Chapitre 18
Les conséquences du rejet du Berger-Chef de Dieu
1. Pourquoi n’est-il pas surprenant que Jéhovah compare à des bergers les chefs de la terre?
LE PLUS grand de tous les souverains s’est souvent comparé à un berger. Prenez, par exemple, les belles images dont il use dans le passage que voici, images qui expriment la tendresse dont il entourerait son peuple exilé le jour où il le ramènerait au pays: “Voici que le Souverain Seigneur Jéhovah viendra lui-même comme un fort, et son bras dominera pour lui. Voici, avec lui est sa récompense, et devant lui est le salaire qu’il paie. Comme un berger, il fera paître son troupeau. De son bras il rassemblera les agneaux; et il les portera dans son sein. Il conduira avec soin celles qui allaitent.” (Ésaïe 40:10, 11). Il n’est donc pas étonnant que le Souverain Maître de tout l’univers compare à des bergers les petits souverains de la terre.
2. À quoi Jéhovah compara-t-il certains souverains éminents? À quoi compara-t-il également le reste libéré du joug babylonien?
2 Certains de ces chefs, Dieu les compara à des arbres de haute taille, en raison de leur importance. Ainsi, Jéhovah représenta le pharaon de l’ancienne Égypte sous le symbole d’un arbre majestueux (Ézéchiel 31:1-18). Même les membres du reste exilé, ceux qu’il devait libérer du joug de la Babylone symbolique et ramener au pays par l’entremise de son Messie ou Oint, Dieu les désigna sous l’image des arbres. En témoigne le passage où Jéhovah parle du mandat qu’il a confié au Messie, chargé de “consoler tous ceux qui sont dans le deuil; (...) assigner à ceux qui sont dans le deuil au sujet de Sion, (...) leur donner une coiffure au lieu de cendre, l’huile d’exultation au lieu du deuil, le manteau de louange au lieu de l’esprit déprimé; et on devra les appeler grands arbres de justice, la plantation de Jéhovah, pour qu’il soit embelli”. — Ésaïe 61:1-3.
3-4. a) Quel contraste Zacharie établit-il entre ces “grands arbres de justice” et les “arbres” de ce monde? b) Selon Zacharie 11:1-3, pourquoi y aura-t-il des hurlements et des rugissements?
3 Au chapitre 10 de la prophétie de Zacharie, versets 3 à 12 Za 10:3-12, il est fait allusion à ces symboliques “grands arbres de justice, la plantation de Jéhovah”. Mais qu’il est grand, le contraste que le prophète établit à présent entre ceux-là et les arbres symboliques qui couronnent les hauteurs de notre monde d’oppression! Au temps de Zacharie, les magnifiques montagnes du Liban étaient couvertes de cèdres (les célèbres cèdres du Liban) et d’autres arbres à feuilles persistantes. Il est triste de penser que de si belles forêts devaient être livrées à des flammes invincibles. Il y a là de quoi vous faire “hurler”. Or, bientôt le monde va pousser des hurlements de ce genre. En effet, le chapitre 11 de Zacharie, qui apparaît un peu comme la suite du Za chapitre 10, s’ouvre sur l’ordre divin de faire entendre de tels hurlements. Nous citons:
4 “Ouvre tes portes, ô Liban, pour qu’un feu dévore parmi tes cèdres. Hurle, ô genévrier, car le cèdre est tombé; parce que les majestueux eux-mêmes ont été spoliés! Hurlez, arbres massifs de Basan, car elle est à bas, la forêt impénétrable! Écoute! le hurlement des bergers, car leur majesté a été spoliée. Écoute! le rugissement des jeunes lions à crinière, car les orgueilleux fourrés sur les bords du Jourdain ont été spoliés.” — Zacharie 11:1-3.
5. Quand flamberont ces plantations d’arbres symboliques et qui poussera alors des hurlements?
5 Aucune porte pare-feu n’est prévue pour le Liban. Lorsque sonnera l’heure fixée par Jéhovah, celle où le feu dévorant qui doit sortir de lui se mettra à flamber dans ce pays majestueux, les portes du Liban symboliques s’ouvriront sur son ordre et livreront passage aux flammes. Oui, les énormes cèdres du Liban périront dans l’incendie divinement allumé, d’où les hurlements que pousseront les genévriers, leurs compagnons. Si massif que soit l’arbre, il ne résistera pas à l’action d’un tel embrasement. C’est pourquoi des hurlements se feront entendre dans les forêts impénétrables des arbres massifs du haut plateau de Basan, à l’est du Jourdain et de la mer de Galilée. Ceux-là aussi, en effet, seront consumés dans l’incendie universel qui fera rage lors de la “grande tribulation”, la plus grande de toutes. Cette époque-là sera celle où hurleront les bergers-chefs.
6. Pourquoi les bergers-chefs rugiront-ils de consternation?
6 Si nous écoutons avec foi le clair message des prophéties, nous entendrons le hurlement des bergers-chefs du présent monde. Dans la “guerre du grand jour de Dieu le Tout-Puissant”, celle qui se déroulera sur le champ de bataille d’Har-Maguédon, ils se verront spoliés de tout ce qui fait la majesté de leur apparence et de leur fonction (Révélation 16:14-16). Ils sont représentés ici sous l’image des arbres majestueux du Liban et des arbres massifs de Basan. Ils sont également figurés par les “jeunes lions à crinière”. De même que les jeunes lions à crinière qui hantaient les rives du Jourdain se mettaient à pousser des hurlements lorsque éclatait un incendie et qu’ils voyaient disparaître dans les flammes les orgueilleux fourrés qui leur servaient de cachette, de même les bergers-chefs, symbolisés par ces lions, rugiront de consternation le jour où ils se verront privés des cachettes où ils se terraient, prêts à bondir sur tous les imprudents qui s’aventuraient dans leurs parages, sur les gens ordinaires, sur le peuple.
7. En quels termes Malachie 4:1 fait-il allusion au même jour ardent? Quel sort ce jour réservera-t-il aux bergers-chefs?
7 Malachie, qui parut des décennies après Zacharie, annonça, lui aussi, le jour où éclaterait l’incendie qui spolierait les bergers du présent monde de leur dignité, de leur majesté et de leur puissance. Voici ce que déclara ce prophète, qui compara à des plantes les présomptueux et les méchants: “‘Car voici que vient le jour qui brûle comme la fournaise, et tous les présomptueux et tous ceux qui pratiquent la méchanceté devront devenir comme du chaume. Et le jour qui vient les dévorera’, a dit Jéhovah des armées, ‘de sorte qu’il ne leur laissera ni racine ni branche.’” (Malachie 4:1). Ces bergers politiques affirment qu’ils ont le droit de régner parce que, ayant été démocratiquement élus, ils ont reçu un “mandat du peuple”, ou encore parce qu’ils descendent de quelque famille royale, ou encore parce que le clergé leur a conféré le “droit divin des rois”. Naturellement, cela ne fait pas d’eux des bergers théocratiques, c’est-à-dire des chefs établis par le grand Théocrate et son Messie. C’est pourquoi, lorsque sera venu le jour où Dieu exécutera son jugement, il ne restera rien de leurs prétentions. Elles seront dévorées comme par les flammes. D’eux, il ne restera ni racine ni branche.
LE BERGER DIVINEMENT ÉTABLI
8. Comment les bergers-chefs ont-ils vendu les “brebis” pour être tuées? Qui peut susciter un berger désintéressé?
8 Si les dirigeants sont comparés à des bergers, leurs sujets, eux, sont comparés à un troupeau de brebis. Les dirigeants considèrent les brebis comme leur propriété. Aussi n’ont-ils aucun scrupule à les vendre à quiconque cherche égoïstement à les exploiter et à les opprimer. Ils les livrent en réalité pour être tuées, abattues, les vendant à des hommes ambitieux qui, payant le prix convenu, deviennent maîtres des brebis. Chose plus grave encore, les dirigeants ont entraîné les peuples sur le chemin qui les mènera au massacre de la “guerre du grand jour de Dieu le Tout-Puissant”, celle qui se déclenchera dès que se sera créée la situation internationale appelée Har-Maguédon (Révélation 16:14-16; 19:11-21). On peut donc se demander s’il existe un “berger” authentique, quelqu’un qui prenne vraiment à cœur les intérêts de tous les hommes, quelqu’un qui paie de sa personne plutôt que d’exploiter les brebis. Qui peut susciter un tel berger pour que chaque brebis puisse venir se ranger sous sa houlette et échapper à la terrible tuerie? Nul autre que Jéhovah.
