Une lettre des pionniers

Chers frères et sœurs,

Notre famille théocratique grandissant sans cesse, il ne nous est pas possible à nous, pionniers, de faire connaissance avec les dizaines de milliers de proclamateurs disséminés dans toute la France. Toutefois, nous espérons que grâce à cette lettre vous nous connaîtrez un peu mieux.

Tout d’abord, nous désirons que vous sachiez combien nous apprécions le travail que vous tous, proclamateurs de congrégation, avez accompli au fil des années, que ce soit dans l’activité de maison en maison, dans les nouvelles visites, dans les études bibliques ou dans le service d’aide, qui vous a permis d’amener un très grand nombre de nouveaux à la maturité. En fait, à vous tous, vous avez passé un bien plus grand nombre d’heures dans le ministère que nous, les pionniers.

Vous êtes également à féliciter pour les efforts que certains d’entre vous ont faits individuellement. Beaucoup parmi vous sont chargés de famille, et nous savons qu’à cause de leurs tout-petits et des difficultés qu’ils ont pour subvenir à leurs besoins, ils doivent parfois faire beaucoup plus d’efforts pour consacrer quelques heures par mois au service que nous, qui sommes bien portants et qu’aucune entrave n’empêche d’atteindre les objectifs fixés pour les pionniers. Mais n’oubliez pas ceci: si vous travaillez de tout votre cœur dans le service, Jéhovah, qui a accepté avec joie les “deux piécettes, qui ont très peu de valeur” de la veuve, sera également heureux de recevoir vos louanges, si insignifiantes qu’elles puissent paraître aux yeux des hommes. — Marc 12:41-44.

Autrefois, nous aussi nous étions proclamateurs de congrégation, mais nous avons pu arranger nos affaires pour passer plus de temps à louer le nom de Jéhovah, à annoncer son Roi et son Royaume et à rendre les gens heureux en leur faisant connaître la vérité. Cette activité intense dans le service de Jéhovah nous a apporté énormément de joie et de satisfaction. Il se peut que certains d’entre vous puissent également prendre des dispositions pour prêcher à plein temps.

Beaucoup sont pionniers depuis de longues années, certains ont passé près d’un demi-siècle dans le service. Toutefois, en examinant le diagramme (n^o 1) qui accompagne cet article, vous remarquerez que, de beaucoup, la majorité sont pionniers depuis moins de dix ans. Aussi, notre intention n’est-​elle pas de vous inviter à vous joindre à nous simplement pour remplacer certains anciens. Au contraire, c’est l’urgence de notre époque et le gigantesque travail qui reste à faire durant les dernières années du “temps de la fin”, qui nous poussent à vous lancer cet appel.

Ce n’est pas comme si nous ne faisions que commencer à rassembler la “grande foule (...) de toutes nations, et de toutes tribus, et de tous peuples, et de toutes langues”. Non, c’est plutôt parce que nous approchons du dénouement final de cette grande œuvre. — Rév. 7:9, 10.

C’est une décision importante que celle d’entreprendre le service de pionnier; nous le savons, car nous avons dû examiner cette question. Aussi, avant de prendre cette décision, il serait bien que vous ayez une idée de ce que cela implique.

Le livre “Lampe” (pp. 193-199) cite les conditions requises des pionniers ordinaires et de vacances. Toutefois, pour ceux d’entre vous qui viennent seulement de se joindre à nous, revoyons ensemble brièvement quelques-uns de ces points. Tout d’abord, pour devenir pionnier ordinaire, il faut être un ministre baptisé depuis au moins six mois et un proclamateur régulier ayant remis un rapport de service chaque mois pendant les six mois écoulés. Au cours de cette période, il faut avoir fait en moyenne dix heures et six nouvelles visites par mois. Il faut en outre avoir au moins une étude biblique. Il est évident que votre conduite doit être celle d’un excellent chrétien.

Les pionniers ordinaires doivent consacrer chaque mois en moyenne 100 heures (soit 1 200 heures par an) au ministère. Cela ne fait qu’une moyenne de trois heures et vingt minutes par jour. Ils peuvent donc s’occuper à mi-temps d’un travail profane, si cela est nécessaire, afin de subvenir à leurs besoins, à l’exemple de l’apôtre Paul et des autres chrétiens du premier siècle. — Actes 18:2-4; 20:33, 34.

