Questions de lecteurs
• Dans l’article principal de La Tour de Garde du 15 janvier 1955 il est question d’un témoin de Jéhovah qui, pendant des années, n’adressa pas la parole à un autre témoin du même groupe par suite d’une offense personnelle. Cette attitude, est-il dit, prouve un manque d’amour pour son prochain. Mais ne pourrait-elle pas être considérée comme une application justifiée du conseil de Matthieu 18:15-17 ? — A. M., Canada.
Non ! On ne saurait admettre que ce texte conseille de laisser s’écouler une si longue période pendant laquelle deux membres d’un groupe ne se parlent pas et s’évitent à cause d’une divergence d’opinion ou d’un malentendu. Cela serait en contradiction avec ce qu’exige l’amour.
Dans Matthieu 18:15-17 (NW) il est écrit : “ En outre, si ton frère commet un péché, va, expose sa faute entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. Mais s’il ne t’écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes, pour que, par la bouche de deux ou trois témoins, soit réglée toute l’affaire. S’il ne veut pas les écouter, dis-le à l’assemblée. S’il ne veut pas écouter l’assemblée non plus, qu’il te soit comme un homme des nations et comme un percepteur. ”
Comment pourrions-nous admettre que ce texte signifie que nous devrions garder rancune pendant des jours, des semaines et même des années, alors qu’il nous est dit textuellement : “ Que le soleil ne se couche pas sur votre colère ”, mais “ pardonnez-vous réciproquement ” ? L’amour “ ne soupçonne point le mal ”. “ Ayez les uns pour les autres un ardent (amour, car l’amour, La) couvre une multitude de péchés. ” Et Jésus dit : “ Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ! Je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d’être puni par les juges. ” Nous ne pouvons concevoir que la Parole de Dieu recommande à des membres d’un groupe de s’ignorer constamment, de se combattre, créant ainsi la discorde au sein du groupe et troublant son unité. — Éph. 4:26, 32 ; I Cor. 13:5 ; I Pi. 4:8 ; Mat. 5:7, 22-24.
Jéhovah préservera l’unité et l’esprit d’amour au sein de son assemblée et il fera en sorte qu’en soit éliminé quiconque trouble sans cesse l’unité et suscite des scissions. Dans certains cas les membres d’un groupe doivent cesser de s’entretenir avec d’autres et de se lier à eux, on ne le fera toutefois pas pour de simples divergences personnelles ne revêtant aucune importance pour le groupe, mais pour de sérieuses raisons. Les frères devaient se séparer de ceux qui menaient une vie déréglée, de ceux qui créaient des différends et s’opposaient à la vérité. Les assemblées devaient éloigner de leur sein les personnes impures : “ Ce que je vous ai écrit, c’est de ne pas avoir des relations avec quelqu’un qui, se nommant frère, est impudique, ou cupide, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur. ” (I Cor. 5:11 ; Actes 19:9 ; II Thess. 3:6). Des frères sont exclus de l’assemblée pour de tels délits et traités comme “ un homme des nations ”, mais non pas à cause de fautes insignifiantes. Il faut pardonner ces choses secondaires, les couvrir avec amour, les éliminer avec miséricorde et non pas en tenir compte si longtemps que le soleil se couche sur votre colère.
Nous devons par conséquent en déduire que le péché mentionné dans Matthieu 18:15-17 est un péché grave qu’il faut faire cesser. Si cela est impossible on exclura le coupable de l’assemblée. Si les frères mûrs du groupe n’arrivent pas à faire comprendre au coupable la grave erreur qu’il a commise et à lui faire abandonner ses mauvaises actions, le cas revêt une telle importance qu’il doit être exposé au comité du groupe afin qu’il agisse. Si le comité n’arrive pas à amener le pécheur à se repentir et à s’amender, il faut l’exclure de l’assemblée afin que la pureté et l’unité de l’assemblée chrétienne soient sauvegardées. Si le coupable est méchant au point qu’un frère l’évite, il mérite d’être traité de même par tout le groupe. S’il s’agit d’une chose futile, elle devrait être clarifiée et tous devraient s’unir par amour dans le service, mettant ainsi fin au sein du groupe à toute hostilité personnelle insensée. Si ce texte ne se rapportait qu’à une chose personnelle ne constituant pas de péché grave, un frère n’adressant plus la parole à un autre mais tous deux restant dans le groupe, Jésus n’aurait certainement pas dit qu’il fallait considérer l’autre comme “ un homme des nations et comme un percepteur ”. Ils devaient continuer à se considérer non comme des gens du dehors mais comme des frères dans le groupe, même s’ils ne se parlaient pas. La réprimande à l’égard de l’offenseur qui ne se repent pas est trop grave pour pouvoir signifier autre chose que l’exclusion, et, comme aucun frère ne peut exclure un autre de l’assemblée, ce qui pourrait être considéré comme une exclusion personnelle, l’exclusion d’une personne doit être prononcée par le groupe.
En s’exprimant de la sorte Jésus n’a pas voulu ouvrir la voie à la division dans un groupe, division provoquée par des querelles personnelles internes créant une atmosphère lourde et tendue. Ce texte ne peut donc être utilisé pour justifier l’attitude consistant pour des personnes à refuser de s’adresser la parole au sein de l’assemblée chrétienne. La position prise par La Tour de Garde sur ce point, position mentionnée par le questionneur, garde ainsi toute sa force.