9. Dans ce drame prophétique, quel troupeau Zacharie doit-il faire paître?
9 Pour figurer ce fait, le prophète Zacharie dut jouer un rôle dans une allégorie ou drame prophétique qu’il nous présente comme suit: “Voici ce qu’a dit Jéhovah, mon Dieu: ‘Fais paître le troupeau destiné à la tuerie, ces brebis que leurs acheteurs se mettent à tuer, et pourtant ils ne sont pas tenus pour coupables. Et ceux qui les vendent disent: “Que Jéhovah soit béni, tandis que j’acquerrai la richesse!” Et leurs propres bergers ne leur témoignent aucune compassion.’” — Zacharie 11:4, 5.
10. Qui était alors le “troupeau” symbolique et quel en était le Propriétaire? Pourquoi Zacharie fut-il divinement désigné pour faire paître le “troupeau destiné à la tuerie”?
10 Qu’elle est pitoyable, la condition du “troupeau destiné à la tuerie”! À l’époque, ce “troupeau” était le peuple d’Israël. Voici en quels termes le psalmiste s’adressa à Celui qui en était le Maître véritable: “Ô Berger d’Israël, prête l’oreille, toi qui mènes Joseph comme un troupeau.” Reconnaissant Jéhovah pour Propriétaire, le psalmiste a encore dit: “Il est notre Dieu, et nous sommes le peuple de son pâturage et les brebis de sa main.” (Psaumes 80:1; 95:7). En sa qualité de Propriétaire, Jéhovah avait le droit d’établir sur le troupeau un berger fidèle. Il usa de ce droit en désignant comme berger le prophète Zacharie. Ce nouveau berger terrestre ne reçut aucun “mandat du peuple”; il ne fut pas établi par la voie démocratique. Il fut institué par Jéhovah, le Dieu Souverain, donc théocratiquement. Le Propriétaire céleste se proposait de sauver quelques brebis parmi le “troupeau destiné à la tuerie”. Il avait déjà dit: “Jéhovah, leur Dieu, les sauvera, en ce jour-là, comme le troupeau de son peuple; car ils seront comme des pierres de diadème scintillant sur son sol.” (Zacharie 9:16). C’est dans cette intention que le grand Théocrate établit Zacharie pour faire paître le troupeau.
11. Comment les “bergers” se montraient-ils fermés à toute compassion?
11 Zacharie n’avait rien de commun avec les bergers-chefs, qui, aveuglés par l’amour du lucre, croyaient avoir le droit de vendre les brebis de Jéhovah. Tout en faisant fortune, ils pensaient que c’était Dieu qui les mettait dans l’opulence. À chaque vente, faite sans nulle pitié, ces perfides bergers-chefs disaient hypocritement: “Que Jéhovah soit béni, tandis que j’acquerrai la richesse!” En se conduisant ainsi, les bergers, qui avaient la confiance des brebis, ‘ne leur témoignaient aucune compassion’. Ils savaient pertinemment que les acheteurs, ceux à qui ils vendaient les brebis, n’hésiteraient pas à les mettre à mort, car ces hommes ne permettraient à rien ni à personne d’entraver la réalisation de leurs projets ambitieux. Et pire encore, ces acheteurs ne seraient pas même “tenus pour coupables” du massacre. Du moins, les bergers qui leur avaient vendu les brebis ne les tiendraient pas pour tels. Ils devenaient donc complices de la tuerie. Pour eux, les brebis n’étaient rien d’autre qu’un “troupeau destiné à la tuerie”.
12. De qui les gens de la chrétienté affirment-ils être les brebis?
12 Voilà qui nous rappelle la situation qui règne dans la chrétienté de notre temps. Ceux qui en son sein se disent chrétiens se font passer pour les brebis de Dieu. Ils s’appliquent Psaume 95:7 (cité plus haut) et, aux offices, on les entend chanter à l’unisson Psaume 23:1 (TOB): “Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien.” Or toutes ces brebis des Églises se tournent également vers des bergers terrestres. C’est plus particulièrement au sens religieux que prêtres et pasteurs se proclament leurs bergers, et chacune des centaines de confessions de notre temps a son propre troupeau. Cependant ces bergers n’ont pas été établis théocratiquement, comme le fut Zacharie. Ils ont été désignés soit par un collège, soit par un évêque ou par quelque autre dignitaire ecclésiastique, soit par une congrégation. Tous ces personnages suivent-ils l’exemple des bergers du temps de Zacharie?
13. Comment les ecclésiastiques ont-ils suivi l’exemple des bergers du temps de Zacharie?
13 Il y a des gens qui ont courageusement fait observer que les ecclésiastiques de la chrétienté, sous la houlette desquels se trouvent des centaines de millions d’hommes, auraient pu empêcher le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Mais à l’époque prêtres et pasteurs sont restés muetsa. Sans la moindre protestation, ils ont livré leurs troupeaux aux atrocités de la plus brutale des mêlées que l’histoire eût jamais enregistrée. Oui, ils n’ont pas hésité à vendre leurs troupeaux pour échapper aux persécutions dont ils auraient fatalement été l’objet s’ils avaient invoqué les inflexibles principes du christianisme; oui, ils n’ont pas hésité à livrer leurs brebis pour se concilier la faveur des bergers militaires et de ceux des sphères dirigeantes. Il en fut de même pendant la Seconde Guerre mondiale, laquelle éclata elle aussi, comme celle de 14-18, au sein même de la chrétienté. La “tuerie” qui ensanglanta alors la terre dépassa en horreur et en ampleur les hécatombes du premier conflit planétaire. D’autre part, les ecclésiastiques ont cherché à gagner les bonnes grâces du monde de la finance et du monde de la politique. Ils se sont immiscés dans les affaires de la vie publique et ont vendu leurs troupeaux à des personnages politiques ambitionnant des portefeuilles et qui exploitent leurs semblables sans le moindre remords de conscience.
14. À en croire les “bergers”, par qui sont-ils bénis? Pourquoi les “acheteurs” n’ont-ils aucun remords de conscience?
14 En acquérant la richesse par de tels procédés, autrement dit en acquérant des biens matériels et en obtenant les faveurs des classes dirigeantes, ces “bergers” ont le sentiment que Dieu les bénit. Aussi disent-ils pieusement: “Béni soit le SEIGNEUR, me voilà riche!” (Zacharie 11:5, TOB). Quant aux “acheteurs”, forts de la bénédiction des ecclésiastiques, c’est sans aucun débat de conscience qu’ils continuent à exploiter les brebis et, au besoin, à les vouer à la tuerie. D’ailleurs, “ils ne sont pas tenus pour coupables” par les conducteurs religieux et sont toujours des membres considérés des diverses confessions. Il est donc manifeste que les “bergers”, tant ceux des Églises que ceux des sphères dirigeantes, ‘ne témoignent aucune compassion’ aux brebis de la chrétienté.
15. Comment savons-nous que le peuple a aimé qu’il en soit ainsi?
15 Eh bien, malgré la situation qui est faite à ces brebis, les choses se passent exactement comme Dieu l’avait annoncé en Jérémie 5:31: “Les prophètes prophétisent avec mensonge; et quant aux prêtres, ils soumettent selon leurs pouvoirs. Et mon peuple a aimé qu’il en soit ainsi; et que ferez-vous à la conclusion de tout cela?” Mais comment savons-nous que ceux qui se disent le peuple de Dieu ‘ont aimé qu’il en soit ainsi’? En contestant que tous ces gens ne se sont pas placés sous la direction du fidèle berger que Dieu a suscité, berger qui a été représenté par le prophète Zacharie. Tous continuent à se laisser mener à la “tuerie” par les trafiquants de “brebis”, acheteurs et vendeurs. La question qui se pose donc est de savoir si ces “brebis” seront dignes de compassion lorsque viendra le jour où elles auront à subir les conséquences de leur conduite.
