’akkadien cunéiforme). Cette écriture suit l’ordre de l’hébreu, mais contient des lettres supplémentaires, ce qui donne un total de 30. Comme à Our, on a mis au jour une hache de combat en acier.
Samarie, capitale puissamment fortifiée d’Israël, le royaume du Nord, était bâtie sur une colline qui dominait de quelque 90 m le fond de la vallée. Les vestiges des doubles murailles, qui formaient par endroits un rempart de 10 m de large, sont une preuve qu’elle pouvait résister à de longs sièges, tels que celui des Syriens décrit en 2 Rois 6:24-30 et celui de la redoutable armée assyrienne mentionné en 2 Rois 17:5. Les ouvrages en pierre qu’on a découverts sur ce site et qu’on fait généralement remonter à l’époque des rois Omri, Ahab et Yéhou sont remarquablement exécutés. Ce qui semble être le soubassement du palais mesure environ 90 m sur 180. On a trouvé dans ce palais quantité d’objets, de plaquettes et de lambris en ivoire, qui ont peut-être un lien avec la maison d’ivoire d’Ahab dont il est question en 1 Rois 22:39 (voir aussi Am 6:4). À l’angle nord-ouest du sommet, on a mis au jour une grande piscine cimentée de près de 10 m de long sur 5 de large. Peut-être s’agit-il de “ la piscine de Samarie ” dans laquelle fut lavé le char d’Ahab taché par son sang. — 1R 22:38.
On accorde aussi un grand intérêt à 63 fragments de poterie (ostraca) couverts d’inscriptions à l’encre qui dateraient du VIIIe siècle av. n. è. Des reçus pour du vin et de l’huile envoyés à Samarie depuis d’autres villes révèlent que les Israélites écrivaient parfois les chiffres en traçant des traits horizontaux, verticaux et obliques. Voici ce qu’on peut lire sur un de ces reçus types :
En l’an dix,
pour Gaddiyô [probablement l’intendant au trésor]
(provenant) de Aza [peut-être le village ou le district envoyant le vin ou l’huile] :
Abibaal 2
Ahaz 2
Shèba 1
Meribaa[l 1]
Ces reçus révèlent aussi l’emploi fréquent du mot Baal dans les noms propres, dans une proportion d’environ 7 noms portant la racine Baal pour 11 contenant une forme ou une autre du nom Jéhovah. Cela indique probablement que, comme le dit la Bible, le culte de Baal s’était infiltré parmi les Israélites.
La Bible décrit la destruction par le feu de Sodome et de Gomorrhe et signale l’existence de puits de bitume (asphalte) dans la région (Gn 14:3, 10 ; 19:12-28). De nombreux savants croient que les eaux de la mer Morte ont peut-être monté dans le passé, étendant l’extrémité méridionale de la mer sur une distance considérable et recouvrant le site de ces deux villes. Les explorations faites dans la région montrent qu’il s’y trouvait des gisements de pétrole et d’asphalte et qu’elle fut dévastée par le feu. À ce propos, le livre Light From the Ancient Past, par Jack Finegan (1959, p. 147), déclare : “ Une étude attentive de la littérature, de la géologie et de l’archéologie amène à la conclusion que les infâmes ‘ villes de la vallée ’ (Genèse 19:29) se trouvaient dans la région qui est à présent engloutie [...] et que leur destruction fut provoquée par un grand tremblement de terre, probablement accompagné d’explosions, d’éclairs, d’inflammation de gaz naturel et d’une conflagration générale. ” — Voir aussi SODOME.
L’archéologie et les Écritures grecques chrétiennes. L’utilisation par Jésus d’un denier à l’effigie de Tibère César (Mc 12:15-17) est confirmée par la découverte d’un denier d’argent sur lequel figurait la tête de Tibère et qui fut mis en circulation vers l’an 15 de n. è. (PHOTO, vol. 2, p. 544) (voir Lc 3:1, 2.) En outre, la découverte à Césarée d’une dalle de pierre portant les noms latins Pontius Pilatus et Tiberieum prouve que Ponce Pilate était gouverneur romain de Judée à l’époque. — Voir PILATE ; PHOTO, vol. 2, p. 741.
