AUTEL
Fondamentalement, construction ou lieu élevé sur lequel on offrait des sacrifices ; on y brûlait aussi de l’encens en signe d’adoration du vrai Dieu ou d’une autre divinité. Le mot hébreu mizbéaḥ (autel) vient de la racine verbale zavaḥ (abattre, sacrifier) et désigne donc littéralement un endroit où on abat ou sacrifie (Gn 8:20 ; Dt 12:21 ; 16:2). De même, le terme grec thusiastêrion (autel) dérive de la racine verbale thuô, qui signifie également “ tuer, sacrifier ”. (Mt 22:4 ; Mc 14:12.) Le mot grec bômos désigne l’autel d’un faux dieu. — Ac 17:23.
Il est pour la première fois question d’un autel après le déluge, quand “ Noé bâtit un autel à Jéhovah ” sur lequel il offrit des holocaustes (Gn 8:20). Les seuls sacrifices mentionnés avant le déluge furent ceux de Caïn et d’Abel ; bien qu’ils se soient probablement servis d’autels, cela n’est pas spécifié. — Gn 4:3, 4.
Abraham bâtit un autel à Shekèm (Gn 12:7), quelque part entre Béthel et Aï (Gn 12:8 ; 13:3), à Hébrôn (Gn 13:18), et sans doute aussi sur le mont Moria, où il sacrifia à la place d’Isaac un bélier que Dieu lui donna (Gn 22:9-13). Ce dernier cas est le seul où il est dit expressément qu’Abraham offrit un sacrifice sur ces autels. Toutefois, le sens fondamental du mot hébreu indique qu’il fit probablement des sacrifices à chaque fois. Plus tard, Isaac bâtit un autel à Béer-Shéba (Gn 26:23, 25) et Jacob bâtit des autels à Shekèm et à Béthel (Gn 33:18, 20 ; 35:1, 3, 7). Ces autels que construisirent les patriarches étaient sans aucun doute du type mentionné ensuite par Dieu dans l’alliance de la Loi, soit des monticules de terre ou des plateformes composées de pierres brutes (non taillées). — Ex 20:24, 25.
Après la victoire sur Amaleq, Moïse érigea un autel qu’il appela Jéhovah-Nissi (Jéhovah est ma Perche-Signal) (Ex 17:15, 16). Lorsque l’alliance de la Loi fut conclue avec Israël, Moïse bâtit un autel au pied du mont Sinaï, et des sacrifices y furent offerts. On prit du sang des sacrifices pour en faire l’aspersion sur l’autel, sur le livre et sur le peuple, ce qui validait l’alliance et la faisait entrer en vigueur. — Ex 24:4-8 ; Hé 9:17-20.
Les autels du tabernacle. Lorsqu’on dressa le tabernacle, on construisit deux autels d’après le modèle fourni par Dieu. L’autel de l’holocauste (appelé également “ l’autel de cuivre ” [Ex 39:39]) était en acacia et avait la forme d’une caisse creuse, probablement sans fond ni couvercle. Il mesurait 2,20 m de côté et 1,30 m de haut et avait quatre “ cornes ” proéminentes aux quatre angles supérieurs. Il était entièrement recouvert de cuivre, et sous son rebord était placé un grillage de cuivre, ouvrage en filet, “ par en bas, à l’intérieur ”, “ vers le milieu ”. Aux quatre extrémités, près du filet, étaient fixés quatre anneaux, ceux apparemment dans lesquels on introduisait les deux barres en acacia recouvertes de cuivre qui servaient à porter l’autel. Cela peut signifier qu’on avait découpé une fente sur deux faces opposées de l’autel, afin d’y glisser un grillage horizontal, les anneaux faisant saillie de chaque côté. Les opinions des biblistes sont très divergentes à ce sujet. Beaucoup sont d’avis qu’il y avait deux séries d’anneaux et que ceux de la deuxième série, dans lesquels on introduisait les barres servant à porter l’autel, étaient directement fixés à l’extérieur de l’autel. On avait aussi fabriqué des ustensiles de cuivre : des récipients et des pelles pour les cendres, des bols pour recueillir le sang des animaux, des fourchettes pour la viande et des récipients à feu. — Ex 27:1-8 ; 38:1-7, 30 ; Nb 4:14.