16. Selon la réponse que Dieu a faite au prophète Zacharie, tous ces gens sont-ils dignes de compassion?
16 Voici la réponse que Dieu a faite au prophète Zacharie, le berger théocratique: “‘Car je ne témoignerai plus de compassion aux habitants du pays’, telle est la déclaration de Jéhovah. ‘Voici donc que, moi, je fais que les humains se retrouvent chacun dans la main de son compagnon et dans la main de son roi; et assurément ils pulvériseront le pays, et je ne délivrerai pas de leur main.”’ — Zacharie 11:6.
17. Qu’adviendra-t-il le jour où Dieu cessera d’éprouver de la pitié pour le troupeau voué au massacre? Pourquoi tous ces gens crieront-ils alors en vain?
17 Il en va de même en ce qui concerne la chrétienté de notre temps. L’heure va sonner où Jéhovah cessera de témoigner de la compassion au “troupeau destiné à la tuerie”. Il laissera alors toutes ces “brebis” sans cœur se saisir les unes des autres; en d’autres termes, Dieu laissera les bergers (tant les chefs religieux que les chefs politiques), ainsi que le roi (ou berger royal), faire leur proie des brebis et il laissera les brebis s’emparer les unes des autres. Qu’en résultera-t-il, sinon l’effondrement de la société humaine organisée? Le système de choses se disloquera fatalement, car rien ne se fera plus selon les règles de la sagesse du siècle. Symboliquement parlant, lorsque tous ces gens-là se maltraiteront ainsi les uns les autres, devenant des fauteurs d’anarchie et de chaos, ils “pulvériseront le pays”, c’est-à-dire leur domaine terrestre organisé. Ils auront beau pousser des clameurs, Jéhovah ‘ne délivrera pas de leur main’. Pourquoi volerait-il à leur secours? N’ont-ils pas obstinément refusé de suivre le berger qu’il a désigné?
LE SALAIRE DU BERGER: TRENTE PIÈCES D’ARGENT
18. De quelle manière Zacharie avait-il été établi comme berger? Quelles questions se posent à propos de ses services?
18 Quel cas font-ils du “berger” spirituel que Jéhovah a suscité et envoyé, tous ceux qui disent des lèvres qu’ils sont le peuple de Dieu? Voyons à ce propos ce qui est arrivé à Zacharie, et qui avait une valeur prophétique. Rappelons que le prophète, théocratiquement établi, avait été envoyé pour “faire paître” le troupeau d’Israël. Quel cas a-t-on fait de lui? À quel prix furent estimés ses services? Zacharie nous le dit en toute franchise, en ces termes:
19. Combien de bâtons Zacharie se procura-t-il et combien de bergers effaça-t-il? Comment montra-t-il qu’il rompait son alliance avec le peuple?
19 “Alors je fis paître pour vous le troupeau destiné à la tuerie, ô affligés du troupeau [ou, peut-être, “pour les marchands de brebis”, Dh]! Je me procurai donc deux bâtons. J’appelai l’un Charme, et j’appelai l’autre Union [littéralement: Liens, Dh], et j’allai faire paître le troupeau. Et j’effaçai finalement trois bergers en un seul mois lunaire, car peu à peu mon âme perdit patience avec eux, et leur âme aussi éprouva du dégoût à mon égard. Et je finis par dire: ‘Je ne continuerai plus à vous faire paître. Que celle qui meurt meure! Et que celle qui est en train d’être effacée soit effacée! Et quant à celles qui restent, qu’elles dévorent chacune la chair de sa compagne!’ Je pris donc mon bâton Charme et je le mis en pièces, afin de rompre mon alliance que j’avais conclue avec tous les peuples. Et elle se trouva rompue en ce jour-là, et les affligés du troupeau qui m’observaient surent ainsi que c’était la parole de Jéhovah.” — Zacharie 11:7-11.
20. À quoi servaient les deux bâtons et comment Zacharie les appela-t-il?
20 En tant que berger, Zacharie avait deux bâtons, qui faisaient partie de son équipement. Un bâton servait à conduire les brebis et l’autre à les protéger. David, qui avait été berger, en fait mention au Psaume 23:1-4: “Jéhovah est mon Berger. (...) Même si je marche dans la vallée de l’ombre profonde, je ne crains rien de mauvais, car tu es avec moi; ta baguette et ton bâton sont les choses qui me consolent.” L’un des bâtons, Zacharie l’appela Charme (il s’agit sans nul doute de celui qui servait à conduire les brebis), et il faut voir dans cette appellation une allusion à la faveur qui était témoignée aux brebis. L’autre bâton (il s’agit manifestement de la baguette qui servait à chasser les prédateurs), le prophète l’appela Union (littéralement: Liens, c’est-à-dire Liens destinés à maintenir l’unité). Oui, c’était une faveur de la part de Jéhovah des armées, le Dieu de Zacharie, une faveur envers le troupeau, que cette désignation de Zacharie comme berger des brebis. L’un des bâtons fut donc appelé Charme.
21. Sur quel genre de brebis Zacharie fut-il établi comme berger et de quelle nationalité étaient-elles? Qui Zacharie représentait-il?
21 Or, le prophète de Jéhovah ne fut pas établi berger sur des animaux, des brebis réelles, mais sur des brebis symboliques, à savoir la maison d’Israël, qui était composée d’un reste du royaume de Juda et d’un reste des membres du royaume des dix tribus, celui dont Éphraïm était la tribu principale. Il s’ensuit que Zacharie se vit théocratiquement chargé de la surveillance spirituelle du reste de toute la maison d’Israël, comme un chef ou un gouverneur. Dans cette fonction il représentait Jéhovah le Berger céleste.
22. Zacharie devait-il travailler pour rien? Pourquoi les Israélites étaient-ils dans l’obligation d’accepter ses activités pastorales? Y a-t-il eu un contrat?
22 Le prophète Zacharie ne devait pas travailler pour rien. Ses services pastoraux lui donnaient droit à un salaire. Sa tâche accomplie, il pouvait réclamer son dû. Le prophète ayant été désigné par le grand Théocrate Jéhovah, le reste d’Israël était non seulement tenu d’accepter ses activités pastorales, mais il devait encore se montrer reconnaissant en les évaluant à leur valeur. Est-ce qu’un contrat particulier, prévoyant de telles activités pastorales, avait été conclu avec la maison d’Israël? Oui, un contrat ou alliance de ce genre était effectivement intervenu, à en juger par ce que Zacharie nous dit lorsqu’il se démet de ses fonctions. Nous citons: “Je pris donc mon bâton Charme et je le mis en pièces, afin de rompre mon alliance que j’avais conclue avec tous les peuples.” (Zacharie 11:10). C’est-à-dire avec “tous les peuples” d’Israël.
23. De quel contrat est-il ici question et pourquoi?
23 De quelle “alliance” ou contrat solennel s’agissait-il? À première vue, il semble s’agir de l’alliance personnelle de Zacharie. Mais n’oublions pas que c’était Jéhovah qui lui avait dit: “Fais paître le troupeau destiné à la tuerie.” (Zacharie 11:4). C’est ce que fit Jéhovah parce que les bergers en fonction vendaient les brebis du troupeau qui était en réalité celui de Dieu. Qu’en conclure, sinon qu’il s’agissait ici de l’alliance de Jéhovah? C’était afin de s’acquitter des obligations de son alliance que Dieu avait établi un prophète comme berger de la nation. À ce propos, reportons-nous à la Biblia Hebraica (Bible hébraïque) de Kittel (Stuttgart). Dans les notes que cette Bible porte en bas de page il est dit qu’au lieu de “mon alliance que j’avais conclue”, il faut probablement lire: “l’alliance de Jéhovah que Jéhovah avait conclue”. En effet, dans ce passage, les désinences pronominales du texte hébreu, désinences qui se traduisent généralement par “mon” ou “je”, sont en fait des abréviations du nom divin de Jéhovah. — Voir les notes en bas de page de la New World Translation of the Holy Scriptures, édition de 1971.
24. a) Combien de temps Zacharie poursuivit-il son activité pastorale? b) Pour qui fit-il paître le troupeau?
