10. Au I^er siècle, comment la vigilance des chrétiens de Judée leur a-​t-​elle sauvé la vie?

¹⁰ Dans l’attente de la présence de Jésus Christ et de la venue de son Royaume, les disciples devaient demeurer aux aguets. C’est grâce à cette vigilance que les chrétiens de Judée ont pu reconnaître le signe que Jésus leur avait donné pour les avertir de la destruction de Jérusalem (Luc 21:20-24). Quand Cestius Gallus a investi la ville en l’an 66, les disciples qui se tenaient sur le qui-vive étaient prêts à tirer parti de sa retraite aussi inattendue qu’inexplicable pour fuir la ville et le reste de la Judée. À en croire Hégésippe, Eusèbe et Épiphane, des historiens de l’Église primitive, les chrétiens de Judée se sont réfugiés à Pella, de l’autre côté du Jourdain. S’ils n’avaient pas été aussi éveillés sur le plan spirituel, ils auraient perdu leur vie ou leur liberté en 70, quand les armées romaines sont revenues sous la conduite du général Titus pour raser Jérusalem. Point n’est besoin de dire qu’ils ont dû se féliciter d’être restés sur leurs gardes!

¹² Il importait que les disciples gardent les yeux fixés sur la parousie. Jour après jour ils devaient vivre dans l’expectative de la “présence” du Christ. À ce sujet Ernst Benz, un professeur d’histoire ecclésiastique, écrivait: “Par leur urgence, les ‘fins dernières’ constituaient une préoccupation première pour les fidèles de l’Église primitive. L’essence même de la foi et de l’espérance des chrétiens résidait dans le Royaume de Dieu, qui était encore à venir.” Même si ce Royaume n’était pas instauré de leur vivant, leur attente avait l’avantage de les protéger de la somnolence spirituelle et des attraits du monde dirigé par Satan. — I Jean 2:15-17.

19, 20. a) Quel groupe est apparu dans les années 1870? Pourquoi s’est-​il séparé des autres? b) Depuis lors, quel a été son organe officiel? Comment ce périodique a-​t-​il aidé un nombre sans cesse croissant de vrais chrétiens?

¹⁹ Parmi les groupements dits “hérétiques” qui guettaient le signe du retour du Christ dans le dernier tiers du XIX^e siècle figurait un cercle d’étude de la Bible présidé par Charles Russell à Pittsburgh, aux États-Unis. Russell écrira: “Les années 1870 à 1875 ont été marquées par un progrès constant dans la grâce, dans la connaissance et dans l’amour de Dieu et de sa Parole (...). Cependant, à l’époque, nous commencions seulement à découvrir les grandes lignes du plan divin et à désapprendre nombre d’erreurs auxquelles nous étions attachés depuis fort longtemps (...). Nous avons été profondément peinés par l’erreur des adventistes, qui s’attendent à ce que le Christ revienne dans la chair.”

²⁰ Russell et ses compagnons ont compris très rapidement que la présence du Christ serait invisible. Ils se sont donc séparés de tous les autres mouvements. En 1879 ils ont commencé à répandre autour d’eux la nourriture spirituelle en publiant la revue intitulée Le Phare de la Tour de Sion, Messager de la présence de Christ. Dès sa première année, à l’aide de calculs solidement fondés sur la chronologie des Écritures, ce périodique a présenté 1914 comme une date marquée. Quand donc la présence invisible du Christ a effectivement commencé, en 1914, ces chrétiens se sont grandement réjouis d’avoir été trouvés “en train de veiller”. Depuis plus d’un siècle, le périodique précité, qui s’intitule à présent La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah, a aidé de plus en plus de vrais chrétiens à ‘continuer à guetter’ et à ‘se tenir éveillés’. (Marc 13:33.) Nous allons voir comment dans l’article suivant.

“Aux aguets” — pourquoi?