Pouvez-​vous être pionnier de vacances?

Cette disposition spéciale prévue par la Société, et qui permet aux proclamateurs de congrégation d’être pionniers pendant une période limitée, a certainement été dictée par l’amour. Elle offre aux adolescents qui n’ont pas terminé leurs études ainsi qu’aux pères et aux mères de famille et à ceux qui ne peuvent être pionniers à plein temps, la possibilité de goûter à quelques-unes des joies que les pionniers connaissent constamment. C’est également une excellente chose pour ceux d’entre vous qui, pour des raisons de santé, d’argent ou autres, n’ont pas l’occasion d’accomplir ce service toute l’année. Quant à vous, proclamateurs nouvellement baptisés qui ne pouvez être nommés pionniers ordinaires, cette disposition vous offre la possibilité de faire ce qui vous tient le plus à cœur.

On peut aussi comparer le service de pionnier de vacances à la formation que reçoit le jeune oiseau qui apprend à voler, et qui a besoin d’acquérir de la confiance en lui-​même et en ses ailes. Le sentiment de satisfaction qui découle des bons résultats obtenus explique pourquoi un si grand nombre de proclamateurs entreprennent souvent le service de pionnier de vacances pendant une courte période, jusqu’à ce qu’ils soient en mesure de devenir pionniers ordinaires.

En outre, savez-​vous que le service de pionnier de vacances a servi de tremplin à beaucoup d’entre nous qui sommes devenus pionniers ordinaires, pionniers spéciaux, serviteurs de circonscription ou de district, missionnaires ou membres de la famille du Béthel?

Vous vous souvenez certainement des paroles de l’Ecclésiaste (3:1) qui a dit: “Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux.” Ces paroles ne s’appliquent-​elles pas à nous tous, que nous soyons proclamateurs de congrégation ou pionniers? Au cours de l’année, nous nous réservons tous un certain temps pour les choses essentielles de la vie: manger, dormir, etc. Nous sommes également tous heureux de nous détendre et de prendre des vacances. Mais n’est-​ce pas lorsque nous adorons et servons notre Dieu Jéhovah que nous éprouvons la plus grande joie?

En plus du culte normalement exigé par la Loi, les Israélites pouvaient volontairement se séparer “par un vœu, un vœu de nazaréen, pour se consacrer à Jéhovah”. Pendant ce temps-​là, ils devaient cesser certaines activités normales de la vie, afin de se tenir spécialement ‘séparés en l’honneur de Jéhovah’. (Nomb. 6:2-8, AC.) De nos jours, il ne vous est pas possible de faire un vœu de nazaréen; toutefois, en qualité de proclamateur de congrégation, vous pouvez accomplir quelque chose de semblable en devenant pionnier de vacances. C’est la raison pour laquelle cette activité est considérée dans le livre “Lampe”, aux pages 185 et 198, comme étant l’un des “privilèges de service spéciaux”.

Ce privilège de service spécial est offert toute l’année à ceux qui ont les qualifications requises. Beaucoup sont pionniers de vacances durant la visite du serviteur de circonscription, afin de servir davantage Jéhovah à ce moment-​là. D’autres se réservent les mois de mars ou d’avril pour faire ce service. D’autres encore profitent des vacances d’été ou d’hiver, lorsque leur école ou la maison qui les emploie leur accorde des jours de congé.

Au cours des dernières années, il y a eu un grand accroissement dans le nombre de ceux qui, au moins une fois dans l’année, se sont ‘séparés pour Jéhovah’ en devenant pionniers de vacances. C’est ce que montre le diagramme n^o 2. Il y a également eu de l’accroissement dans le nombre de ceux qui ont demandé à prolonger leur service. Certains proclamateurs ont fait le service de pionnier de vacances pendant plusieurs mois consécutifs, ou plus d’une fois au cours de l’année. Ainsi, durant l’année de service 1970 un total de 5 520 pionniers de vacances ont envoyé un rapport à la Société, ce qui représente une moyenne mensuelle de 460 pionniers de vacances.