L’autel de cuivre pour les holocaustes fut placé à l’entrée du tabernacle (Ex 40:6, 29). Bien qu’il fût relativement bas, ce qui n’exigeait donc pas de prévoir un moyen d’accès, il se peut qu’en vue de faciliter la manutention des sacrifices placés à l’intérieur de l’autel, on ait surélevé le sol tout autour ou prévu une rampe d’accès (voir Lv 9:22 où il est dit qu’Aaron “ descendit ” après avoir offert les sacrifices). Étant donné que l’animal offert en sacrifice était tué “ sur le côté de l’autel, au nord ” (Lv 1:11), que “ l’endroit des cendres grasses ” enlevées de l’autel se situait à l’E. (Lv 1:16) et que le bassin de cuivre pour l’ablution était à l’O. (Ex 30:18), le moyen d’accès à l’autel ne pouvait logiquement se trouver qu’au S., le côté dégagé.
L’autel de l’encens. L’autel de l’encens (également appelé “ l’autel d’or ” [Ex 39:38]) était lui aussi en acacia. La partie supérieure, recouverte d’or comme les côtés, était entourée d’une bordure d’or. Cet autel, qui mesurait 44,50 cm de côté et 89 cm de hauteur, comportait également des “ cornes ” faisant saillie aux quatre coins. Quatre anneaux d’or, deux de chaque côté, étaient fixés au-dessous de la bordure. On y introduisait les barres d’acacia recouvertes d’or qui servaient à porter l’autel (Ex 30:1-5 ; 37:25-28). Un encens spécial était brûlé deux fois par jour sur cet autel, le matin et le soir (Ex 30:7-9, 34-38). Comme en d’autres occasions il est question d’un encensoir ou d’un récipient à feu pour brûler de l’encens, on devait probablement utiliser aussi ces instruments dans le cadre du service à l’autel de l’encens (Lv 16:12, 13 ; Hé 9:4 ; Ré 8:5 ; voir aussi 2Ch 26:16, 19). Dans le tabernacle, l’autel de l’encens se trouvait juste devant le rideau du Très-Saint ; aussi est-il dit qu’il était “ devant l’arche du témoignage ”. — Ex 30:1, 6 ; 40:5, 26, 27.
Sanctification et usage des autels du tabernacle. Lors des cérémonies d’installation, les deux autels furent oints et sanctifiés (Ex 40:9, 10). À cette occasion, comme lorsqu’on offrit par la suite d’autres sacrifices pour le péché, une partie du sang de l’animal sacrifié fut mise sur les cornes de l’autel de l’holocauste et le reste fut versé à sa base (Ex 29:12 ; Lv 8:15 ; 9:8, 9). Vers la fin de la cérémonie d’installation, on aspergea d’une partie de l’huile d’onction et du sang qui était sur l’autel Aaron, ses fils et leurs vêtements dans le but de les sanctifier (Lv 8:30). En tout, il fallut sept jours pour sanctifier l’autel de l’holocauste (Ex 29:37). Pour les holocaustes, les sacrifices de communion et les sacrifices de culpabilité, on faisait l’aspersion du sang sur l’autel, alors que dans le cas de sacrifices d’oiseaux on faisait l’aspersion du sang ou on le vidait sur la paroi de l’autel (Lv 1:5-17 ; 3:2-5 ; 5:7-9 ; 7:2). On faisait fumer des offrandes de grain sur l’autel en “ odeur reposante ” pour Jéhovah (Lv 2:2-12). Le reste des offrandes de grain était mangé par le grand prêtre et par ses fils à côté de l’autel (Lv 10:12). Une fois par an, le jour des Propitiations, le grand prêtre purifiait l’autel et le sanctifiait en mettant une partie du sang des animaux sacrifiés sur les cornes de l’autel et en l’aspergeant de sang à sept reprises. — Lv 16:18, 19.
Chaque fois qu’un animal était sacrifié, on en faisait fumer des parties sur l’autel ; c’est pourquoi le feu sur l’autel devait être maintenu allumé ; il ne fallait pas le laisser s’éteindre (Lv 6:9-13). C’est de cet autel qu’on prenait du feu pour brûler de l’encens (Nb 16:46). Seuls Aaron et ceux de ses descendants qui n’avaient pas de tare étaient autorisés à servir à l’autel (Lv 21:21-23). Les autres Lévites n’étaient que des aides. Tout homme qui n’était pas de la semence d’Aaron et qui s’approchait devait être mis à mort (Nb 16:40 ; 18:1-7). Qorah et son assemblée furent détruits parce qu’ils ne reconnurent pas le choix opéré par Dieu ; les récipients à feu en cuivre qu’ils s’étaient procurés furent transformés en feuilles de métal dont on revêtit l’autel, en signe que seuls les descendants d’Aaron devaient s’en approcher. — Nb 16:1-11, 16-18, 36-40.