24 À l’époque il y avait d’autres bergers. La présence du prophète Zacharie dans leur champ d’activités semble leur avoir fortement déplu. Zacharie fit œuvre de berger pendant un mois au moins, car voici ce qu’il nous dit: “Et j’effaçai finalement trois bergers en un seul mois lunaire, car peu à peu mon âme perdit patience avec eux, et leur âme aussi éprouva du dégoût à mon égard.” (Zacharie 11:8). L’identité de ces trois bergers ne nous est pas révélée. Mais ayant été divinement désigné, Zacharie l’emportait sur eux en autorité. Il put donc les renvoyer. On ignore combien de temps encore le prophète poursuivit sa tâche pastorale après avoir effacé les trois bergers. Zacharie nous révèle pour qui il fit œuvre de berger, sur l’ordre de Jéhovah. Voici ce qu’il nous dit: “Alors je fis paître pour vous le troupeau destiné à la tuerie, ô affligés du troupeau!” (Zacharie 11:7, MN; Da). Voilà qui témoigne chez lui d’une grande compassion. Ce qui n’eût pas été le cas s’il avait dû ‘faire paître pour les marchands de brebis le troupeau destiné à la tuerie’, comme disent certaines versions (New World Translation of the Holy Scriptures, édition de 1971, note en bas de page; Dh; Osty). En fait, comme on l’a déjà dit, ces brebis avaient été livrées aux mains des marchands (Moffatt). Comme tous ces hommes étaient cruels!
25. a) Quels sentiments finirent par régner entre Zacharie et les trois bergers? Pourquoi? b) Qui voulait que l’alliance fût rompue?
25 Ce n’est pas avec le troupeau des brebis affligées que Zacharie perdit patience. C’est avec les trois bergers oublieux de leurs devoirs que son “âme”, c’est-à-dire tout son être, finit par perdre patience. Voyant le prophète s’acquitter avec compassion et fidélité de sa besogne pastorale, ces trois bergers éprouvèrent du dégoût à son égard. Zacharie, en effet, ne collaborait pas à leurs projets. C’est seulement après avoir effacé ces bergers, à l’heure divinement fixée, qu’il cessa ses activités pastorales. C’est ainsi que fut rompue l’“alliance” qui avait été “conclue avec tous les peuples”. Et, comme l’indique Zacharie, cela eut lieu non pas parce que le prophète en avait décidé ainsi, mais parce que telle était la volonté divine. Car après avoir brisé le bâton appelé Charme, montrant par ce geste que l’alliance était rompue, Zacharie dit: “Et elle se trouva rompue en ce jour-là, et les affligés du troupeau qui m’observaient surent ainsi que c’était la parole de Jéhovah.” — Zacharie 11:10, 11.
26. Cette rupture de l’alliance, que signifiait-elle pour le troupeau?
26 Cette rupture de l’alliance, que signifiait-elle pour le troupeau des peuples d’Israël? Ni plus ni moins ce que Zacharie avait dit en cessant ses activités pastorales: “Je ne continuerai plus à vous faire paître. Que celle qui meurt meure! Et que celle qui est en train d’être effacée soit effacée! Et quant à celles qui restent, qu’elles dévorent chacune la chair de sa compagne!” (Zacharie 11:9). Lorsque le berger divinement établi reçut l’ordre de se retirer, qui donc allait s’occuper du troupeau? Ceux qui cherchaient à tirer profit des brebis laisseraient mourir celles qui mouraient et resteraient indifférents au sort de celles qui étaient en train d’être effacées. Quant au reste des brebis, ils les laisseraient se battre entre elles, s’exploiter mutuellement et s’entre-dévorer avec haine.
27. Qui ne voulait plus témoigner de compassion? Quelles en seraient les conséquences?
27 Est-ce parce que Zacharie manquait de compassion que l’alliance fut rompue? Non. Si le contrat fut déchiré, c’est que le temps que Jéhovah s’était assigné pour témoigner de la compassion était révolu. D’où ces paroles que Jéhovah avait dites d’avance à Zacharie: “‘Car je ne témoignerai plus de compassion aux habitants du pays’, telle est la déclaration de Jéhovah. ‘Voici donc que, moi, je fais que les humains se retrouvent chacun dans la main de son compagnon et dans la main de son roi; et assurément ils pulvériseront le pays, et je ne délivrerai pas de leur main.’” (Zacharie 11:6). Étant donné l’attitude des peuples, qui ne voulaient pas écouter le berger que Dieu avait établi, celui qu’il leur avait envoyé dans sa compassion, il en résulterait de l’anarchie, et quelle anarchie! Oui, quel affrontement d’égoïsmes, quelle oppression, quelle insécurité! Comme elle serait terrible, la ruine que connaîtrait le système de choses sous les coups pulvérisants des éléments de désordre! Comme il serait atroce, le sort de ceux qui se disaient le peuple de Jéhovah, lorsque sonnerait l’heure divinement marquée!
SALAIRE ET ÉVALUATION DU BERGER
28. Qui Zacharie représentait-il? Par quel genre de désignation fut établi ce personnage et quel signe fut donné?
28 Rappelons que Zacharie était ici l’acteur d’un drame prophétique, d’une allégorie. Il représentait un berger plus grand que lui, berger qui accomplirait la prophétie. Ce berger était Jésus, le Messie de Jéhovah, le descendant et l’héritier permanent du roi David (Matthieu 1:1-6). Après que Jésus eut exercé à Nazareth le métier de charpentier jusqu’à l’âge de trente ans, Dieu l’envoya comme berger du peuple d’Israël. Les chefs du pays, tant les dirigeants politiques que les conducteurs religieux, ne lui avaient pas demandé de remplir cette fonction. Il ne fut pas établi berger par un “mandat du peuple”, mais par une désignation théocratique, qui le plaçait au-dessus de tous les autres “bergers” non institués par Dieu. À Nazareth, il attira l’attention sur le fait que Jéhovah l’avait oint de son esprit pour être le Messie et, partant, pour remplir les fonctions de berger du troupeau du peuple de Dieu. Le prophète Jean le Baptiste avait vu Jésus recevoir l’onction de l’esprit saint. Cet événement eut lieu après que Jean l’eut baptisé dans les eaux du Jourdain, conformément à la volonté de Jéhovah. — Jean 1:19-36.
29. Comment Jésus montra-t-il, dans une parabole, que les brebis lui furent remises par un “portier” symbolique?
29 Précurseur du Messie, Jean le Baptiste fut le “portier” de l’enclos d’Israël. Dans une parabole Jésus fit allusion à ce rôle. Voici ce qu’il a dit: “En toute vérité je vous le dis: celui qui n’entre pas par la porte dans l’enclos des brebis, mais qui l’escalade ailleurs, celui-là est un voleur et un pillard. Mais celui qui entre par la porte est berger des brebis. C’est à lui qu’ouvre le portier, et les brebis écoutent sa voix, et il appelle ses propres brebis par leur nom et les mène dehors. Quand il a fait sortir toutes les siennes, il va devant elles, et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix. Non, elles ne suivront pas un étranger, mais elles le fuiront, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers. (...) Le voleur ne vient que pour voler, tuer et détruire. Moi je suis venu pour qu’elles aient la vie et l’aient en abondance. Je suis l’excellent berger; l’excellent berger se dessaisit de son âme pour les brebis.” — Jean 10:1-11.
30. a) À qui Jésus limita-t-il ses activités pastorales? b) Comment et quand Moïse annonça-t-il la venue de ce prophète?
30 Limitant ses efforts au seul troupeau d’Israël, c’est vers ces brebis que Jésus envoya ses douze apôtres, leur donnant les consignes que voici: “Ne vous en allez pas sur la route des nations et n’entrez pas dans une ville samaritaine; mais allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël, continuellement. Chemin faisant, prêchez en disant: ‘Le royaume des cieux s’est approché.”’ (Matthieu 10:5-7). Une femme phénicienne lui demanda un jour de guérir sa fille. Avant de prendre sa requête en considération, Jésus lui rappela ceci: “Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël.” (Matthieu 15:22-24). Cela était en conformité avec l’alliance que Jéhovah avait conclue avec la maison d’Israël au mont Sinaï, en 1513, par l’intermédiaire de Moïse. Peu avant sa mort, Moïse annonça ceci aux Israélites, lorsqu’il les engagea à obéir à l’alliance et à fuir le démonisme sous toutes ses formes: “C’est un prophète du milieu de toi, d’entre tes frères, tel que moi, que Jéhovah, ton Dieu, suscitera pour toi — c’est lui que vous devrez écouter.” (Deutéronome 18:15). Ce prophète promis, qui devait être plus grand que Moïse, fut Jésus le Messie. — Deutéronome 18:16-19; Actes 3:22, 23.