Le livre des Actes d’apôtres, qui offre des preuves évidentes que Luc en est le rédacteur, mentionne de nombreuses villes et leurs provinces, ainsi que des fonctionnaires de toutes sortes, porteurs de titres divers, qui assumaient leur fonction à des époques bien précises. En donnant de tels renseignements, le rédacteur de ce livre s’exposait à l’erreur (noter aussi Lc 3:1, 2). Pourtant, les découvertes archéologiques démontrent de façon remarquable l’exactitude du livre écrit par Luc. Ainsi, en Actes 14:1-6, Luc situe Lystres et Derbé en Lycaonie et laisse entendre qu’Iconium se trouvait dans un autre territoire, alors que des auteurs romains, dont Cicéron, placent Iconium en Lycaonie. Or, un monument découvert en 1910 indique qu’Iconium était bel et bien considérée comme une ville de Phrygie et non de Lycaonie.
De même, une inscription mise au jour à Delphes atteste que Gallion était proconsul d’Achaïe, probablement en 51-52 (Ac 18:12). Quelque 19 inscriptions, qui remontent à la période allant du IIe siècle av. n. è. au IIIe de n. è., prouvent que Luc a raison de conférer le titre de chefs de la ville (singulier politarkhês) aux magistrats de Thessalonique (Ac 17:6, 8). Cinq de ces inscriptions se rapportent d’ailleurs précisément à cette ville (voir CHEFS DE LA VILLE). Pareillement, la désignation de Publius par le titre de “ principal personnage ” (prôtos) de Malte (Ac 28:7) est tout à fait exacte. C’était là son titre, comme le confirment deux inscriptions trouvées à Malte, l’une en latin et l’autre en grec. À Éphèse, on a trouvé des textes de magie et dégagé le temple d’Artémis (Ac 19:19, 27). Des fouilles entreprises sur ce site ont également mis au jour un théâtre, qui pouvait accueillir quelque 25 000 personnes, et des inscriptions qui parlent de “ commissaires des fêtes et des jeux ”, comme ceux qui intervinrent en faveur de Paul, ainsi que d’un “ greffier ”, comme celui qui apaisa la foule en cette circonstance. — Ac 19:29-31, 35, 41.
Certaines de ces découvertes incitèrent Charles Gore à écrire ce qui suit à propos de l’exactitude du récit de Luc : “ Il faut évidemment dire que l’archéologie moderne a en somme forcé les critiques de saint Luc à reconnaître l’exactitude remarquable de toutes ses références aux faits et aux événements profanes. ” — A New Commentary on Holy Scripture, par Gore, Goudge et Guillaume, 1929, p. 210.
Valeur relative de l’archéologie. L’archéologie a fourni des renseignements utiles qui ont permis d’identifier (de façon souvent incertaine) les sites bibliques. Elle a mis au jour des documents écrits qui ont contribué à une meilleure intelligence des langues originales dans lesquelles les Écritures ont été rédigées et elle a jeté une nouvelle lumière sur les conditions de vie ainsi que sur les activités des peuples et des chefs de l’Antiquité dont il est question dans la Bible. Toutefois, pour ce qui est de l’authenticité et de la fiabilité de la Bible, de la foi en ce livre, de son enseignement, de ce qu’elle révèle sur les desseins et les promesses de Dieu, il faut dire que l’archéologie n’est pas un complément indispensable ni une confirmation nécessaire de la vérité contenue dans la Parole divine. L’apôtre Paul écrivit en effet : “ La foi est l’attente assurée de choses qu’on espère, la démonstration évidente de réalités que pourtant on ne voit pas. Par la foi, nous comprenons que les systèmes de choses ont été mis en ordre par la parole de Dieu, de sorte que ce qu’on voit est venu de choses qui ne paraissent pas. ” (Hé 11:1, 3). “ Nous marchons par la foi, non par la vue. ” — 2Co 5:7.
