Des trésors tirés des Écritures grecques chrétiennes
La Traduction du monde nouveau — avec notes et références
DANS notre numéro précédent, nous présentions l’édition française 1995 des Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau — avec notes et références. L’article montrait qu’en la matière le reste oint des serviteurs de Jéhovah avait fidèlement assumé son rôle d’intendant des Saintes Écritures en produisant une traduction fidèle de la Bible, traduction agrémentée de notes et de références et destinée à faciliter l’œuvre mondiale d’enseignement biblique. Le premier volet traitait principalement des Écritures hébraïques. Le second considérera en quoi la Bible de référence met en valeur des trésors spirituels de la partie grecque des Écritures.
Dans l’introduction de la Bible de référence, on lit notamment : “ Nous avons mis tous nos soins à traduire les verbes hébreux et grecs, afin de rendre la simplicité, la chaleur et la force des expressions paraissant dans l’original. Nous nous sommes efforcés de conserver l’atmosphère de l’époque hébraïque et grecque, la manière de penser, de raisonner et de parler des gens, leurs relations sociales, etc. ” (Page 8, colonne 1, paragraphe 2). Illustrons notre propos.
Verbes d’action continue
Les rédacteurs des Écritures grecques chrétiennes ont choisi leurs termes avec soin et précision. Cela est manifeste dans le Sermon sur la montagne. À plusieurs reprises, le texte grec utilise une forme verbale marquant une action continue, nuance que la Traduction du monde nouveau respecte fidèlement. Par exemple, Matthieu 6:33 commence par ces mots : “ Continuez donc à chercher d’abord le royaume. ” La note précise que “ la forme verbale exprime une action continue ”.
La plupart des traductions ne tiennent pas compte de l’aspect continu du verbe, ainsi la Bible de Crampon, où le verset Mt 6:33 apparaît comme suit : “ Cherchez premièrement le royaume. ” Cependant, ces traductions ne rendent pas le conseil de Jésus avec précision. Il ne laissait pas entendre que l’on pouvait chercher le Royaume une ou deux fois, puis se consacrer à autre chose, mais qu’il faut le chercher continuellement, qu’il doit toujours occuper la première place dans notre vie.
Dans le seul verset de Matthieu 7:7, Jésus utilise la forme continue à trois reprises, comme pour marteler l’idée : “ Continuez à demander, et on vous donnera ; continuez à chercher, et vous trouverez ; continuez à frapper, et on vous ouvrira. ” Voilà une traduction soignée, conséquente, qui fait étinceler des trésors de vérité.
Emploi subtil des négations
Les rédacteurs bibliques firent un emploi subtil des négations. Notons comment la Traduction du monde nouveau rend avec soin Matthieu 6:16, où Jésus, toujours dans son Sermon sur la montagne, donne le conseil suivant : “ Quand vous jeûnez, cessez de vous donner un air triste comme les hypocrites. ” La plupart des traductions rendent cette expression par une négation simple : “ Quand vous jeûnez, ne vous donnez pas un air sombre comme font les hypocrites. ” (Jérusalem). Cette option revient à dire : ‘ Ne commencez pas à vous donner un air sombre. ’ Cependant, en grec, la défense est ici exprimée au présent, ce qui revêt un sens particulier. L’action est en cours et doit cesser. La Traduction du monde nouveau respecte cette nuance, laissée par contre de côté dans la majorité des traductions. En voici d’autres exemples, tout aussi fidèles au grec : “ Cessez de vous amasser des trésors sur la terre. ” (Matthieu 6:19). “ Cessez de juger, afin de ne pas être jugés. ” — Matthieu 7:1.
Toujours à propos des négations, abordons l’emploi que font les rédacteurs bibliques de l’aoriste dans les impératifs négatifs. En grec, l’aoriste marque que l’action est interdite quel que soit le moment. C’est ainsi que Jésus a dit à ses auditeurs : “ Ne vous inquiétez jamais [c’est-à-dire ne soyez inquiets à aucun moment] du lendemain. ” (Matthieu 6:34). Là encore, la plupart des traductions n’utilisent que la négation simple, du style : “ Ne vous inquiétez donc pas. ” (Français courant). Toutefois, une telle option perd en partie la force de l’original, qui est par contre restituée dans la Traduction du monde nouveau, comme dans cet autre exemple : “ Ne vous inquiétez donc jamais, disant : ‘ Qu’allons-nous manger ? ’ ” (Matthieu 6:31). Voilà de véritables trésors mis en valeur grâce à une traduction soignée.