Une fois par an, on faisait aussi propitiation pour l’autel de l’encens en or, en mettant du sang de sacrifice sur ses cornes. On procédait de même en d’autres occasions, par exemple quand on offrait des sacrifices pour le péché en faveur des membres de la prêtrise. — Ex 30:10 ; Lv 4:7.
Lorsque les fils de Qehath les transportaient, l’autel de l’encens et l’autel des holocaustes étaient couverts, le premier d’une étoffe bleue et de peaux de phoques, le deuxième d’une étoffe de laine pourpre rougeâtre et de peaux de phoques. — Nb 4:11-14 ; voir TABERNACLE.
Les autels du temple. Avant l’inauguration du temple de Salomon, Israël se servait de l’autel de cuivre qui avait été fabriqué dans le désert pour offrir des sacrifices sur le haut lieu de Guibéôn (1R 3:4 ; 1Ch 16:39, 40 ; 21:29, 30 ; 2Ch 1:3-6). L’autel de cuivre qui fut ensuite fabriqué pour le temple couvrait une surface 16 fois plus grande que celle de l’autel du tabernacle ; il mesurait environ 8,90 m de côté et quelque 4,50 m de haut (2Ch 4:1). Étant donné sa hauteur, il fallait un moyen d’y accéder. Mais la loi de Dieu interdisait l’usage de degrés, pour que les prêtres ne risquent pas de montrer leur nudité (Ex 20:26). Certains pensent que les caleçons de lin portés par Aaron et ses fils permirent de contourner ce commandement, donc de faire des degrés (Ex 28:42, 43). Toutefois, il semble probable qu’on accédait par une rampe à l’autel de l’holocauste. D’après Josèphe (Guerre des Juifs, V, 225 [V, 6]), un tel moyen permettait d’accéder à l’autel du temple construit plus tard par Hérode. Si la disposition du temple était la même que celle du tabernacle, cette rampe se situait probablement au S. de l’autel. La “ mer en métal fondu ”, qui servait aux ablutions des prêtres, était en ce cas bien placée, car elle aussi se trouvait vers le S. (2Ch 4:2-5, 9, 10.) Pour le reste, l’autel du temple fut sans doute construit sur le modèle de celui du tabernacle, mais aucune description détaillée n’en est donnée.
Cet autel fut érigé sur le mont Moria, là où David avait auparavant bâti un autel provisoire (2S 24:21, 25 ; 1Ch 21:26 ; 2Ch 8:12 ; 15:8). Selon la tradition, c’est également en ce lieu qu’Abraham avait tenté d’offrir Isaac en sacrifice (Gn 22:2). Le sang des animaux sacrifiés se répandait au pied de l’autel où il devait certainement y avoir une sorte de conduit permettant l’écoulement du sang hors du temple. Dans le temple d’Hérode, un conduit de ce genre aurait été raccordé à la corne S.-O. de l’autel. On a également trouvé, creusée dans le rocher sur le site du temple, une ouverture qui communique avec un canal souterrain menant à la vallée du Qidrôn.
Dans le temple, l’autel de l’encens était en cèdre, ce qui semble être la seule différence avec celui du tabernacle. Il était également recouvert d’or. — 1R 6:20, 22 ; 7:48 ; 1Ch 28:18 ; 2Ch 4:19.
Lors de l’inauguration du temple, Salomon pria devant l’autel de l’holocauste ; quand il eut fini, du feu descendit du ciel et consuma les sacrifices qui se trouvaient sur l’autel (2Ch 6:12, 13 ; 7:1-3). Cet autel de cuivre avait beau couvrir une surface de plus de 79 m2, il s’avéra trop petit pour recevoir l’énorme quantité de sacrifices qu’on fit alors, si bien qu’on sanctifia une partie de la cour à cette fin. — 1R 8:62-64.