31. Jésus éprouvait-il de la compassion pour les brebis? Mais que dire des autres bergers?
31 Que Jésus ressentît pour le troupeau d’Israël une compassion authentique, la pitié du vrai Berger messianique, c’est ce qui ressort du texte que voici: “Jésus faisait le tour de toutes les villes et de tous les villages, enseignant dans leurs synagogues, et prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute sorte de maladies et toute sorte d’infirmités. Voyant les foules, il en eut pitié, car elles étaient dépouillées et disséminées, comme des brebis sans berger.” (Matthieu 9:35, 36). Que conclure de ce passage, sinon que parmi tous les autres bergers il n’y avait personne qui s’acquittât de ses devoirs?
32. Qui les “trois bergers” renvoyés par Zacharie figuraient-ils au temps de Jésus?
32 Quels seraient donc les “trois bergers” que devait effacer Jésus Christ, accomplissant l’image prophétique? Autrement dit, quels seraient ceux qu’il lui fallait retrancher, destituer de leurs fonctions? Nulle part dans l’histoire de la vie de Jésus il n’est question de trois personnages particuliers. Les trois bergers renvoyés par le prophète Zacharie doivent donc figurer trois classes de personnes du temps de Jésus. Or, précisément, dans le récit biblique on voit apparaître trois catégories de gens détenant des pouvoirs administratifs et des pouvoirs religieux. Signalons d’abord la classe des Pharisiens et celle des Sadducéens, qui étaient toutes deux représentées au Sanhédrin de Jérusalem. Ce Sanhédrin ou conseil judiciaire exerçait, sous le gouverneur romain, certaines fonctions administratives et des fonctions religieuses. Ainsi, un certain Nicodème, Pharisien et membre du Sanhédrin, était “un chef des Juifs”. (Jean 3:1, 2; 7:50-52.) Joseph, un homme riche d’Arimathée, était lui aussi un membre du Sanhédrin (Matthieu 27:57-60; Luc 23:50-53). Au Sanhédrin les Pharisiens et les Sadducéens étaient très divisés (Actes 23:1-9). Outre ces deux sectes juives, il y avait une troisième classe, celle des Hérodiens, les “partisans d’Hérode”. — Marc 12:13.
33. En quel sens, ainsi que cela fut préfiguré dans le cas de Zacharie, Jésus “perdit-il patience” avec ces “trois bergers”?
33 Ressentant ce que les “trois bergers” avaient ressenti à l’égard de Zacharie le berger, ces trois groupes ne tardèrent pas à ‘éprouver du dégoût’ pour Jésus Christ, le Berger messianique. Ils se concertèrent et complotèrent, cherchant à le discréditer devant le troupeau d’Israël (Matthieu 22:15-22; Marc 3:6). Jésus n’effaça pas ces trois groupes hostiles “en un seul mois lunaire” réel; autrement dit, il ne les retrancha pas, ne les renvoya pas en un si bref espace de temps. Le “mois lunaire”, qui doit être entendu à la lettre dans le cas de Zacharie, figurait, dans le cas de Jésus, une courte période de temps (Zacharie 11:8). Dès le début de son ministère, Jésus refusa d’avoir à faire avec ces trois groupes de notables égoïstes. Il ne se joignit pas à ces hommes. Finalement, au terme de son ministère, son âme “perdit patience” avec eux. Publiquement, il réduisit au silence tous les trois groupes, en ce qui concerne le gouvernement et la doctrine (Matthieu 22:15-45). Le résultat fut que, selon Matthieu 22:46, “nul ne fut capable de lui répondre un mot, et à partir de ce jour [du mardi 11 Nisan de l’an 33] personne n’osa plus l’interroger”.
34. a) Qu’a dit Jésus à la fin de son discours contre les scribes et les Pharisiens? b) Que dit-il alors à Jérusalem, comme s’il brisait le bâton Charme?
34 Jésus Christ venait de leur dire: “Le royaume de Dieu vous sera enlevé et sera donné à une nation qui en produira les fruits.” (Matthieu 21:23-43; Marc 12:1-12; Luc 20:9-44). Peu après cette déclaration, il se mit à invectiver ouvertement contre les scribes et les Pharisiens, les présentant comme des bergers tyranniques et des hypocrites religieux. Et, à la fin de son discours contre eux, il dit: “Ainsi, vous attestez contre vous-mêmes que vous êtes fils de ceux qui ont assassiné les prophètes. Eh bien, comblez donc la mesure de vos ancêtres! Serpents, progéniture de vipères, comment pourrez-vous fuir le jugement de la Géhenne?” (Matthieu 23:1-33; Marc 12:38-40; Luc 20:45-47). Et c’est alors qu’il ajouta, comme s’il brisait le bâton Charme: “Jérusalem, Jérusalem, la ville qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui sont envoyés vers elle, — combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes! Mais vous ne l’avez pas voulu. Voici que votre maison vous est abandonnée.” — Matthieu 23:37, 38.
35. Par ces paroles, qu’annonçait Jésus concernant l’alliance de la Loi? Que surent alors les “affligés”, qui observaient Jésus?
35 Lorsque Jéhovah abandonna le temple de Jérusalem, cela signifiait que Dieu rompait l’alliance qu’il avait faite avec la nation d’Israël par l’intermédiaire de Moïse. Ainsi, en parlant comme il venait de le faire, Jésus, le berger préfiguré par Zacharie, annonçait que l’alliance que Jéhovah avait conclue avec les peuples d’Israël était sur le point d’être rompue. Quant aux “affligés” du troupeau, ceux qui observaient Jésus et entendaient ses paroles, ils “surent ainsi que c’était la parole de Jéhovah”. — Zacharie 11:11.
36. Que fallait-il en conclure en ce qui concerne le charme que Jéhovah manifestait à l’égard d’Israël? Quelles furent les conséquences du rejet du Berger-Chef de Dieu?
36 Cela signifiait que Jéhovah n’allait plus manifester aucun charme envers son peuple élu devenu désobéissant. Dieu était sur le point de ‘ne plus témoigner de compassion’ aux habitants du “pays de Juda”. Ce pays allait connaître de 70 à 73 les horreurs de l’invasion. En effet, en ces années cruelles, la Judée fut envahie, ses villes et ses citadelles furent détruites, y compris Jérusalem et son temple. Jésus Christ avait annoncé cette tragédie ce jour même du 11 Nisan de l’an 33, dans sa prophétie concernant la “conclusion du système de choses”. (Matthieu 24:1-22; Marc 13:1-20; Luc 21:5-24.) Ce malheur national fut le signe manifeste que l’alliance de la Loi mosaïque conclue entre Dieu et Israël avait été rompue. Qu’elles furent terribles, les conséquences du rejet du Berger-Chef de Dieu!
37. À combien furent évaluées les activités pastorales de Zacharie? Que lui ordonna alors Jéhovah et quel bâton le prophète mit-il en pièces?
37 À quel prix exactement fut apprécié par les peuples d’Israël le berger établi par Jéhovah? Cela nous est indiqué par ce qui arriva au prophète Zacharie et qui préfigure quelque chose de plus important. Voici ce que nous raconte le prophète: “Puis je leur dis: ‘Si cela est bon à vos yeux, donnez-moi mon salaire; mais sinon, abstenez-vous.’ Alors ils payèrent mon salaire, trente pièces d’argent. Et Jéhovah me dit: ‘Jette-le au trésor — le prix magnifique avec quoi j’ai été évalué à leur point de vue.’ Je pris donc les trente pièces d’argent et les jetai au trésor dans la maison de Jéhovah. Puis je mis en pièces mon deuxième bâton, l’Union, afin de rompre la fraternité entre Juda et Israël.” — Zacharie 11:12-14.