Cela ne veut pas dire que la foi chrétienne ne repose sur aucun fondement visible ou ne se rapporte qu’à des choses intangibles. De tout temps, au contraire, les hommes ont pu trouver, à leur époque, autour d’eux, en eux et dans ce qu’ils ont vécu, un grand nombre de preuves que la Bible est la véritable révélation divine et qu’elle ne contient rien qui contredise les faits démontrables (Rm 1:18-23). Il est certes intéressant et appréciable d’éclairer la connaissance du passé par les découvertes archéologiques, mais ce n’est pas indispensable. Seule est essentielle et tout à fait digne de foi la connaissance du passé éclairée par la Bible. Avec ou sans l’archéologie, la Bible donne une signification véritable au présent et éclaire l’avenir (Ps 119:105 ; 2P 1:19-21). En réalité, seule une foi faible a besoin de s’appuyer sur une béquille, de se fonder sur des briques qui tombent en poussière, sur des vases brisés et sur des murs croulants.
Des conclusions fondées sur des incertitudes. Les découvertes archéologiques ont parfois apporté une réponse commode à ceux qui discutaient certains récits bibliques ou qui mettaient en doute l’historicité de certains événements. Elles ont également contribué à soulager l’esprit de gens sincères qui se laissaient impressionner par les arguments de ces détracteurs. Cependant, l’archéologie n’a pas pour autant réduit au silence les critiques de la Bible et elle n’est pas non plus un fondement absolument fiable sur lequel baser sa croyance dans le récit biblique. Les conclusions qui ont été tirées de la majorité des fouilles dépendent essentiellement des raisonnements déductifs et inductifs des chercheurs qui, un peu à la manière de policiers, instruisent une cause qu’ils se chargent de défendre. Aujourd’hui encore, même quand des policiers découvrent et accumulent une liste impressionnante de preuves matérielles ou indirectes concernant une affaire qui passe en justice, s’ils ne disposent pas de témoins dignes de foi et directement impliqués dans l’affaire, leurs preuves seront jugées très insuffisantes. De graves erreurs et injustices ont été commises parce que des jugements ont été prononcés d’après ces seules preuves. À combien plus forte raison risque-t-on de se tromper quand 2 000 ou 3 000 ans se sont écoulés entre l’événement et les recherches entreprises par les archéologues !
L’archéologue R. Atkinson a énoncé une comparaison similaire : “ Il suffit de penser aux difficultés que rencontreraient les futurs archéologues s’ils devaient reconstituer les rites, les dogmes et les doctrines des Églises chrétiennes simplement à partir des ruines des églises, sans l’aide d’aucun registre ni d’aucune inscription. Nous nous trouvons donc devant cette situation paradoxale : l’archéologie, qui constitue le seul moyen d’explorer le passé de l’homme en l’absence de documents écrits, devient un moyen d’investigation de moins en moins efficace à mesure qu’elle atteint aux aspects de la vie humaine qui sont les plus spécifiquement humains. ” — Stonehenge, Londres, 1956, p. 167.
L’affaire se complique du fait que, outre leur incapacité évidente à élucider le passé autrement qu’avec une exactitude approximative, et malgré leurs efforts pour garder un point de vue purement objectif sur les vestiges qu’ils mettent au jour, les archéologues, comme les savants en général, sont néanmoins influencés par leurs faiblesses, leurs inclinations et leurs ambitions personnelles, ce qui peut les amener à tenir un raisonnement erroné. Attirant l’attention sur cette difficulté, le professeur W. Albright a écrit : “ D’autre part, il y a le risque de vouloir aboutir à de nouvelles découvertes et formuler un point de vue original aux dépens de travaux antérieurs plus solides. C’est particulièrement le cas dans des domaines comme la géographie et l’archéologie bibliques, où il est si difficile de maîtriser les instruments et les modes d’investigation qu’on est toujours tenté de négliger la saine méthode, de substituer les combinaisons habiles et les hypothèses brillantes au travail plus systématique et plus lent. ” — The Westminster Historical Atlas to the Bible, par G. Wright, 1956, p. 9.