Pendant la dernière partie du règne de Salomon et sous les règnes de Rehabam et d’Abiyam, l’autel des holocaustes finit par être négligé, ce qui explique que le roi Asa jugea bon de le rénover (2Ch 15:8). Le roi Ouzziya fut frappé de la lèpre pour avoir tenté de brûler de l’encens sur l’autel de l’encens en or (2Ch 26:16-19). Le roi Ahaz mit sur le côté l’autel de l’holocauste en cuivre et le remplaça par un autel païen (2R 16:14). Son fils Hizqiya, en revanche, fit purifier, sanctifier et remettre en service l’autel de cuivre et ses ustensiles. — 2Ch 29:18-24, 27 ; voir TEMPLE.
Les autels après l’Exil. Quand les exilés revinrent à Jérusalem sous la conduite de Zorobabel et du grand prêtre Yéshoua, leur première action fut la construction de l’autel pour les holocaustes (Ezr 3:2-6). En temps voulu, ils fabriquèrent également un nouvel autel pour l’encens.
Antiochus Épiphane, roi de Syrie, enleva l’autel de l’encens en or et, deux ans après (168 av. n. è.), il dressa un autel sur le grand autel de Jéhovah et y offrit un sacrifice à Zeus (1 Maccabées 1:20-64). Plus tard, Judas Maccabée bâtit un nouvel autel avec des pierres brutes et rétablit également l’autel de l’encens. — 1 Maccabées 4:44-49.
Dans le temple d’Hérode, l’autel des holocaustes bâti avec des pierres brutes avait, selon Josèphe (Guerre des Juifs, V, 225 [V, 6]), 50 coudées de côté et 15 de haut. La Mishna (Midot III, 1), elle, donne des dimensions plus petites. C’est donc à cet autel que Jésus fit allusion (Mt 5:23, 24 ; 23:18-20). L’autel de l’encens de ce temple n’est pas décrit, mais Luc 1:11 montre qu’un ange se tenait debout à droite de cet autel quand il apparut à Zekaria, le père de Jean.
L’autel du temple d’Ézékiel. Dans sa vision du temple, Ézékiel vit l’autel des holocaustes à la même place que les autels précédents, devant le temple (Éz 40:47), mais il avait une forme différente. Il était constitué de plusieurs sections posées l’une sur l’autre, chacune étant en retrait par rapport à la précédente. Les dimensions en sont données selon la grande coudée (51,8 cm). La base de l’autel, d’une épaisseur d’une coudée, comportait tout autour, à son sommet, une “ lèvre ” d’un empan (peut-être 26 cm) tenant lieu de bordure, qui formait une sorte de gouttière ou de canal, peut-être pour recueillir le sang répandu (Éz 43:13, 14). Posée sur cette base, mais en retrait d’une coudée par rapport au bord extérieur de celle-ci, il y avait une deuxième partie haute de deux coudées (env. 1,04 m). Une troisième partie, en retrait d’une coudée, avait une hauteur de quatre coudées (env. 2,07 m). Elle était également entourée d’une bordure d’une demi-coudée (env. 26 cm) d’épaisseur, qui constituait peut-être un deuxième canal ou un rebord de protection. Enfin se dressait le foyer de l’autel, également haut de quatre coudées et en retrait d’une coudée par rapport à la partie immédiatement inférieure ; sur lui s’élevaient quatre “ cornes ”. À l’E. de l’autel, des marches permettaient d’accéder au foyer (Éz 43:14-17). Comme lors de la construction de l’autel dans le désert, sept jours de propitiation et d’installation devaient être observés (Éz 43:19-26). Chaque année, le premier jour de Nisan, il faudrait faire propitiation pour l’autel ainsi que pour tout le sanctuaire (Éz 45:18, 19). Ézékiel vit un fleuve, dont les eaux étaient pour la guérison, qui coulait du temple vers l’E., en passant au S. de l’autel. — Éz 47:1.
Dans cette vision, l’autel de l’encens n’est pas désigné nommément. Toutefois, la description de “ l’autel en bois ” d’Ézékiel 41:22, et surtout le fait qu’il est appelé “ la table qui est devant Jéhovah ”, indiquent que cet autel correspond à l’autel de l’encens plutôt qu’à la table des pains de proposition (voir Ex 30:6, 8 ; 40:5 ; Ré 8:3). Cet autel avait trois coudées (env. 1,55 m) de haut et probablement deux coudées (env. 1,04 m) de côté.