38. Que représentait le salaire que reçut Zacharie? En quels termes Zacharie parla-t-il de cette rétribution?
38 D’après l’alliance de la Loi, “trente pièces d’argent” (ou trente sicles d’argent) était le prix d’un esclave (Exode 21:32). Le prophète Zacharie ne valait-il pas plus qu’un esclave? Était-ce là le prix de ses services pastoraux? Zacharie, rappelons-le, avait été établi par Jéhovah le Berger céleste. Donc, l’évaluer, lui, le prophète tenant la place de Jéhovah, équivalait à évaluer Jéhovah le Berger lui-même. Dieu pouvait donc parler de cette estimation comme du “prix magnifique avec quoi j’ai été évalué à leur point de vue”. (À moins que, par parenthèse, Zacharie ne parle ici de lui-même.) Jéhovah, il est vrai, parle de cette évaluation comme d’un “prix magnifique” et non comme du prix d’un esclave, mais c’est par ironie et non pour exprimer sa satisfaction. Dieu laissait entendre par là que son cœur n’était pas resté insensible devant une telle manifestation d’ingratitude.
39. Lorsque Zacharie mit en pièces le bâton Union (ou Liens), qu’indiquait-il par son geste en ce qui concerne la nation des douze tribus?
39 Le berger tenant la place de Jéhovah ayant été déprécié à ce point, rien de surprenant que fût ôté ce qui faisait l’unité du troupeau de ceux qui se disaient le peuple de Dieu. Il n’y aurait plus un seul berger, un seul troupeau. Voilà qui ferait disparaître la force de protection qu’une telle unité réussit à susciter contre les assauts de l’extérieur. Ce fut donc à point nommé que Zacharie brisa le bâton appelé Union (ou Liens). Par son geste, il devait figurer la suppression du fondement de la “fraternité” entre ceux du royaume de Juda et ceux du royaume des dix tribus. C’est parce que des mécontents ne voulaient plus d’un seul roi messianique, d’un souverain de la dynastie davidique, qu’après la mort de Salomon, survenue en 997, la nation des douze tribus se scinda en deux royaumes, celui de Juda et celui d’Israël. La rupture de l’alliance de la Loi allait donc signifier non seulement la fin du “charme” de Jéhovah, la fin de sa faveur, mais encore la fin de la direction et de la protection divines, les sauvegardes de l’unité nationale. Les liens spirituels générateurs de fraternité allaient se dissoudre. Quant aux liens charnels, ils seraient impuissants à maintenir l’unité parmi le peuple.
40. a) Pourquoi était-ce encore plus grave de sous-évaluer le berger préfiguré par Zacharie? b) Quel salaire un berger-chef devrait-il recevoir de ses sujets?
40 C’est chose grave de sous-évaluer les dispositions divines et de les rejeter. Les conséquences qui en résultent sont toujours funestes. Dans le cas de Zacharie, si marquée que fût la sous-estimation de Jéhovah le grand Berger, elle fut encore plus marquée dans le cas du Berger messianique préfiguré par Zacharie. Car celui-ci n’était nul autre que le Fils de Dieu venu du ciel pour devenir l’excellent Berger qui donne sa vie pour les brebis (Jean 10:14-18). Comme Jésus le Messie exerçait ses fonctions pastorales au nom de son Père céleste, il aurait pu user de son droit de réclamer un salaire au nom de son Père. Quel est le salaire que réclame de ses sujets un berger-chef, un berger qui gouverne? C’est un salaire sous forme d’un soutien qui s’exprime soit par des contributions matérielles, soit par des services fidèlement rendus. Ce sont les fonctionnaires du berger au pouvoir qui sont chargés de veiller à ce que celui-ci reçoive son salaire. Voici ce qu’a écrit Salomon, un roi divinement établi: “Mon fils, crains Jéhovah et le roi. Ne te mêle pas à ceux qui sont pour le changement.” — Proverbes 24:21.
41. a) Zacharie força-t-il le peuple à lui payer son salaire de berger? b) À quelle occasion les représentants des Juifs auraient-ils pu payer Jésus? Quand se virent-ils obligés d’en faire l’estimation?
41 Pendant près de trois ans et demi Jésus servit en qualité de berger spirituel des “brebis perdues de la maison d’Israël”. Alors que son œuvre pastorale touchait à son terme, dans la dernière semaine de sa vie terrestre, Jésus n’alla pas trouver directement les bergers et représentants d’Israël, — comme l’avait fait Zacharie, — pour leur réclamer son salaire. À ceux de son temps, Zacharie avait dit que s’ils ne voulaient pas le payer, ils pouvaient garder leur argent: “Si cela est bon à vos yeux, donnez-moi mon salaire; mais sinon, abstenez-vous.” (Zacharie 11:12). En ce qui concerne Jésus, les bergers et représentants d’Israël auraient pu lui verser son salaire, et cela en l’acceptant comme le vrai Messie ou Oint de Jéhovah le jour où le Christ, assis sur un ânon, fit son entrée triomphale dans Jérusalem. Mais ils n’en firent rien. Cependant, trois jours plus tard (le 12 Nisan de l’an 33), ils se virent obligés de faire l’estimation de ce berger spirituel. Voici ce que nous lisons à ce propos:
42. Quel prix fixa-t-on à Judas? Quel jour était-ce?
42 “Alors l’un des douze, celui qui s’appelait Judas Iscariote, s’en alla vers les prêtres en chef et dit: ‘Que voulez-vous me donner pour que je vous le livre?’ Ils lui fixèrent trente pièces d’argent. Et dès lors [12 Nisan] il cherchait une occasion favorable pour le livrer. Le premier jour des Gâteaux non fermentés [14 Nisan], les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent: ‘Où veux-tu que nous fassions les préparatifs pour que tu manges la Pâque?’” — Matthieu 26:14-17.
43. Quelle fut l’attitude de Jésus? Chercha-t-il à empêcher cette action? Quand la trahison fut-elle consommée?
43 Ces bergers religieux donnèrent les trente sicles d’argent à Judas Iscariote (Marc 14:10, 11; Luc 22:3-6). Jésus savait qu’il allait être livré et que le traître serait Judas (Matthieu 17:22, 23; 20:17-19; 26:1, 2, 24, 25). Jésus ne fit rien pour empêcher cette action (Matthieu 26:45-57). Il hâta même les choses pour que la trahison eût lieu au temps divinement marqué. En effet, lors du repas pascal, il désigna le traître et le renvoya par ces mots: “Ce que tu fais, fais-le plus promptement.” L’homme sortit aussitôt afin de mettre à exécution ce qui avait été convenu avec les bergers religieux (Jean 13:21-30). Quelques heures plus tard la trahison eut lieu; Judas Iscariote avait gagné son argent (Jean 18:1-14). L’évaluation de Jésus, le berger messianique, était consommée. Il avait été estimé à trente sicles d’argent, le prix d’un esclave selon la Loi mosaïque. Quel prix magnifique!
44, 45. a) Zacharie garda-t-il l’argent qui lui avait été versé? b) Que fit Judas avec l’argent qu’il avait reçu?
44 Judas Iscariote accepta ce prix. Il avait été le trésorier des douze apôtres, mais il ne mit pas dans leur caisse l’argent qu’il venait de recevoir. Il le garda par-devers lui, mais seulement pour un court moment (Jean 12:4-6). Nous savons que le prophète Zacharie ne garda pas les trente sicles d’argent qui lui avaient été payés. Cet argent appartenait à Dieu, son Maître. C’est pourquoi Jéhovah lui dit: “Jette-le au trésor.” Le prophète s’exécuta (Zacharie 11:12, 13). Son action était un présage. Nous ne voulons pas dire par là que Zacharie préfigurait Judas Iscariote, mais cependant, tout comme ce prophète, Judas ne garda pas ses trente sicles d’argent. La Bible nous dit ce qu’il en fit et ce qui se passa après qu’il s’en fut débarrassé. Nous citons:
45 “Le matin étant arrivé, tous les prêtres en chef et les aînés du peuple tinrent conseil contre Jésus pour le faire mourir. Et, après l’avoir lié, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate le gouverneur. Alors Judas, qui l’avait livré, voyant qu’il avait été condamné, fut pris de remords et retourna les trente pièces d’argent aux prêtres en chef et aux aînés, en disant: ‘J’ai péché quand j’ai livré un sang juste.’ Ils dirent: ‘Que nous importe? À toi de voir!’ Il jeta donc les pièces d’argent dans le temple et se retira, et il s’en alla se pendre. Mais les prêtres en chef prirent les pièces d’argent et dirent: ‘Il n’est pas permis de les mettre dans le trésor sacré, parce que c’est le prix du sang.’ Après avoir délibéré, ils achetèrent avec cet argent le champ du potier pour la sépulture des étrangers. C’est pourquoi ce champ-là s’est appelé jusqu’à ce jour le ‘Champ du Sang’. Alors s’accomplit ce qui avait été prononcé par l’entremise de Jérémie le prophète, disant: ‘Et ils ont pris les trente pièces d’argent, le prix de celui qui a été mis à prix, celui dont certains des fils d’Israël ont fixé le prix, et ils les ont données pour le champ du potier, selon ce que Jéhovah m’avait ordonné.’” — Matthieu 27:1-10.