Participation à l’activité chrétienne
Souvent, les autres leçons verbales proposées dans l’appareil de notes de la Bible de référence font apparaître des nuances insoupçonnées de certains versets bibliques. Ainsi le conseil de Paul donné en Philippiens 1:27 : “ Seulement, conduisez-vous d’une manière digne de la bonne nouvelle concernant le Christ. ” Ce verset est traduit de façon similaire dans d’autres versions de la Bible, dans celle de Segond par exemple : “ Seulement, conduisez-vous d’une manière digne de l’Évangile du Christ ”, ou dans La Bible en français courant : “ Conduisez-vous d’une façon qui soit en accord avec la Bonne Nouvelle du Christ. ” Dans la Bible de référence, une note sur l’expression “ conduisez-vous ” permet toutefois de saisir plus pleinement ce que le conseil pouvait signifier pour les Philippiens. La note propose en effet cette autre leçon : “ conduisez-vous en citoyens. ”
Le terme grec traduit ici par “ conduisez-vous ” dérive d’un mot signifiant “ citoyen ”. Les Philippiens devaient participer en “ citoyens ” à la proclamation de la bonne nouvelle. Il faut rappeler que le citoyen romain participait en général activement aux affaires de l’État. Or, la citoyenneté romaine était très prisée, particulièrement dans les villes telles que Philippes qui étaient éloignées de l’Italie et dont les habitants s’étaient vu offrir ce privilège. Aussi, comme la note de la Bible de référence permet de le comprendre, Paul demande ici aux Philippiens de ne pas être inactifs, de ne pas se contenter de porter le nom de chrétiens, mais de participer à l’activité chrétienne, de se montrer ainsi dignes de la bonne nouvelle. Cette compréhension plus étendue fait penser aux propos que Paul tient plus loin aux Philippiens : “ Quant à nous, notre droit de cité se trouve dans les cieux. ” — Philippiens 3:20.
Abraham “ tenta d’offrir ” Isaac
Comme précisé plus haut, on comprend mieux le sens du grec quand les verbes sont soigneusement rendus en français. Considérons Hébreux 11:17, un passage important. La Bible de Crampon traduit ce verset ainsi : “ Abraham, mis à l’épreuve, offrit Isaac en sacrifice. (...) [Il] offrit ce fils unique. ” Cette traduction laisse supposer que, dans le grec, le verbe ‘ offrir ’ est conjugué deux fois de la même façon.
Or, les deux formes verbales originales sont différentes. Dans le premier cas, le verbe ‘ offrir ’ est au parfait (action achevée) ; dans le second, il est à l’imparfait (action qui dure dans le passé). Ces deux temps peuvent recouvrir en grec des nuances multiples et subtiles, que la Traduction du monde nouveau s’efforce d’exprimer en traduisant ainsi le verset : “ Abraham, lorsqu’il a été mis à l’épreuve, a pour ainsi dire offert Isaac, et l’homme (...) tenta d’offrir son fils unique-engendré. ” Une note sur la première occurrence du verbe donne comme autre leçon : “ a (en quelque sorte) offert. ” Et la note sur le deuxième verbe suggère cette autre possibilité de rendre l’imparfait : “ se mit en devoir. ” La fin du verset pourrait donc se lire de la façon suivante : “ L’homme (...) se mit en devoir d’offrir. ” En rendant ainsi le verbe grec, on indique que l’action a été tentée ou entreprise, sans avoir été menée à terme. Cela est conforme à ce qui s’est effectivement passé. — Genèse 22:9-14.
Le “ mur intermédiaire ”
Au surplus, les notes de la Bible de référence apportent de précieux renseignements tirés d’ouvrages de biblistes. Arrêtons-nous par exemple sur l’expression “ mur intermédiaire ”, utilisée par Paul en Éphésiens 2:14. La note dit : “ Allusion au mur (ou clôture en treillis) qui, dans l’enceinte du temple, fermait aux adorateurs gentils, non sanctifiés, l’accès aux cours intérieures qui n’étaient ouvertes qu’aux adorateurs juifs, sanctifiés. Selon la Mishna (voir la traduction en anglais par H. Danby, éd. de 1950, p. 592), cette clôture portait le nom de ‘ soreg ’. (Voir aussi RB, t. LXI, 1954, p. 10, 11.) Ce mur était, dit-on, haut de 1,3 m. Voir App. 9G. ”
Dans le contexte d’Éphésiens 2:14, Paul explique qu’à l’époque de Jésus ce “ mur intermédiaire ”, le soreg du temple d’Hérode, représentait l’ancienne séparation légale entre Juifs et Gentils, conséquence de l’alliance de la Loi conclue par l’intermédiaire de Moïse. Dorénavant, ce mur de séparation, l’alliance de la Loi, était supprimé en vertu du pouvoir sanctifiant du sacrifice du Christ, capable de purifier les Gentils eux-mêmes (Colossiens 2:13-15). À partir de l’an 36 de notre ère, des Gentils convertis au christianisme furent admis dans la congrégation chrétienne composée de Juifs de naissance, et furent oints et sanctifiés comme membres de l’‘ Israël spirituel de Dieu ’. (Galates 6:16.) Maintenant purifiés, ces Gentils faisaient également partie de la classe céleste du sanctuaire, préfigurée par ceux qui avaient accès aux cours intérieures du temple. Les Gentils devenus chrétiens n’étaient plus entravés dans leurs relations avec Jéhovah, en ce sens qu’ils n’étaient plus confinés dans la cour extérieure appelée Cour des Gentils.