Autres autels. Comme après le déluge les habitants de la terre ne continuèrent pas à pratiquer le culte pur à l’exemple de Noé, de nombreux autels dédiés au faux culte furent construits. Des fouilles effectuées en Canaan, en Mésopotamie et ailleurs ont révélé que de tels autels furent érigés dès les temps les plus reculés. Ainsi, à trois endroits différents, Balaam fit bâtir chaque fois sept autels, lorsqu’il tenta en vain d’appeler la malédiction sur Israël. — Nb 22:40, 41 ; 23:4, 14, 29, 30.
Les Israélites reçurent l’ordre de démolir tous les autels païens ainsi que de détruire les colonnes et les poteaux sacrés qu’on dressait habituellement à côté (Ex 34:13 ; Dt 7:5, 6 ; 12:1-3). Jamais ils ne devaient en bâtir de semblables ni offrir leurs enfants en sacrifice en les faisant passer par le feu, comme les Cananéens (Dt 12:30, 31 ; 16:21). Au lieu d’une multitude d’autels, Israël devait avoir un seul autel pour adorer l’unique vrai Dieu, et cet autel serait placé à l’endroit que choisirait Jéhovah (Dt 12:2-6, 13, 14, 27 ; voir la différence avec Babylone, où 180 autels étaient consacrés rien qu’à la déesse Ishtar). Les Israélites reçurent d’abord pour instruction de construire un autel avec des pierres brutes après leur traversée du Jourdain (Dt 27:4-8), ce que fit Josué sur le mont Ébal (Jos 8:30-32). Après la répartition de la terre conquise, les tribus de Ruben, de Gad et la demi-tribu de Manassé bâtirent un autel bien visible, près du Jourdain. Cela jeta temporairement le trouble parmi les autres tribus, jusqu’à ce qu’on établisse qu’il ne s’agissait pas d’un acte d’apostasie, mais seulement d’un mémorial de fidélité à Jéhovah, le vrai Dieu. — Jos 22:10-34.
D’autres autels furent bâtis, mais vraisemblablement pour des occasions particulières, et non pour un usage permanent. C’était généralement lors de l’apparition d’un ange ou sur l’ordre de l’un d’eux. Citons, par exemple, l’autel qui fut bâti à Bokim et ceux que dressèrent Guidéôn et Manoah (Jg 2:1-5 ; 6:24-32 ; 13:15-23). Le récit concernant la construction d’un autel à Béthel par les Israélites, lorsqu’ils cherchaient à empêcher la disparition de la tribu de Benjamin, ne dit pas si cette construction fut approuvée par Dieu ou si, en l’occurrence, ils firent simplement ‘ ce qui était droit à leurs yeux ’. (Jg 21:4, 25.) En sa qualité de représentant de Dieu, Samuel offrit un sacrifice à Mitspa et bâtit un autel à Rama (1S 7:5, 9, 10, 17). C’était peut-être parce que la présence de Jéhovah n’était plus évidente au tabernacle de Shilo depuis que l’Arche en avait été ôtée. — 1S 4:4, 11 ; 6:19-21 ; 7:1, 2 ; voir aussi Ps 78:59-64.
Utilisation d’autels temporaires. En un certain nombre d’occasions, on bâtit des autels temporaires. Par exemple, Saül offrit un sacrifice à Guilgal et bâtit un autel à Ayyalôn (1S 13:7-12 ; 14:33-35). Dans le premier cas, il fut condamné pour n’avoir pas attendu Samuel, qui devait se charger du sacrifice, mais il n’est pas précisé si le choix des lieux de sacrifice était bon ou non.
Afin d’expliquer son absence à la table de Saül le jour de la nouvelle lune, David demanda à Yonathân de dire à son père qu’il assistait à un sacrifice annuel pour toute sa famille à Bethléhem. Néanmoins, compte tenu qu’il s’agissait d’un subterfuge, on ne sait si un tel sacrifice fut réellement offert (1S 20:6, 28, 29). Plus tard, devenu roi, David bâtit un autel sur l’aire de battage d’Arauna (Ornân), mais ce fut sur l’ordre de Jéhovah (2S 24:18-25 ; 1Ch 21:18-26 ; 22:1). Quand il est dit, en 1 Rois 9:25, que Salomon ‘ offrait des sacrifices sur l’autel ’, il faut évidemment entendre qu’il faisait offrir ces sacrifices par la prêtrise habilitée à cela. — Voir aussi 2Ch 8:12-15.