46. a) En quels termes Pierre parla-t-il par la suite de Judas et de l’emploi des trente sicles d’argent? b) À propos du sang que représentaient les trente sicles, quelle contradiction apparut dans l’attitude des prêtres?
46 Comme l’argent avec lequel les prêtres achetèrent le champ du potier provenait de Judas Iscariote, l’apôtre Pierre parle de Judas comme de l’acquéreur de ce champ réservé à la sépulture des Juifs qui venaient à mourir pendant un séjour à Jérusalem ou à celle des prosélytes. Voici ce que l’apôtre Pierre déclara à la congrégation chrétienne à propos de Judas: “Cet homme donc a acquis un champ avec le salaire de l’injustice et, étant tombé la tête en avant, il a éclaté avec fracas par le milieu, et tous ses intestins se sont répandus. Et la chose a été connue de tous les habitants de Jérusalem, si bien que dans leur langue on a appelé ce champ Akeldama, c’est-à-dire: Champ du Sang.” (Actes 1:18, 19). En emportant les trente sicles d’argent que Judas avait jetés dans le temple-sanctuaire et en les remettant à celui qui vendait le champ du potier, les prêtres agissaient simplement à la place de Judas. Ils se rendaient parfaitement compte qu’il ne convenait pas de mettre au trésor du temple le “prix du sang”, mais ils n’en pensaient pas moins qu’ils étaient dignes de remplir leurs fonctions sacerdotales, alors que c’étaient eux qui avaient fait verser ce sang.
47. a) Comment l’apôtre Matthieu a-t-il pu citer Jérémie tout en voulant dire Zacharie? b) Comment la version syriaque ou araméenne supprime-t-elle la difficulté?
47 Dans Matthieu 27:9, 10, il est dit que c’est la parole du prophète Jérémie qui s’est accomplie. Si Matthieu faisait ici allusion à la partie des Écritures hébraïques qu’on appelait “Les Prophètes”, partie qui, au temps de l’apôtre, commençait par la prophétie de Jérémie, alors, sous la désignation de Jérémie, il faudrait comprendre tous les autres livres prophétiques, y compris celui de Zacharie. En ce cas, par “Jérémieb”, Matthieu voulait dire Zacharie. Dans une Bible anglaise traduite sur d’anciens manuscrits orientaux (Peschitto) — The Holy Bible from Ancient Eastern Manuscripts (Peschitto) — le nom est omis et le texte dit ceci: “Alors s’accomplit ce qui avait été prononcé par le prophète, savoir: J’ai pris les trente pièces d’argent, le prix élevé qui avait été débattu avec les enfants d’Israël, et je les ai données pour le champ du potier, comme le Seigneur me l’avait ordonné.” (George M. Lamsa, 1957). Dans le Nouveau Testament Syriaque traduit en anglais sur la Peschitto (James Murdock, copyright 1893), on trouve la même leçon: cette version aussi omet le nom du prophètec.
48. a) D’après la traduction libre de Matthieu, qu’a-t-on fait avec les trente sicles? b) Que confirme cet accomplissement de la prophétie de Zacharie?
48 Comme Matthieu 27:9, 10 correspond à Zacharie 11:13 et n’a aucun lien avec le livre de Jérémie, la citation de l’apôtre doit être une traduction libre du texte du prophète. Si Matthieu a traduit ainsi, c’est sans nul doute pour nous indiquer comment s’est réalisé Zacharie 11:13. L’apôtre nous révèle en effet qui a ramassé l’argent et à qui il a été donné. “Ils [les représentants sacerdotaux d’Israël] ont pris” les trente pièces sur le sol du temple et “ils [les prêtres agissant à la place de l’individu, de Judas Iscariote] les ont données pour le champ du potier”. Comme on l’aura noté, Zacharie 11:13 ne nous dit pas ce qu’on fit des trente sicles que le prophète jeta au trésor du temple. Mais Matthieu, lui, nous révèle ce qu’on a fait de l’argent, lorsque s’est accomplie la prophétie, dans une situation qui était autre. Cet accomplissement confirme que le berger Zacharie représentait ici Jésus le Berger messianique, qui fut trahi et vendu à un prix dérisoire.
49. Quand s’accomplit ce qui avait été figuré par le geste de Zacharie brisant le bâton appelé “Union”? Quelles en furent les conséquences pour les Juifs?
49 De même que Zacharie brisa ensuite le deuxième bâton, celui qui était appelé “Union” ou “Liens”, de même la trahison perpétrée contre Jésus, livré pour trente sicles, aboutit à l’abrogation de l’alliance de la Loi mosaïque, celle qui avait été conclue avec Israël. C’est lorsque Jésus ressuscité parut devant Dieu et lui présenta le prix de son sacrifice humain parfait qu’eut lieu l’abolition de l’alliance de la Loi et que fut inaugurée avec l’Israël spirituel, l’Israël chrétien, la nouvelle alliance promise (Éphésiens 2:13-16; Colossiens 2:14-17; Hébreux 9:24-28). Les Juifs selon la chair, désormais dépourvus de protection, se trouvèrent livrés aux entreprises des faux Christs surgis de leurs rangs. Ils se trouvèrent sans liens théocratiques véritables, sans rien qui pût maintenir leur unité. Ils se divisèrent en de nombreuses sectes, ce qui eut des conséquences tragiques en l’an 70, lors du siège et de la destruction de Jérusalem.
50. En quel sens la chrétienté a-t-elle apprécié le Berger messianique à un prix dérisoire? Étant privée du Charme de Jéhovah, que va-t-il lui arriver?
50 À l’exemple de l’ancien Israël, la chrétienté avec ses centaines de sectes a refusé les services pastoraux de Jésus Christ, le Berger messianique céleste. Naturellement, sous ses pieuses déclarations, rien ne transparaît de son refus; c’est par ses actes qu’il se manifeste. La chrétienté a trahi le Christ en ce sens qu’elle a trahi ses disciples, qu’elle persécute, parfois même jusqu’à la mort. Ce qu’elle leur fait, c’est au Christ qu’elle le fait (Matthieu 25:40, 45; Marc 9:37; Jean 15:20, 21). Ayant évalué les services pastoraux de Jésus à un prix dérisoire, elle les a rejetés. Qu’en conclure, sinon que la chrétienté n’agit pas en conformité avec les exigences de la nouvelle alliance? Rappelons que, à en croire ce que disent ses représentants, c’est à elle que s’appliquerait la nouvelle alliance. Si donc on la prend au mot, il est de toute évidence que la chrétienté a rompu cette alliance. C’est pourquoi elle est privée du “charme” ou de la faveur de Jéhovah. Dieu ne la protège pas et ne maintient pas son unité. Elle aussi est livrée aux entreprises des faux Christs. Elle demeurera désunie jusqu’à la “grande tribulation”, qui fut préfigurée par la destruction de Jérusalem en l’an 70. — Matthieu 24:21, 22.
“UN BERGER INUTILE”
51. a) La chrétienté ayant rejeté le Berger messianique, sous quelle direction est passé le peuple? b) Au lieu d’accepter le Berger établi par Jéhovah, pour qui la chrétienté a-t-elle opté?