Différences dans les dates. Il est important d’être conscient de ce fait quand on considère les dates que les archéologues avancent à propos de leurs découvertes. Ainsi, Merrill Unger écrit : “ Par exemple, Garstang situe la chute de Jéricho à environ 1400 av. J.-C. [...] ; Albright penche pour environ 1290 av. J.-C. [...] ; Hugues Vincent, l’éminent archéologue de la Palestine, s’en tient à 1250 av. J.-C. [...] ; alors que pour H. Rowley, Ramsès II est le pharaon de l’oppression et l’Exode a eu lieu sous le règne de son successeur, Marniptah [Mérneptah], vers 1225. ” (Archaeology and the Old Testament, p. 164, note 15). Tout en défendant la crédibilité des techniques et des analyses de l’archéologie moderne, le professeur Albright reconnaît qu’“ il reste difficile à un non-spécialiste de se frayer un chemin à travers les dates et les conclusions contradictoires des archéologues ”. — L’archéologie de la Palestine, p. 274.
On a bien employé l’horloge au radiocarbone et d’autres méthodes modernes pour dater les objets mis au jour. Toutefois, cette méthode n’est pas parfaitement exacte, comme le montre ce commentaire de G. Wright (The Biblical Archaeologist, 1955, p. 46) : “ On peut constater que la nouvelle méthode au carbone 14 utilisée pour dater les vestiges anciens ne s’est pas révélée aussi infaillible qu’on l’avait espéré [...]. Certaines mesures ont, de toute évidence, donné des résultats erronés, sans doute pour plusieurs raisons. Actuellement, on ne peut se fier entièrement aux résultats donnés que lorsque plusieurs mesures ont fourni des résultats pour ainsi dire identiques et que la date indiquée paraît exacte d’après d’autres méthodes de calcul [c’est nous qui soulignons]. ” Plus récemment, The New Encyclopædia Britannica (Macropædia, 1976, vol. 5, p. 508) a déclaré : “ Quelle qu’en soit la cause, [...] il est clair que les dates évaluées au carbone 14 ne sont pas aussi précises que les historiens traditionnels le souhaiteraient. ” — Voir CHRONOLOGIE (La datation archéologique).
Valeur relative des inscriptions. Des milliers d’inscriptions anciennes ont été trouvées et sont en cours d’interprétation. W. Albright dit : “ Les documents écrits constituent de loin la plus importante catégorie d’objets découverts par les archéologues. Il est donc crucial de se faire une idée exacte de leurs caractéristiques et de notre aptitude à les déchiffrer. ” (The Westminster Historical Atlas to the Bible, p. 11). Il peut s’agir de textes écrits sur des tessons de poterie, sur des tablettes d’argile, sur des papyrus, ou encore d’inscriptions gravées sur le granit. Quel que soit le matériau utilisé, il faut bien examiner les renseignements que comportent ces inscriptions pour en éprouver la valeur et savoir s’ils sont dignes de foi. Des textes gravés sur de la pierre ou écrits sur du papier peuvent être erronés ou franchement mensongers. Ce fut d’ailleurs fréquemment le cas. — Voir CHRONOLOGIE (La chronologie biblique et l’histoire profane) ; SARGON.