Une fois le temple de Jérusalem construit, il apparaît que l’autel fut désormais vraiment dressé ‘ au lieu que Jéhovah avait choisi et c’est là que les Israélites devaient venir ’. (Dt 12:5.) À l’exception de l’autel qu’Éliya utilisa sur le mont Carmel lors de l’épreuve par le feu avec les prêtres de Baal (1R 18:26-35), tous les autres autels furent à partir de ce jour bâtis par les apostats. Salomon lui-même, influencé par ses femmes étrangères, fut le premier à se rendre coupable d’une telle apostasie (1R 11:3-8). Yarobam, roi du royaume du Nord qui venait d’être constitué, s’efforça de détourner ses sujets du temple de Jérusalem en érigeant des autels à Béthel et à Dân (1R 12:28-33). Alors, un prophète annonça que sous le règne de Yoshiya, roi de Juda, les prêtres qui officieraient à l’autel de Béthel seraient tués sur cet autel et que des ossements d’hommes morts seraient brûlés dessus. En guise de présage, l’autel se fendit. Quant à la prophétie, elle se réalisa entièrement par la suite. — 1R 13:1-5 ; 2R 23:15-20 ; voir aussi Am 3:14.
Au cours du règne d’Ahab sur Israël, les autels païens se multiplièrent (1R 16:31-33). Aux jours d’Ahaz, roi de Juda, il y avait “ des autels à tous les coins de Jérusalem ” ainsi que sur de nombreux “ hauts lieux ”. (2Ch 28:24, 25.) Manassé alla jusqu’à bâtir des autels dans la maison de Jéhovah et d’autres, pour adorer “ l’armée des cieux ”, dans les cours du temple. — 2R 21:3-5.
Bien que, périodiquement, des rois fidèles aient démoli ces autels utilisés à des fins idolâtriques (2R 11:18 ; 23:12, 20 ; 2Ch 14:3 ; 30:14 ; 31:1 ; 34:4-7), Jérémie était encore fondé à dire avant la chute de Jérusalem : “ Tes dieux sont devenus aussi nombreux que tes villes, ô Juda ; et vous avez mis pour la chose honteuse des autels aussi nombreux que les rues de Jérusalem, des autels pour faire de la fumée sacrificielle pour Baal. ” — Jr 11:13.
Pendant l’Exil et à l’époque des apôtres. D’après les papyrus d’Éléphantine, les Juifs qui, au moment de l’Exil, s’étaient enfuis à Éléphantine, en Haute-Égypte, bâtirent un temple et un autel ; et quelques siècles plus tard des Juifs firent de même près de Léontopolis (Antiquités judaïques, XIII, 62-68 [III, 1] ; Guerre des Juifs, VII, 420-432 [X, 2, 3]). Le temple et l’autel de Léontopolis furent bâtis par le prêtre Onias, qui voulait accomplir ainsi Isaïe 19:19, 20.
Au début de n. è., quand l’apôtre Paul s’adressa aux Athéniens, il parla d’un autel sur lequel était écrit : “ À un Dieu inconnu. ” (Ac 17:23). De nombreux faits historiques confirment ces paroles. Par exemple, Apollonius de Tyane, qui visita Athènes quelque temps après Paul, aurait déclaré : “ Il est plus sage de respecter tous les [d]ieux, et surtout à Athènes, où il y a des autels élevés même aux [d]ieux inconnus. ” (Philostrate, Apollonius de Tyane, sa vie, ses voyages, ses prodiges, par A. Chassang, Paris, 1862, p. 234). Au IIe siècle, le géographe Pausanias rapporta avoir vu sur la route qui conduisait du port de la baie de Phalère à la ville d’Athènes “ des autels des dieux que l’on appelle Dieux Inconnus, [et] des autels de héros ”.(Description de la Grèce, L’Attique, 1.4.) Il parle aussi d’un “ autel des Dieux inconnus ” à Olympie (Description de la Grèce, traduit par M. Clavier, Paris, 1820, Élide I, XIV, tome troisième, p. 104). En 1909, on a découvert un autel semblable à Pergame, dans l’enceinte du temple de Déméter.