 3. Pourquoi les disciples du Christ doivent-​ils se soucier du temps?

³ Une étude approfondie des prophéties de la Bible relatives aux “fins dernières du monde et de l’homme” nous apprendra ce que les chrétiens devaient ‘guetter’. En premier lieu, il leur fallait garder présent à l’esprit le facteur temps, car le Christ avait parlé d’un “temps fixé” que son Père était le seul à connaître (Marc 13:32, 33). Dans le même ordre d’idées, Jésus avait dit à ses disciples que Jérusalem serait “foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que les temps fixés des nations [ou “des Gentils”] soient accomplis”. (Luc 21:24.) De toute évidence, ce renseignement avait pour but de les aider à reconnaître le temps de la fin, car il fait partie de la réponse que Jésus a fournie à la question suivante: “Enseignant, quand donc ces choses auront-​elles lieu, et quel sera le signe quand ces choses seront destinées à arriver?” — Luc 21:7.

 4. Quel “signe” les chrétiens devaient-​ils guetter?

⁴ Outre la chronologie, les disciples devaient être à l’affût du “signe” qu’ils avaient réclamé, “signe” dont il est également question en Matthieu 24:3 et en Marc 13:4. Ce signe complexe qui se composerait notamment de guerres internationales, de famines, de tremblements de terre, de pestes et de persécutions visant les vrais chrétiens coïnciderait avec l’accomplissement des prophéties chronologiques afin d’identifier une “génération” marquée, celle qui ‘ne passerait pas que toutes les choses prédites pour le temps de la fin ne soient arrivées’. — Luc 21:10-12, 32.

 5. En quel sens Jésus serait-​il avec ses vrais disciples tout au long des siècles? Sa “présence” ne signifierait-​elle rien de plus?

⁵ Parallèlement à la “conclusion du système de choses”, de quels événements importants ce signe témoignerait-​il? Les disciples de Jésus lui avaient aussi demandé: “Quel sera le signe de ta présence [en grec parousia]?” (Matthieu 24:3). Mais en quel sens Jésus serait-​il ‘présent’? Pas seulement en se tenant, par l’esprit, aux côtés de ses vrais disciples quand ils se rassemblent ou quand ils enseignent; en effet, Jésus avait promis qu’il les soutiendrait de cette façon tout au long des siècles (Matthieu 18:20; 28:18-20). D’ailleurs, les théologiens de la chrétienté eux-​mêmes admettent que le mot “présence” s’est chargé d’un sens spécial. Voici ce qu’on peut lire à ce sujet dans un ouvrage de référence (The New International Dictionary of New Testament Theology): “Le mot parousia se rattache maintenant, pour l’Église, à l’attente de l’apparition du Christ à la fin de l’âge.” Effectivement, l’ensemble des Écritures grecques chrétiennes exhortent les disciples à attendre la présence du Christ. — Matthieu 24:3, 27, 37, 39; Jacques 5:7, 8; II Pierre 3:3, 4; I Jean 2:28; Révélation 1:7; 22:7.

 6. a) Que signifierait la présence du Christ pour ce système de choses méchant? b) Quel effet la présence de Jésus aurait-​elle sur les chrétiens oints qui seraient morts fidèles et sur ceux qui seraient encore en vie?

⁶ La présence de Jésus ne signifierait rien de moins que “la conclusion du système de choses”. (Matthieu 24:3; Marc 13:4.) Autrement dit, quand “cette présence” deviendrait réalité, l’actuel système méchant entrerait dans ses “derniers jours”, dans le “temps de la fin”. (Daniel 12:4, 9; II Timothée 3:1-5.) Pour sa part, le Christ aurait reçu de son Père l’ordre d’exercer son pouvoir royal sur la terre, ‘au milieu de ses ennemis’. (Psaume 110:2; 2:6-9; Révélation 11:15-18.) Avant de juger le monde en général, il inspecterait sa propre congrégation et ressusciterait les chrétiens revêtus de l’onction qui seraient morts fidèles (I Corinthiens 15:21, 23; I Thessaloniciens 2:19; 3:13; 4:13-17; II Thessaloniciens 2:1). Quant aux oints qui se trouveraient encore ici-bas et qui s’acquitteraient de la mission de l’“esclave” en demeurant spirituellement éveillés et en distribuant la “nourriture” spirituelle “en temps voulu”, il les établirait “sur tout son avoir”, sur les intérêts terrestres de son Royaume (Matthieu 24:45-47; Luc 12:42-44). Cet “esclave fidèle et avisé” devrait alors lancer et diriger une œuvre mondiale qui consisterait à prêcher “cette bonne nouvelle du royaume” avant que vienne “la fin”. — Matthieu 24:14.