51 Quand les gens qui se disent adorateurs du Dieu de la Bible rejettent Jésus Christ, l’excellent Berger, et ses vrais sous-bergers, que leur arrive-t-il? Ils passent sous la direction de bergers égoïstes (I Pierre 5:1-4). Jéhovah a invectivé contre les bergers-chefs, égoïstes et impies, mais il a tranquillisé les brebis en ces termes: “Je susciterai sur elles un seul berger, et il devra les faire paître, oui, mon serviteur David. Lui les fera paître, et c’est lui qui deviendra leur berger. Et moi, Jéhovah, je deviendrai leur Dieu, et mon serviteur David deviendra chef au milieu d’elles. Moi, Jéhovah, j’ai parlé.” (Ézéchiel 34:23, 24). Jésus Christ, fils de l’ancien roi David, est ce berger promis. En 1919, la chrétienté méprisa ses services pastoraux, les évaluant à presque rien. Bref, elle le rejeta, lui et son Royaume, et, à la place, opta pour une organisation internationale pour la paix et la sécurité mondiales, laquelle fut appelée la Société des Nations. À cette organisation devaient succéder les Nations unies, qui comptaient 132 membres en 1972. Mais la chrétienté n’échappa pas aux conséquences de son comportement.
52. Quelles furent les conséquences?
52 Que furent ces conséquences? Ce furent celles qui résultèrent de l’avènement d’une foule de bergers-chefs égoïstes et orgueilleux, ainsi que de leurs alliés religieux. Sous la figure du prophète Zacharie, Jéhovah a représenté ces conséquences, celles qui découleraient de l’apparition de bergers selon ce monde, de chefs préfigurés par un “berger inutile”, d’une classe de dirigeants, insensés, incompétents et sans valeur. Depuis 1919 le monde a vu de tels hommes à l’œuvre et force nous est de reconnaître qu’ils correspondent au type de berger que Jéhovah a décrit prophétiquement dans ce passage de Zacharie:
53. Quel équipement Zacharie devait-il se procurer? Quelle serait la conduite du berger inutile et que devait-il lui arriver?
53 “Et Jéhovah me dit: ‘Procure-toi encore l’équipement d’un berger inutile. Car voici que, moi, je laisse se lever un berger dans le pays. Il ne fera pas attention aux brebis qui sont en train d’être effacées. Il ne cherchera pas celle qui est jeune, et il ne guérira pas la brebis brisée. Il ne sustentera pas celle qui se plante là, et il mangera la chair de celle qui est grasse, et il arrachera les sabots des brebis. Malheur à mon berger sans valeur, qui quitte le troupeau! L’épée sera sur son bras et sur son œil droit. Oui, son bras se desséchera, et vraiment son œil droit s’obscurcira.”’ — Zacharie 11:15-17.
54. Quel genre de “bergers” connaissent les hommes de notre temps? Pourquoi Dieu a-t-il laissé se lever parmi eux de tels bergers?
54 Est-ce que les hommes de notre temps, qu’ils habitent la chrétienté ou le monde dit païen, ne ressemblent pas à des brebis qui sont en train d’être effacées, à des brebis qui disparaissent? Ne sont-ils pas comme des brebis brisées, blessées, des brebis dont les plaies ne sont pas guéries? Ne sont-ils pas comme des brebis affamées, menacées d’une famine universelle? Ne sont-ils pas comme des brebis que font paître des bergers corrompus, des chefs sans principes, qui vont jusqu’à dévorer leurs “sabots”, ou bien qui leur font perdre leurs “sabots” en les menant par des chemins extrêmement rudes? Voyez ce qui se passe chez les nations. Saurait-on trouver réponse plus éloquente? La situation que connaissent nos contemporains résulte de leur rejet du Berger messianique de Jéhovah. Puisqu’ils ne veulent pas de son Berger, Jéhovah a laissé se lever parmi eux, oui, même au pays de la chrétienté, une classe de bergers inutiles, de bergers sans valeur et nuisibles.
55. Pourquoi Zacharie, qui s’était procuré un équipement de berger inutile, n’a-t-il pas subi le malheur annoncé?
55 Le prophète Zacharie devait figurer l’avènement en notre temps de la classe du “berger inutile”, ainsi que son apparition au premier siècle, au temps de Jésus Christ et de ses apôtres. Il va sans dire que Zacharie, lui, n’est pas devenu un berger inutile ou insensé. Il reçut seulement l’ordre de figurer la présence et la mauvaise conduite de ce genre de berger. Aussi le prophète ne subit-il pas le malheur que Jéhovah avait prononcé sur le berger sans valeur et sans cœur.
56. En quel sens l’“épée” est-elle sur le “bras” et sur l’“œil droit” de la classe du “berger sans valeur”?
56 Le monde des hommes a tort de faire résider son espoir dans la capacité des bergers-chefs à améliorer son sort. Car l’épée exécutrice des décrets divins est dirigée contre de tels bergers, qui portent d’ailleurs eux-mêmes l’“épée” des exécutions depuis fort longtemps (Romains 13:4; Actes 12:1, 2). Ces bergers n’étant pas bénis au “temps de la fin”, il n’est pas étonnant que le “bras” de leur puissance se dessèche et que leur “œil droit”, le meilleur, celui qui leur fait discerner les remèdes et les aide à exercer la surveillance politique, s’obscurcit de plus en plus. Lorsque se déchaînera la “grande tribulation”, Jéhovah détruira totalement la classe du “berger inutile”, ne lui laissant ni bras, ni œil, ni rien.
[Notes]
a Voir L’Étudiant de la Bible, Volume VI, No 7, qui, sous le titre “Le rabbin Wise rejette sur les Églises la responsabilité de la guerre”, contient les lignes suivantes: “‘C’est dans l’impuissance des Églises à guider le peuple que réside la cause de la guerre actuelle’, a déclaré hier à la Synagogue libre du Carnegie Hall le rabbin Stephen S. Wise. À son avis, l’attitude présente des Églises est ‘molle, indécise, hésitante et timorée’. Le rabbin considère que l’État a triomphé de l’Église, laquelle, au lieu de façonner l’opinion publique, s’est mise à sa suite.
“‘À la place de Dieu on a installé un démon de la guerre’, a-t-il encore déclaré. ‘Les Églises ne se prennent pas au sérieux. Elles se contentent d’être un simple rouage de la société et de défendre patrie et chefs, sans nul souci de justice. Muselée, étranglée, l’Église a dû se résigner à la soumission. Elle ressemble à un vieux chien muet qui, ayant perdu toutes ses dents, est incapable de mordre.
“‘Beaucoup d’entre nous croyaient que le mouvement socialiste saurait conjurer une telle guerre. L’impuissance des Socialistes d’Europe à prévenir le conflit causa une amère déception à tous ces hommes. Il va sans dire que nous n’avions jamais compté sur les Églises, les Mosquées et les Synagogues pour empêcher la guerre. Aucun de nous n’a jamais nourri pareille chimère, et nous n’ignorions pas quel serait le sort de tout dignitaire de l’Église anglicane qui s’aviserait de déplorer publiquement le rôle tenu par son pays dans le conflit actuel.
“‘Tous les ans, à Pâques, François-Joseph observe le vain rite consistant à laver les pieds à une douzaine de pèlerins, à la satisfaction de son Église. Le tsar est chef de son Église le dimanche et chef de ses armées le reste de la semaine.
“‘Durant tout le temps que les nations se préparaient pour cette guerre, elles ne se donnèrent jamais la peine de consulter les Églises, sachant que tout comme elles comptaient sur le corps des ambulanciers et sur l’intendance, elles pouvaient compter sur le soutien des Églises.
“‘Il vaudrait mieux que les missionnaires commencent d’abord par enseigner le christianisme dans leur pays.’
“Et voici la conclusion du rabbin:
“‘Quand nous apprenons par la presse le martyre de la cathédrale de Reims et celui d’autres édifices religieux écrasés sous les obus, notre cœur saigne. Il y a longtemps, cependant, que ces cathédrales ont été détruites; ce qui vient de s’écrouler, ce ne sont que leurs murs extérieurs.
“‘Les dieux de la guerre, les dieux de l’or et les dieux du pouvoir les ont minées siècle après siècle.’” — New York American du 12 octobre 1914, page 4.
b La version syriaque (Philoxénienne-Héracléenne: une révision du septième siècle) met Zacharie à la place de Jérémie.
c En Matthieu 27:9, 10, le Sinaiticus du quatrième siècle porte “je” au lieu de “ils”. C’est ce que mettent aussi les versions syriaques, la Philoxénienne-Héracléenne, la Peschitto, ainsi que le Codex Sinaiticus. Cela concorde avec Zacharie 11:13 qui dit: “Je pris.”