Il est écrit: “J’ai vu qu’il n’y a rien de mieux pour l’homme que de se réjouir de ses œuvres.” (Eccl. 3:22). Nous qui sommes pionniers, nous savons qu’il n’y a que le service de Jéhovah à plein temps qui nous permette de nous réjouir de nos œuvres. Vous qui êtes proclamateurs de congrégation, vous pouvez connaître cette joie en vous réservant du temps pour le service de pionnier de vacances, par exemple aux mois de mars et d’avril, ou en avril, seulement.

Pourquoi ne discuteriez-​vous pas de ce service avec les membres de votre famille et de votre congrégation, et n’encourageriez-​vous pas d’autres proclamateurs à se joindre à vous ou à coopérer avec vous, afin de réaliser ce projet? Chose plus importante encore, examinez la question avec votre Père céleste tout-Puissant, au moyen de la prière.

Si vous devenez pionnier de vacances, servant Jéhovah de cette façon spéciale, vous vous réjouirez davantage de vos propres “œuvres”. Et qui sait, il se peut que le fait d’être pionnier de vacances au mois de mars ou d’avril vous donne l’impulsion nécessaire pour prendre rang parmi les pionniers ordinaires, dont le nombre va croissant. Ce serait là une occasion vraiment très spéciale de se réjouir. Songez que si les chiffres des diagrammes présentés dans cet article doublaient, cela ferait des millions et des millions d’heures supplémentaires de louanges à Jéhovah!

Déclarations faites par des pionniers

Aimeriez-​vous lire quelques extraits de lettres de pionniers ordinaires, qui expliquent ce qui les a encouragés à entrer dans le service à plein temps?

L’amour pour Jéhovah a certainement été le mobile de cette sœur qui écrit: “J’aime Jéhovah et je désire le servir au mieux de mes possibilités. Quel meilleur moyen y a-​t-​il que la prédication de porte en porte pour faire connaître aux gens la merveilleuse espérance que Dieu offre au monde malade? Je suis jeune, célibataire, en bonne santé et baptisée; je n’ai donc aucune excuse pour ne pas être pionnier.” Un autre pionnier écrit ce qui suit: “Le ministère à plein temps nous aide à mieux apprécier l’amour de Jéhovah.”

Le service de pionnier ou l’université — quelle voie est-​il préférable de choisir? Un jeune homme répond à cette question en ces termes: “Au moment de quitter le lycée, l’un de mes problèmes était de savoir si j’irais ou non à l’université. Je me souviens très bien de ce jour où mon père s’est assis près de moi et m’a longuement parlé. Il a mis en évidence que le temps se fait court et que nous vivons à une époque critique. Le système de choses actuel aurait peut-être disparu d’ici la fin de mes études à l’université; je n’aurais alors rien accompli tout en risquant probablement de perdre la vie. J’ai donc décidé d’être pionnier.” Pères de famille, certains d’entre vous devraient peut-être avoir une conversation à cœur ouvert avec leurs enfants dans l’adolescence.

Croyez-​vous réellement que la génération actuelle touche à sa fin? Voici ce que déclare une sœur: “Trois autres sœurs et moi-​même, nous avons discuté du service de pionnier; nous sommes arrivées à la conclusion suivante: si nous croyons appartenir à l’organisation de Jéhovah et qu’Harmaguédon sera bientôt une réalité, il nous faut aider ceux qui désirent obtenir la vie éternelle. En conséquence, nous avons toutes les quatre rempli une formule d’admission au service de pionnier ordinaire.”

Avez-​vous jamais considéré le service de pionnier comme une carrière pour la vie? Après avoir fait un retour sur lui-​même, un pionnier dit qu’il est heureux d’avoir choisi cette voie. “Il y a trente ans, dit-​il, ma famille (ma femme et mes deux enfants) et moi-​même, nous avons vendu avec joie notre maison et d’autres biens pour devenir pionniers. J’avais pris la ferme résolution de demeurer toute ma vie dans ce service. J’aurai bientôt soixante-dix-huit ans. Ma femme et moi, nous considérons comme un grand privilège d’avoir pu aider au cours de toutes ces années de nombreuses personnes à devenir des témoins de Jéhovah.”