Proclamons la bonne nouvelle “ de maison en maison ”
On reproche souvent aux Témoins de Jéhovah de prêcher sur toute la terre de maison en maison. Pourtant, les apôtres et les premiers chrétiens ont établi un précédent tout à fait clair. À leur sujet, Actes 5:42 déclare : “ Chaque jour, dans le temple et de maison en maison, ils continuaient sans arrêt à enseigner et à annoncer la bonne nouvelle. ”
La note de la Bible de référence dit au sujet de l’expression “ de maison en maison ” : “ Lit[téralement]. : ‘ selon la maison ’. Gr[ec]. : katʼ oïkon. Ici, kata est employé avec l’accusatif sing[ulier] au sens distributif. Voir É. Delebecque, qui met lui aussi : ‘ de maison en maison ’, et dit en note : ‘ de maison en maison : emploi très classique de [kata] dans son sens distributif. ’ (Les Actes des Apôtres, Paris 1982). R. Lenski, dans son ouvrage (The Interpretation of the Acts of the Apostles, Minneapolis 1961), fait ce commentaire au sujet d’Ac 5:42 : ‘ Les apôtres n’ont pas interrompu un seul instant leur activité bénie. “ Chaque jour ” ils continuaient, et cela ouvertement “ dans le Temple ” où le Sanhédrin et la police du Temple pouvaient les voir et les entendre, mais aussi, bien sûr, [katʼ oïkon], qui est distributif, “ de maison en maison ”, et non pas simplement adverbial, “ à la maison ”. ’ ”
De précieuses références marginales
En lisant la Bible, on remarque souvent que le rédacteur cite un passage d’une autre partie des Écritures ou bien y fait allusion. En pareil cas, la Bible de référence, comme déjà l’édition standard précédente, s’avère très utile. Les références marginales renvoient le lecteur à des passages traitant du même point.
Considérons par exemple le face-à-face entre Jésus et son Adversaire, Satan, rapporté en Matthieu 4:3-11. Au verset 4 Mt 4:4, Jésus repousse la première tentation de Satan en disant : “ Il est écrit : ‘ L’homme doit vivre, non pas de pain seul, mais de toute parole qui sort par la bouche de Jéhovah. ’ ” La référence indique que Jésus reprend ici Deutéronome 8:3. Satan soumet alors Jésus à une deuxième tentation, citant les Écritures à l’appui : “ Il est écrit : ‘ Il donnera à ses anges un ordre à ton sujet, et ils te porteront sur leurs mains, de peur que tu ne heurtes une pierre avec ton pied. ’ ” D’où Satan tirait-il ces paroles ? La référence marginale nous renvoie à Psaume 91:11, 12. En citant les Écritures, Satan se comportait bel et bien en “ ange de lumière ”. (2 Corinthiens 11:14.) Mais Jésus lui répond : “ Il est encore écrit : ‘ Tu ne dois pas mettre Jéhovah ton Dieu à l’épreuve. ’ ” Cette fois, la citation des Écritures est correctement appliquée. D’où est-elle tirée ? La référence marginale nous reporte à Deutéronome 6:16. Tenté une troisième fois, Jésus cite de nouveau les Écritures. Quel passage ? Deutéronome 6:13, comme le montre la référence marginale. Les 125 000 références marginales de la Traduction du monde nouveau offrent bien d’autres renseignements utiles de ce genre.
Ces quelques exemples montrent que la Bible de référence met en valeur la beauté de la Traduction du monde nouveau en soulignant la grande exactitude avec laquelle elle rend les vérités bibliques.
[Illustrations, page 26]