Signification des autels. Aux chapitres 8 et 9 de sa lettre aux Hébreux, l’apôtre Paul stipule clairement que tous les aspects du service au tabernacle et au temple étaient typiques (Hé 8:5 ; 9:23). Les Écritures grecques chrétiennes indiquent clairement la signification des deux autels. L’autel des holocaustes représente la “ volonté ” de Dieu, c’est-à-dire sa “ volonté ” d’accepter le sacrifice humain parfait de son Fils unique-engendré (Hé 10:5-10). Son emplacement, devant l’entrée du sanctuaire, souligne que la foi en ce sacrifice rédempteur est une condition préalable requise pour être accepté par Dieu (Jn 3:16-18). L’exigence d’avoir un seul autel des sacrifices s’harmonise avec cette déclaration de Christ : “ Je suis le chemin, et la vérité, et la vie. Personne ne vient vers le Père sinon par moi ”, ainsi qu’avec les nombreux textes affirmant que l’unité devait être manifeste dans la foi chrétienne. — Jn 14:6 ; Mt 7:13, 14 ; 1Co 1:10-13 ; Ép 4:3-6 ; noter aussi la prophétie d’Isaïe, en Is 56:7 ; 60:7, selon laquelle des gens de toutes les nations viendraient vers l’autel de Dieu.
Il est à remarquer que, même si certains se réfugiaient auprès de l’autel et en saisissaient les cornes dans l’espoir d’être protégés, Dieu prescrivait dans sa loi qu’on devait prendre un meurtrier volontaire ‘ même d’auprès de son autel, pour qu’il meure ’. (Ex 21:14 ; voir aussi 1R 1:50-53 ; 2:28-34.) Le psalmiste chantait : “ Je laverai mes mains dans l’innocence, et je veux marcher autour de ton autel, ô Jéhovah. ” — Ps 26:6.
Bien que de prétendus chrétiens se fondent sur Hébreux 13:10 pour ériger des autels au sens propre, le contexte montre que l’“ autel ” dont parle Paul n’est pas matériel, mais symbolique (Hé 13:10-16). La Cyclopædia de J. M’Clintock et J. Strong (1882, vol. I, p. 183) déclare à propos des premiers chrétiens : “ Quand on reprochait aux anciens apologistes de n’avoir ni temples, ni autels, ni sanctuaires, ils se contentaient de répondre : ‘ Sanctuaires et autels nous n’avons pas. ’ ” Commentant Hébreux 13:10, Word Studies in the New Testament de M. Vincent (1957, vol. IV, p. 567) dit : “ C’est une erreur que d’essayer de trouver dans le système chrétien quelque objet spécifique correspondant à un autel — la croix, la table eucharistique ou le Christ lui-même. Ce sont plutôt les notions d’accès auprès de Dieu — sacrifice, propitiation, pardon et acceptation, salut — qui sont réunies et généralement représentées sous l’image d’un autel, de même que l’autel juif était le point de convergence de toutes ces idées. ” Les prophètes hébreux condamnèrent sévèrement la multiplication des autels (Is 17:7, 8). Hoshéa rapporta qu’Éphraïm ‘ avait multiplié les autels pour pécher ’ (Ho 8:11 ; 10:1, 2, 8 ; 12:11) ; Jérémie déclara que le péché de Juda était gravé “ sur les cornes de leurs autels ” (Jr 17:1, 2) ; et Ézékiel prédit le massacre des faux adorateurs “ tout autour de leurs autels ”. — Éz 6:4-6, 13.
Certaines prophéties associent également des expressions du jugement divin au véritable autel (Is 6:5-12 ; Éz 9:2 ; Am 9:1). C’est de l’autel, “ sous l’autel ”, que les âmes de ceux qui ont été tués pour avoir rendu témoignage à Dieu crient symboliquement : “ Jusqu’à quand, Souverain Seigneur saint et véridique, te retiens-tu de juger et de venger notre sang sur ceux qui habitent sur la terre ? ” — Ré 6:9, 10 ; voir aussi 8:5 ; 11:1 ; 16:7.
En Révélation 8:3, 4, l’autel de l’encens en or est expressément rattaché aux prières des justes. Les Juifs avaient coutume de prier à “ l’heure de l’offrande de l’encens ”. (Lc 1:9, 10 ; voir aussi Ps 141:2.) D’autre part, l’unique autel destiné à offrir de l’encens correspond au seul moyen d’accéder auprès de Dieu mis en évidence dans les Écritures grecques chrétiennes. — Jn 10:9 ; 14:6 ; 16:23 ; Ép 2:18-22 ; voir SACRIFICES, OFFRANDES.