 7. Au cours de la présence du Christ, quel autre signe les chrétiens devaient-​ils guetter? Pourquoi continueraient-​ils à prier pour que le Royaume de Dieu “vienne”?

⁷ Il importait que les vrais chrétiens restent dans l’attente de tous ces phénomènes pour savoir quand commencerait la “présence” du Christ et la “conclusion du système de choses”. Toutefois, même pendant le “temps de la fin” il leur faudrait se tenir à l’affût du “signe du Fils de l’homme”, du jour où Jésus ‘viendrait’ pour exécuter le jugement divin contre le système de choses dirigé par le Diable (Matthieu 24:30, 44; Marc 13:26, 35; Luc 12:40; 21:27; II Thessaloniciens 1:7-10). Le Christ aurait beau être ‘présent’ dans un Royaume déjà établi, il serait encore nécessaire que ce Royaume et lui-​même ‘viennent’ pour ‘écraser et mettre fin’ aux nations et aux royaumes du monde de Satan (Daniel 2:44). Voilà pourquoi, après avoir décrit les divers éléments du “signe” de sa présence, le Christ a ajouté: “Quand vous verrez arriver ces choses, sachez que le royaume de Dieu est proche.” (Luc 21:31). Dès lors, même au cours de la présence du Christ, les chrétiens continueraient à prier pour la ‘venue’ du Royaume de Dieu. Ils auraient toujours besoin de ‘guetter’ et de ‘se tenir éveillés’ jusqu’au temps fixé pour “la fin” et pour leur “délivrance”. — Marc 13:7, 29, 32-37; Luc 21:9, 28.

Qui s’est montré vigilant?

 8. Récapitulez les choses que les chrétiens devaient guetter.

⁸ Comme nous venons de le voir, les chrétiens étaient tenus de demeurer dans l’expectative du terme des “temps fixés des nations”. Il fallait qu’ils guettent le ‘signe de la présence du Christ et de la conclusion du système de choses’. Ils devaient s’attendre à la résurrection des disciples oints qui s’étaient montrés fidèles jusqu’à la mort, ainsi qu’à une identification claire de l’“esclave fidèle et avisé” qui serait établi sur l’avoir terrestre du Royaume du Christ. Par la suite, cet “esclave” continuerait à dispenser la nourriture spirituelle tout en donnant l’exemple pour ce qui est de prêcher “cette bonne nouvelle du royaume (...) par toute la terre habitée” avant “la fin”. Quant au “signe du Fils de l’homme”, il apparaîtrait lorsque Jésus ‘viendrait’ pour détruire le système de choses méchant qui gît au pouvoir de Satan.

 9. D’après les faits, qui guettait la fin des “temps fixés des nations”? Comment Le Phare de la Tour de Sion a-​t-​il aidé les chrétiens à rester spirituellement éveillés?

⁹ Qui est vraiment resté “aux aguets” sous ce rapport? Dès 1876, à Pittsburgh (États-Unis), Charles Russell guettait attentivement la fin des “temps fixés des nations” ou “temps des Gentils”. (Crampon 1905.) Cette année-​là, dans un article intitulé “Les temps des Gentils — Quand arrivent-​ils à leur terme?” il déclarait: “Les sept temps prendront fin en 1914.” À partir de 1880, cette annonce a été reprise dans les pages du Phare de la Tour de Sion. Voici ce qu’on pouvait lire dans le numéro de mars 1880 (angl.): “‘Les temps des Gentils’ dureront jusqu’en 1914, et le royaume céleste n’exercera pas pleinement son pouvoir d’ici là.” Certes, les Étudiants de la Bible qui ont écrit ces articles ne comprenaient pas la signification réelle de l’achèvement des “temps fixés des nations” aussi nettement que nous la comprenons aujourd’hui, à la lumière des Écritures et de l’Histoireb. Toujours est-​il qu’ils se tenaient “aux aguets” et qu’ils aidaient leurs compagnons chrétiens à rester spirituellement éveillés.