L’une des nombreuses choses que le service de pionnier nous enseigne, c’est de se fixer un emploi du temps pratique. Une sœur dit d’ailleurs ce qui suit à ce sujet: “L’emploi du temps que je m’étais fixé était si pratique, qu’après la fin de mon service j’ai continué à atteindre sans aucune difficulté l’objectif en heures des pionniers de vacances.”

Un bon emploi du temps a aidé une sœur pionnier à surmonter certains obstacles. Voici ce qu’elle dit: “Ma santé, mon mari incroyant et mes occupations ménagères ont été pendant longtemps les principaux obstacles m’empêchant d’entreprendre le service de pionnier. Maintenant que je suis pionnier, ma santé s’est améliorée, j’assume toutes mes tâches ménagères et mon mari est également heureux de m’aider. Le service m’a aussi apporté beaucoup plus de joies.”

À La Ciotat, près de Marseille, une sœur impotente qui rend témoignage occasionnellement, par correspondance et conduit des études bibliques chez elle a pris la décision d’entreprendre le service de pionnier de vacances. Malheureusement, durant cette période, elle a été transportée à l’hôpital. Elle nous écrit: “Je peux vous dire que ce mois a été le plus heureux de ma vie (...). J’ai pu prêcher à beaucoup de gens, des protestants, des catholiques, des musulmans, etc.” Son surveillant nous a fait le rapport suivant: “Toujours est-​il que non seulement elle a atteint ses objectifs de pionnier de vacances dans cet hôpital, mais elle nous revint rayonnante de joie.”

Le service de pionnier de vacances permet de déployer une activité plus grande et de ce fait d’obtenir de meilleurs résultats. Une sœur de Narbonne, qui est mère de cinq enfants, nous dit: “J’ai renouvelé mes forces et amélioré mes facultés spirituelles, produisant depuis un meilleur travail pour Jéhovah. J’ai plusieurs routes de diffusion du périodique ‘Réveillez-vous!’ dont deux ou plusieurs membres d’une famille manifestent de l’intérêt pour le message.”

Une mère de huit enfants de la région parisienne, à Arcueil, nous rapporte: “C’est ainsi qu’après avoir été pionnier de vacances durant quinze jours au mois d’avril 1970 et retiré de nombreux bienfaits spirituels, j’ai décidé de l’être de nouveau en novembre. J’aimerais vous dire que c’est avec l’aide de Jéhovah que j’ai pu faire mon service, mais aussi grâce à la coopération de mes enfants et une bonne organisation au sein du foyer. (...) Tout ce bonheur et cette joie m’ont permis d’acquérir davantage de connaissance spirituelle et de renforcer ma foi déjà profonde.”

Parmi vous, il y a peut-être de nombreux proclamateurs de congrégation qui peuvent nous imiter en devenant pionniers. Avez-​vous songé à la question? Quel que soit votre âge, que vous soyez adolescent ou que vous ayez quarante ou soixante ans, il se peut que vous puissiez saisir ce privilège béni qu’est le service de pionnier. Si vous n’avez encore jamais été pionnier, pourquoi ne pas essayer le service de pionnier de vacances en mars ou en avril? Si rien ne vous en empêche, nous vous invitons instamment à examiner sérieusement cette question dans la prière. Si vous êtes à même d’accepter cette invitation et d’étendre ainsi votre ministère, vous aussi vous connaîtrez un très grand bonheur.

Soyez assurés de tout notre amour.

Vos frères et compagnons de service,

Les pionniers

[Graphique, page 3]

(Voir la publication)

1

PIONNIERS

Moyenne annuelle (Pionniers ordinaires et pionniers spéciaux)

874

437

276

111

1955 1960 1965 1970

[Graphique, page 4]

(Voir la publication)

2

PIONNIERS DE VACANCES

(Total de nominations et de prolongations)

5520

2368

705

1960 1965 1970