Prenons un exemple. La Bible rapporte que Sennakérib, roi d’Assyrie, fut assassiné par deux de ses fils, Adrammélek et Sharétser, et qu’un autre, Ésar-Haddôn, lui succéda sur le trône (2R 19:36, 37). Or, une chronique babylonienne déclare que le 20e jour de Tébeth, Sennakérib fut tué par son fils qui s’était révolté contre lui. Bérose, prêtre babylonien du IIIe siècle av. n. è., comme Nabonide, roi babylonien du VIe siècle av. n. è., racontent eux aussi dans leurs annales que Sennakérib fut assassiné par un seul de ses fils. Cependant, Ésar-Haddôn, qui succéda à son père, Sennakérib, spécifie nettement sur un fragment découvert plus récemment du prisme qui porte son nom, que ses frères (au pluriel) se révoltèrent contre leur père et le tuèrent, après quoi ils s’enfuirent. À ce propos, Philip Biberfeld (Universal Jewish History, 1948, vol. I, p. 27) fait ce commentaire : “ La Chronique babylonienne, Nabonide et Bérose se trompaient ; seul le récit biblique se révéla exact. Il a été confirmé dans les moindres détails par l’inscription d’Ésar-Haddôn et, concernant cet événement de l’histoire assyro-babylonienne, il s’est révélé plus exact que les sources babyloniennes elles-mêmes. C’est là un fait d’une extrême importance pour apprécier la valeur de sources pourtant contemporaines aux événements qu’elles relatent quand elles sont en désaccord avec la tradition biblique. ”
Problèmes de déchiffrement et de traduction. Le chrétien doit également se montrer prudent en ne prenant pas pour argent comptant l’interprétation qui est donnée de nombreuses inscriptions en langues anciennes. Dans certains cas, tels que ceux de la Pierre de Rosette et de l’Inscription de Béhistoun, les savants qui ont déchiffré les langues en question ont fait de grands progrès dans l’intelligence d’une langue auparavant inconnue, parce que le texte écrit dans cette langue l’était conjointement dans une autre langue connue. Toutefois, il ne faut pas espérer que de tels apports résolvent toutes les difficultés ou permettent de comprendre parfaitement toutes les nuances et les expressions idiomatiques d’une langue. Ces derniers temps, on a encore fait des progrès considérables dans la connaissance des langues bibliques fondamentales que sont l’hébreu, l’araméen et le grec, et on continue de les étudier. Pour ce qui est de la Bible, la Parole inspirée de Dieu, on peut à bon droit s’attendre à ce que son Auteur donne aux humains les moyens d’obtenir la bonne intelligence de son message grâce aux traductions disponibles dans les langues modernes. Toutefois, il n’en va pas de même des écrits non inspirés des nations païennes.
Pour illustrer la nécessité d’être prudent dans ce domaine et montrer une fois de plus que les problèmes posés par le déchiffrement des inscriptions anciennes sont bien souvent abordés avec moins d’objectivité qu’on pourrait le penser, on peut citer le livre Le secret des Hittites, par C. Ceram. Il dit à propos d’un assyriologue éminent qui travailla au décryptage de la langue “ hittite ” (Paris, 1955, p. 108-111) : “ Son œuvre fourmille d’erreurs et contient nombre de révélations capitales [...]. L’argumentation [...] est si convaincante qu’il fallut plusieurs dizaines d’années pour s’apercevoir qu’elle était erronée. [...] Son érudition philologique était prodigieuse. ” L’auteur décrit ensuite l’obstination avec laquelle ce savant s’opposa à toute modification de ses découvertes. Après bien des années, il consentit enfin à opérer quelques changements, mais les leçons qu’il modifia étaient celles-là mêmes qui se révélèrent exactes quelque temps plus tard ! Racontant la violente querelle, émaillée de récriminations personnelles, qui éclata entre cet homme et un autre savant occupé lui aussi à déchiffrer les caractères cunéiformes hittites, l’auteur déclare que “ la solution d’un problème tel que celui du déchiffrement exige de ceux qui s’y consacrent un engagement total ”. Ainsi, bien que le temps et les recherches aient permis d’éliminer maintes erreurs dans l’interprétation des inscriptions anciennes, il est bien de reconnaître que d’autres études amèneront vraisemblablement encore des corrections.
Tous ces faits confirment la supériorité de la Bible, qui est une source de connaissance digne de foi, une mine de renseignements authentiques et un guide sûr. C’est la Bible, ce recueil de documents écrits, qui donne l’image la plus nette du passé de l’homme, et elle est parvenue jusqu’à aujourd’hui, non grâce aux fouilles archéologiques, mais parce qu’elle a été préservée par son Auteur, Jéhovah Dieu. La Bible “ est vivante et puissante ”. (Hé 4:12.) Elle est “ la parole du Dieu vivant et qui subsiste ”. “ Toute chair est comme de l’herbe, et toute sa gloire est comme une fleur d’herbe ; l’herbe se dessèche et la fleur tombe, mais la parole de Jéhovah subsiste pour toujours. ” — 1P 1:23-25.
[Illustration, page 164]
Stèle sur laquelle Mérneptah, fils de Ramsès II, se félicite d’avoir conquis Israël ; cette mention d’Israël est la seule qu’on connaisse dans les textes égyptiens anciens.