16. a) En Marc 13:32, Jésus voulait-​il dire que nous ne devrions pas nous intéresser à l’époque où la fin viendra? b) Quel “signe” est déjà présent? Quel autre “signe” attendons-​nous?

¹⁶ Jésus ayant dit très nettement que nul ne pouvait connaître le “jour” et l’“heure” où son Père lui ordonnerait de ‘venir’ pour anéantir le système de choses soumis à la domination du Diable, d’aucuns se demanderont peut-être: ‘Est-​il vraiment si important de rester dans l’attente de la fin?’ Nous pouvons répondre par l’affirmative, car presque aussitôt après le Christ a ajouté: “Continuez à guetter, tenez-​vous éveillés, (...) restez donc aux aguets.” (Marc 13:32-35). Le “signe” de la parousie de Jésus est là depuis 1914. Maintenant nous attendons le “signe du Fils de l’homme”, le jour où le Christ ‘viendra’ pour exécuter le jugement de Jéhovah.

17, 18. a) Pourquoi Jésus a-​t-​il ordonné aux chrétiens du I^er siècle de fuir Jérusalem dès qu’ils apercevraient le signe avant-coureur de sa destruction? b) Pourquoi serait-​il dangereux de minimiser l’urgence de notre temps?

¹⁷ Au I^er siècle, lorsque Jésus a donné à ses disciples de Judée un signe grâce auquel ils sauraient que l’heure était venue de quitter Jérusalem, il a insisté sur la nécessité d’agir sur-le-champ (Luc 21:20-23). Étant donné que près de quatre ans se sont écoulés entre l’apparition du signe en 66 et la destruction de Jérusalem en 70, pourquoi s’est-​il montré si pressant? Parce qu’il savait très bien que si les chrétiens commençaient à tarder tant soit peu, ils risquaient fort de repousser continuellement leur départ et d’être finalement surpris par les armées romaines.

¹⁸ De même aujourd’hui, il serait extrêmement dangereux pour un chrétien de se chercher des excuses pour minimiser l’urgence des temps et pour adopter une “vitesse de croisière”, ce qui laisserait entendre qu’il doute de la proximité de la fin.

19. Quels avertissements Jésus et Pierre ont-​ils formulés?

¹⁹ La parousie ou présence du Christ a déjà plus de 70 ans, et sa ‘venue’ au “jour” que Jéhovah a fixé pour détruire le monde de Satan approche à grands pas. Ainsi que l’apôtre Pierre nous en a prévenus, ce jour-​là “viendra comme un voleur”, de sorte que nous devrions ‘attendre et ne jamais oublier la présence du jour de Jéhovah’. (II Pierre 3:10-12.) Jésus nous a lui-​même adressé cet avertissement: “Prenez garde à vous-​mêmes, de peur que vos cœurs ne s’alourdissent dans les excès de table, les excès de boisson et les inquiétudes de la vie, et que soudain ce jour-​là ne soit tout de suite sur vous, comme un piège (...). Tenez-​vous donc éveillés.” — Luc 21:34-36.

20. De quoi devrions-​nous être reconnaissants? Comment l’attente chrétienne de la fin nous sauvegardera-​t-​elle?

²⁰ Si nous sommes Témoins de Jéhovah, nous avons tout lieu d’être reconnaissants de ce que l’“esclave” fidèle et vigilant nous ait aidés à nous tenir éveillés. En effet, l’attente chrétienne de la fin nous sauvegardera pendant ces “derniers jours” pleins d’embûches et nous incitera à prêcher la “bonne nouvelle du royaume” avec zèle. Ce faisant, nous engagerons nos semblables à rester eux-​mêmes “aux aguets” pour connaître un nouveau système où “la justice doit habiter”. — II Timothée 3:1-5; Matthieu 24:14; II Pierre 3:13.